Le Parrain 3

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Ça va le faire, nous allons sortir un coffret intégral et les gens seront obligé d'acheter Le Parain 3.

Une lettre ouverte sur le bureau de Francis Ford Coppola, le 22 Décembre 1990 :


Chers amateurs de cinéma désenchantés,


Mon nom est Francis Ford Coppola, on me doit notamment les célèbres films à succès Le Parrain et Le Parrain 2. Malheureusement, je suis également le réalisateur du Parrain 3. Si vous avez vu le film, je ne m’excuserai jamais assez.


Pour ceux d'entre vous qui ne l'ont pas vu, il s’agit de la suite de l’histoire du gangster italo-américain Michael Corleone qui, dans le premier chapitre, entame une inexorable descente aux enfers et poursuit son règne de terreur dans le second. Dans le troisième opus, nous le voyons enfin payer pour ses péchés, une dette spirituelle que le public doit également payer en subissant ce navet. Imaginez-vous regarder Apocalypse Now uniquement monté avec les scènes supprimées et vous saurez à quel point Le Parrain 3 est brouillon et chiant.


Si vous l'avez vu, vous savez maintenant à quel point il est épouvantable. J'ignore ce qui s'est passé. Je suppose qu'il s'agissait juste d'une autre de ces trilogies qui n'ont pas vraiment besoin d'un troisième chapitre (Les Dents de la Mer 3D, ça interpelle quelqu'un ?) d'autant plus que la longueur combinée des deux premiers films aurait été suffisante pour tenir quatre chapitres.


Mais avant de me blâmer au point que je n'obtiendrai plus jamais de soutien financier pour un nouveau film décent, s'il vous plaît, écoutez-moi.


Ceux qui sont au fait de la production cinématographique savent que le réalisateur n'est pas seul responsable des choix artistiques (sauf si vous êtes Orson Welles) et qu'il ne devrait pas être le seul à être condamné.

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Cet article, basé sur le texte Uncyclopédien The Godfather Part III, est disponible uniquement sous licence CC-BY-NC-SA de Creative Commons.


Ce n’est pas de ma faute

Tout est de la faute d'une situation financière délicate !

Après une série de bombes du box-office comme Rumble Fish et des films avec de stupides noms à rallonge comme Tucker: L'homme et son rêve, ma carrière a été essentiellement un échec.

Depuis quelques années, les studios investissaient de l'argent sur moi que je prenais plaisir à flamber sur des épopées musicales péruviennes à paillettes incompréhensibles. Mais cette source financière est maintenant tarie, ainsi que mon succès. Même à la fin des années 80 je n'avais toujours pas amorti les coûts phénoménaux d'Apocalypse Now et j'ai commencé à regretter la prise en charge des frais de Marlon Brando en cheeseburger sur le plateau.

En ces temps troublés, j'avais la Paramount tous les jours au téléphone qui me suppliait de faire une suite au film Le Parrain. Les premières 12 années, je me suis dit « y'a pas moyen ». Il n'existe pas de bon "tri-machin"; pas de Retour du Jedi, pas de Retour du Roi, pas de … rien. L'idée même d'un Retour de Michael Corleone m'a fait rire si fort que mon béret est tombé.


Mais en 1990, j'ai réalisé que je n'avais plus vraiment le choix. J'étais fauché. Ma société de production était en liquidation judicaire, mes films étaient honnis du public et mon neveu Nicolas Coppola avait changé de honte son nom de famille. J'avais besoin un besoin urgent de fric et c'était soit faire une troisième partie au Parrain, soit repeindre la clôture de George Lucas. J'ai fait mon choix ...

C'est la faute de Paramount !

Regardez-les là-haut dans leur base secrète dans la montagne. Les habitants l'appellent «le Mont du Destin».

Alors j'ai renoué avec mon coscénariste et camarade primé d'Oscar, Mario Puzo, et nous nous sommes fixés un délai de 6 mois pour bâtir les grandes lignes du projet. La Paramount avait cependant d'autres plans et exigea que tout le film soit dans la boîte avant Noël, ce qui nous laissait à peine trois mois.

Ce fut un peu un choc systémique par rapport à la pré-production des deux autres films, où nous avions passé les premiers mois uniquement à boire du café et parler de la « nouvelle vague » française.

Cette fois, nous avions à peine le temps dans la journée d'écrire le scénario, alors de là à réfléchir au casting, aux décors ou aux prises de vue ... Puzo me répétait sans cesse que nous devrions commencer par nous lever avant midi, mais j'ai refusé. J'ai besoin d'au moins 11 heures de sommeil ou je suis trop fatigué pour taper à la machine, même avec des amphétamines.

Donc avant de critiquer le script, il faut considérer que nous étions très pressés par le temps et que ce film a du être réalisé dans la précipitation. Je veux dire, j'ai eu des pauses café plus longues que la période de production globale du film.

