Argumentation
L'argumentation est un échange au cours duquel un débatteur fait en sorte de faire accepter un point de vue. Une bonne argumentation est le secret pour convaincre ses adversaires de n'importe quoi, car il n'y a rien de plus puissant que la logique. Passons en revue quelques techniques de base permettant de mettre à genoux votre co-débatteur.
Argumentum ad hominem
La technique élémentaire de la rhétorique consiste à attaquer votre adversaire lui-même. Après tout il a tort, donc il a certainement un passé assez chargé. Si l'on se convainc que cet homme est mauvais, il s'ensuit que sa théorie est mauvaise (c'est logique).
Schopenhauer démontre brillamment la faiblesse de l'argumentation de Socrate.
Plus subtil, on peut s'attaquer à ses relations. Si votre détracteur a un ami ou un membre de sa famille qui a eu un passé scabreux, c'est donc que votre détracteur défend une théorie scabreuse (car 1+1=2).
Schopenhauer réduit à néant la théorie de Socrate avec cette preuve lumineuse.
Argumentum ad populum
Il va de soi que si la plupart des gens défendent une idée, ils ont nécessairement raison. Celui qui prétend le contraire a bien évidemment tort, puisque la majorité des personnes interrogées sur ce sujet pensent qu'il a tort.
Schopenhauer ridiculise Popper et sa soi-disant logique. Ahah !
Simplification
Certains débatteurs utilisent des arguments compliqués pour vous embrouiller. Simplifiez ces propositions et leur inanité éclate.
John Rawls : Les inégalités sociales et économiques doivent satisfaire à deux conditions :
- elles doivent être liées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous, dans des conditions d'égalité équitable des chances ;
- elles doivent procurer le plus grand bénéfice aux membres les plus désavantagés de la société.
Après simplification, tout le monde peut se rendre compte comme Rawls se moque du monde.
Appel au ridicule
Il va de soi que certaines théories sont une honte, tant elles s'opposent au bon sens. Dans ce cas, contentez-vous de prendre un contre-exemple parlant qui montrera les faiblesses du raisonnement adverse.
Quand on pense qu'il y a encore des gens qui défendent Darwin, ça fait froid dans le dos !
Fausses conséquences
Il arrive souvent que votre adversaire émette une hypothèse simple qui peut paraître intéressante, mais si l'on s'intéresse à tout ce qu'elle entraîne, on voit alors qu'elle ne peut se vérifier, car ce serait vraiment la porte ouverte à tous les abus.
Hegel est un pousse-au-crime de toute façon, tout le monde sait ça.
Argument d'autorité
Votre adversaire va régulièrement s'attaquer à des sujets qu'il ne maîtrise pas. Pour lui clouer le bec, sortez-lui une étude scientifique parue dans un journal de référence (Quid ou Science et Vie Junior).
Notez toutefois que les chiffres de votre adversaire sont hautement sujets à caution, puisqu'il les tire de revues dont le rédacteur en chef a un cousin qui a servi dans l'Armée Rouge.
Renversement de la charge de la preuve
Il est trivial et évident que votre détracteur va chercher à aller contre le bon sens commun en émettant des hypothèses douteuses par définition, puisque nouvelles. C'est bien beau de vouloir démontrer qu'il a raison, mais encore faut-il d'abord qu'il ne puisse pas ne pas démontrer que vous n'avez pas raison. Eh oui.
Au fait, vous saviez que le frère de Lavoisier était en prison ? Il prétend que c'est une erreur judiciaire, évidemment. Enfin, « bon sang ne saurait mentir » comme on dit chez moi.
Fausse dichotomie
Votre adversaire va tenter de finasser et de vous faire perdre votre calme en entrant dans des détails dont tout le monde se fiche. Non, encore une fois il faut simplifier le débat. Il est clair que les choses sont noires ou blanches.
Mère Teresa (un nom qui ne sonne pas très local soit dit en passant) y réfléchira à deux fois avant de défendre l'indéfendable.
Dénégation systématique
Pas la peine de perdre son temps à argumenter quand il est évident que votre adversaire a tort.
Wittgenstein, c'est allemand comme nom, non ? Quand on pense à ce que les nazis ont fait....
Insultes
Parfois il est nécessaire de mettre le doigt sur un aspect particulièrement dégoûtant de votre interlocuteur, pour bien montrer à l'auditoire qu'il se commet avec des idées nauséabondes.
Habermas est allé pleurnicher dans son coin après ça, avec ses idées à la mords-moi-le-pif. Notez aussi que les insultes de votre adversaire ne font pas s'élever le débat, mais venant d'une personne telle que lui, bien connue pour ses prises de position extrêmistes, cela n'est pas étonnant.
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