Anthrax
Au fin fond du Wyoming, dans un laboratoire secret de recherches microbiologiques, il est l’heure d’aller dormir pour les petits virus et bactéries souches, confortablement installés dans leurs petites éprouvettes. Dans le rayon du réfrigérateur où sont conservées les grippes, une certaine agitation règne car les plus jeunes ne voulant pas aller se coucher, cherchent tous les prétextes pour retarder l’heure du couvre-feu …
Une histoire avant de dormir
Un terrible hurlement leur parvint du rayon du dessus.
Effrayées, les petites grippes se blottirent contre leur mère :
Il faut préciser que ce n’est pas la grande entente entre les virus et les bactéries et pour cause, ils sont concurrents directs sur le marché des faiseurs d’ambiances paranoïaques propices à la manipulation des masses. À quelques exceptions près (Salmonella a eu droit à son heure de gloire il y a quelques années), les virus ont jusqu'à maintenant su tenir le devant de la scène, ce qui renforce cette haine qui perdure entre bactéries et virus.
Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Il y a très longtemps, virus et bactéries travaillaient main dans la main à la destruction de l’Homme. Une complicité et un humour potache propre à un esprit de franche camaraderie les unissaient alors. Par exemple, on se rappelle de l’épisode comique lorsque le vibrion cholérique [3] et le virus CTX inventèrent la diarrhée mortelle du choléra. Des millions de gens morts de la chiasse, ha ha ha ha, on peut dire qu’on savait bien rigoler en ce temps-là.
Et puis les mentalités ont changé. Capitalisme et matérialisme eurent raisons des valeurs simples et désuètes d'antan et les ambitions de chacun prirent le pas sur les vieilles amitiés.
Nom de code : ANTHRAX (les confidences d'un agent bactériologique)
J’étais jeune, tout frais émoulu de mon éprouvette, quand le gouvernement américain me confia ma première mission …
Les attentats du 11 septembre : ce qui était prévu, ce qui a foiré
… donc ma première mission de terrain relevait du domaine du bioterrorisme. Elle consistait à prendre le relais des attentats du 11 septembre 2001, au cas où ceux-ci auraient échoué. Mais comme vous le savez, ils réussirent au-delà des espérances de leurs commanditaires.
À l’origine un seul avion devait se crasher sur l’une des tours sans faire trop de dégâts. De plus pour ne pas faire de victimes, nous avions pris la peine de faire passer une note de service aux occupants des 5 derniers étages de la WTC 1. La note disait : « Entre 8h00 et 10h00, le service de restauration de la WTC 1 a le plaisir de vous offrir un buffet de choucroute à volonté. Il faut absolument que vous veniez ! » Mais comme d’hab, personne ne lu la note de service et personne ne vint à notre "choucroute party".
Ensuite, nous prévoyions de faire porter le chapeau aux Irakiens dont nous convoitions entre autres[4] le pétrole. Je précise entre autres car s'il ne s'agissait que de pétrole, nous aurions déclaré la guerre au Vénézuela au lieu de nous emmerder à aller jusqu'en Irak ... mais revenons à nos moutons de l'Aïd. Pour faire porter le chapeau aux Irakiens, le pilote de l’avion avait pour consigne de voler à travers New York les vitres ouvertes, la radio à fond passant un CD de music Raï. Jusque là, tout allait bien. Le pilote avait même pris l’initiative d’installer un boomer dans la soute à bagage, histoire d’avoir un son de ouf mais un enchaînement d'imprévus modifia du tout au tout le plan initial.
Nous n'avions pas pris en considération la drôle de manie qu’ont les avions ainsi que certains insectes kamikazes, d’être attirés par les sources lumineuses.
Le premier avion s’écrasa très vite suivi d'un deuxième, attiré par la lumière de l’incendie généré le premier crash, suivi d'un troisième, dont on ne parla pas mais qui provoqua l’effondrement du WTC 7 (ce qui arrangea pas mal de monde entre nous, car il était vraiment très moche ce bâtiment). Survenant de partout, une flopée de papillons, maringouins et autres saloperies d'insectes se jetèrent dans les flammes provoquant une montée exponentielle de la température. Les tours jumelles n'y résistèrent pas et s'effondrèrent dans un brasier géant. Tous les avions des environs échappèrent au contrôle de leur pilote et se dirigèrent droit sur l'incendie mais ceux qui venaient de loin manquèrent de carburant. C'est ainsi que ce même jour, un avion s’écrasa sur le Pentagone et qu'un autre se planta en Pennsylvanie.
