Don de sang
Vous êtes vous déjà demandé pourquoi tant de gens affluaient lors des collectes de sang des minibus et autres manifestations en tout genre ? Pour la bonne action ? Pour sauver des vies ? Que nenni, la plupart vous répondrons que c’est l’appât du sandwich offert en fin de prise qui les a convaincu de se laisser saigner comme des gorets. Mais alors qui finance cette quantité faramineuse de sandwichs consommée chaque année ? J'ai donc mené l'enquête pour finalement m'apercevoir qu’il ne s’agissait autre que d’un complot des fabricants de boudin, voyant en la population française un immense réservoir d’hémoglobine à prix modique !
L'heure de la saignée
Mais revenons au mois de janvier, lors de ma visite à l’Hôpital Ste Catherine de Bordeaux, accompagné de ma camera cachée dans mon sac à dos Eastpak bleu fushia (ben quoi, y’avais plus que ça comme couleur !). A peine arrivé me voilà déjà assailli par une tonne d’affiches exposant les bienfaits du don sanguin, comme quoi que ça peux sauver des vies et patati et patata. L’hôtesse me fait remplir un formulaire, dont le paragraphe intitulé "Orientation sexuelle" me surprit un peu, vu qu’hormis hétéro, bi ou homo, on pouvait y cocher zoophile ou même nécro ! Mais soit, passons, et venons en à la fin de la fiche proposant un choix de sandwichs garnis, à la façon des chaines de fast-food Subway. Après avoir commandé le "Maxi Crousti Bacon avec sauce cheddar et supplément cornichons", me voici accompagné vers une couchette, mon bras gauche reposant sur un confortable accoudoir. Cinq minutes plus tard j’avais accompli ma bonne action et je savourai mon délicieux "Maxi Crousti Bacon avec sauce cheddar et supplément cornichons", accompagné d’un bon soda pour faire descendre le tout.
Alors là je vous vois venir, où est l’arnaque me demandez vous ? Et bien ce n’est que 2 semaines plus tard, en recevant un courrier logoté "Don du Sang", que la puce m’est venue à l’oreille (ça gratte, saloperie de puce, pardon). Moi qui pensais que mon litre de sang avait déjà sauvé plusieurs vies, j'appris dans la lettre qu’il avait été jeté, comme tout les premier dons sanguins, mais que j’étais le bienvenu pour une seconde prise dans deux mois, qui serait elle envoyée vers le centre de stockage de la Gironde. En clair j’avais gratté un sandwich, mais on m’avais volé 1 litre de mon précieux sang !
Face à cette mascarade honteuse et crapuleuse de l’État j’enclenchais illico la seconde étape de l’enquête : direction le centre de stockage girondin.
Sur les lieux du crime
A mesure que j’approchais du centre de tri le nombre de camionnettes réfrigérées augmentait, témoignant de l’immense succès de la campagne du "Don du Sang" dans la région. Une fois arrivé je me dirigeai furtivement vers un des véhicules, afin d’en savoir plus sur ce véritable trafic sanguin.
Le manège était on ne peux plus simple : les employés déchargeaient les poches de sang du fourgon, avant de les emporter vers le bâtiment en vu de les stocker. Rien de bizarre là dedans, et c’est alors que je pensais avoir fait chou-blanc que je vis approcher un immense camion, arborant l’emblème de la marque Jean Caby ! Qu’est ce qu’un transporteur de saucisses venait faire là, au beau milieu d’une collecte de sang destiné aux malades et autres victimes hémorragiques ?
Je décidai de m’infiltrer dans le cœur même du bâtiment par la porte de derrière[1]. Et là quel spectacle hallucinant, des milliers de saucisses et boudins en tout genre circulaient sur d’interminables tapis roulants, alimentés en début de chaine par de la chair, divers additifs et … des litres de sang provenant des poches des hôpitaux de la région ! Pire encore, je remarquai une immense cuve étiquetée "Moelle Osseuse" alimentant une chaine spéciale, certainement celle des boudins enrichis en CSH[2]. Une fois le boyau rempli de sang, les boudins ressortaient du local pour être emballés et mis en boîte, avant d’être chargés dans le char de Jean Caby, ni vu, ni connu !
Ecoeuré je quittais cet endroit au plus vite, bien décidé à tirer au clair cette sinistre affaire.
Face à la réalité
Dès le lendemain je contactai la direction de Jean Caby prétextant la recherche d’un poste de remplisseur de saucisse. Accepté pour un entretien je me rendais donc sur les lieux du crime, remarquant au passage l’absence des camionnettes "Don du Sang" en journée. Armé de mon fameux sac caméra fushia, j’y allais du tac au tac avec le responsable du site :
Mais au lieu de s’affoler outre mesure, le gars me répondit sereinement :
Le bluffeur, il jouait le rôle du mec calme et serein qui risque cependant de chier dans son ben à la moindre occasion ! J’engageai un combat mental en lui précisant que les médias étaient déjà au courant, et que le scandale du Don du Sang à Boudin éclaterait sous peu s’il ne cessait immédiatement ses activités crapuleuses.
Et c’est alors que je remarquai une pile de bidons bleus dans un coin de la pièce, arborant diverses photos d’hommes et de femme, la mine horrifiée comme si la mort venait de frapper à leur porte.
Et là, il ne bluffait plus, on voyait effectivement un morceau de fémur dépasser du couvercle, laissant paraître la chair humaine contenue dans le jerricane.
CG3000, broyage de chair, stockage en bidon, ce type était carrément fêlé, et j’étais sans conteste le prochain sur sa liste ! Ni une ni deux je tournai les talons et pris mes jambes à mon cou, avant que le broyeur se s’en charge à sa façon. Je n’arrêtais ma course folle qu’une fois hors de vue de ce centre de stockage cauchemardesque, l’esprit encore hanté par le fémur de Stéphane Bern planté dans sa chaire fraiche de l’avant-veille.
Retour à la maison
Le lendemain j’allais un peu mieux, les visions disparaissant de mon esprit bien qu’encore bouleversé. Mais alors que grand-mère me passait le plat de boudin, et que le journal parlé annonçait les obsèques de Stéphane, je ne puis retenir un relent en me disant que c’était peut-être lui qui nous nourrissait en ce jour, et que moi aussi je rentrais dans le rang des cannibales mangeur de boudin.
Malgré toute cette histoire, je retournai au "Don du Sang" un mois plus tard, pour déguster cette fois ci un délicieux "Double Cheese Burger sauce piccalili avec supplément d’oignons frits", un vrai régal croyez-moi !
Merci qui ? Merci Jean Caby !
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Encore une enquête qui tourne en eau de boudin ! |
Notes
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