Chaussure

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« Elle va à l'homme comme un gant. »
~ Sacha Guitry à propos de la chaussure ou de la femme

Ce ne sont pas des moutons et pourtant on les enfile.

Ce ne sont pas des boules et pourtant on les pend[1].

Elles sentent le rat crevé et pourtant ce sont des chaussures.

Tant de paradoxes en font l'ornithorynque de l'habillement. Ce sont les... les chaussures !

Caractérisation pratique

Parité

Dans les yeux des hommes, la chaussure vient toujours par paire. Les éléments de chaque paire sont absolument identiques, et sont soit pour les 2 pieds droits de l'individu de bon poil, soit pour les 2 pieds gauches du grogneur à l'heure du lever. Observons par exemple une chaussure droite vue par un homme :

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Ceci n'est pas sans tomber dans le drame le plus poignant :

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Ou une joie muette et néanmoins exaltée :

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Ou encore le petit air malicieux de celui qui daignerait sûrement s'enfiler une tatane :

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Les nuances soulevées par la parité au quotidien ne manquent pas. Ainsi, quand une personne demande à une autre « Boris, t'as pris tes chaussures ? », elle ne s'attend pas à ça :

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En effet, elle n'a jamais signifié toute la collection, mais seulement la bonne paire de circonstance. Cette règle de savoir-vivre est connue de tout couple, et en particulier le mâle lorsqu'il met un point d'honneur à être dans ses pompes durant l'acte.

Parce que ma paire le vaut bien

Forme

Le lecteur notera la coïncidence idéale entre la forme du pied et le volume creux de la chaussure. Eh bien ceci relève totalement du hasard. Dieu passa 6 jours sur la genèse biblique du monde (séparation du blanc et du jaune d'œuf, apparition des moisissures, etc.). Même le plus aveugle des illuminés concèdera qu'une telle durée représente à l'échelle divine une infinité qui ne laissa sûrement rien à la conception soignée du godillot. Le hasard a donc fait qu'au terme de milliards d'années d'évolution, le pied de l'Homme devait pouvoir entrer dans un moule souple de mêmes forme et ordre de grandeur. Si aujourd'hui cela fait hurler au miracle, ç'en tenait encore plus à l'aube des temps.

Les amibes dont l'Homme descend n'avaient pas du tout la forme du pied.
200 millions d'années plus tard, le stade de développement en fougère annonçait à peine la plante de pied.


Le miracle de la chaussure ne s'arrête pas à la forme ripatonique : il envahit tout le corps humain. La chaussure se fait bottine, botte, voire cuissarde, dont le port dès la Renaissance connotait déjà les mœurs dépravées des gens qui s'habillent.

Les mousquetaires, type de gens qui s'habillent, aimaient déjà à être chatouillés au niveau de l'entrejambe pendant la marche.

Mais le vrai paroxysme a été atteint avec le dors bien de bébé, qui, à ce jour, existe en 2 déclinaisons :

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Et les animaux ?

Certains animaux super véloces[2] sont plus fashionable que d'autres : les pumas par exemple. Résultat ? La jeunesse fait l'amalgame entre l'animal et la chaussure à son effigie, et surtout lâche prise avec la réalité. « Moi je cours trop vite avec mes pumas ! », délire le gamin dans sa cour de recré où il fait roi des animaux. L'enfant issu de famille moyennement aisée doit quant à lui se contenter d'un seul article sur l'habituelle paire, ce qui est de nature à virer au drame : « Hier j'me suis fait offrir un inséparable ! Il a crevé super super vite ! »

Les chaussures pour animaux . Mais un point de design échappe encore : quel type de chaussure pour les animaux à 5 pieds ? Prenons le diplodocus, l'espèce la plus lourde. C'est lourd... J'ai du mal !


Bon, si les 4 pattes antérieures restent classiques, tel n'est en revanche pas le cas de la grosse papatte caudale.

Quel type de chaussure pour la papatte caudale ?