C'est entièrement la faute de Mario Puzo !

Maudit sois-tu Puzo ...

Il aurait du écrire plus de livres. Le premier film est une adaptation du premier livre. Le second film était également adapté à partir du premier livre, nous avons utilisé tous les trucs du film original que nous avions laissé de côté. Puis, lorsque nous avons fait le troisième film, il n'y avait plus rien à adapter. Puzo n'avait écrit que quelques autres livres, mais nous n'allions tout de même pas adapter ces romans à deux centimes. Je veux dire, le premier roman était pourri, mais ce n'était rien par rapport à ceux qui suivirent. Rien à voir avec mon adaptation Le Parrain. Il faut rappeler que le roman de Puzo contenait plus de 400 pages d'insultes raciales sur les Italiens, des scènes de sexe risibles et plus de faits historiques que dans les œuvres de Tolkien. Et Michael n'était même dans l'un d'eux.

Dans les années 70, c'était cool d'adapter au cinéma des romans de pacotille (voir L'Exorciste et Les Dents de la Mer), mais dans les années 90, les gens préféraient la littérature proprement dite. C'est pourquoi nous nous sommes retrouvés avec une intrigue bizarre impliquant des cannoli empoisonnées et l'assassinat du pape.

Tout est de la faute de Robert Duvall

Bon, voici les faits, après la mort de Sonny et Vito dans le premier film, Fredo dans le second, le seul parrain de la mafia restant était Tom Haagen, qui était joué bien évidemment à merveille par Robert Duvall.

Duvall refusait de revenir pour le troisième film à moins de recevoir un salaire équivalent à celui d'Al Pacino. Ce n'était évidemment pas possible.

Pacino est une étoile, un acteur multi-primé qui illumine de sa grâce les murs de milliers de chambres d'étudiants partout dans le monde occidental. Il est considéré par beaucoup comme le plus grand acteur de sa génération et est capable d'incarner le calme comme la folie meurtrière avec une égale mesure. Alors que Robert Duvall est juste un gars chauve qui a forgé toute sa carrière sur une seule expression faciale. Ne vous méprenez pas, c'est une putain de bonne expression faciale, mais quelqu'un peut-il nommer un autre film dans lequel il a joué ? Allez, je vous mets au défi. Et avant que vous ne répondiez, je peux déjà vous dire que vous l'avez confondu avec John Malkovich.


Alors la demande de Duvall fut déboutée, me laissant avec encore moins de personnages intéressants que j'en avais déjà et c'est la raison pour laquelle j'ai du donner à la sœur Corleone un tel rôle de premier plan (quel était son nom déjà ?) et que j'ai du recourir à de mauvais artifices scénaristiques comme la découverte de Sonny Corleone, le fils perdu depuis longtemps. Cela signifiait également qu'il y avait encore moins de bons acteurs italo-américains disponibles ... ce qui m'amène à mon prochain point ...

Tout est de la faute d’Andy Garcia !

Je hais ce mec ! Mec, tu parles d'un mauvais acteur ! Croyez-vous qu’avoir une crème glacée à son nom fait de vous le meilleur d’entre nous ? Je te hais Andy, tu es une putain de merde.

Tout est de la faute de Sofia Coppola !

Superbe expression figée ...

D’accord, rétrospectivement j’admets qu’avoir sélectionné ma fille au casting fut une mauvaise chose. Son jeu d’actrice est juste horrible, elle possède autant de crédibilité qu’un alien de Star Trek et la gamme émotionnelle d'un Jon Voight dans le coma.


J'ai été accusé de népotisme, mais s'il vous plaît écoutez ma version des faits avant de me juger.


Toute ma famille est dans l'industrie du cinéma. En fait, 90% d'entre eux ont participé aux films Le Parrain. Ma sœur a joué un Corleone, ma fille nouveau-née a joué le bébé, mon père a fait toute la musique et même les poissons de mon aquarium ont été utilisés pour la scène où Tom Hageen annonce que « Luca Brasi dort avec les poissons ». Pour autant que je sais, tous les Coppola ont été des cinéastes épatants - comment pouvais-je savoir que la petite Sofia serait une bille ? Après tout, nous sommes la seule famille à avoir gagné des Oscars sur trois générations ... alors excusez-moi de supposer que nous sommes tous géniaux.

Tout est de la faute de Martin Scorsese !

... pour ne pas avoir réalisé ce film à ma place et préféré la même année travailler sur le bien plus palpitant et à la pointe de l'art Les Affranchis. Mon film faisait figure de dinosaure en comparaison. Sérieusement, ce serait comme si Disney essayait de rivaliser avec le dernier film de Pixar avec une version bis de Fantasia.

Ceux-ci arrivent à compenser celui-là ?


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