Les douze travaux d'Hercule/Capturer la biche de Cérynie
Bienvenue dans un nouveau paragraphe de « Mythologie ou mythomanie grecque ?» dans lequel nous nous éverturons à percer, tel le pourfendeur de titans, à l'aide de tests et démonstrations scientifiques, le mystère de la capture de la biche de Cérynie à mains nues par Hercule.
Or pas si facile à réaliser sans un bon vieux Beretta d’autant qu’outre le fait que les armes à feu n’existaient pas à l’ère de la mythologie grecque, s'ajoutait une difficulté supplémentaire inhérente à cette époque : l’existence d’un phénomène de zoolâtrie des biches géantes aux bois d’or. Faire du mal à cet animal était la garantie de se faire zigouiller par les extrémistes écologistes qui vouaient un culte à Artémis. Et ceci, le malin Eurysthée le savait parfaitement.
|
Nous avons-nous même testé cette méthode (certes pas pendant un an … au bout de 15 minutes nous étions nazes) et figurez-vous qu’il est impossible d’approcher une biche farouche même en courant très vite. Donc le premier problème qui se pose à nous est : comment griller une biche à la course à pied ?
Nous savons et nous aurions aimé le savoir avant de courir comme des cons après des biches, qu’une biche est deux fois plus véloce qu’un homme. Donc même en courant pendant un an, l’homme ne pourra jamais rattraper la biche.
Or la terre est ronde.
|
|
Nous disions donc que la terre est ronde. N’est-il pas envisageable qu’à un moment donné, si la biche et Hercule suivaient une direction linéaire, que ce ne soit pas Hercule qui aie rattrapé la biche mais la biche qui aie rattrapé Hercule ?
|
|
Premièrement vérifions si Hercule et la biche ont eu le temps en l’espace d’une année de faire au moins un tour de planète Terre, soit environ 40 000 km [1].
- Imaginons qu’Hercule soit Jamaïcain et qu’il détienne le record du monde du 100 m (9 s 58) : Hercule court donc à une vitesse moyenne de 37,58 Km/h.
- Transposons-nous dans le cas le plus favorable d’une année bissextile et d’un demi-dieu très endurant fonctionnant 24h/24h : Hercule aurait parcouru en l’espace d’un an 330 103 km [2]. Il a donc largement eu le temps de faire 8,252 fois le tour de la planète.
Le raisonnement ci-dessus est également valable pour la biche dont le modèle le plus performant peut atteindre une vitesse de pointe de 70 km/h.
La biche va deux fois plus vite qu’Hercule. Elle fait un tour de terre alors qu’Hercule n’est qu’à la moitié du parcours. Lorsqu’Hercule finit enfin son premier tour de Terre, la biche termine son deuxième tour et par voie de conséquence rattrape Hercule pour une première fois. Ceci au bout de 44 jours[3]
.
Hercule était sûrement le plus rapide, le plus fort, le plus barbu et tout nu (si l’on s’en réfère aux différentes représentations que l’on a de lui[4]) des hommes, mais c’était loin d’être le plus malin :
Au 88ème jour de poursuite, Hercule croisa à nouveau une biche :
Son périple se poursuivit ainsi de suite lorsqu'à ce qu'aux 322ème jour et 8ème biche aux bois d’or croisée il se dise :
Il fut exaucé 44 jours plus tard …
Ce qui nous a mis sur la piste de la solution, c’est cette sculpture ci-dessous représentant la scène de capture de la biche. Elle rappelle fortement une technique traditionnelle de chasse à la biche utilisée dans la région de Rio de Janeiro.
Pour la démonstration nous avons fait appel à Alain Chabat, un des plus grands spécialistes français de cette technique.
Nous montrons la sculpture à Alain Chabat qui nous affirme que pour lui il s’agit, sans l’ombre d’un doute, de la technique susmentionnée dont il sera ravi de nous prouver l’efficacité. Il nous demande un peu de temps pour chercher son équipement et nous donne rendez-vous à la lisière d’un bois.
Nous rejoignons Alain Chabat qui est déjà sur le lieu de rendez-vous. Il a en main une sorte de trompette en cuivre.
Nous suivons du regard l’endroit désigné par Alain et ho ! … là, où il n’y avait rien quelques instants plutôt, s’ébat joyeusement une biche.
Alain embouche son appeau à biches et entame quelques accords.
La biche semble intriguée. Encouragé par la réaction de l’animal Alain enchaîne a bene placito[6].
Le jeu d’Alain devient acceso[7]…
… et la biche se rapproche un poco[8].
Les notes s’envolent crescendo à la granda allegra de la bicha qui tourne maintenant autour d’Alain en lui adressant des œillades appassionato [9].
Incroyable ! Sans aucune difficulté Alain se saisit de la biche et pousse la faonfaronnade d'exécuter, main dans la patte avec elle, quelques pas de danse.
Nous achevons ce paragraphe de « Mythologie ou mythomanie grecque ?» sur la conclusion qu’Hercule a bel et bien réussit l’exploit de capturer la biche de Cérynie sans blesser l’animal.
Cet article a été voté dans le "best of" de la Désencyclopédie! |