La Nature a dû, elle aussi, buter sur ce détail, et c'est sans doute pourquoi elle a fait du lobbying en faveur de l'évolution vers la girafe, dont la papatte caudale a régressé en une queue agrémentée d'une toutouffe à son extrêmité.

Design

Le bobsleigh : sport joué par des gens sans bras ni jambes. À l'image, un pratiquant sans torse.

Un souci constant envers les handicapés illumine le design originel de la godasse, vertu qu'elle partage avec le bobsleigh. En témoigne la première chaussure, d'emblée conçue pour les hommes aux pieds bots valgus ou varus, ou ceux aux pieds gauche et droit inversés. Or une simple paire de chaussures soudées en parallèle à une barre transversale ne peut se targuer d'une telle versatilité.


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Pose dite de Krusty le clown
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Pieds gauche et droit inversés
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Paire soudée à une barre transversale : design rejeté incompatible avec le cahier des charges

La chaussure est même compatible avec le marcheur débile anglais. Le film suivant, tourné à Londres, en montre plusieurs bien chaussés et parfaitement à leur aise :


Les culs-de-basse-fosse culs-de-jatte s'appuient sur une forme de pied bot percé en son centre d'un orifice anal capable de défécation naturelle. La chaussure rend aussi service à ces infirmes habitués de la marche dite au pied levé :

Marche au pied levé

Le fauteuil roulant pour cul-de-jatte naît simplement de l'adjonction de roues à la semelle : c'est en fait un patin à roulettes.

Searchtool.jpg Dans les petits papiers du créateur de la chaussure, toujours dans une optique d'assistance aux handicapés, on note avec plaisir un projet de chaussure pour femme à collerette (i.e., ample semelle discale dont la pointure est respectée dans toutes les directions). Ce modèle très visionnaire, proche des ballerines, imposait un tableau très américain de la femme en forçant celle-ci à écarter les jambes non seulement en marche ou en station verticale, mais aussi et surtout en station assise.

Le prix à payer pour ne pas se marcher dessus et se salir était d'écarter les jambes. C'est pour des idées comme la semelle en collerette qu'on réclame l'instauration d'un prix Nobel de la mode.


Rôle social

Théorie sociale

L'Homme, effrayé par ses pieds, a tout misé sur son sens du transfert. « La bande de pieds, c'est les autres », écrivait Jean-Paul Sartre pour l' Humanité. Il disait aussi devant un auditoire : « La bande de pieds, c'est vous. » En fait c'est toujours les autres. Si je porte des pantoufles à la maison, ce n'est pas pour moi, mais pour les autres. Si je pue des pieds, ce n'est pas moi, ce sont les chaussures. Et caetera ad nauseam.

Quant à la Femme, elle n'est pas inférieure à l'Homme au rayon des pathologies liées au pied. Elle doit son fameux baby blues à la monstrueuse, pédestre nudité du bébé. Le milieu médical l'a joliment défini dans le cadre du syndrome de Cendrillon. Dans le conte éponyme, Cendrillon est dans l'impossibilité de se marier sans l'autre soulier de verre, ou, dans les mots du prince charmant : « Tu peux intercaler des morceaux de gigot d'agneau entre les orteils, ça fera toujours une brochette de viande qui pue. » Tout le drame de ce bout de femme n'est qu'un appel du pied au soulier manquant. À la fin, le soulier prend son pied et ensemble ils ont beaucoup d'enfants et vivent heureux.

Les doigts de pied obscènement écartés et l'arrogance signalent le syndrome du baby foot.

La baby foot-dépression n'est pas sans évoquer celle du poulpe quand celui-ci découvre chez ses petits la présence d'une muqueuse buccale dissimulée entre les tentacules. Son journal intime, couché à l'encre noire, révèle son état d'esprit.

Maintenant je comprends mieux l'expression "bouche à nourrir". Moi qui croyais naïvement que les petits se sustentaient en rasant le sol et en ramassant la poussière.


Signé le papa poulpe

Seule la plupart des bébés souffrent du baby foot. Mais c'est exactement ce qu'il ne se passa pas dans le cas de Michel_du_78, 30 ans :

Ma mère m'avait quand même rejeté parce que j'avais une sale gueule.

