Pourquoi repas se termine par un s au singulier

Un article de la désencyclopédie.
Aller à la navigation Aller à la recherche

Lors d'un voyage en France en 1995, Stevie Wonder s'est posé la même question que des millions de francophones : « Pourquoi donc y a t-il un s à repas même au singulier ? »


La légende des 40 heureux missionnaires

L'idée souvent admise est que repas vient de l’ancien français repast qui signifie nourriture. Cependant, pour les quelques millions de francophones qui n'aiment pas être pris pour des cons, cette explication est foireuse car pourquoi avoir supprimé le t ?

Cependant, les tenanciers de cette étymologie foireuse sont les responsables de cette fourberie. L'histoire remonte lors de la création de l'Académie française en 1635 par le cardinal de Richelieu, sous le règne de Louis XIII.

Louis XIII demanda à son confident Armand Jean du Plessis de Richelieu, célèbre pour avoir joué de longues heures avec la lune du roi alors que ce dernier n'était qu'enfant, de fixer la langue française.

Sur ces mots, Richelieu, le moustachu, s'en alla trouver quelques lettrés et leur demanda de faire le tour du royaume afin d'y répertorier les grammaires et orthographes usitées, et d'en faire une synthèse.

Les 40 heureux missionnaires (sélectionnés pour avoir agréablement su se mettre dans une autre position), partirent en quête des mélopées du royaume de France. Cependant, ils eurent une exigence formulée oralement (dont l'orthographe déplorable justifiait cette entreprise) qui fut :

« Nou sous-hêtton a voire la boufffe ai lapycol grathisse ... »

auquel a été rajouté :

« ... pi kon puisse pieuthai o scho pa chair ».

Deux des 40 missionnaires dans une autre position dite du Rhone.

Richelieu, qui tenait en son bec un fromage, à ces mots ne se sentit pas de joie ; et pour montrer sa belle voix, il ouvra un large bec, laissant tomber sa proie, puis tint à peu près ce langage:

« OK les mecs, mais vous faites pas trop les cons, parce que le gamin du gros Louis XIII se gave comme un putain de gros porc, et du coup il n'y a plus trop de thunes. Et en plus moi j'ai une chorale à entretenir ».

Il s'ensuit que Richelieu exigea:

« Je paie toutes vos notes de frais mais, attention, pas plus d'un repas par personne midi et soir ».

C'est ici, on le comprend, que le tour fourbe et sans scrupule se mit en place : Les aubergistes et restaurateurs n'inscrivaient pas toujours le nombre de repas servis, il se contentaient d'indiquer le prix en face du mot repas.

Et les futurs Académiciens, pour empêcher Richelieu de faire la différence entre un ou plusieurs repas, décidèrent d'y mettre un s même au singulier.

Enfin, ça c'est la légende, car d'autres explications ont été trouvées à cette particularité orthographique.

Un kilomètre à pied

Les missionnaires partirent donc à la recherche de l'explication. Mais comme il n'y avait pas encore d'avion et de TGV à l'époque, même pas de voiture, il durent beaucoup marcher.

Hé, oui, car dans repas, il y a re et pas !

  • le re indique la répétition,
  • et le pas c'est ce qu'on fait quand on avance un pied pour marcher.

Bon, évidemment, on pourrait se demander pourquoi le mot pas se termine par un s, même lorsqu'il est au singulier. Ça pourra faire l'objet d'une autre page dans la encyclopédie. Mais de toutes façon, si on veut aller loin, il faut faire plusieurs pas.

Donc, on avance un pied, ce qui permet de faire un pas, puis on avance l'autre pied qu'on passe devant le premier : nouveau pas. Ensuite on recommence avec le pied qui se trouve derrière (encore un pas) et on continue.

En fin de compte, on a une répétition de pas, d'où le préfixe re et le pluriel pour pas qui se termine forcément par un s.

Au passage, après tous ces pas, on pourrait calculer la distance parcourue. Les français utilisent les mètres et ses multiples et sous multiple :

« Vingt quatre kilomètres à pied, ça use ça use !! vingt quatre kilomètres à pied, ça use les souliers !!
- Moi, je ne risque plus rien sur ce coup là, c'est tellement usé que je marche déjà sur les chevilles. Hi ! Hi ! »

Mais il existe d'autres unités de mesure adaptées à ça. Les britanniques utilisent le pied qui chez eux mesure une trentaine de centimètres. Ça doit être des vantards car les miens sont plus près de 25 cm en pointure 42.

