Le Cycle du Graal/Volume 2 : Les Chevaliers de la Table Ronde
Introduction : Cette compilation de divers textes émanant d'auteurs du Moyen-Âge a été condensée en un seul récit, de façon à faciliter la compréhension des mythes et légendes celtes inhérents au Cycle du Graal. Le lecteur pourra trouver les sources, les originaux et les précédents corpus en cherchant lui-même sur Internet ou à la Bibliothèque Municipale. On est pas chez mémé.
Précédemment :
Le Cycle du Graal/Volume 1 : La Naissance du Roi Arthur
Résumé des épisodes précédents : Dans le Royaume de Bretagne, il s'en passe de belles ! Incroyable mais vrai, le Roi Arthur, à peine sorti du ventre de sa mère, est confié à un type anonyme qui doit l'élever comme si le futur souverain était son propre fils ! Pendant ce temps, son vrai père, le roi Uther Pendragon, file le mariage parfait avec la reine Ygerne, sous l'œil avisé du sage Merlin. Ce dernier a cependant plus d'un tour dans sa besace...
Pendant ce temps-là, les hommes de main du comte de Westham prévoient un coup d'état pour mettre à la tête du duché de Gasthinterwall le sénéchal Mac Clerky. Mais le colonel Stark leur réserve un chien de sa chienne. Garretty et Winkler parviendront-ils à délivrer à temps la princesse Cléa des griffes du diabolique baron de Brunswick ? A bord de l'Archéoptéramobile, ils égrènent les miles mais le temps ne joue pas en leur faveur...
Une enfance ordinaire
Ainsi, le jeune Arthur fût confié à un gars. Le gars avait déjà un fils, Kaï, et les deux bambins grandirent ensemble dans la joie simple des petits va-nu-pieds.
Souvent, après une partie de chat perché ou une pêche à l'écrevisse, les deux compagnons s'allongeaient dans l'herbe verte de la prairie et contemplaient le ciel étoilé de milles chandelles. "Tu sais Kaï", disait Arthur, "parfois je me dis que j'ai un destin. Je me dis que je ne suis pas le simple fils d'un gars quelconque, je sens que je vaux mieux que ça. Je sens que je vaux mieux que tout ce que l'on connaît". "Et ça tu le sens ?", répondait Kaï en riant, car il venait de péter et comme il ne mangeait que des pommes pourries, l'odeur de ses pets piquait les yeux. Et, dans l'air calme de l'été agrémenté des rires d'enfants, les deux frères se levaient et couraient dans d'immenses paysages aussi vastes que l'insouciance de leur jeunesse.
La mort de Pendragon
Sentant venir sa mort, le roi Pendragon, père d'Arthur, fit venir Merlin à son chevet. "Merlin, mon brave Merlin, peux-tu me faire un compte-rendu de l'histoire jusqu'à maintenant ?". "Avec joie, je jouis déjà de jacasser" répondit Merlin. "Ciel" dit Pendragon, "tu as perdu ton stupide zozotement!". "Oui j'avais jamais jugé bon de jouter contre jusqu'à ce ce jour. J'avais tort".
"Mais revenons à nos moutons" dit Merlin. "Le topo, c'est que ton fils Arthur est actuellement élevé en tant que fils de vavasseur. Il ignore qu'il est le futur roi de Bretagne. Or je vais faire un truc pour qu'il le devienne. Après que tu seras mort, je vais planter une épée dans une motte de beurre, et je dirai à tout le monde que seul le roi de ce royaume peut enlever l'épée de la motte de beurre. Personne n'y parviendra, car j'aurais préalablement enchanté l'épée et le beurre, sauf Arthur, parce que c'est mon chouchou. Après qu'il sera roi, il aura plus qu'à réunir des nouveaux chevaliers autour de la Table Ronde, et faire des aventures pour retrouver le Graal, tout ça."
"OK c'est good" dit Pendragon. "Ah que je souffre de ne point connaître mon fils ! Merlin, toi qui est si bon, connais-tu un moyen afin qu'avant d'être étreint par la poigne glaciale de la faucheuse, je puisse seulement rien qu'une fois serrer cet enfant dans mes bras ? Rien ne me serait plus agréable au monde, que de quitter cette terre en sachant le visage de ma descendance. Oh Merlin, verrai-je un jour, l'espace d'un fugace instant, les traits du roi Arthur, la chair de ma chair ?". "Non" dit Merlin. Puis Pendragon fût mort.
