Professeur de lettres
Un professeur de lettres est un mammifère socialiste vertébré vivipare de la famille des hominidés, mangeur d’enfants, protégé par la convention de Washington (annexe II). « Professeur » vient du latin PROFESSOR, « adepte de la fessée », lui-même issu du verbe latin PROFITERI, « manger des profiteroles sans tenir compte de son taux de cholestérol ». « Lettres » est issu du latin LITERA, célèbre marque de literie romaine sous le second triumvirat d’Octave, Marc-Antoine et Lépide.
Anatomie
Le professeur de lettres est généralement plus petit que le professeur de mathématiques, qui, lui, est tout à fait difforme. Mais cela fera l’objet d’un autre article.
Le professeur de lettres a des yeux, un menton, des omoplates et même des oreilles. L’œil est vif en début de carrière. La dentition est saine, mais parfois jaunie par la consommation excessive de cigarettes qui font rigoler ou de café Sélecta. Le professeur de lettres est plutôt chétif : il peine à bomber le torse face aux vikings de premières technologiques. L’abdomen est légèrement proéminent, car le professeur de lettres, c’est bien connu, ne pratique jamais de sport.
Vie professionnelle
généralités
Classification
On distingue deux types de professeurs de lettres : le professeur de lettres classiques (PLC) et le professeur de lettres modernes (PLM).
A l'examen macroscopique, on différencie le PLC du PLM par les caractéristiques suivantes :
- présence d'un costume pied-de-poule plus crasseux et (encore) plus antédiluvien (chez les spécimens mâles)
- aspect plus fripé et plus poussiéreux de l'épiderme, autrefois utilisé comme parchemin
- yeux généralement plus vitreux.
A la dissection, le PLC est plus filandreux et contient des grumeaux ; l'odeur qui s'en dégage est plus âcre.
Lorsqu'on tente d'entrer en contact avec un professeur de lettres, le PLC émet le chant caractéristique suivant : "rosa rosa rosam". On dit qu'il latinise. (Si on ne le dit pas, on le pense.) Si le cri ressemble plutôt à quelque chose de rocailleux du genre "taDzoaTrekheille", attention, il s'agit d'une espèce protégée : le professeur de lettres classiques hellénisant. Leur chasse est interdite.
Le PLM émet un chant qui ressemble à s'y méprendre au langage humain.
Le professeur de lettres dans son milieu naturel
Le professeur de lettres a pour mission de dégoûter ses élèves de la littérature. Il l’accomplit généralement avec zèle et satisfaction(deux types qui n'avaient rien d'autre a faire à ce moment) .
Le commentaire littéraire interminable (commentarius interminabilis litterariusque) et la lecture analytique jargonnante (lectio analytica obfuscata) sont les armes redoutées du professeur de lettres.
Le professeur de lettres est intolérant. Il interdit les trousses de maquillage et les séances de coiffure dans ses cours. Il affecte de méconnaître la vingtaine de mots constituant le langage courant, au profit de son patois antédiluvien. Il accepte mal que l’on s’endorme sur une page de Balzac, alors que lui-même s’endort scandaleusement devant L’Arène de France ou Prison Break. S’ajoute à cette intolérable intolérance une certaine arrogance : le professeur de lettres se croit généralement plus cultivé que Philippe Risoli. (D’une part, ça n’a rien d’extraordinaire, d’autre part, rien n’est moins sûr.), et aussi intelligent qu’une encyclopédie.
La correction des copies constitue l’activité principale du professeur de lettres, avec le fourbissage de ses commentaires littéraires de la mort. Mais sa faible maîtrise du langage courant ne lui permet souvent pas de comprendre ce qu’il lit. Ici pointe l’un des principaux handicaps du professeur de lettres : son illettrisme.
Le professeur de lettres est ridicule, voire même grossier. Par exemple, il lit à voix haute des sonnets de Louise Labé, et affecte de s’en délecter. Il pousse la trivialité jusqu’à employer des gros mots en plein cours, comme « culture », « travail », « rigueur » ou encore « liberté ». Parfois, il monte sur la table et déclame une oraison funèbre de Bossuet à gorge déployée : on dit alors qu’il est « dépressif ».
