Comment se faire passer pour un chrétien moyen en France
Ce guide pourra vous servir en cas d’invasion nazie ou extraterrestre – les extraterrestres descendant du ciel, c’est-à-dire du Paradis, sont évidemment très chrétiens.
Le concept de « pas trop »
Le chrétien français et moyen est plus timoré que son homologue italien de par la distance qui le sépare du Vatican. D’autre part, notons qu’il n’est en rien comparable au crétin chrétien américain. En France, quand on veut se faire passer pour un chrétien, il convient donc de ne pas en faire trop d’où le concept du « pas trop ». En effet, si le Jihad venait prendre le pouvoir en France, en tant que « pas trop chrétien » vous pourriez toujours essayer de négocier votre tête en expliquant lamentablement que « Oui mais en fait non, pas trop… ».
Croire mais pas trop
Le chrétien pour lequel vous souhaitez vous faire passer n’évoque pas spontanément sa religion et, lorsqu’il le fait, en parle avec une conviction bien voilée. Il n’emploie par exemple jamais l’expression « Avoir la Foi » qui est trop engagée et préfèrera « Bah… euh… oui, enfin je crois… ». Ainsi, nous vous enjoignons à ne jamais faire étalage de votre chrétienté et à n’avancer timidement que vous, vous croyez en Dieu que lorsqu’une conversation dérive irrépressiblement sur le sujet religieux (ou, plus souvent, irréligieux). Si votre interlocuteur athée cherche alors à en savoir plus sur le pourquoi du parce que, dites-lui, l’air confus mais pas trop, que vous n’êtes pas sûr, que vous ne savez pas mais que vous pensez que probablement peut-être… sinon comment ça se pourrait que… Une recette simple pour faire comprendre que vous croyez en Dieu mais pas trop est de ne jamais finir vos phrases. Laissez donc en suspens vos justifications et vous vous apercevrez que l’effet produit (désespoir d’incompréhension chez l’athée en question) n’en sera que meilleur.
Pratiquer mais pas trop
Pour se faire passer pour un chrétien, ne nous voilons pas la face, il faut mettre en pratique la religion chrétienne. Nous entendons par là pratiquer le Christianisme de façon moderne et tempérée (avec quelques pluies en mi-saison), c’est-à-dire n’en faire pas trop, voire même très peu. Voir ci-dessous le document officiel attestant du caractère "tempéré" de la France.
Vous pouvez commencer cette pratique par l’insertion de majuscules au début de certains noms bien choisis dans vos rédactions. Ainsi, on retrouvera : Dieu, le Livre, Pâques, le Pape, etc. En ce qui concerne la pratique religieuse, nous considérons que cette simple astuce d’écriture peut être suffisante. Nonobstant, vous pouvez en faire un peu plus (mais pas trop) en vous rendant à l’occasion dans une église.
Le catéchisme, la virginité avant le mariage, l’homophobie et autres pratiques curieuses ne sont pas exigées de votre part. En revanche, nous vous recommandons vivement de prendre position par rapport à la pratique Jéhovahgienne, tokio-hôtelière ou gothico-grotesque du suicide (placez-vous de biais de préférence). Justifiez votre point de vue par ces quelques mots : « Oh non, je ne comprends pas comment en peut en arriver là… enfin… pas trop quoi…».
Sachez aussi que le Christianisme mitigé n’impose aucun régime alimentaire (même pas la poiscaille de vendredi) et vous autorise même à manger du chocolat à Pâques, ce qui en fait, de loin comme de près, la religion la plus cool. Il ne vous est pas non plus défendu de trainer ou vous marier (ou divorcer) avec des personnes d’une autre confession. Prenez tout de même soin d’éviter les membres des sectes. Vous pourrez justifier de votre réserve par rapport à un scientologue, un raëlien ou tout autre individu « trop » en invoquant votre simplette incompréhension suivie de points de suspension.
Vous êtes également dispensé, dans la pratique modérément moderne du Christianisme, de participer aux JMJ ou d’adorer le Pape actuel. Cette dispense Divine vous évitera de perdre l’ouïe, la vue et votre intégrité psychique s’il vous en reste encore.
Disséminer subtilement des preuves mais pas trop
Puisque vous voulez passer pour un chrétien, vous devez avant tout trouver des gens qui croiront vos mensonges. Ces témoins crédules pourront ainsi attester de votre chrétienté auprès d’éventuels extrémistes religieux blonds aux yeux bleus usant de verbes en fin de phrases et d’un accent très dur.