—Michel _du_78

Eh oui Michel, naître dans de beaux souliers ne dispense pas d'avoir le faciès avenant et la conformation gingivo-crâniale contemporaine.

Artéfact social

L'Humanité forme une fresque ininterrompue appuyée sur un socle à semelles. Elle exauce enfin les promesses de brassage multi-ethnique[3] qui jusque là était l'apanage des animaux sociaux.

Main dans la main, pied dans la chaussure de devant : le credo de la civilisation

Bien entendu, d'autres exemples existent dans la Nature[4]. Par exemple, les chiens avaient convenu depuis longtemps de leur propre mode de solidarité raciale.

Autre type de solidarité raciale : la queue leu leu des chiens se reniflant le cul.
Synopsis graphique de la thèse de Natali Kosanov

Les animaux utilisent les outils, mais l'Homme se distingue d'eux par l'usage d'un outil particulier : le chausse-pied. Natali Kosanov, chercheur au CNNNNNNR[5], en a fait le thème fédérateur de ses Mémoires olfactives. Il postule, sans aucune base scientifique, que les mouches ne communiquent pas via quelque "gribouillis aérien" mais plutôt via les "effluves pattes de mouche", sillons mnémo-olfactifs laissées dans l'air par les pattes des mouches traçantes. Cette thèse s'inscrit dans un mouvement global de romantisation de la Nature sauvage : « Le miel, même celui de l'Olympe, ça va pas plus loin que du nectar mélangé à de la bave de mouche », note Kosanov. « Moi aussi je peux cracher dans la soupe, et on va pas pour autant la recommander aux enfants. »

À l'opposé, le tissu de la civilisation humaine se tend sur le châssis de la neutralité olfactive. Tout le système pénal sous-tendant l'ordre social traduit le mythe de l'épée de Damoclès en termes de sentiments de culpabilité et de honte. Or, l'Homme a depuis toujours eu besoin, dans ses plus grands moments de remords de pêcheur individualiste, de regarder ses pieds.

— Giuseppe ! Tu as encore chié sur le parquet ! Et pourtant, Dieu sait que ça pèsera sur le cœur de ta mère pour le restant de ses jours !

Ainsi Giuseppe pouvait-il afficher sa honte la tête baissée, les mains crispées sur son feutre, la silhouette torve. Mais pour consommer son remords tordant, encore fallait-il qu'il puisse penser à autre chose qu'à la pestilence envahissante exhalée par ses pieds.

Un hymne à la liberté

La chaussure assume donc une fonction sociale importante au niveau du sol. Par sa médiation, le maillage social se resserre, et les sphères de répulsion allant diminuant, les individualités peuvent se multiplier et pulluler à loisir à l'intérieur du même espace vital.

La petite pastille jaune représente un individu incompressible. Le disque en jaune clair décrit sa sphère de répulsion au rayon proportionnel à l'intensité répulsive des odeurs de pied.
 
De plus petites sphères de répulsion, conditionnées par le port de chaussures, contribuent à densifier le tissu social. Note : par illusion optique, la pastille jaune paraît plus grande que sur l'image précédente.
 
En concret, une proximité retrouvée

Mais même dans cet entrelacs grouillant, c'est dans les bois denses de la forêt que se planque la Liberté. Et c'est au grand jour, sur une île pas loin de l'extrêmité de la jetée d'un port, qu'elle se découvre.

La configuration des lacets entrecroisés, idéale pour s'emmêler les pinceaux.
Le précurseur des lacets entrenoués : la chaîne de prisonnier

En 1886, la France fait cadeau aux États-Unis d'Amérique d'une réplique en cuivre de la nièce d'Auguste Bartholdi[6]. Au déballage inaugural, elle est dévoilée en grandes pompes aux lacets noués ensemble. Bartholdi avait hésité avec la configuration des lacets entrecroisés sous les chaussures, préférant au final la configuration "en menottes" défaite en un coup de ciseaux. Dans les deux cas, les lacets constituaient un symbole de l'esclavagisme colonial et l'acte d'inauguration un symbole de son abolition. Dans l'esprit, les lacets entrenoués devaient faire trébucher une Dame de la Liberté en marche, ou au moins la déséquilibrer suffisamment pour lui faire lâcher son flambeau.