Le professeur de lettres est incohérent, et pas seulement lorsqu’il boit. Lors des réunions ou des conseils de classe, il se lamente sur la désaffection des élèves pour les études littéraires, alors qu’il contribue lui-même à cet état de fait. Lors de ces mêmes réunions, il trouve toujours des qualités à un élève pourtant considéré comme un bovin par ses autres collègues : son souci de se distinguer ainsi de ses congénères ajoute au ridicule du personnage. Le professeur de lettres bénéficie toutefois de la bienveillance attristée et légèrement condescendante de ses collègues professeurs de mathématiques et de sciences, qui ne relèvent pas ses incohérences et ses prises de position originales et inconvenantes.
Début de carrière
En début de carrière, le professeur de lettres s’agite beaucoup en levant les bras en l’air et en parcourant la salle de classe de long en large (voir fig. 1). Il parle avec ardeur et avec l’émotion des grands rhéteurs. Dans les couloirs, il marche vite en brandissant son cartable en cuir râpé. Il transporte toujours avec lui, sous chaque bras, une pile de documents photocopiés. Son cartable ne ferme pas, parce qu’il déborde de livres. Il pue sous les bras. On dit alors que le professeur est « motivé ».
Fin de carrière
En fin de carrière, le professeur de lettres traîne les pieds, arbore un regard de merlan frit, porte un tout petit cartable maigrichon et se déplace avec peine, mécaniquement. Il reste assis à son bureau en maugréant un cours soporifique qui lui vaut quelques jets de morceaux de gomme dans la gueule. Il retrouve son ardeur juvénile dans l’organisation des petites sauteries de l’Amicale du lycée. Il tutoie le proviseur (voir fig. 2). On dit alors que le professeur de lettres est un « pilier de l’établissement ».
Il arrive que le professeur de lettres fonde les plombs quelques mois avant la retraite : il discourt alors à propos de l’usage du participe présent chez l’auteur ouzbek d’expression coréenne Vlatipa Ksarokomansk, ou sur l’imprécision des notes de bas de page dans l’édition critique de l’épopée de Guilgamesh. On l’écoute alors avec un sourire poli, en écrasant une larme devant tant de détresse pathétique.
Habitudes vestimentaires
Le professeur de lettres mâle socialiste (professor masculus mitterrandista), le plus fréquent, porte un habit râpé et ample. Une écharpe rouge entoure son cou à la fraîche. Son manteau est généralement sombre et élimé.
Son homologue libéral (magister virilis sarkozyanus), plus rare, se vêt d’un costard-cravate acheté chez Armand Thierry.
La femelle est parfois à la mode, pour susciter l’intérêt de ses élèves. Mais le plus souvent (et passé trente ans) elle adopte la défroque typique de son corps de métier: tailleur destructuré mal ajusté (en étoffe bio froissée à base de fibres de bambou péruvien) couvert de surpiqûres bariolées apparentes, bijoux ethniques, chaussures kickers en cuir dignes d'un enfant de cinq ans. Ainsi elle se démarque ouvertement de la mode actuelle, signe de rébellion évident, tout en refusant d'assumer sa féminité et en revendiquant un côté Artiste.
Nourriture
Lorsqu’il ne mange pas des livres ou des enfants, le professeur de lettres socialiste mange des andouillettes au vin blanc arrosées d’un coup de muscadet.
Son homologue libéral ne se rabaisse pas à manger au râtelier de la plèbe ouvrière. Il déjeune d’une salade composée à 15 € à la brasserie des Artistes.
Habitat
Le plus souvent, le professeur de lettres vit en ville dans un appart’ au plafond haut décoré de rosaces, et dans un désordre sans nom, une vraie caverne à livres. Le sol est tapissé de photocopies et on retrouve des livres jusque dans les latrines.
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