Pour trouver ces témoins, rendez-vous samedi en huit, quinze heure trente dans une église. Pour des raisons de « pas trop », vous serez bien avisé de choisir une seule église et de ne plus en changer. De cette façon, après quelques messes « célébrées » (tout est relatif, seule la Vodka est Absolut) dans cette église, vous serez repéré par les autres chrétiens. De plus, cette technique dite « de l’église unique » vous permettra de disposer d’un groupe de témoins restreint, tant au niveau du nombre qu’au niveau géographique, et donc de nier toute implication en cas de prise de pouvoir chinoise car la Chine est dangeureuse.
D’autre part, évitez les messes de semaine de votre village car celles-ci sont largement désertées. Les messes du dimanche matin, bien que plus fréquentées que les précédentes, ne sont pas non plus d’une grande utilité. Nous vous recommandons donc de ne pas perdre votre temps précieux pour trois crétins et de préférer les dimanches de fêtes : messe de Minuit de Noël (parfait pour protéger les enfants du gros bonhomme qui zone dans la cheminée à cette heure là), messe spéciale Pâques, etc. Justifiez-vous auprès des quelques chrétiens assidus par des explications confuses sur votre travail à plein temps, vos trois enfants turbulents, votre chien qui a encore mangé sa niche et des points de suspension laissant entendre que vous voudriez bien venir à la messe tous les dimanches matins mais que vous avez malheureusement besoin de vous reposer ce jour-là.
Enfin, si une personne de votre entourage vous invite à un évènement chrétien, profitez-en, c’est le moment de vous montrer ! En revanche, n’essayez pas de vous incruster dans des mariages, baptêmes, enterrements ou autre fiesta car les personnes présentes sont alors des proches de la star du jour, qui viennent de loin (« En voiture et en plus y avait des embouteillages sur l’A4 ! ») et qui, généralement, se contrefoutent de la religiosité, prennent des photos et laissent leurs bébés chialer. Si vous devez assister à une de ces messes-ci et que vous n’êtes pas de la famille concernée, en chrétien moyen, jetez de brefs regards de désapprobation maîtrisée ou soupirez légèrement de contrariété.
Suivre une messe mais pas trop
Pour suivre correctement une messe chrétienne, il suffit d’un peu de docilité.
Entrée
« Quelle belle couleur »
~ Jacques Chirac mentant à propos du papier-coloré-du-jour qu’on lui a donné à l’entrée de l’église de Bugeat
Pour commencer, à l’entrée de l’église, prenez le papier-coloré-du-jour que vous tend un vieil homme impliqué dans « la vie de l’église ». Notez que cet homme est un régulier du curé et qu’il pourra ainsi faire un bon témoin, n’oubliez donc pas de lui sourire et de le remercier chaleureusement afin de marquer son souvenir. Le papier que vous venez de récupérer est une version édulcorée de l’ancien « livre de chants et prières». Il regroupe les chansons et prières du jour pour vous éviter de chercher pendant toute la messe la page que tout le monde paraît avoir trouvée sauf vous. Ce papier présente aussi l’avantage de vous indiquer le plan du déroulement de la messe et donc vous permet de vous rassurez vous-même pour tenir le coup (« Oh, encore deux chansons et c’est fini… »).
Installation
Ensuite, installez-vous à une place stratégique c’est-à-dire sur un banc près de l’autel (table avec une nappe blanche) afin que le curé, s’il a encore l’usage de la vue, vous voie ou, à défaut, qu’il vous sente… mais pas trop près quand même. Essayez également de vous asseoir à une extrémité de banc, vous comprendrez par la suite l’utilité d’un tel acte.
Dressage canin ou Principe du « Assis-Couché-Debout ! »
Pendant la messe, vous allez devoir vous lever et vous asseoir assez régulièrement. Normalement, le curé vous précisera la station que vous devrez adopter. S’il oublie de le dire (possible début de sénilité), observez et suivez vos voisins en leur lançant, au moindre de leurs mouvements, des regards inquiets (mais pas trop). Les autres chrétiens présents vous sembleront aussi hésitants que vous mais c’est tout à fait normal.
Chant
Aussi, pendant la messe, chantez mais pas trop.
Le moment de chanter est annoncé par l’avancée d’une femme âgée aux cheveux incroyablement tirés en arrière. Cette vieille interprètera un des textes imprimés sur votre feuille bleu sale ou jaune pipi avec une voix suraiguë et un accompagnement gestuel incompréhensible sensé suggérer la hauteur du chant. Surtout, ne vous laissez pas déstabiliser (du moins pas trop). Nous vous conseillons de chanter avec un demi-temps de regard, pas trop fort, pas trop juste et sans trop articuler en regardant constamment les gesticulations de la vieille.
