Les œufs auront bientôt un système d'ouverture intégré
De notre envoyé spécial Claude F. - le 8 avril 2015
Qui n'a jamais causé de catastrophe en essayant d'ouvrir en deux une coquille, dans l'espoir de se faire un œuf sur le plat ? Qui n'a jamais donné un coup de cuillère un peu trop vigoureux sur le sommet de son œuf à la coque ? Ces déboires seront bientôt de l'histoire ancienne, grâce au travail de l'IRIC (institut de recherche sur l'innovation culinaire). Une de ses équipes teste actuellement en condition réelle des poules qu'elle a adaptées pour produire des œufs faciles à ouvrir, et nous explique cette innovation.
« Cette technologie qui comporte de nombreuses difficultés de mise en œuvre, a nécessité près de quinze ans de travaux. Nous avons du faire face à un double défi : d'une part, concevoir le système d'ouverture le plus fiable et le plus simple d'utilisation, et d'autre part, intégrer ce système aux œufs durant leur fabrication, c'est-à-dire à l'intérieur même des poules. » Ces quinze années de recherches ont abouti à un équipement embarqué dans les volatiles, relié au tube dans lequel se forment les œufs, et qui ajoute une étape à leur processus de fabrication. La coquille est gravée et munie d'un anneau, selon un principe qui n'est pas sans rappeler les canettes ou les Babybel. Les œufs du futur s'ouvriront simplement en tirant sur l'anneau, quelle que soit la recette pour laquelle ils seront destinés. « Cette ouverture fonctionne aussi bien avec un œuf cru, pour les omelettes, les œufs brouillés ou les pâtisseries par exemple, qu'avec un œuf cuit, dur ou à la coque. Elle est conçue pour être universelle et pour fonctionner du premier coup, sans que sa présence ne fragilise l’œuf. Il est même possible d'ouvrir l’œuf d'une seule main. »
On peut se demander pourquoi l'intégration du système d'ouverture ne s'effectue pas après la ponte des œufs. Cette solution, bien que ne nécessitant qu'une seule machine et évitant de modifier les poules, aurait été en fait bien plus délicate à mettre en pratique. « Il faut intervenir sur la structure même de la coquille, enlever de la matière par endroits et en ajouter ailleurs. Ce n'est envisageable que lorsque la coquille est en train de se former, alors qu'elle est encore molle et peu sollicitée mécaniquement. La même opération sur une coquille durcie aboutirait à une coquille fragilisée, un système d'ouverture peu fiable et de nombreux problèmes de manipulation dans la machine. De plus, les œufs seraient traités un par un, cela ralentirait la production. » Il a donc fallu mettre au point un dispositif suffisamment petit et fiable pour fonctionner dans une poule avec un minimum d'entretien Un dispositif entièrement mécanique : pas question de recourir à des produits chimiques ou des poules génétiquement modifiées.« Notre système se veut sans inconvénient, donc sans risque pour la santé. Les œufs faciles à ouvrir sont aussi sains que les œufs traditionnels, ils gardent la même composition et les mêmes qualités. »
La technologie créée par l'IRIC est depuis octobre 2014 dans sa dernière phase de test. Étant donné le nombre de poules à équiper, son installation en très grande série devrait être relativement peu coûteuse : selon l'IRIC, elle devrait passer assez vite sous la barre des dix euros par poule. Dès l'automne prochain, les nouvelles poules devraient en être équipées de série et les poules déjà en service commenceront à être modifiées. Une poule sur deux devrait pondre des œufs à ouverture facile en 2016, neuf poules sur dix d'ici 2019.
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