Invention de la chaussure

Comme toutes les grandes inventions ─ telle la raie, dont on ne savait au début s'il fallait la porter en haut ou en bas ─, la chaussure a été incomprise, que ce soit dans son usage, sa symbolique, ou n'importe quoi d'autre. René Magritte disait juste :

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Et en effet, ce n'était pas une pipe. Il s'agissait d'un porte-chaussure formé par l'érection d'une grosse bite.

Searchtool.jpg Mais le premier porte-chaussure a été reconnu en 2010, année qui voit la découverte du corps d'un sasquatch. Le caisson cryogénique dédié à la conservation de la dépouille étant trop court, les énormes panards ressortaient par devant.

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Il faut remonter aux origines pour faire la lumière sur la signifiance de la chaussure.

Fausses découvertes

Tout est soudainement devenu possible lorsque l'Homme vit qu'on pouvait à partir des bœufs développer, en plus des soucoupes volantes (le fameux BOVNIDÉ), des chaussures.

Processus de mutation d'un bœuf

C'était dès 1750. Alors pourquoi tout ce délai (au moins une bonne vingtaine d'années) avant de voir chaussure au pied ? Le passé pas si lointain fut certes le théâtre de quelques quiproquos :

Jeune sauvageon glissant sur une sole commune au bord d'un ruisseau
Well, it's a common sole. An argument can be made that it's actually a shoe.

—Un gentleman

Une mise en scène dramatique qui ne manqua pas de faire ses effets dans la presse sensationnaliste :

Extrait du journal Humanus Errarum Est

La contribution décisive de Vagin d'Ourse en Délicatesse

Vers -30 av. Christophe Colomb, aux Indes occidentales, un petit gros amérindien de la tribu de Quechua, Vagin d'Ourse en Délicatesse[7], met sur pied la première tong à proprement parler, et peu de temps après, la met sur pied. Pour ce premier jet, il part d'une peau de banane présentant l'étonnante vertu de tourner sa face glissante vers le haut, ce qui va éminemment à l'encontre des prédictions de la loi de Murphy et ne s'explique que par l'impact du facteur Beaucoupdbol.

Certes, un vêtement qui fait des bruits de pas ne devait pas faire grande impression même à l'époque. Mais la banalité de l'invention allait féconder les prémisses d'un avenir doré, à l'instar de la télévision. Celle-ci n'avait rien de spécial au début. C'est seulement au XXIe siècle qu'elle commença vraiment à montrer des choses extra-ordinaires avec la télé réalité (au moins au second degré).

 
LES AVENTURES DE VAGIN D'OURSE EN DÉLICATESSE À LA BOULANGERIE
 
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Concept de la paire de chaussures

Vagin d'Ourse en Délicatesse l'inventeur se double d'un Vagin d'Ourse en Délicatesse l'astucieux marchand. Pour le lancement de son produit, l'indien axe sa campagne autour d'un nouveau concept marketing très porteur, le 2 en 1, qui exploite à merveille la cupidité des consommateurs :

2 chaussures pour le prix d'1 paire !

Lancé, il en profitera pour commercialiser au prix fort :

  • des sacrées paires de manches de casseroles
  • des paires d'eau potable
  • et des paires de frites

Mais le destin a parfois des relents de caprice des dieux. -20 av. Christophe Colomb, l'orphelin renoue avec son père. Autour d'un bon calumet, Fine Semelle de Chanvre apprend à son fils son véritable nom : Chaussure. Le père de Chaussure est donc le père du père de la paire de chaussure.

