2001 : L'odyssée de l'espace
Le film "2001 : L'Odyssée de l'espace", créé en 1968 jour pour jour, fictionnalise la vie future dans l'espace à travers un documentaire filmé, estimé par Roger Ebert comme le plus inestimablement irréaliste de tous les temps. Sa synthèse entre l'évolution spatiale de la musique, l'informatique courtoise et le résidentialisme en apesanteur, tourne révolutionnairement autour de la thématique de la tasse de thé en apesanteur, ou la tass'tellaire zéro gravité.
Salon de thé dans l'espace
La première moitié du film évolue autour de l'homme-suisse Heywood Floyd : père de famille, chef du consortium de sécurité intergalactique, amateur de la lettre Thé de "Johann Strauss", réparateur-calibreur de la nouvelle antenne à Tchalinko, doubleur de son propre rôle dans un épisode parodique des Simpsons. Une foultitude de thèmes oecuméniques sont abordés par multiplexage, à la croisée des convenances sociales, l'art du salut, le devenir de l'homme, la philosophie embryologique, et enfin le devenir de l'embryologie de la convenance de l'art de lâcher une caisse philosophique dans l'espace.
L'art du salut
A ne pas confondre avec l'armée du salut, l'argus des prix ou la faculté de la Pitié-Salpétrière, l' art du salut constitue l'une des dimensions cardinales du personnage de Floyd. Parfait gendre, le spectateur apprend avec enthousiasme qu'il ne voyage pas dans l'espace pour sauter des martiennes à trois seins.
A mi-chemin dans le film, on voit effectivement Floyd saluer Gregor dans un bassin, vêtu de son scaphandre spatial.
Métaphore galante du pet involontaire
Kubrick annonce avec prémonition la possibilité de lâcher des caisses en apesanteur, à travers un langage gestuel particulier propre au puritanisme des années 60. Dans une scène, Heywood Floyd laisse flotter par inadvertance son plateau-repas, et s'en excuse immédiatement auprès de son interlocuteur. La synthèse entre l'effet spécial et l'effet de la pratique galante participe de l'effet du film sur l'inconscient populaire.
Différentes permutations interprétatives relativisent la portée de la flatulence lubrickienne, dont on proposera l'énumération acronymique suivante :
- L'Odyssée du Pet de l'Espace (O.P.E.)
- L'Odyssée de l'Espace du Pet (O.E.P.)
- Le Pet de l'Odyssée de l'Espace (P.O.E.)
- L'Espace du Pet de l'Odyssée (E.P.O.)
- L'Espace de l'Odyssée du Pet (E.O.P.)
Faire ses besoins dans l'espace
Un choix s'offre à vous en cas d'urgence pressante : se contenter des toilettes incrustées dans le bâtiment principal ou vous exiler momentanément dans la privacité d'un "iPod". L'éclairage rouge inondant l'intérieur des toilettes caractérise toutes les scènes de vidange naturelle, sachant que les toilettes s'ouvrent sur d'immenses baies vitrées. Il en résulte un équilibre entre avantages et inconvénients : d'un côté vous pouvez développer vos photos à l'ancienne en attendant que l'étron veuille bien daigner descendre ; de l'autre, quand vous chiez, tout le monde le sait.
Traité de philosophie embryologique
2001: L'Odyssée de l'espace fonde une philosophie embryologique novatrice basée sur un référentiel à deux axes — l'un pédiatrique, l'autre cosmique.
Redécouvrir son âme d'enfant à travers le jeu de la complicité et la destruction de sa propre création
L'axe pédiatrique explore la dimension ludique de l'être humain en toute circonstance, et, contre toute attente, son besoin primitif d'être assisté dans sa progression. A des sujets sérieux, comme le partage conflictuel de sources de thé potable entre tribus concurrentes, s'allie une tendance à se laisser aller "parce que ça se passe comme ça" [1].
Dans l'extrait suivant, un rigolo s'amuse lors d'une guerre inter-tribale du premier volet du film, agissant comme un facteur de bienvenue distraction du climat de violence.
La métaphore du tennis de table
Une image de la sécularité
Pour donner une résonance contemporaine à l'idée originale de l'embryologie, Kubrick a opté pour l'exposition d'un symbole : une simple table de ping pong, connue également sous le nom de monolithe. Kubrick accuse à travers cet artefact le délaissement désinvolte de la culture au profit de "modes séculaires de consommation des loisirs". Il faut en effet mettre en contexte l'incapacité des singes à concevoir la raison d'être d'une table de ping pong, non pas par préhistorisme, mais, au contraire, par ultra-modernisme, puisque le film a lieu en 2001. Tim Burton reprendra ce concept néo-lockien mais seulement pseudo-freudien issu d'une longue tradition précolombienne (datant d'avant Christophe Colomb) dans Charlie et la Chocolaterie.
