Cinéma post 11 septembre

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<section begin=synopsis/>Le 11 septembre 2001 est une date qui symbolise l’effondrement des valeurs occidentales, et aussi celui du World Trade Center. Mais là ce n’était pas seulement symbolique.

La culture occidentale populaire reste marquée par les évènements du 11 septembre. À travers le cinéma, les réalisateurs d’Hollywood mais également du monde entier expriment par un catharsis puissant leur volonté d’exorciser la tragédie.<section end=synopsis/>

Un très grand nombre de films populaires s’appuient sur la volonté d’en finir avec le drame, signe de la volonté du destin de marquer un tournant aussi bien dans l’histoire du monde libre que dans l’histoire du cinéma. Alors que le 10 septembre 2001, le monde se portait comme un charme, et les films étaient d’agréables bluettes sans équivoque, le cinéma post 11 septembre porte les séquelles d’un attentat aussi spectaculaire que sanguinolent.

Spiderman

Premier film post 11 septembre à dépeindre avec réalisme l’Amérique post 11 septembre, Spiderman a su toucher par sa grâce le cœur de milliards d’Américains dans l’attente d’un héros, un personnage capable de symboliser à lui tout seul le courage et la force d’une grande nation capable de se relever d’une épreuve terrible, un peuple capable de bâtir sur les cendres encore fumantes des Twin Towers des lendemains qui chantent au son du cri de l’homme araignée :


L’araignée !

L’araignée ! Est un être singulier. Dans sa toile, il attend, pour capturer les méchants ! Prends garde, l’homme-araignée est là.

Spiderman : un film classique post 11 septembre. On peut voir les Twin Towers suggérées très subtilement quelque part sur la photo.

L’homme araignée représente la force d’une nation sous vide d’air qui recherche une figure paternelle symbolique. La devise de Spiderman n’est-elle pas : Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ? Georges Bush Junior tire alors la couverture médiatique sur sa sinistre figure en s’attirant l’inimitié du reste du monde : puisque les Afghans ont lancé une attaque terroriste de grande envergure sur New York, alors lui, il lancera une attaque terroriste digne de Spiderman sur l’Irak.

La confusion entre Spiderman et l’attaque de Bagdad par les Marines ne s’arrête pas là. Les méchants de Spiderman se retrouvent dans diverses formes de terrorisme international : Le mollah Omar = Dr. Octopus. Ben Laden = Le Bouffon Vert. Saddam Hussein = Venom, symbole d’un pouvoir perverti par un poison extraterrestre.

Différences de culture, donc, entre l’Occident et sa civilisation, contre l’Orient et ses mystères : l’homme-araignée n’est-il pas lui-même le fruit d’une combinaison entre le hasard et la faute à pas de chance ? L’araignée qui le pique symbolise en réalité la Seconde Guerre Mondiale, à l’instant où l’Europe est en train de vaciller sous le régime nazi.

Les Américains ont compris qu’il leur fallait agir. Tel Peter Parker enfilant sa combinaison de justicier pour la toute première fois, le général en chef de l’Amérique envoie ses troupes libérer Paris de la menace allemande. Tel Spiderman, qui devient le super héros de New York, l’Amérique du Nord devient alors le super-héros de l’Europe, après avoir bouté les Nazis dans leur pays. C’est ainsi que les États-Unis deviennent les Gendarmes du Monde.

Bienvenue chez les Ch’tis

Le beffroi de Bergues paraît à priori très classique dans l'architecture ch'timi...

Plutôt que faire l’impasse sur le cinéma français post 11 septembre, nous avons choisi de présenter un film typique du cinéma français post 11 septembre : Bienvenue chez les Ch’tis. Le synopsis tient en une ligne : alors que le monde libre se bat contre la menace terroriste, en France, un facteur est muté dans le Nord Pas-de-Calais et y découvre que ses préjugés sur les gens du Nord étaient fondés : alcoolisme, illettrisme et stupidité congénitale règnent en maîtres dans cette contrée repoussante.