La plus brillante étoile de la Grande Ourse attribuée à Vagin d'Ourse en Délicatesse porte dorénavant le nom de son propriétaire

En hommage à ses contributions, sa tribu lui octroie la plus brillante étoile de la constellation de la Grande Ourse. Malheureusement Chaussure devient dyslexique suite à la consommation de viande de wapiti fou, et ressassera vers la fin de sa vie qu'il « a accouché deux fois de son père ». I.e., il est le père de la paire de pères de Chaussure, donc le père de ses propres pères.

La chaussure actuelle

Grâce aux travaux des historiens, il faut appeler une chaussure une chaussure. Heureusement pour nous, même s'il s'avère donc qu'en fait nous enfilons quotidiennement des ourses ayant leurs règles. Conscients de cette réalité, les repreneurs de l'invention ont perfectionné le design à travers les siècles. La chaussure est passée par de multiples itérations avant de devenir l'objet que nous connaissons. Ces phases étaient consommatrices de temps, chaque nouvelle mouture devant être testée sur le mille-pattes, mal nommé puisqu'en fait il compte au moins 200 000 pattes pour de vrai. Mais ça valait le coup. Enfin la chaussure s'adaptait au mille-pattes et pas l'inverse.

Un produit de la recherche terrestre

L'histoire de la chaussure actuelle est celle d'une retombée civile d'une recherche terrestre dopée par le climat de Guerre froide. Stimulés par l'air frisquet, tous les efforts de R&D et H&M se focalisaient sur l'habillement : la marine avec les vêtements Petit Bateau, l'astronautique avec les accessoires de mode (sac à main, poêle au téflon), et donc le secteur terrestre avec la chaussure.

D'ordinaire, les retombées introduisent une variable inconnue X dans le rouage huilé de la société, d'où un phénomène de crainte de la nouveauté. Il est cependant à remarquer : elles ne nuisent souvent qu'au début, et même peuvent elles-mêmes être instrumentalisées dans la lutte contre les retombées ultérieures.

Retombée de parapluies créant la panique
 
Le parapluie sert ensuite à parer les retombées d'autres parapluies. De fait, il devient paraparapluie. Tout le monde en profite et peut désormais regarder dans la même direction.
Idiot confondant retombée et fruit de la recherche.

Le seul inconvénient intrinsèque à une retombée de la recherche, c'est qu'elle ne se mange pas et ne se boit pas. Cette propriété tombe dans le domaine des fruits de la recherche, qui furent précédés des fruits du labeur agricole, et encore avant cela des fruits de l'amour. Mais la chaussure actuelle ─ i.e., avec semelle et tige ─ ne se mange ni ne se boit. Voici la grande théorie sous-jacente.


Avant de devenir l'égal des animaux, l'Homme était un arbre planté sur le bord de la route. En ceci il ne différait en rien d'un arbre. L'aphorisme darwinien traduit l'évolution de sa sédentarité : « Avant de voler, il faut savoir marcher. Et avant de marcher, il faut savoir se tenir debout. »

Mais en fait, avant même de se tenir debout, il faut savoir se tenir droit sans aucun appui. L'Homme était donc un arbre voguant dans l'espace, sans doute en quête d'un support.

Estragon errant dans l'espace

De même pour la chaussure, car afin que la chaussure tienne de la recherche terrestre, il faut bien qu'elle fusse d'abord spatiale (système de contraires : eau-feu, terrestre-spatial, etc.). Elle s'est donc d'abord développée avec la vie en apesanteur dans le cadre d'un programme spatial austro-hongrois. Mais l'opportunisme du génie humain en a épanoui l'usage sur la terre ferme, qui doit son nom au fait qu'elle est l'hôte des vaches (meuuuuhhh), moutons (bêêê bêêê) et poules (cot cot cot).

Un premier modèle à potentiel de masse, la chaussure à champ de gravité, garantissait à son usager le contact avec le sol. C'est de là que descend l'association des chaussures au plancher des vaches chère à la conscience populaire. Mais en fait, il faut être inconscient et fou pour bien deviner la vérité des origines spatiales.