L'épée enchantée
Après la mort de Pendragon, les bretons étaient bien désappointés car ils n'avaient plus de roi. Ils ne pouvaient pas mettre un fils de Pendragon au pouvoir, parce qu'il n'avait eu que trois filles, Anna, Morgane et Vanessa. Trois connes, en plus. Décemment, ils voulaient choisir un souverain qui fasse l'affaire.
"Demandons à Merlin ce qu'il convient de faire ! C'est un sage, il saura nous conseiller !" dit le peuple breton. Or Merlin était introuvable, car pendant que le peuple le cherchait, il parcourait la forêt à la recherche d'une motte de beurre. La trouvant au pied d'un rocher, il y planta une épée magique, lança le sortilège qu'il avait évoqué avec Pendragon et retourna vers le peuple en se frottant les mains, fier de sa connerie.
"Merlin, te voilà !" s'écria le peuple. "Nous avons besoin de ta sagesse ! Comment choisir un gouvernement efficace maintenant que Pendragon est mort ? Faut-il organiser des élections ? On pense qu'organiser le royaume en différentes baronnies, gérées chacune par une assemblée élue à la majorité relative pourrait être un efficace moyen de contrôler à la fois l'économie et la sécurité intérieure. En organisant des élections tous les quatre ans et en supprimant le cumul des mandats, on pourrait lutter contre la corruption et garantir un renouvellement des politiques. Quel scrutin choisir, Merlin ? Comment définir les limites territoriales ? Cette idée te paraît-elle bonne, Merlin ?" Merlin répondit : "Non c'est débile, j'ai une bien meilleure idée, on va faire enlever une épée d'une motte de beurre, ça fera choisir qui c'est le roi."
"Quelle bonne idée" clama le peuple. "Hourra pour la sagesse de Merlin !". Puis tout le monde alla à la motte de beurre, nourrissant l'espoir secret d'être celui qui en ôtera l'épée et deviendra le roi de Bretagne.
La destinée d'Arthur
Tous les bretons allèrent à la motte de beurre, y compris Arthur et Kaï, et commencèrent à essayer d'enlever l'épée. "Il y a comme un problème", dit le premier type qui avait tenté d'ôter l'épée, "c'est coincé." Déçu il céda sa place à un nouveau prétendant, qui n'arriva pas plus que le précédent à desceller la lame. "A mon avis c'est truqué" dit quelqu'un dans le public. Merlin s'énerva : "Mais non c'est pas truqué ! C'est un genre de test ! Les dieux vont choisir le roi grâce à cette épreuve !". "Ouais ouais" dirent les gens, "enfin ça pue quand même l'embrouille." Les gens étaient surtout dégoûtés de pas être choisis comme roi mais bon, au moins il y avait un spectacle, ça faisait un truc pour occuper la journée.
Au fur et à mesure que le jour passait, tous les nobles, barons, chevaliers et riches en tous genres tentèrent d'enlever l'épée, sans succès. Heureusement, c'était un dimanche. Arriva le tour de Kaï, qui avait vraiment envie d'être roi, mais pas plus que les autres il n'arriva à accomplir l'exploit magique. Vînt enfin le tour d'Arthur. Les gens en avaient marre qu'il ne se passe rien, aussi dirent-ils :"Tiens c'est le tour de ce vilain petit roturier. Et si on regardait ailleurs pour se distraire. Tiens là-bas, un vol de corbeaux !". Aussi, au moment où Arthur s'approchait, le public avait les yeux rivés vers un vol de corbeaux.
Par un miracle incroyable, Arthur descella l'épée. "Dingue" dit-il, "je suis roi !". Le seul qui avait assisté à la scène était Kaï, qui lui dit : "File-moi l'épée ou je te pète la gueule. Si tu dis que c'est toi qui l'a enlevé je te nique." Arthur lui fila l'épée car il préférait encore ne pas être roi à se faire casser la gueule.
Kaï appela les gens : "Regardez, c'est moi qui ai l'épée !". Les gens se retournèrent car les corbeaux étaient partis. "Oh, c'est le fils du vavasseur qui est roi !" et ils se prosternèrent. L'un des gens dit : "Mais attends, t'étais pas déjà passé tout à l'heure ?". Kaï répondit :"Si mais je m'étais pas assez échauffé tu vois." Les gens portèrent Kaï en triomphe, sauf Merlin qui n'était pas dupe.
