Stargate 2001, L'espèce d'odyssée
Lundi 3 mars
Ça y est finalement ! Je pars demain en direction de Mars ! Je commence donc ce carnet de bord pour que les générations suivantes aient un témoignage de cette fabuleuse expérience, et aussi parce que ça fait classe. Quoique si l'expédition se déroule bien, on pourra revenir sur Terre et donc témoigner directement alors que dans le cas contraire, mon journal flottera aléatoirement dans le vide pour toujours... Ce serait franchement bof. Bon, je vais me pieuter.
Mardi 4 mars
On est demain ! Enfin non, on est aujourd'hui, mais par rapport à hier on est demain ; ou plutôt on est le lendemain d'hier quand je disais aujourd'hui... Merde saperlipopette, je suis en ret__.
Jeudi 6 mars
J'ai bien dormi ! Par contre je me suis fait salement enguirlandé par cet enfoiré de Sibérien de mes deux le professeur Sergueï Ta sous prétexte que je n'ai rien foutu depuis le décollage. Je n'ai pas osé lui dire, mais s'il s'attend à quelque chose de ma part, il peut toujours se gratter parce que ce n'est pas avec ma quintuple première année de comptabilité que je vais réussir à modifier la trajectoire de sa fusée à deux balles. De toute façon je ne l'aime pas. Je vais pisser.
Dimanche 9 mars
Ça fait du bien de se soulager quand même ! Par contre maintenant je me suis aussi fait épingler par l'autre tarée russe, Ilva Trèvitch. Ce n'est quand même pas ma faute ! D'accord, j'ai un peu cherché la chasse d'eau ces deux derniers jours, mais ce n'est pas une raison pour gueuler comme ça quand même ! Heureusement qu'elle est bien gaulée, sinon je l'aurai étranglée sans hésitation, parce que je ne l'aime vraiment pas... Ceci me fait penser, d'ailleurs, que je n'ai encore jamais violé quelqu'un en apesanteur. Il faudra que je remédie à cela plus tard.
Mardi 11 mars
Mon nom est Tom Elvis Jedusor. Et toi ?
Mercredi 12 mars
C'est horrible ! Je viens d'apprendre que le voyage va durer plus de trois ans ! Si j'avais su, j'aurais laissé Paul y aller. Vraiment, c'est à vous dégouter de vous faire passer pour votre frère jumeau...
Samedi 15 mars
J'ai fait la connaissance de Silvio aujourd'hui. Lui me connaissait déjà ; enfin, il connaissait Paul mais comme cet abruti pense que c'est moi j'ai dû improviser. D'ailleurs je commence à sérieusement douter de l'intellect des gars qu'on envoie dans l'espace. Ça fait presque deux semaines que je suis là et ils ne se doutent toujours de rien... En gros, Silvio est un cosmonaute portugais qui a été recruté par la NASA dès qu'il a eu son diplôme en astro quelque chose. C'est un vantard, je ne l'aime pas.
Dimanche 16 mars
Silvio m'a présenté Paulo, un pote à lui. Il paraît que ce gars-là (Paulo, pas Silvio) a été introduit en extrème urgence quand l'un des membres initiaux de l'équipage est brutalement décédé après avoir saigné du nez la veille du décollage. Enfin, c'est ce qu'il m'a dit (Silvio, pas Paulo). C'est amusant, il (Silvio, pas Paulo) a dit qu'il (Paulo, pas Sivio) me ressemblait énormément, mis à part le fait que je ne sois pas chauve et que je n'aie pas des traces de brûlures un peu partout. J'ignore si c'est exact, mais en tout cas je ne l'aime pas, il est très antipathique (Paulo, pas Silvio Silvio aussi bien sûr, j'aimerais ne plus avoir à me répéter).
Lundi 17 mars
Je suis un vrai con, un minable, je mange mes excréments et je séquestre des moutons pour les violer dans ma cave.
Mardi 18 mars
J'ai pensé à Paul ce matin. J'étais avec Luc Ratiphe et Veronica Caouaite et nous discutions de nos familles respectives lorsque je me suis senti très étrange : mon pouls s'est accéléré, et souffle s'est raccourci jusqu'à en devenir haletant. Pendant un temps, j'ai craint que Paul ne me manquât alors je me suis isolé, mais en réalité, une fois seul, j'ai réalisé que cela n'était dû qu'à l'excitation. Il faut dire que de tout ce que j'ai pu faire dans ma vie, la seule chose plus marrante que d'enfermer mon frangin dans ma maison sans le nourrir pendant une semaine a été de mettre le feu à la propriété. J'ai eu un orgasme rien que d'y repenser.
Mercredi 19 mars
Je me suis suicidé ce matin, lorsque j'ai pris conscience que ma vie était vaine et sans intérêt, et que je méritais de pourrir en Enfer pour l'éternité et de souffrir mille morts dans les flammes ardentes du monde souterrain.