La botte astronomique à usage exclusivement en apesanteur
Le vrai sens d'insertion de l'homme dans la chaussure, et pas l'inverse, grâce à la chaussure à champ de gravité. Merci qui ? Merci chaussure à champ de gravité.

La matière

La principale difficulté à surmonter était, comme pour le poêle au téflon, la matière. Jusqu'au milieu du XXe siècle, la chaussure se désagrégeait et devenait poreuse au contact de saucisses fécales de trottoir. Les pieds devenant libres d'exhaler, la voilà qui soudain ne remplissait plus les conditions du contrat social. D'où le fameux critère Pack-Duck de la chaussure idéale :

Supposons que vous placiez un étron dans votre chaussure idéale puis que vous l'enfiliez. Le critère Pack-Duck de la chaussure idéale stipule que vos pieds ne doivent plus sentir.

Mais dès lors que le progrès technologique fit que l'Homme put enfin marcher sur des étrons en toute insouciance, pourquoi ne pas utiliser, pour le reste de la panoplie vestimentaire, les mêmes matières, sachant que l'homme ne sent pas spécialement bon partout sur son corps ? Pourtant, chez nos amis les amérindiens, les mocassins sont faits de la même peau tannée que leurs survêtements. Il y a des explications à l'inertie du progrès, comme la migraine et surtout les solutions alternatives. Par exemple, la respiration orale systématique, pratiquée dans certains pays en voie de développement rhino-laryngologique (PVD), ménage l'odorat en se fondant sur l'adhésion de tout un peuple : si tout le monde respire par la bouche, l'air devient irrespirable par le nez. Or, puisque tout le monde respire par la bouche par hypothèse, ce n'est pas un problème. CQFD

Il faut se tourner vers les Égyptiens de l'Antiquité pour trouver trace de solutions de contènement. Leurs ouvrages mortuaires se divisaient déjà en niveaux successifs de confinement des odeurs pharaoniques : bandages, sarcophages, pyramides, tout était bon dans le cochon. L'URSS a suivi récemment la même voie. On reconnaît l'application à la lettre du sarcophage dans l'affaire des odeurs nucléaires de Tchernobyl. Celles-ci étaient conséquentes à une cloque infectée sous l'orteil de l'Europe, l'Ukraine, là où comme dirait l'autre, « ça s'lave pas ».

Controverses

Aucune invention ne fait l'unanimité. L'inventeur de la locomotive, Richard Trevithick ─ qui était fils de charretier ─ souligna l'infériorité du soulier par rapport aux chemins de fer. Il disait :


1 km à pieds ça use, ça use,

1 km à pied ça use les souliers

2 km à pieds ça use, ça use, 2 km à pied ça use les souliers

3 km à pieds ça use, ça use, 3 km à pied ça use les souliers

(...)

Mais un dénommé Charles Perrault avait pris le parti opposé. Selon lui, il a existé un chat chaussant des bottes géantes de sept lieues. Pour mettre en perspective, si l'on prend pour la lieue l'ancienne lieue de Paris, une pointure de 7 lieues représente une distance de 22,736 km, soit 70 000 pieds de long. Un parcours entier de marathon serait avalé en moins de 2 pas par le félin. De là à dire que 42 km à pieds ça n'use pas les souliers, il y a un fossé qu'a aisément franchi Perrault.

Un jour, Trevithick séquestra le chat de Perrault et la locution "chat botté" fit peau neuve. Il conclut la démonstration de la justesse de ces propos non par un CQFD mais par un bon DTC.

Chaussure et crime

L'ange faucheur

L'ange faucheur est un type universel de kidnappeur sériel caractérisé par la signature très particulière qu'il laisse sur les lieux du crime : une paire de chaussures au bout d'une piste de traces de pas, à l'endroit précis du signalement de la disparition de la victime. De plus, les chaussures, aux motifs de semelles correspondant exactement aux traces de pas, contiennent encore les pieds de la victime.

La piste s'arrête là. Que s'est-il passé ?