Le bilan fût 307 morts et plus de 5000 disparus. L'Amérique toute entière resta prostrée sous le choc de cette abomination. C’est là que George W. Bush aurait dû déclarer la guerre au terrorisme et montrer du doigt l’Irak conforté par les nombreux témoignages faisant état d'un pilote écoutant du Cheb Mami grimé d'une djellaba et d'une chéchia. Mais voilà, Ben Laden, qui n’était pas venu aux dernières réunions de préparation du « projet 11 septembre », tel Leroy Jenkins revendiqua les attentats, alors qu'il devait le faire pour un autre projet, et du coup W Bush fut obligé de déclarer la guerre à l’Afghanistan plutôt qu’à l’Irak. Vous comprenez maintenant que pour le 11 septembre on a vraiment pas fait exprès et qu’il fallait un plan de secours pour rattraper le coup. C’est là que je rentre en piste …
La fiche de mission de l'agent Anthrax
… les objectifs de ma fiche de mission étaient multiples. Premièrement me débarrasser de Robert STEVEN, journaliste d'un obscur tabloïd appelé le Sun, qui avait en sa possession des photos de George Bush sénior en cosplay de Xéna la Princesse Guerrière. Trop la honte. Il fallait impérativement se débarrasser de ce journaliste et récupérer les photos, mais pour que cela passe inaperçu, nous noyâmes le poisson en attaquant pleins d'autres journaux.
Le 18 septembre 2001, furent envoyées des enveloppes piégées à l’anthrax à ABC News, CBS News, NBC News … bref que des journaux finissant par « News » pour mettre les enquêteurs sur une fausse piste. Pour finir nous nous en prîmes au Sun. Comme dans « The Sun » il n’y avait pas le mot « News » les enquêteurs crurent à une erreur et personne ne fit jamais le rapprochement entre la mort de Robert STEVEN, et les photos de George H. W. BUSH.
L’autre objectif de ma mission était de faire en sorte que l’Irak soient incriminés pour les courriers piégés, ainsi que pour le 11 septembre. Nous eûmes donc l’idée géniale pour clarifier les choses, de mettre dans les enveloppes un petit courrier explicatif. Voici les brouillons originaux :
Bonjour c’est Saddam,
Je vous envoie cette enveloppe piégée à l’anthrax depuis mon laboratoire secret de fabrication d'armes bactériologiques en Irak car nous les Irakiens nous sommes des terroristes et que c’est notre job de terroriser les Américains des États-Unis. D’ailleurs, pendant que j'y suis, l’attentat du 11 septembre ce n’était pas Al-Qaïda, c’était nous les terroristes Irakiens, Al-Qaïda c’est que des PD qui font dans leur ben.
Pleins de poutous partout
Saddam Hussein
Président des terroristes Irakiens
Votes Best Of
Pour :
Complètement idiot, j’adore. -- Éminence grise n°10 15 septembre 2001.à 15 :15 (UTC)
Contre :
- Bof. Je n’ai pas ri une seule fois. Bien écrit mais pas du niveau d’un BO -- Éminence grise n°4. 16 septembre 2001 à 9 :50 (UTC)
- Mouaif, je ne sais pas, ça fait pas trop Irakien, serait plus crédible écrit en Irakien non? En plus, si quelqu’un vérifie le tampon de la poste, on verra que le courrier ne vient pas d’Irak -- Éminence grise n°1 16 septembre 2001 à 9 :50 (UTC)
- Mai si, on fer envoy d’Irek … -- 90.26.61.92 16 septembre 2001 à 9:52 (UTC)
- Putain mais c’est qui cet IP qui fait des commentaires de merde ! Banc des poneys tout de suite !!! -- Éminence grise n°1 16 septembre 2001 à 9:53 (UTC)
- Mai si, on fer envoy d’Irek … -- 90.26.61.92 16 septembre 2001 à 9:52 (UTC)
- Fait pas trop Irakien, mieux si écrit en Irakien. En plus j’ai pas trop compris le truc du tampon de la poste mais c’est à chier. -- Sucker UPTC n°1 16 septembre 2001 à 9 :55 (UTC)
- -- Éminence grise n°2 16 septembre 2001 à 12 :30 (UTC)
- Oui mais non. -- Éminence grise n°5 16 septembre 2001 à 12 :50 (UTC)
- -- Éminence grise n° 8 16 septembre 2001 à 13 :21 (UTC)
- Complètement idiot en fait, après réflexion, j’adore pas -- Éminence grise n° 10 16 septembre 2001 à 21:13 (UTC)
Blanc + Commentaires :
Complètement idiot, alors je ne sais pas trop. -- Éminence grise n°10 15 septembre 2001.à 13:22 (UTC)- Pour pallier au problème du tampon de la poste, je propose une lettre d’un terroriste Irakien anonyme. Et puis pour faire Irakien on rajoute des « Bijour Missiou », des « Ispèce di Counasse » des « Allah est grand mécréant » etc …-- Éminence n°7 16 septembre 2001 à 10:47 (UTC)
- Ouiai, bien joué ! -- Éminence grise n°1 16 septembre à 2001 (UTC)
- Ouiai, bien vu ! -- Sucker UPTC n°1 16 septembre 2001 à 11:00 (UTC)
- Ouiai, bien joué ! -- Éminence grise n°1 16 septembre à 2001 (UTC)
Brouillon n°2
Bijour Missou, c’est un tirroriste Irakien anounyme ,
Li 11 septembre 2001 c’itait moua et maintinant fifi toua car j’vi t’y poisounner avic di poison.