Je ne suis qu'une raclure.
Je me hais.
Vendredi 21 mars
J'ai l'impression que quelqu'un a trouvé mon journal et n'a de cesse que de le souiller. Cette situation est intolérable, je commence mon enquête.
Lundi 24 mars
Ça sent mauvais. J'ai surpris Sergueï et Luc en train de discuter en catimini, mais au moment où je me suis approché, ils se sont brusquement tus. Je crois qu'ils se doutent de quelque chose.
Mercredi 26 mars
Ça sent mauvais. J'ai laissé échapper une flatulence dans la cabine de Veronica. Je crois qu'elle s'est doutée de quelque chose.
Jeudi 27 mars
J'ai bien fait progressé mon enquête. J'ai réduit le nombre de suspects à sept : Sergueï, le Russkof psychorigide, Ilva la sal dévergondée, Silvio le champion du monde des abrutis, Paulo le spécialiste en bronzage accéléré, Véronica la vice-championne, et Luc la tafiole. Il y a aussi un dernier type poilu dont j'ignore tout, même le nom et le sexe. J'ai déjà tenté d'engager la conversation avec lui, mais il parle extrêmement fort et dans une langue incompréhensible. Je l'appellerai Figurant. Je ne l'aime pas. Je crois que c'est lui le coupable.
Mardi 1er avril
Quelqu'un est mort. La terreur a envahi tous les occupants. J'ai peur.
Mercredi 2 avril
Quelqu'un est mort, mais cette fois c'est vrai. C'est le figurant, enfin le type mystérieux. La bonne nouvelle, c'est que je n'ai plus que six suspects. La mauvaise, c'est qu'on n'a pas retrouvé sa tête. Le tueur a laissé un message à côté du corps du mec poilu :
« Toi qui a échoué à achever la Grande Calcination, tu craindras la mort de tout ton être avant de pourrir en Enfer pour l'éternité et de souffrir mille morts dans les flammes ardentes du monde souterrain... Tu n'es qu'une raclure. Je te hais. »
Personnellement, je ne sais pas qui est le meurtrier mais il n'a sûrement pas fait d'études littéraires parce que c'est franchement mauvais. En plus, j'ai une impression de déjà-vu.
Vendredi 4 avril
J'ai appris deux infos essentielles ce matin ; d'abord, le type poilu s'appelait Rex et selon mes sources, c'était un chien ; ensuite, en relisant la pièce à conviction, c'est-à-dire mon journal bien sûr, j'ai repéré une occurrence à un certain T.E.Jedusor. Je crois que j'ai de nouveau sept suspects.
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Samedi 5 avril
Je me suis souvenu il y a moins d'une heure qu'en fait c'est moi qui avait voulu faire une petite blague dans mon journal en écrivant « Je suis Tom Elvis Jedusor » pour montrer aux générations futures que les astronautes aussi pouvaient avoir de l'humour. En fait c'est super drôle parce qu'après on imagine une histoire d'esprits, de fantômes et tout alors qu'en fait non. C'est tordant. En tout cas, c'est chouette que je n'aie plus que six suspects, même si c'est dommage que mon suspect principal soit hors de cause.
Dimanche 6 avril
J'ai vu la Terre aujourd'hui ! Quelle beauté ! Ces couleurs azurées si délicates, ces lignes si féminines ! Jamais je n'aurais imaginé ressentir quelque chose d'aussi fort en voyant ma planète, notre planète ! J'aurais pu la tenir entre mes mains, la toucher, la contrôler, mais Silvio n'a pas voulu me la prêter. Ce sale prétentieux a prétexté que je risquais de ne pas prendre assez soin de sa mappemonde.
Lundi 7 avril
Il y a eu deux morts aujourd'hui. Le premier était Luc, qui a réussi à se traîner jusqu'à ma cabine en rampant avec une jambe en moins et deux tournevis plantés dans le dos. Il m'a agrippé la cheville par derrière sans prévenir ! Il n'y a rien d'anormal à ce qu'en me retournant j'eusse voulu l'achever en le prenant pour un cafard ! Certes, j'aurais dû cesser de le piétiner quand il s'est mit à pleurnicher entre deux gémissements, mais moi je vais toujours au bout des choses ; qui me reprochera ma conscience professionnelle ? Que celui qui n'a jamais achevé un homme qui implorait à l'aide en lui écrasant le visage à coups de pieds me jette la première pierre ! De toute façon, je ne l'ai jamais vraiment apprécié, alors ce n'est pas une grosse perte. Par chance j'étais seul, alors je me suis enfui vite fait.