À noter que, parfois, le curé laissera la parole à une autre vieille aux cheveux tirés liseuse de Bible. Son rôle est de lire un passage incongru du Livre. Restez serein, nous ne vous demanderons pas de comprendre.
Phases techniques
Au cours de cette messe, il y a cependant quelques passes techniques à effectuer :
- Vous serez amenés à prononcer la phrase « …et avec votre esprit » dès lors que le curé aura dit « Que le seigneur soit avec vous… ». Après ce premier aller-retour étrange, le curé va dire deux autres débuts-de-phrases que les chrétiens trop assidus sauront complèter. Ces phrases sont variables selon l’occasion donc compliquées à apprendre. C’est pourquoi, il ne vous incombe pas de les connaître toutes, contentez-vous de bredouiller en regardant autour de vous.
- Plusieurs fois au cours de la messe, il vous faudra dire le célèbre « Amen » qui signifie « Je suis d’accord. ». Attention, nous ne vous demandons pas d’être d’accord mais simplement de dire que vous l’êtes (c’est le principe du mensonge). Vous reconnaîtrez aisément le moment de dire « Amen » car le ton et le débit de parole du curé auront changé (en mieux car à ce moment-là il récitera, le bougre) et il marquera un remarquable temps d’arrêt.
Notons que chez certains curés, notamment le curé particulier, la transition entre la parole normale et la récitation à laquelle on dit « Amen » est moins audible.
- Lorsque le curé dira « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit », faites un signe de croix peu précis et déclarez le fameux « Amen » avec conviction mais pas trop.
Pour faire un signe de croix : croix, haut, bas, carré, rond.
Petit moyen mnémotechnique pour tous les amateurs de musique:
L'ordre des positions de la main par rapport à votre buste correspond parfaitement aux paroles du légendaire pillier de la chanson française qu'est "Ces soirées-là" du chanteur interprète Yannick. En effet, il s'agit de la placer "En haut, en bas, à gauche, à droite". Cependant, évitez de chantonner en même temps que vous effectuez ce geste pieu: le chrétien assidu est en effet peu compréhensif et n'hésitera pas à vous dénoncer pour conduite déviante au membre du clergé le plus proche.
- Après un rituel mystérieux mettant en jeu du sang et une grande pastille beige aussi appelée « Hostie » ou « Corps du Christ », on vous signifiera d’approcher de l’autel. Vous marcherez alors très lentement dans l’allée centrale de l’église avant de vous voir remettre une pastille beaucoup plus petite que celle qu’on vous avait montrée auparavant et d’être évacué, la bouche pâteuse, par les côtés. Le curé vous dira, en vous donnant la petite pastille : « Le corps du Christ. ». Ne protestez pas à coup de « C’est faux, le corps de Christ que t’as montré t’à l’heure l’était plus grand ! » car vous vous feriez repérer.
Quête
Enfin, à la fin de la messe, des bénévoles trop chrétiens se mettront en branle et circuleront le long des allées avec chacun un petit panier en osier où ils déposeront déjà quelques pièces de monnaie afin d’inciter les autres à en faire de même. Cette pratique s’intitule « La Quête » (et non « La Mendicité » comme on aurait pu le croire). Même si cette coutume chrétienne vous paraît des plus étranges, elle est la plus ancrée dans l’histoire de toute la Chrétienté. Faites donc votre possible pour paraître enthousiaste. Sachez que c’est le seul moment où on n’est sûr de ne jamais pouvoir en faire trop, donnez-vous en donc à cœur-joie. Par exemple : sortez prestement, et bien avant que les gens-de-la-quête soient à votre hauteur, des pièces de menue monnaie, touchez-les, comptez-les, enlevez-en une, rajoutez-en deux, ayez l’air impatient puis, quand le Jean-de-la-quête arrive près de vous, laissez tomber vos pièces dans son panier d’un air entendu et satisfait. Attention, surtout, si vous ne vous trouvez pas près d’une allée et qu’un autre chrétien (qu’il soit « trop » ou « pas trop » peu importe) vous propose de faire passer vos pièces, n’acceptez pas ! Vous préfèrerez vous déplacer, quitte à bousculer tout le monde, pour faire tomber vos pièces dans le panier. Il est aussi très important que les pièces tombent une à une afin que leurs bruits résonnent distinctement et que les gens-de-la-quête s’imaginent que vous donnez beaucoup d’argent, les billets sont donc à proscrire. Rappelons encore une fois si nécessaire que, dans cette pratique, vous n’en ferez jamais trop.