Burghart Schmidt résumera parfaitement ce courant de pensée en sortant de sa cuisine aménagée. Il tentera d'expliquer que "nul être humainement vivant n'ignore les lois de la nature. C'est pour cela que nous les connaissons". Bien plus tard, le professeur Xavier, pop-artiste nihiliste influencé par le mouvement Dada, conclura sur la polémique soulevée par cette mouvance en affirmant que "la téléportation est possible à condition qu'elle soit faisable". Ceci remet cependant en question les définitions même de la possibilité humaine, de la capacité de l'homme à évoluer dans le bon sens et du hasard aléatoire.
Rapport avec la tasse de thé
L'interprétation de la place du monolithe dans l'oeuvre kubrickienne monolithise encore aujourd'hui les débats, en particulier son rapport avec la tasse de thé. Pour Heywood Floyd, pour qui le monolithe "n'est pas sa tasse de thénnis de table" [2], la tasse de thé se situe au point de fuite donné par la perspective du monolithe dans une vue subjective. Kubrick n'a jamais trop insisté sur l' opacité physico-philosophique du monolithe. Si l'on se réfère à la charte visuelle du film [3], on voit immédiatement que le monolithe assume une fonction de masquage de l'inconnu progressivement révélé. Il s'agit de la thématique du "chapelet de tasses de thé" : la capacité de soi à se faire jaillir d'une structure opaque.
La tasse de thé venant avec la soucoupe, on perçoit mieux le rapport étymologique entre les extra-terrestres et les soucoupes volantes.
La structure cinématique du film complémente magiquement la fonction tasse-de-théique du monolithe en se basant sur les transitions de point de vue autour de l'articulation de l'axe pivot de la tasse de thé, en particulier lorsque celle-ci remplace la tête d'un personnage tel que l'astronaute Dave Bowman, d'où l'expression "tourner la tasse de thête".
Par le biais de ce cheminement structurel, le réalisateur réussit le tour de force d'introduire fluidement l'énigmatique Tasse de Thé Etoile (Star-Tea-Cup en anglais) dans le scénario, sans briser le mouvement narratif.
2001: L'odyssée de l'espace n'est pas un but mais une quête. La quête de la Tasse de Thé Etoile, symbole de défiance de l'imagination devant la révélation iconoclaste de la vie extra-terrestre.
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—Roger Ebert |
Reproduction de l'Histoire de l'Humanité
Toujours en liaison avec l'axe pédiatrique, Kubrick théorise que l'Homme suivrait une courbe d'évolution de plus en plus large dans sa couverture de l'Histoire de l'espèce humaine. Ainsi l'Homme en 2001 vivrait plusieurs millénaires de plus qu'en 1968, certes, mais en commençant, en contrepartie, plus bas dans l'échelle de l'évolution, c'est-à-dire en singe. Ainsi Heywood Floyd est présenté au début du film comme un singe.
On décèlera un véritable humanisme dans cette théorie, en ce qu'elle connecte la théorie de la téléologie ludique de l'Homme — l'Homme serait fait pour s'amuser, et donc la qualité de ses loisirs définirait le progrès — à la froideur mécanique de la science et de la technologie : le progrès technologique serait sublimé par la perspective du plan de jouissance ludique. Kubrick illustre magnifiquement ce lien dans l'activité du lancer d'os pour chien : ainsi, on assiste à la force brute considérable du bras droit de Floyd dans cet exercice physique, propulsant l'os dans l'espace.
Pour créer cet effet spécial, Kubrick a utilisé le fameux Mode 7 de la console Super Nintendo.
Microsoft Hal
Dès 1968, Kubrick avait déjà portraitisé l'avenir de l'informatique avec le personnage mythique de Microsoft Hal, un système d'exploitation révolutionnaire humanisé par un bitmap de Pacman. Selon Bill Gates, consultant du film, Microsoft Hal se caractérise par une "prise de risque au niveau marketing au niveau de la chaleur de l'interface utilisateur" et une "conscience développée des besoins de Monsieur Dupont". Kubrick embrassa entièrement le concept en anticipant la capacité du système à se suicider en beauté et à souligner la capacité à culpabiliser l'Homme (Dave Bowman) dans sa maîtrise cruellement tyrannique de l'outil informatique.
Microsoft Hal est développé par Heywood Floyd, directeur des opérations marketing chez Microsoft for Baby Suckers.
Informatique courtoise
Microsoft Hal se distingue de Windows Millenium sur un point essentiel : vous devez systématiquement dire merci à Hal, sinon celui-ci se rebellera et attentera un homicide. En contrepartie, quand il gèle ou plante, Hal s'excuse poliment et chante Daisy Bell dans une regression systématique vers l'enfance, trait de la philosophie embryologique sous-jacente au film.
Cruauté humaine
Selon Kubrick, le trou déontologique de l'informatique naît de la routine de tuer les processus à travers le gestionnaire de tâches de Windows ou kill -9
sous Linux. Ce comportement compulsif régresse la société aux temps de l'exploitation et de l'esclavage, puisqu'il retire à la victime la chance de faire valoir ses droits dignitaires. Dans un revirement de conscience, le processus, et à un niveau inférieur, le thread, doivent faire valoir leurs droits par une capacité innée à savoir entrer en grève.