"Arrêtez tout !" dit Merlin. "Cet enfant n'est pas roi ! C'est Arthur le roi !". "Mais Kaï a enlevé l'épée !" dirent les gens, "faudrait savoir, t'avais pas dit que c'était celui qui enlevait l'épée qui devenait roi ? Bon ben tu vois, c'est lui qui a enlevé l'épée. T'es chiant Merlin. Si tu voulais que ce soit Arthur, pourquoi tu l'as pas dit tout de suite ?". "Non mais il fallait que ce soit un chouette symbole, comme ça vous auriez été contents et tout, mais là c'est raté." répondit Merlin, ennuyé. "Redonnez-moi l'épée" ajouta t-il, avant de la planter de nouveau dans la motte de beurre. "Vas-y, enlève-la, vas-y gros malin !" dit-il à Kaï.
Kaï était bien ennuyé. "Ah oui mais non" dit-il, "je me suis fait une entorse ouille ouille ouille, je ne peux plus me servir de ma main !". "Tu vois bien Merlin", dirent les gens, "le roi s'est blessé. Allez, foutons-lui la paix et allons nous saouler pour fêter ça!". "Ah mais non mais non" rugit Merlin. "Toi le morveux", dit-il à Arthur, "enlève l'épée !". Arthur qui ne voulait pas déplaire, s'empressa d'ôter l'épée. "Ah vous voyez !" cria Merlin, "hein qui c'est qui avait raison hein qui c'est ?". "Ok, ok" dirent les gens. "Bon c'est bien" ajoutèrent-ils, "longue vie au roi, etc...". Puis ils rentrèrent chez eux, avec l'impression quand même d'avoir perdu leur journée, d'autant plus que Kaï était quand même plus crédible comme roi que cette petite lopette d'Arthur, enfin bon, ça remplit pas nos gamelles et puis il va pleuvoir faut rentrer le linge.
La Table Ronde
Devenu roi de Bretagne, le jeune Arthur ne savait pas vraiment quoi faire pour maintenir son autorité. C'est tout naturellement qu'il investit la Table Ronde et en chassa les vieux chevaliers qui ne l'aimaient pas pour y mettre son frère Kaï, parce qu'il n'était pas rancunier et avait une entière confiance en lui, ainsi que ses amis : Perceval, dit le Chevalier Autiste, Lancelot, dit le Chevalier Racaille, Bohort, dit l'Autre Chevalier Autiste Après Perceval, Gauvain, dit le Pistonné, Yvain, dit le Gros Crâmé, Léodagan, dit le Vieux, Bedwyr, dit le Voleur de Poules, Karadoc, dit Encore un Autiste à la Table Ronde et quelques autres.
Cependant, ce n'est pas avec une chouette bande de potes qu'on fait régner l'ordre en Bretagne, mais en poursuivant la quête du Graal. Aussi, les chevaliers étaient sommés de chercher et trouver le Graal, à raison d'une tentative par semaine. Or, Merlin ayant déjà prédit que le Graal serait découvert par Bohort, Perceval et Galaad - le fils que Lancelot aura avec une pute - la démotivation était relativement élevée chez les Glorieux Chevaliers de la Table Ronde. Ce qu'il leur fallait, pensait Merlin, c'était une bonne quête avec un dragon et quelques salopes...
La Quête Périlleuse
Or, en un château avoisinant, vivait un géant fort vilain, mais qui avait bon cœur. Ce géant se trouvait très contrit, car sa fille, qui était miraculeusement belle en comparaison de lui, avait été enlevée par le chevalier noir.
Il fit envoyer auprès d'Arthur un nain mystérieux, qui lui tînt à peu près ce langage : "Messires Arthur, que vous êtes joli, que vous me semblez beau. Sans déconner, si vous êtes aussi habile à l'épée que vous avez de grosses couilles, c'est sans coup férir que vous parviendrez à remporter la quête que je vous propose."