Allah i grand, micrian.
Votes Best Of
Pour :
J'adore, on dirait du foutage de gueule style les guignols-- Éminence grise n°10 16 septembre 2001.à 11 :55 (UTC)- Pour moi ça passe Éminence grise n°2 17 septembre 2001 à 12 :30 (UTC)
- Il est tout pourri ce brouillon! Retire la merde qui t'encombre le cerveau et balance un argument valable bordel ! -- Éminence grise n°1 17 septembre 2001 à 12:53 (UTC)
- Demandé si gentillement
connardmon ami, tu peux aussi bien aller te faire enculer -- Éminence grise n°2 17 septembre 2001 à 8 :06 (UTC)
- Demandé si gentillement
- Il est tout pourri ce brouillon! Retire la merde qui t'encombre le cerveau et balance un argument valable bordel ! -- Éminence grise n°1 17 septembre 2001 à 12:53 (UTC)
Contre :
- Ben, justement, ça fait mauvaise imitation des guignols, aucun intérêt -- Éminence grise n°4 17 septembre 2001 à 8 :06 (UTC)
- Un grosse merde ce brouillon n°2!!! Éminence grise n°1 . 17 septembre 2001 à 9:45 (UTC)
- Oui, c'est trop de la merde ce brouillon n°2!!! -- Sucker UPTC n°1 17 septembre 2001 à 9 :47 (UTC)
- -- Éminence grise n°6 17 septembre 2001 à 13 :50 (UTC)
- -- Éminence grise n° 8 17 septembre 2001 à 14 :21 (UTC)
- Non en fait, j’adore pas -- Éminence grise n° 10 17 septembre 2001 à 21:13 (UTC)
- Clairement non. Trop caricatural, ça ne sera pas pris au sérieux. Faudrait faire plus light et subtile que les enquêteurs aient quand même l'impression d'avoir bossé. -- Éminence grise n° 7 17 septembre 2001 à 16:13 (UTC)
Blanc + Commentaire:
Je ne sais plus trop si j'adore-- Éminence grise n°10 15 septembre 2001.à 14 :15 (UTC)
Bon finalement le courrier d'accompagnement ce fût ça :
Brouillon n°12
« 11/09/2001, C'EST LA SUITE, PRENDS DE LA PENICILINE MAINTENANT, MORT À L'AMÉRIQUE, MORT À ISRAËL, ALLAH EST GRAND ».
Simple, efficace. Ce courrier revendiquait clairement l'attentat du 11 septembre. "ALLAH est grand" associé au mot "mort" X2 furent analysés comme des propos typiques de terroristes intégristes musulmans, la référence à Israël incriminait directement l'Irak, et cerise sur le gâteau, nous donnions quelques consignes de premier secours pour ne pas faire de victimes. Le seul à qui nous avions omis de remettre le petit courrier fut Robert STEVEN. Un assassinat propre et sans bavure.
Fort de ce succès, le 9 octobre 2001 on m'envoya assassiner deux sénateurs démocrates histoire de remettre une couche de menace terroriste, légitimer nos futures actions préventives de sécurité et se débarrasser de deux gêneurs en passant (ces deux cons ne voulaient pas voter l'US Patriot Act alors qu'il était bien ce texte). Je vous épargne les « ma bite dans ton cul » et les « je vais chier sur ta tombe gros con » inhérents aux discussions de mise au point des notes de revendications d’attaques terroristes et passe directement au courrier qui a fait l’unanimité :
Brouillon n°23
« 11 SEPTEMBRE 2001, VOUS NE POUVEZ PAS NOUS ARRETER. NOUS AVONS CET ANTHRAX. VOUS ALLEZ MOURIR MAINTENANT. VOUS AVEZ PEUR ? MORT A L'AMERIQUE. MORT A ISRAEL. ALLAH EST GRAND.»
Vous remarquerez quelques variantes par rapport au premier courrier. On a remplacé « 11 septembre 2001, c’est la suite » par « 11 septembre 2001, vous ne pourrez pas nous arrêter ». Simplement parce qu’on ne pouvait décemment pas mettre « 11 septembre 2001, c’est la suite de la suite », cela aurait été complètement idiot.