Sortie
Sortez par où vous êtes entré, hâtivement mais pas trop.
Survivre à la messe mais pas trop
Pour survivre à la messe, il convient d’éviter l’ennui profondément profond qui pourrait vous tuer. Vous apprendrez donc qu’il y a deux sortes de curés :
- le commun
- le particulier
Le curé commun
Le curé commun est trop vieux, trop blanc et trop ennuyeux. Il a tendance à radoter, c’est-à-dire à répéter plusieurs fois la même chose sous des formes sensiblement différentes, et à engueuler les enfants qui ne se tiennent pas tranquilles ou les photographes de baptême, mariage ou communion. Si l’église que vous vous êtes choisie est l’habitat naturel d’un curé commun, nous ne saurions que vous conseiller de chanter dans votre tête pendant toute la durée de la messe – tout chant stupide n’ayant aucun rapport avec la religion pourra vous sauver.
Le curé particulier
Le curé particulier est relativement jeune et absolument africain. Il a été spécialement muté de son pays natal à Bugeat en Corrèze (le pauvre…) pour combler les trous formés par des morts ou des déserteurs dans les rangs ecclésiastiques. Ce curé est bien souvent beaucoup plus enthousiaste que son homologue local et a tendance à revisiter les thèmes classiques de la messe traditionnelle en les simplifiant à l’extrême avec un fort accent. Ayant tout de même été formé par l’Église, le curé particulier a conscience de la nécessité de la répétition pour la compréhension et l’assimilation par tous de son discours. Cependant, contrairement au curé commun, il ne fait pas varier ses formules. En pratique on pourra par exemple entendre ce discours : « La wéincawnation non ! La wésuwection oui ! » x 10. La thématique, la prononciation et la répétition de l’Enseignement du curé particulier vous assurera un bon divertissement. Néanmoins, veuillez veiller à ne pas rire.
Fréquenter des chrétiens mais pas trop
Afin d’apparaître sans tâches aux yeux bleus d’éventuels envahisseurs verts avec encore plus d'yeux, des verbes en position finale et des accents intergalactiques, vous devez avoir dans vos relations quelques chrétiens « pas trop » comme vous (bien que vous, vous fassiez semblant). Il est du plus bel effet d’avoir des parents baptisés-d’office-à-la-naissance-j’le-tiens-par-un-pied-j’le-trempe-dans-l’eau-bénite, des frères et sœurs mariés-pour-la-forme-et-la-robe-de-princesse-et-la-teuf-putain-sa-mère-ça-déboîte ainsi que des petits-cousins communiants-ouais-si-tu-veux-et-comme-cadeau-j’veux-une-DS.
Cependant, il est fortement déconseillé de fréquenter les vieilles régulières bénévoles du curé pour des raisons évidentes de santé mentale. Nous préconisons aussi d’éviter tout contact avec les Témoins de Jéhovah qui sont les équivalents chrétiens (et donc vachement moins dangereux) des extrémistes al-qaidatesques. Afin de ne pas trop les accueillir et de leur faire évacuer votre pallier, nous pensons qu’il est préférable d’employer une méthode timorée : souriez, dites « Oh, euh… oui, non, en fait, je suis chrétien… », prenez leurs brochures, dites merci et fermez la porte fermement mais pas trop.
Être enregistré dans les dossiers de l’Église, Crétine!
Ici pas de « trop » ou de « pas trop », si vous ne voulez pas être abattu sur le champ lors d’une invasion de peaux vertes à quatre-z-yeux avec des verbes incompréhensibles et un accent pas d’chez nous, il est recommandé d’être baptisé à la naissance, point final.
Si vous avez plus de 10 mois et que vous n’êtes pas baptisé, vous avez loupé le coche et c’est trop tard. La lecture de ce guide ne vous sera d’aucune utilité car vous ne remplissez pas la condition essentielle du chrétien moyen et français (ou « français et moyen », je ne sais plus). Nous sommes heureux de vous avoir fait perdre votre temps.
Attention, n’essayez pas de vous faire baptiser dès aujourd’hui car, alors, si les chinois de Chine ou les extrémistes musulmans d’Al-Qaida prenaient le contrôle de la France, vous ne pourriez en aucun cas utiliser l’excuse du chrétien baptisé à la naissance, à savoir : « J’avais 3 mois, on m’a forcé, j’vous jure, ne me tuez pas, je ne suis pas vraiment chrétien ! ».
« La France ne perdra jamais le contrôle. »
~ Jacques Chirac mentant à propos des menaces numéraires ou terroristes
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