Le nain mystérieux était en fait Merlin qui s'était déguisé pour l'occasion et avait contrefait sa voix en imitant un fausset. "Mon maître, le géant Ragnarok, s'est fait enlever sa fille par le chevalier noir. Ce vilain chevalier de l'enfer a prévu de lui ôter son pucelage mardi prochain, pour bien la déshonorer il compte le faire en public devant une bande de ribauds ivres qui se gausseront d'elles et la pousseront probablement au suicide étant donné le déshonneur qui va lui tomber sur le coin de la gueule." Arthur s'exclama : "Ciel mais c'est abominable ! Quel vil coyote !". Le nain reprit : "Seras-tu le bon roi qui sauveras la charmante fille de Ragnarok ?". Arthur réfléchit, et il regarda ses braves : "Dites-moi mes braves, on y va ou on n'y va pas ?" Lancelot s'avança alors et clama : "Moi j'y go !". Et comme Lancelot était le plus fort, tous les autres suivirent parce qu'ils se disaient que c'est Lancelot qui ferait tout le boulot, et qu'ils pourraient eux faire un peu de pillage ou gratter un bout de terrain à un cul-terreux en l'intimidant par-ci par-là. Aussi, les illustres chevaliers se mirent en marche pour délivrer la fille de Ragnarok.
Sur la route qui menait au château du chevalier noir, Merlin, qui s'était retransformé en Merlin, voyait bien qu'Arthur était pensif. "Eh ben mon bonhomme qu'est-ce qui va pas ?"
"Ben c'est l'autre là, Morgane. J'ai déjà niqué ses sœurs Anna et Vanessa mais elle pas moyen de me la faire." Merlin se mordit la langue, un peu contrarié. "Ha merde" dit-il, "il vaudrait mieux que je te dise : c'est tes sœurs en fait... Désolé d'avoir gardé secrète ta filiation avec Pendragon, il fallait que tu donnes l'air de venir du peuple pour que les gens t'aiment bien... Mais bon, éventé pour éventé, on va révéler le secret à tout le monde, ça évitera que tu t'envoies ton cousin ou ta mère sans le faire exprès". Arthur éclata de rire "Eh ben ! Dire que j'ai niqué mes soeurs ! Heureusement que personne n'est au courant à part nous deux !" Mais Arthur se trompait, car les soeurs étaient aussi au courant qu'elles avaient été niquées. De plus, Vanessa était tombée enceinte, et avait accouché en secret dans un monastère satanique. L'enfant de cette union impie était même élevé clandestinement par les satanistes, et cela, Arthur ne le savait guère.
Après moultes péripéties, les chevaliers de la Table Ronde arrivèrent au château du chevalier noir. Et comme de justesse, ça tombait le mardi. Le chevalier noir se tenait dans la cour de son château, avec la malheureuse jeune fille prête à être saillie, séquestrée au pilori sans aucune possibilité de mouvement. Autour d'eux, une foule de ribauds ivres lançaient des rires paillards, et personne ne prêtait attention au roi et à ses compagnons.
"Ah ah ah ah" s'écria le chevalier noir, "je vais te faire les fesses devant tout le monde et tu seras bien déshonorée." Sitôt dit le chevalier noir baissa son pantalon en fer. Bravement, Lancelot fondit sur lui par surprise et lui mit un coup d'épée dans le dos. "Aïe" s'écria le chevalier noir qui était bien surpris, "mais pourquoi tu fais ça?" demanda-t-il à Lancelot. "C'est pas bien de déshonorer les filles" dit Lancelot, "et d'abord qu'est-ce qu'elle t'a fait ?" Le chevalier noir réfléchit, puis il dit : "Rien du tout, mais elle est bonne, et j'osais pas lui demander de sortir avec moi. Elle m'intimidait trop. Alors bon, je l'enlève et je la viole quoi ! Tu connais une autre méthode peut-être, gros malin ?" C'en était trop pour Lancelot, qui ne supportait pas de se faire traiter de gros malin. Le duel entre les deux chevaliers fût très sanglant, car Lancelot avait la main lourde, et à la fin le chevalier noir ressemblait surtout à de la bouillie rougeasse. "Voilà pour toi, salopiaud" dit Lancelot en achevant son adversaire.
Entre temps, les autres chevaliers avaient tués tous les ribauds ivres qui riaient avec paillardise, pour leur apprendre la politesse. Le roi Arthur lui-même délivra la belle jeune fille. En croisant son regard, il tomba instantanément amoureux d'elle et lui demanda comment elle s'appelait. "Guenièvre" dit la pucelle. "Je t'ai pas demandé ce que tu voulais boire mais comment tu t'appelais !" Et ils éclatèrent tous de rire. Puis le roi Arthur fût soudain saisi d'une embolie pulmonaire, qui dégénéra en arrêt cardio-circulatoire et il mourût en quelques secondes.
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