Cirrhose du foie
Cirrhose Angélique Gamay, comtesse du Foie, fut une membre notable de la noblesse française du XVIIIe siècle et connue comme une femme d'affaires efficace. La cirrhose est également une maladie du foie, souvent liée à l'alcool. Pour faire gagner du temps au lecteur, cet article traitera de ces deux sujets à la fois.
Origines
La cirrhose du foie (pléonasme éternel) est une maladie le plus souvent d'origine virale ou alcoolique, mais elle est avant tout d'origine bourgeoise. Née en 1697 dans le domaine familial, le château du Foie, son enfance est peu documentée. Ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard qu'elle est découverte par le docteur Petrus Pomerol qui aura l'occasion de l'étudier pendant toute sa vie, étant le médecin traitant de son père, puis de la comtesse elle même et son précepteur. C'est à travers ses correspondances avec son collègue et ami le docteur Emilion Vermouth que la croissance et l'évolution de la maladie ont été les mieux documentées. Ces courriers sont ici reproduits dans leur intégralité :
Je suis arrivé il y a deux jours dans le domaine du Foie à la demande du comte Mycose. Celui-ci semble malade depuis maintenant quelques années et aucun médecin de la région n'a su dire ce qu'il avait. Avec l'aide de Dieu, je trouverai quel mal le ronge et comment le traiter. Le comté en lui même est assez morne, il n'y a ici rien d'autre que des vignobles -qui donnent un vin assez bon, ma foi- à perte de vue. Je comprends mieux maintenant pourquoi tous les habitants passent le plus clair de leur temps libre soit à distiller, soit à boire l'alcool local... Il me semble que quelques sujets présentent les mêmes symptômes que le comte, peut être y a t'il une cause commune dans le sol ou l'air de la région ? Je le découvrirai certainement pendant mon séjour ici.
En fait, la seule personne qui semble s'épanouir ici, c'est la jeune Cirrhose, la fille du comte. Ce dernier m'a demandé de lui servir de précepteur lorsque je ne serai pas occupé à le soigner et je me félicite d'avoir une disciple aussi vive et curieuse qu'elle.
Bien à vous,
J'ai confiance en vos capacités et je suis certain que vous trouverez rapidement un traitement pour ces pauvres gens. En attendant vous pourriez essayer des infusions d'airelles et d'orties, cela devrait rendre un certain tonus à vos patients.
Je suis de tout cœur avec vous.
Symptômes
Comme vous le savez, cela fait maintenant trois mois que j'ai accepté ce poste auprès du comte et mes découvertes jusque à présent ne sont guère rassurantes. La maladie qui ronge mon patient semble en effet toucher la quasi totalité des habitants et je n'ai toujours aucune idée de ce qui en est la cause. Les symptômes sont assez discrets, il ne s'agit en général que de fatigue, d'amaigrissement et sur certains sujets, d'un teint jaunâtre. Le comte reste relativement en forme, en témoignent les deux litres de vin qu'il boit vaillamment chaque jour, cependant, je suis inquiet car Dieu seul sait ce que ces signes peuvent annoncer ? Je crains le pire malheureusement... Je vais consacrer mon attention sur tout ce qu'il peut y avoir de commun entre ces pauvres âmes en espérant découvrir la source du problème.
Ma jeune élève quant à elle se porte à merveille et semble grandir -autant physiquement qu'intellectuellement- à vue d'œil. C'est ma seule consolation face aux difficultés que je rencontre.
Sincèrement vôtre,
Je suis quelque peu inquiet à propos de cette maladie que vous me décrivez, mais il faut garder l'espoir que cet état n'est que passager. En attendant d'y trouver une solution plus définitive, je préconise des saignées pour évacuer les toxines qui peuvent être la cause du mal.
