Sonneur

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Un sonneur désigne en Bretagne un instrumentiste, le plus souvent en parlant d'un instrument typiquement breton. Un violoniste ou un accordéoniste pourraient être également appelés sonneur, mais le breton n'est pas non plus abruti, il dira le plus souvent violoniste, ou accordéoniste.

Le terme sonneur désignera donc principalement le joueur de bombarde(ou talabarder), et de biniou(ou biniaouer)- par extension, de cornemuse(aussi appelé piper, mais çà ce n'est pas du breton).

(A retenir: La blague selon laquelle le joueur de bombarde est un bombardier est considérée comme particulièrement ringarde en Bretagne.)

Le sonneur anime bon nombre de fêtes diverses en Bretagne et au delà, prétendant jouer de la musique, mais crevant du tympan en réalité, à la seule puissance de son instrument.

« Ceux-là vont sonner au mariage de la fille Tallec! Hof, ça met de l'animation dans le bourg! Là c'est bien 50 qu'y sont! hein Annick! »
~ Un vieux dans un bourg à propos d'un cortège de mariage passant devant chez lui.

Les sonneurs (Ils vont souvent par paire) font mal aux oreilles. Ils sont surnommés "vendeurs de vent", "faiseurs de bruit", "exploseurs de tympans", et de temps en temps "HOOOOOOHHHH!!!!" quand ils n'entendent pas qu'on les appelle.

Le sonneur ne devient pas sourd forcément très jeune, en revanche son entourage oui.

« HEIN? Suissi va couper son machin breign là moi j'entends plus rien! HO! je t'ai déja dit que le binioù, c'est dehors quand y'a du monde à la maison! Vous disiez? »
~ M.Thérèse, femme de sonneur à propos des risques de surdité.

Étymologie, origine et historique

Le prince Charles, pris dans les "tornadoù" à Crozon, phénomène météo unique au monde, provoqué par le brusque changement de pression atmosphérique lorsqu'un couple de sonneurs joue face au vent.

Le terme sonneur vient, vous l'aurez deviné, du verbe sonner.

Car en effet, le biniou ou la bombarde, ça sonne:

  • Tel une sonnerie d'alerte générale, un son très fort, pouvant même agir sur la météo,(cf photo) mais où l'on distingue de la note par derrière si les oreilles tiennent le coup.
  • Tel une claque en pleine tête, vous faisant voir trente six chandelles si vous n'êtes pas finement préparé.


En breton, le sonneur se dit "ar soner" qui veut dire, tenez vous bien, LE SONNEUR.

De toute manière quand ça se met à jouer, tout le monde s'en fout, pourvu que ça s'arrête vite.

Le premier sonneur recensé était un certain "Job lak e barzh" littéralement "Joseph met dedans". Le double sens instrumental et éthylique de ce surnom n'aura échappé à personne bien sûr.

D'après cette référence, le sonneur aurait donc été inventé avec la Bretagne, car le breton, dès sa création, savait au plus profond de lui qu'il manquait quelque chose à sa vie. Ce manque a aujourd'hui un nom. Nous appelons cela la radio, le poste à CD ou bien encore le MP3, l'ipod, et que sais-je encore.

A l'époque, c'est bel et bien le sonneur qui se taillait la grosse part sur le marché du disque dans le grand Ouest. Puis, comme les affaires marchaient bien, il s'est mit à sonner avec un pote, puis 2,3... jusqu'à ce que le top 50 décide après la guerre de 14 de classer les sonneurs comme "has-been" et "folkloriques", car la mode était passée - Les premiers yéyés faisaient déjà alors parler d'eux en Bretagne. C'est donc après la grande guerre que le sonneur, qui était déjà breton à la base, est tombé petit à petit dans la dépression et l'alcool, développant au fil des années une prédisposition naturelle génétique du sonneur breton à boire sans raison évidente. Et pourtant... enfoirés de yéyés...