...mais un non-dit très habilement suggéré nous révèle qu'il s'agit en fait des Twin Towers.

Le réalisateur Dany Boon choisit de taire la menace terroriste qui pèse sur l’Occident : aucune référence à Ben Laden n’est inscrite dans son film à priori. En filigrane, les analogies au terrorisme international font de ce film un concentré de paranoïa post 11 septembre : le beffroi de Bergues représente le World Trade Center, le langage ch’timi représente les codes secrets navajos utilisés par les Etats-Unis pendant la Seconde Guerre Mondiale pour brouiller les transmissions, les frites représentent Saddam Hussein tandis que la morale de l’histoire (« Il vaut mieux partir du Nord Pas-de-Calais avant de s’y attacher ») représente le bourbier vietnamien dans lequel s’est enfoncé l’Amérique post 11 septembre en envahissant l’Irak.

En utilisant la menace sourde du terrorisme post 11 septembre, Dany Boon exorcise ainsi sa terreur d’un conflit thermonucléaire hautement probable avec l’Iran.

The Dark Knight / Persepolis

Batman devant ce qui pourrait être le beffroi de Bergues enflammé par Ben Laden.

The Dark Knight est un film post 11 septembre qui va justement reprendre cette thématique post 11 septembre : comment créer un monde meilleur avec les Iraniens qui sont vraisemblablement des terroristes ? Ce long-métrage est à mettre en parallèle avec le film Persepolis, qui nous raconte les déboires d’une jeune iranienne exilée en France suite à divers problèmes politiques dans son pays. Le héros de The Dark Knight, alias Batman, partage avec l’héroïne Marjane Satrapi un goût prononcé pour la lutte contre le crime.

Alors que la jeune Marjane s’exile d’Iran pour sauver sa vie, Batman choisit de se costumer afin de lui aussi « s’exiler » de la civilisation en endossant le rôle de justicier sombre (dark knight). On y voit ainsi un amalgame troublant entre la jeune Iranienne qui refuse de porter la bourqa sous la dictature des ayatollahs, et le chevalier solitaire qui revêt de lui-même un costume sombre symbolisant les forces de la nuit.

Deux Iraniennes terroristes représentant l'envers fanatique des Twin Towers.

Comment alors différencier Batman de la femme afghane ? La réponse nous est donnée dans ce troisième film post 11 septembre : 8 mile, dans lequel le rappeur Eminem doit participer à des battles de rap, ces concours de chant au sein desquels il faut affirmer sa virilité. Là encore, la rencontre entre l’homme blanc (Eminem) et l’homme oriental (Dr Dre) s’effectue par le biais de la guerre : Batman est lui aussi un guerrier, et il affronte donc indirectement les Iraniens, exactement comme Marjane Satrapi pourrait affronter Eminem.

Ce battle symbolique post 11 septembre pose les bases d’un cinéma d’auteur populaire basé sur les attaques terroristes menées par Georges Bush à l’encontre des terroristes eux-mêmes : troublés par les accointances entre les frites et Saddam Hussein, à l’instar de Marjane Satrapi, les Américains Gendarmes du Monde n’ont d’autre choix que d’affirmer leur supériorité en revêtant le costume de Batman / Bourqa.

Kirikou et les bêtes sauvages

Réalisé en 2005 par Philippe Ocelot, le film Kirikou et les bêtes sauvages révèle un certain malaise typiquement post-11 septembre. Dans l’histoire d’un enfant africain qui doit affronter des bêtes sauvages, se trame en réalité l’autodestruction autoprogrammée d’un homme noir, Colin Powell (Kirikou), affrontant les bêtes sauvages (les terroristes). Lutte automatiquement fratricide : les Noirs avaient subi de nombreuses marques de racisme de la part des Blancs durant le XX ème siècle, l’Amérique les porte désormais aux nues et se choisit un nouvel ennemi de race différente : les Arabes.

Sur cette image, Colin Powell et Condoleeza Rice prévoyant d'envahir l'Afghanistan.