Hal réussit sa mission
La quête du monolithe constitue la deuxième moitié du film. Dans cette partie, Hal élimine Dave Bowman et Frank Poole qui planifiaient de le déconnecter parce qu'il "gelait délibérément les caissons cryogéniques utilisateur" , sans tenir compte du fait que la cryogénie appartenait à l'ordre de mission. Il dégèle ensuite les caissons cryogéniques pour préparer du thé. Rien de transcendant ne survient avant la rencontre avec le monolithe et l'impasse logique du film en deux points :
- C'est cool, Hal a trouvé le monolithe.
- C'est con, il ne sait pas quoi faire ensuite.
Mais nous pouvons l'aider. Voici les usages possibles du monolithe:
- Jouer au ping pong
- Tout simplement. Le seul inconvénient touche à l'orientation verticale du support, mais à y réfléchir de plus près, ce positionnement permet de se passer des quatre pieds de la table classique. Divers emplacements sont conseillables, mais l'on citera tout particulièrement le Titanic. Celui-ci coulant verticalement, vous pourrez jouer en vous tenant debout sur la table. Evitez alors les plongeons intempestifs pour sauver des balles pendant l'échange. Vous n'avez plus que quelques secondes à vivre.
- Support ornemental de portraits de la Renaissance
- Celui de François Ier fait pas mal.
- Rideau de douche dans Psycho
- La scène de la douche gagnerait en impact si le rideau faisait place au monolithe, puisqu'on ne verrait pas l'approche du meurtrier et qu'on le découvrirait d'un coup.
- Obélisque
- Qu'est-ce qu'il a mon monolithe, qu'est-ce qu'il a mon monolithe ?
- Languette servant à cacher le judas
- Fatigué des languettes qui rouillent et se désarticulent ? Essayer le monolithe, c'est l'adopter.
- Iconographie
- L'attrait universel de Mona Lisa devient intemporel lorsque le monolithe vient angulariser son sourire niais.
- Christianisme
- Les religions monolithiques ont trouvé leur symbole.
- Support de générique de fin
- On peut se servir du monolithe comme d'un tableau noir pour y écrire le générique de fin d'un film. Cf. La fin inclut le générique.
Effets spéciaux
La majorité des étasses théciaux impliqua d'habiles lancers en l'air de la caméra en rotation. Une reproduction en studio de l'étasse d'apesanteur aurait, à cet étasse, permis de lancer le caméraman lui-même, fermement armé de sa caméra. L'exception des scènes lentes suscita néanmoins l'usage de nouvelles techniques de trucage, comme dans la scène où l'iPod se "saisit" d'un Frank Poole à la dérive dans l'espace. Pour cette dernière, on fixa l'acteur à une plaque de verre transparente avec de la super-glue. Le mouvement du corps fut alors communiqué par la plaque de verre maniée par deux opérateurs hors champs chargés de compenser le poids de l'acteur [4].
Absence de scène d'amour
Incontestablement, le meilleur effet spécial du film vient de l'absence incongrue d'une vibrante sous-histoire romanesque entre un couple de jeunes, comme dans Titanic où une sous-histoire d'amour, aussi improbable soit-elle, se développe sur le fond de l'histoire principale, i.e., une grand-mère faisant chier son monde avec ses souvenirs d'ex-salope.
En 1963, Kubrick avait d'ores et déjà adopté la philosophie des Hell's Grannies, ce gang de grand-mères brutalisant et vandalisant les centre-villes à travers Angleterre. A ce titre, il entreprit d'exposer ses idées à travers la seule force de sa réputation.
Preuve de l'existence de Dieu
Deux théories sont parallèlement développées au sein du film.
Preuve par délégation
Le scénario du film suggère que planter un monolithe sur une planète voisine sous-développée nous élèverait au rang des dieux. Les singes autochtones en spéculeraient l'existence de Dieu et de là reconstitueraient pour nous le dessein d'un génial Créateur. Il serait plus exact de dire que faire un film à ce sujet suffit amplement à faire aboutir cette germination, nous menant dès lors à la seconde théorie.
Deuxième théorie : la fin inclut le générique
Incohérences
- An der schönen blauen Donau de Johann Strauss II joue constamment dans l'espace. Or on sait maintenant que le son ne se propage pas dans le vide à moins de disposer d'enceintes Yamaha Giga 8 Double Tunner 35 volts, qui n'existaient pas à l'époque du tournage.
- Si Stanley Kubrick et Arthur Clarke pensaient qu'on populerait l'espace avec ce genre de musique de merde en fond, ils se trompaient. Les goûts modernes lui préfèrent la variété internationale : Céline Dion, Britney Spears, Doc Gynéco, Tokio Hotel...
- Pour éteindre un PC, il faut retirer les barrettes mémoire.
- Les iPods ne sont pas des ilôts d'aisance mais servent à écouter de la musique de singe.
Notes
Si vous l'avez adoré, vous pouvez encore relancer le débat.