La fonction du sonneur

Un couple à la mode années 70(mode yéyés/disco, juste avant la révolution Stivell), avec moustache, pattes d'ef' et chapeau fantaisie.

Être sonneur avant, c'était un boulot, et qui gagnait bien. Animation de mariages, banquets, fêtes du slip ou de la vierge, fêtes de nuit branchées... c'était la jet-set, ni plus ni moins.

Regardez David Guetta... Pareil avec un pipeau.

Et puis vers les années 30 ça ne marchait plus assez pour pouvoir en vivre, alors être sonneur est devenu un passe-temps. Pendant la seconde guerre mondiale, quelques sonneurs étaient en première ligne pour l'effet de surprise où pour torturer les allemands, mais l'amour du métier n'y était plus.

Puis Alan Stivell est arrivé dans les années 70, et plus rien n'a plus jamais vraiment été pareil. Le sonneur s'est retrouvé depuis perdu au milieu des Tri Yann, de Manau... s'est senti alors inutile, et s'est remis à boire de plus belle... rôle qu'il s'efforce de tenir encore aujourd'hui.

Le contexte de jeu

Un sonneur du dimanche attendant du touriste, avec les habits et tout...

Le sonneur peut exercer seul mais c'est pas très sympa, en couple le plus souvent parce que c'est pas cher à l'embauche et ça rigole bien en fest-noz, en bagad pour parader devant les touristes, ou en petit comité avec d'autres instruments histoire de se faire tolérer dans des soirées plus sympa et de se faire des relations.

Les occasions sont diverses:

  • Le mariage, pour amener la belle à l'autel et couvrir ses gloussements lors de la nuit de noces.
  • Les messes et communions, pour avoir une commission s'il y a du monde de ramené à l'office.
  • Les fêtes de nuit, pour s'en mettre plein le gosier gratis, s'envoyer une fan et empocher le pactole.
  • Les fêtes à bourgeois et autres fêtes dérivées, du moment que ça paye et que ça rince...
  • En boîte de nuit pour chambrer le videur et faire le con.
  • En manif' pour se faire entendre et perturber les CRS.
  • En défilé ou concert de bagad pour faire marrer les touristes.


Les sonneurs de référence

Bizarrement, la plupart des sonneurs de renom étaient non pas sourds(du moins pas tout de suite), mais aveugles. Ils rajoutaient "an dall"(l'aveugle) à leur petit nom pour créer leur nom de scène, et d'ailleurs au passage est apparue la célèbre expression "j'y vois que dall". Le plus connu des sonneurs aveugles était "Matilin an dall", mais il y en avait bien d'autres,(eh oui, la Bretagne manquait cruellement d'ophtalmos en cette époque) tels que "Gérard an dall", "Samantha an dall", ou plus récemment "Gilbert an dall" reconverti en chanteur de musique pop depuis. Il y eût un autre performer en la matière, en la personne d'Auguste Salaun. Mais ce dernier n'ayant pas de lourd handicap, n'a jamais été reconnu par ses pairs, car "c'est pas du jeu", et "c'est dégueulasse de piquer le boulot des aveugles" que tout le monde disait.

Le devenir du sonneur

« Bois-donc, on verra bien demain... »
~ Tous les sonneurs à propos de leur avenir, maxime utilisée et transmise de tout temps.

En général, le sonneur dans sa jeunesse, a le temps de tâter de la jouvencelle avant d'être emporté par la cirrhose. Mais les enfants fruits des unions éphémères de soirs festifs, comment seront-ils élevés? rien n'est moins sûr. Le sonneur a de quoi s'inquiéter, car personne ne viendra pleurer sur son sort. Pour preuve cette blague bien connue des bretons:

"Quelle est la différence entre un biniou et un oignon? ... Quand tu plantes un couteau dans un biniou ça fait pleurer personne."

Le sonneur est vraiment mal barré. Il est pas prêt de lâcher la bouteille.


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