Les Noirs (Kirikou) de l’Amérique post 11 septembre doivent donc affronter les Arabes (terroristes / bêtes sauvages), mais ce faisant, ils nient leur identité essentialiste construite essentiellement sur la dualité entre leur race et celle de l’oppresseur blanc. Un duel intestin se déclenche alors, telle Marjane Satrapi fuyant l’intégrisme – culture contre nature ; les Américains s’unifient indépendamment de leur couleur de peau pour combattre la menace terroriste (association de Dr Dre et Eminem pour lutter contre Batman).

The Dark Knight apparaît alors comme un personnage jouant un double jeu : tantôt Blanc comme Georges Bush, tantôt Noir comme Colin Powell, il apparaît bientôt gris comme un Arabe, soit gris comme Ben Laden. La question qui se pose fondamentalement est alors : les Afghans sont-ils ou non des Arabes ? Ce double jeu Afghan / Arabe nous rappelle un autre délicat dilemme du cinéma post 11 septembre : Philippe Abrams singe le comportement d’un handicapé : c’est la raison pour laquelle il est envoyé dans le Nord Pas-de-Calais.

Les États-Unis, à l’instar de Philippe Abrams, ont-ils inopinément singé le comportement de Batman ? Est-ce leur irrévérence à l’instar du peuple Arabe / terroriste / Afghan qui a conduit Ben Laden (Le Bouffon Vert) à leur envoyer des avions sur les Twin Towers (Beffroi de Bergues) ?

Astérix aux Jeux Olympiques

Valeurs de la démocratie représentée par Astérix contre la barbarie Iranienne symbolisée par Obélix (Ben Laden / Bouffon Vert).

Synthèse de ce qui s’est fait de mieux dans la comédie d’aventures occidentale, le film Astérix aux Jeux Olympiques représente le condensé de tout le cinéma post 11 septembre : avant tout, un héros incarné par Clovis Cornillac, qui est lui-même représentatif du cinéma post 11 septembre. L’histoire : il n’ y en a pas, le scénario du film étant donc symbolisé par l’absence, telle l’absence du World Trade Center après son explosion par les avions / merguez de Ben Laden (représentées par Majane Satrapi).

Obélix est-il quant à lui le pendant obèse de Kirikou ? Les fameuses bêtes sauvages (représentées par des frites) envahissant le clocher de Bergues, lui-même petit village résistant envers et contre tous à l’envahisseur romain : l’envahisseur romain, alias l’Italie, l’une des premières forces à apporter son soutien à Colin Powell (Marjane Satrapi) lors de l’invasion de l’Iran par Philippe Abrams.

Les Italiens (alias les Romains) sont donc un symbole des Américains : Gendarmes du Monde, ils attaquent finalement la Gaule tout comme les Américains ont attaqué l’Iran de l’ayatollah Khomeiny. Donc finalement, la situation s’inverse et révèle un double jeu Batman / Bruce WaynePeter Parker / SpidermanEminem / AstérixÉtats-Unis / Ben Laden. Qui a attaqué qui en premier ? Qui est venu en premier défier l’autre, les Américains, ou bien les terroristes ? Qu’est-ce qui est venu en premier : l’œuf ou la poule ?

Chicken Little

C’est à cette question que s’attelle le long métrage post 11 septembre Chicken Little. Symbolisme et préjugés s’affrontent lors d’un combat final qui oppose les forces du Bien (Chicken Little, Marjane Satrapi) aux forces du Mal (les frites – représentées par des Romains). Peter Parker qui attaque Dany Boon représente donc l’intervention post 11 septembre de l’attaque de l’Iran par les bêtes sauvages de Kirikou lors d’un rap battle mémorable.

Allégorie de la dualité Orient contre Occident du cinéma post 11 septembre : le poulet-frites.

Conclusion

Tous les films qui ont été tournés après le 11 septembre 2001 sont des films post 11 septembre 2001.

Quant aux films qui ont été tournés avant le 11 septembre 2001, ils préfigurent en réalité le cinéma post 11 septembre 2001 (voir l'article Cinéma pré 11 septembre).


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