À votre service,
Diagnostic
Je suis de plus en plus perplexe... Depuis maintenant un an, la maladie ne recule pas d'un pouce malgré tous mes efforts. Les saignées n'ont été d'aucune utilité et je ne peux pour l'instant que constater les faits : c'est presque tout le Foie qui est atteint sans que je sache quelle est la cause qui se cache là dessous. J'ai songé un moment à l'hérédité, mais bien des habitants originaires d'autres régions sont atteints eux aussi et la jeune Cirrhose semble particulièrement saine, contrairement à son père. Celle ci était d'ailleurs très enjouée pendant la période des vendanges qui vient de se terminer. Il parait que les premières vendanges des vignobles du comté ont eu lieu au moment de sa naissance et depuis lors, les festivité de la récolte lui tiennent lieu d'anniversaire. Même si elle boit peu elle même, Cirrhose encourage tout le monde à goûter "son" vin, peut être un peu plus que de raison, mais cela semble lui faire tant plaisir que je ne saurais lui demander de se modérer.
Après tout, la boisson n'est qu'un moindre mal à côté de ce qui ronge le comté...
À la bonne vôtre,
Je partage vos doutes, il est important que vous trouviez une solution avant que le pire ne se produise. Vous devriez essayer d'appliquer des cataplasmes et une décoction de vert-de-gris pour les cas les plus graves. Je vais tenter d'interroger les médecins les plus brillants que je connaisse sur ce sujet, avec de la chance ils sauront quoi faire.
Avec toute mon amitié,
Traitement
Je ne vous ai pas écrit depuis quelques temps déjà, principalement parce que je n'ai pas de bonnes nouvelles à vous annoncer. Le comte Mycose est mort tandis que je ne pouvais rien faire d'autre que constater son état. Sa femme étant morte depuis la naissance de leur fille, cette dernière a donc hérité de toute les possessions de ses parents. Elle a été mariée en toute hâte avec un noble de la région voisine, mais elle s'est arrangée pour garder le pouvoir dans le comté. Je me fais cependant du souci pour ce jeune homme, qui semble montrer les mêmes symptômes que feu le comte quand je suis arrivé ici.
Que Dieu me vienne en aide car sans Lui, j'ai peur de ne pouvoir que regarder encore un de mes patients mourir à son tour. Je sais que je ferais mieux de me concentrer sur ma tâche au lieu de noyer ma peine dans le vin, mais comme le disait le poète romain Hépatite-Live : Nunc est bibendum...
Et bien le bonjour à votre dame,
Je tiens d'abord à vous exprimer plus que jamais mon soutien. J'ai toujours confiance en vous et je sais que vous pourrez un jour trouver le remède. Je pense que vous devriez procéder à des analyses de sang, portant en particulier sur le taux de prothrombine, de transaminases et de phosphatases alcalines. Une échographie ou si possible une IRM pourraient également être judicieuses.
Plus que jamais, gardez la foi !
Au plaisir,
Complications
Le Foie est toujours aussi malade et pourtant il a maintenant doublé de volume grâce aux prouesses de Cirrhose. Cette jeune femme s'est avérée être une gestionnaire d'une efficacité surprenante, contrairement à moi qui continue à stagner depuis tout ce temps. Mais je ne resterai pas à me plaindre sur mon sort, j'ai une nouvelle piste à explorer : il paraît qu'une maladie similaire serait apparue par le passé et qu'elle aurait ensuite disparu. Peut être s'est elle résorbée d'elle même ou peut être a t'elle été soignée ? Dans ce cas je pourrai retrouver la cure adéquate et enfin mettre un terme à ce calvaire.
Cependant, de simples rumeurs ne servent à rien, il me faut des faits tangibles et je pense que les greffiers du comté auront consigné quelque chose dans leurs archives. Oui j'ai comme une intuition, j'en suis maintenant certain : la clé est dans le greffe du Foie !
Gros poutous,
Cette lettre est la dernière du docteur Pomerol. D'après les archives locales, le docteur ainsi que Cirrhose du Foie furent assassinés environ un an plus tard par l'époux de la comtesses qui aurait vraisemblablement découvert que le jeune enfant de Cirrhose était celui du docteur et non le sien. Sous l'effet de l'alcool et dans un accès de rage, celui ci aurait poignardé au cœur sa femme, son amant et leur fils puis se serait suicidé. Le comté tomba rapidement dans la misère sans personne à sa tête et fut annexé par le duché de la Rate quelques années plus tard.
Aujourd'hui, les historiens s'accordent pour dire que si le Foie a perdu toute vitalité, c'est suite à la folie meurtrière d'Infarctus du Myocarde.
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