L'explication de l'acte d'enlèvement est très élémentaire : au lieu de faucher l'herbe sous les pieds de la victime, le tueur fauche directement sous les chevilles avec une faucille. Il doit planer au-dessus du sol, sinon on verrait une double piste. Pour expliquer sa science du kidnapping, le médecin légiste invoque l'action d'un muscle abducteur du petit doigt développé au-dessus de la moyenne : « C'est son petit doigt, à travers son muscle abducteur, qui lui a dit son plan machiavélique. »

Pourtant des criminologues tels que Willy Wilson et Ken Waffles accusent l'élégance de cette solution de trop d'élégance justement. Ils notent que dans la majorité des cas, les traces de pas longent temporairement une ravine ou un sol dur réfractaire aux empreintes. C'est ici même que le criminel joue de la faucille[8]. Seulement après, les chaussures, avec les pieds encore dedans, accomplissent seules le reste du trajet.

Le crime s'est produit vers là, à l'endroit pointé par la flèche rouge. Les chaussures ont continué d'elles-mêmes la randonnée.

Dans certains États comme la Pologne, la Hongrie, l'Albanie, et bientôt la France si la droite ne remporte pas les régionales cette année, la police a la flemme de chercher la ravine ou le sol dur, et va donc directement cueillir ses suspects autour du point de départ de la victime Si les traces partent du seuil de son lieu d'habitat, toute la famille est bonne pour l'arrestation, ou tout l'immeuble si elle vivait en appartement.

Le voleur de chaussure à la tire

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Chaussure et religion

L'épisode le plus marquant de l'ère chrétienne se passe en temps d'orage : Jésus Christ défile sur l'eau du lac de Tibériade dans des chaussures de marche vert fluo. Sacré Jésus ! Le vert fluo, c'est horrible, comme la religion chrétienne, mais ça fait parler de lui et d'elle. Voici le compte-rendu de Pierre de cet évènement liturgique :

Eh oh ! Les mecs ! Moi aussi j'marche sur l'eau ! Vous bousculez pas pour m'accorder une entrevue !!! Y'aura de la place pour tous ! D'façon y'a jamais personne.

—Pierre, verset 54

Les chaussures vert fluo refont leur apparition lors de l'Ascension.

Après avoir couvert une dernière fois le monde de son regard doux d'agneau, Jésus ascendit vers les cieux. Comme il moulinait rapidement la jambe, nous pûmes à peine voir son entrejambe la scripture divine sur sa semelle. Mais de nombreux témoins purent le lire à l'endroit sur mon visage : Chauss-ilove.png. Grâce divine ! Jamais n'avais-je autant lorgné et désiré d'être piétiné au visage par le Seigneur ! Et de faire de même avec le visage de ma progéniture me comble déjà d'une joie sacerdotale !

—Mathieu XII, versets 29 à 31

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Le christianisme se veut une religion douce. Elle en a fait sa croisade, allant jusqu'à opposer l'influence des cordonniers païens d'Asie Centrale. D'ailleurs, l'Empire hunnique, à lui seul, lance une campagne fulgurante pour la Ruga, la Bleda et la Tilla[9] , modèles à crampons hunniques en leur genre qui font le bonheur des Huns, mais aussi le malheur des pelouses des autres.

Là où la Tilla passe, l'herbe trépasse !
Les Romains, au moins, avaient des pieds respectueux des pelouses. Mais bon, pour respecter une pelouse, rien ne remplacera jamais du bon engrais naturel bien de chez nous.

Notes

  1. Au sapin de Noël.
  2. Et à la technique de pied hors du commun.
  3. Mais pas trop quand même.
  4. Y'a plein de saloperies dans la Nature. On dirait le vagin d'une pute.
  5. Centre de NaNaNi NaNaNèRe
  6. Pour ceux qui doutaient, ceci explique pourquoi la statue arbore ce visage de fille de gigolo.
  7. Un nom d'orphelin, style Albert chez nous.
  8. C'est forcément une faucille, soyons sérieux au moins 2 secondes.
  9. Précède historiquement le trio Riri, Fifi et Loulou.


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