Grand bien m'a prit, parce que j'ai entendu des hurlements peu après. C'est à ce moment que j'ai eu la brillante idée de profiter de la confusion pour mettre à exécution mes projets avec Ilva. Là encore, je ne suis en rien responsable de ce qui a suivi : si elle n'avait pas résisté, je n'aurais pas eu à l'étrangler puis à la décapiter avec le tournevis pour mettre l'accident sur le dos du véritable meurtrier. Quoi qu'il en soit, par bonheur, le sang n'a pas taché mon journal, que je garde désormais sur moi.
Jeudi 10 avril
Même si la tension est palpable, le "Space Killer" n'a pas agi de nouveau. Quand j'imagine la tête qu'il a dû faire lorsqu'il a découvert le cadavre d'un type qu'il n'a même pas buté... Le problème c'est qu'à présent, la plupart des personnes restantes souhaitent faire demi-tour. Un vote va être organisé demain pour décider de la marche à suivre.
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Vendredi 11 avril
Je crois qu'on a un souci. Le vote a été presque unanime : on rentre au bercail. Une fois la décision prise, ils se sont tournés vers moi en me souhaitant bon courage. Visiblement, Paul était la personne la plus compétente pour effectuer de tels changements de direction, alors pour ne pas perdre la face j'y suis allé. Il ne m'a pas fallu longtemps pour allumer les moteurs ; le problème, en revanche, s'est posé pour l'orientation du réacteur gauche, que j'avais visiblement pointé sur la navette. Malgré tout ce qu'à pu en dire Sergueï, les dégâts ont été tout à fait minimes et réduits à la salle d'exercice où seul Silvio se trouvait par bonheur à ce moment-là.
Toutefois, je me dois d'admettre que la destruction du système de pesanteur est légèrement embêtante. Ce n'est franchement pas pratique d'écrire sur un journal flottant.
Dimanche 13 avril
Sergueï n'est toujours pas ressorti de sa cabine. Je suis passé plusieurs fois pour lui déposer de la nourriture devant la porte mais elle finissait toujours par s'envoler alors j'ai arrêté. Paulo est toujours aussi antipathique, mais à présent j'ai la vague impression qu'il a un peu peur de moi. De toute façon, je n'ai jamais pu supporté ce crâne d’œuf qui a abusé de sauna. En clair, tout le monde s'en sort à peu près sauf Veronica qui a clairement perdu la boule : elle reste immobile (si tant est que l'on puisse dire d'une personne en position assise qui flotte la tête en bas qu'elle est immobile), avec le regard dans le vide (et c'est le cas de le dire puisqu'elle admire le paysage par le hublot).
Jeudi 17 avril
J'ai retrouvé la tête de Rex ! Je vais la cacher pour faire une blague à Veronica.
Samedi 19 avril
L'odeur de la cabine de Sergueï est devenue proprement intenable. Je crois qu'il y a caché du camembert. En tout cas, ça empeste dans tout le bâtiment.
Lundi 21 avril
Finalement, ce n'était pas du Président qui traînait dans la cabine du Russkof mais plutôt le résultat d'une tentative de suicide non-avortée. Comment ai-je pu ne pas reconnaître l'odeur si particulière des tripes à l'air libre ? Je dois vraiment manquer d'exercice, et ce d'autant plus que j'avais bien remarqué que de grosses gouttes de sang se promenaient librement dans la navette depuis une bonne semaine...
Mardi 22 avril
Il paraît que Paulo est Paul, feu mon frère à dorer. Enfin c'est ce qu'il a dit... Il a parlé d'une vengeance qu'il avait prévue ici même et dont le principe aurait été de m'effrayer puis de me brûler vivant, mais je n'ai pas tout saisi. Au milieu de tout ce blabla il m'a dit qu'il souhaitait se repentir de ses crimes et tout ça, comme quoi il regrettait d'avoir tué Rex et Luc... J'ai commencé à piquer du nez, et au moment où j'allais m'endormir, il s'est jeté sur moi en hurlant. Par réflexe, je l'ai repoussé puis je l'ai assommé.
Quand même, par sécurité, je l'ai décapité. Au cas où.
Mardi 10 juin
Je viens juste de retrouver mon journal que j'avais égaré ; juste à temps ! Je peux voir la Terre d'ici ! Je vais décrire progressivement ce que je ressentirai en rentrant dans l'atmosphère.
C'est parti ! Ça tremble pas mal, j'ai du mal à écrire, je m___
Sujet
Vous commenterez le précédent texte, extrait du chapitre 2 des Mémoires de conquêtes galactiques du professeur H. P. Dell, en vous attachant à étudier dans quelle mesure l'auteur a voulu dénoncer les mentalités de ses concitoyens dans un contexte de découvertes scientifiques et d'expansion territoriale.
Bon courage.
Durée de l'épreuve : Deux cardians.
Satellite RY42 de la zone 89, 19 jajier 1066 du deuxième Kalendar.
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