Ensuite, un pas, ça fait un peu moins d'un mètre. Et comme ceux qui ont des grands pieds ont souvent de grandes jambes avec lesquelles ils font de grands pas, alors que d'autres avec des pieds plus petits ont aussi les jambes plus courtes, la proportion reste la même : il faut au moins trois pieds pour faire un pas.

Pour rythmer les pas, les militaires ont trouvé une solution :

« - Une, deux, une, deux !!
- Un kilomètres à pied, ça use ça use !! Un kilomètres à pied ...
- Silence Legorjus ! Une, deux, une deux, une ...
- Oh, c'est pas juste, on ne peut chanter que des chansons militaires !
- Je vous materai, moi, espèce de petit salopard ! Heu, où en étais-je ?
- À une, mon adjudant !
- Maintenant, ça va être deux, je crois ! Hi, hi ... »

Bon, il y a des variantes. Pour les patrouilles d'éléphants dans la jungle, ça peut être « Un, deux, trois, quatre ».

Une patrouille d'éléphants.

Pour les robots patrouilleurs, les geeks ont déjà trouvé une solution technique. Comme chacun sait, les ordinateurs et autres systèmes automatiques comptent avec des zéros et des uns. Or, cette numérotation est parfaitement adaptée pour faire marcher un robot.

Le robot commence par avancer un pied que l'on note 1. Pour le distinguer, l'autre pied est noté 0. Après ce premier pas, les pieds se trouvent dans l'ordre 01. Puis le robot avance l'autre pied (noté 0) qui était derrière. Ce pied passe devant l'autre pied noté 1. Après ce nouveau pas, les pieds se trouvent dans l'ordre 10. Ensuite le robot avance le pied 1 qui passe devant le pied 0 et on continue.

Pour donner la cadence à un robot patrouilleur, Rien de plus simple. Il suffit de lui dire :

« 01, 10, 01, 10, 01, 10, 01, 10, 01, 10, 01, 10, 01, 10, 01, 10, 01, 10 ... ».

Le fabuleux destin de la nourriture

Comme dit le proverbe : « L'appétit vient en marchant ». Il est temps pour nos missionnaires de prendre un bon repas.

Une autre chose que vous vous êtes peut-être demandé, c'est « avec tout ce qu'on mange, comment se fait-il qu'on ne grossit presque pas ? »

Réfléchissez ! Combien mangez-vous de nourriture par jour ? En principe, c'est quelques centaines de grammes par repas. Au bout d'un an, ça fera quelques centaines de kilos de nourriture que vous aurez avalé. Et de combien aurez-vous grossi ?

Pour fixer les idées, disons un kilo par an pour un adulte.

Comment peut-on manger autant et grossir si peu ?

C'est là, une des particularités des repas !

Comme vous l'avez appris au paragraphe précédent, dans repas, il y a re et pas.

  • le re indique la répétition
  • le pas indique un passage (ce qui expliquerait déjà la présence du s).

En fait, l'explication, c'est que la nourriture qui constitue un repas, passe 2 fois.

Examinons cela en détail.

  1. Le repas est avalé. Pour cela, il effectue un premier passage par la bouche.
  2. Il est entreposé dans l'estomac qui l'écrase en petits morceaux et le mélange.
  3. Ensuite, il continue son voyage dans l'intestin.

L'intestin, c'est comme une longue route viroleuse. En fait, il s'agit plutôt d'un tunnel, sauf qu'on peut rouler, marcher, courir sur toute la paroi ou au contraire passer au milieu.

Certains aliments se contentent de passer tout droit dans le long tube constitué par l'intestin. Mais d'autres font la course et s'amusent à glisser sur les parois comme sur un toboggan.

      4. Le repas continue alors son voyage dans le gros intestin.

Le gros intestin, c'est un autre tunnel de plus gros calibre avec de nombreux creux et bosses sur les parois qui servent d'aire de repos aux aliments qui viennent de faire la course et qui sont fatigués.

Le repas continue à avancer dans le gros intestin, mais il finit par se poser un problème : la sortie du tunnel est bloquée !

Les aliments se trouvent alors coincés dans un embouteillage. Certains se contentent d'attendre. Mais entre la sueur de ceux qui ont fait la course, les camions [[diesel]) qui puent et quelques échappements de biogaz, l'atmosphère devient rapidement irrespirable !

Dans ces conditions, une partie du repas est pressé ce sortir. Il pousse pour avancer. Et lorsque la pression devient trop forte, le corps se dit "Merde, il fait chier ce repas !