Ensuite « Nous avons cet ANTRAX ». Ben oui, comme des cons nous avions oublié de le préciser dans le premier courrier.
« Vous aller mourir, maintenant ». En fait au début nous avions juste écrit « Vous allez mourir » tout court. Pour le coup ça faisait lapalissade et ça risquait d'être tourné à la dérision. Alors qu’en précisant « Maintenant », ça fichait vraiment la trouille.
« Vous avez peur ? » : pour finir nous avons eu l’idée de glisser une petite question fermée pour connaître l’impact de ce courrier sur le lecteur. Ceci, dans un objectif d’amélioration continue de nos notes de revendications terroristes.
Je partis donc pour le Dakota puis pour le Vermont exécuter mon contrat, mais pendant le transport, je pris un peu mes aises et contamina par accident d'autres courriers. Ho, ne me regardez pas comme ça ! Passez des jours immobiles coincés dans une enveloppe et on en reparlera. Il est très difficile dans ces conditions, d'éviter la crampe. Résultat un peu partout dans les États-unis, des personnes contractèrent la maladie du charbon. Certaines développèrent la forme cutanée de la maladie, qui se traduit par des abcès bien dégueu et tous purulants et quatre sont mortes dans d'affreuses souffances. Le plus effrayant je crois, fût l'aspect "frappe aveugle" des attaques car les victimes n'avaient aucun lien entre elles. C'est ainsi que la psychose enfla. C'était dément. Les gens ne voulaient plus ouvrir leurs courriers et ils hurlaient de désespoire à la vue d'un peu de farine de blé...
Anthrax, son règne, sa chute
... c'est ainsi que mon règne par la terreur débuta. Enfin la classe des bactéries prenait la place qu'elle méritait et ceci grâce à moi. Anthrax. La simple évocation de mon nom inspirait la peur. J'étais le nouveau super méchant, l'ennemi n°1, le maître incontesté de l'axe du mal, un démon infernal venu sur terre pour exterminer l'humanité. Je pouvais être n'importe où, dans ta feuille d’impôts sur le revenu, dans l'enveloppe des fausses promos de la Redoute, sur la carte postale avec des nanas topless envoyée par ton ami Frédo. Je pouvais frapper n'importe quand, je pouvais atteindre n'importe qui. Humbles et puissants étaient à ma merci. J'étais omniscient, j'étais invincible. Kim Jong-il, Ahmadinejad, Saddam Hussein, Cortex, passaient tous pour des petits joueurs comparés à moi, Anthrax le grand, Anthrax le conquérant. Rapidement, cela ne me suffit plus. Grisé par la célébrité et dévoré par l'ambition, je voulais marquer l'histoire de mon empreinte. Pour ce faire il me fallait tuer l'homme le plus puissant du monde : George W. Bush.
Mon plan était infaillible. J'avais passé des jours en planque devant la maison blanche afin d'étudier ses habitudes. Tous les mardis, il se faisait livrer le journal de Mickey et il passait les deux journées suivantes, enfermé dans son bureau, à lire son magazine. Le journal de Mickey, mon sésame. Personne ne penserait à vérifier un objet si anodin. Ensuite, seul et isolé, W. Bush serait complètement à ma merci.
Tout se déroula comme prévu. Je passais sans difficulté les différents niveaux de sécurité de la Maison Blanche, d’autant que cette fayotte de Condoleeza Rice se faisait un devoir d’apporter elle-même le magazine préféré de Junior.
Elle toqua trois coups, abaissa la clenche et dans l’entrebâillement de la porte nous apperçûmes George, le teint violacé, les yeux exorbités, se tenant la gorge des deux mains. Il était en train de s'étrangler. J’eus à peine le temps de hurler « WHAT'S THIS FUCKING MESS!!! » que Condoleeza se précipita dans le bureau en éjectant le journal de Mickey qui glissa sous une armoire. Elle enchaîna par une prise de la corde à linge et George W. Bush rejeta dans un énorme cracha l’objet qui lui obstruait la gorge.
Et c’est là que je le vis, féroce et magnifique, volant à travers la pièce en criant dans un baroud d’honneur avec un fort accent Alsacien, « VIVA EL ALTERMUNDISMO !!! » , avant que la sécurité alertée par nos cris ne se saisisse de lui et ne lui règle son compte à coup de rangeos.
Le lendemain, tout le monde ne parlait plus que de ce Bretzel appartenant à un groupuscule anarchiste d’extrême gauche qui avait faillit avoir la peau du président des États-unis et moi ... je fus oublié sous l’armoire jusqu’à ce que la CIA ne retrouve ma trace et ne me ramène sous bonne garde, ici au labo.
Fin du conte à dormir debout
Notes
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