La col de l'anus est alors ré-ouvert. Tout heureux de voir enfin la sortie du tunnel, le repas se précipite à l'extérieur sans se préoccuper de négocier un virage. Il aboutit souvent dans le lac de la cuvette du WC.

Un repas (après son 2ème passage).


Toutefois, il arrive que trop d'aliments se retrouvent bloqués dans l'intestin alors que d'autres continuent à arriver. Dans ce cas, il n'y a pas d'autre solution.

Le repas est obligé de repasser. Sinon, il ne s'appellerait pas comme ça. A la limite, dans le cas contraire, ce serait un simplepas, mais il se poserait alors le problème du s au singulier).

Pour résoudre ce problème, il n'y a plus qu'une solution : la mise en place d'un itinéraire de délestage.

Puisque le repas ne peut pas continuer son chemin, il est obligé de faire demi tour.


2ème passage d'un repas (par l'itinéraire de délestage).

Une question de calligraphie

Après leur repas, les missionnaires décidèrent de faire la sieste.

C'est encore là, une particularité du mot repas.

Il y a quelques siècles, tout le monde ne disposait pas encore à domicile d'une imprimante laser couleur 3D.

Pour écrire leur lettre d'amour ou leur déclaration d'impôts, les gens devaient se contenter d'une plume qu'ils trempaient dans un encrier.

Plus tard, il y a eu les stylos à plume, puis les stylos à encre. En fait, les deux catégories de stylos nécessitaient de l'encre, mais dans le stylo à encre, l'écolier devait acheter ses cartouches car la maîtresse ne remplissait plus l'encrier.

Plus tard, il y a eu le stylo à bille, qui malgré son nom contenait de l'encre pour écrire.

Examinons, le résultat de la rédaction d'un écolier répondant à la question : « Qu'avez-vous fait durant le dernier week-end ? »

Caligraphie.png

Comme vous pouvez le constater, deux lettres, le a et le o se ressemblent beaucoup. Écrits à la main, repas et repos, c'est presque pareil.

Au passage, même au singulier, il y a un s à la fin du mot repos qui est dérivé du verbe (se) reposer.

Or, il y a justement un proverbe qui dit : « Qui dort, dîne ! »

C'est tout à fait vrai. Piquer un bon roupillon permet de remplacer un repas.

Supposons qu'on soit un lundi matin. Vous vous êtes dépêché d'aller au travail sans avoir déjeuné. Et sur le coup de 10 H, vous vous sentez un peu fatigué. Vous vous endormez sur la table. Quand vous vous réveillez, c'est l'heure du repas, mais à ce moment là, vous tenez une forme d'enfer !

Et en plus, vous n'avez pas du tout faim. Vous décidez alors de faire des heures supplémentaires en restant à votre bureau pour travailler. Et c'est une excellente initiative qui fera que vous serez bien vu du patron.


Ce chat est en train de manger.

Cette façon de se nourrir est d'ailleurs bien connue des SDF.

Un SDF commence sa journée par la quête d'un pourboire. Quand il l'a touché, ils va s'acheter une bouteille de vin. Il la boit puis s'allonge sur un banc pour se reposer. Quand il se réveille 2 heures plus tard avec une forte envie de pisser, il n'a pas du tout envie de manger. Sa période de repos a remplacé le repas.

C'est toujours ça de gagné. Grâce au temps qu'il vient d'économiser, il va pouvoir occuper le reste de sa journée comme il veut. Et comme chacun sait « le temps, c'est de l'agent ».

Enfin, à propos d'argent, il faudra quand même qu'il consacre un peu de temps à chercher un pourboire pour le repas du soir.


Alors, pourquoi un s à repas au singulier ?

A la fin de leur tour de France, les 40 missionnaires firent le point sur tout ce que leur expérience avait pu leur apprendre pour expliquer la présence d'un s dans le mot repas au singulier :

  • repas prend un s car il faut faire un grand nombre de pas pour se mettre en appétit,
  • repas prend un s car la nourriture qui constitue le repas passe toujours 2 fois,
  • repas et repos (du verbe reposer, d'où le s), c'est un peu la même chose. L'un peut remplacer l'autre.


Mais de toutes ces explication, laquelle est la meilleure ?






Ben, elles se valent toutes en fait !


Synthese-repas.jpg



Bon appétit !


Cet article a une chance non nulle de figurer dans le Best Of ou de ne pas en être.
S'il vous a enthousiasmé, votez pour lui sur sa page de vote ! Ou pas.