Michel Sapin
Pourtant, Michel Sapin avait tout pour vivre heureux. Des parents aimants, une famille qui ne manquait de rien, un visage agréable... Retour sur une succession de petites embûches qui fondent un grand échec.
Biographie, de Charybde en Scylla
Prime enfance
Le 9 avril 1952, à Boulogne-Billancourt, heureux événement pour Claude Sapin et Claude Garteiser[1], puisque Madame donne naissance au petit Michel, 4kg300. Michel fait assez vite ses nuits, sait marcher à onze mois et s'amuse comme un fou avec Rintintin, le collie de la famille.
Plus généralement, Michel est un bébé aimable, jovial et qui cause peu d'inquiétude à ses parents. Il trouve plusieurs camarades de jeux à l'école maternelle, et, à son entrée en élémentaire, sa maîtresse pense pouvoir en faire un excellent électricien, ou à la limite un carreleur apprécié dans le quartier.
OUI, MAIS VOILÀ !
Le papa de Michel est cadre supérieur, ingénieur, comme l'étaient son père et le père de son père avant lui, et avant eux, il y avait déjà une lignée prestigieuse. Alors, non, chez les Sapin, on ne devient PAS carreleur[2]. Plus généralement, hors de question que Michel fasse un métier manuel, comme on dit. [3]
PREMIER DRAME !
Premier drame, mais il est loin d'être insurmontable. Tant de voies s'offrent encore à l'écolier Michel Sapin.
Scolarité
Oui, tant de voies sont encore ouvertes. D'accord, Michel ne passera pas sa vie à déboucher des éviers, ou à dessiner Mahomet à partir de deux bites. Mais les concours de catégorie C de la fonction publique semblaient tendre les bras à ce petit bonhomme, toujours au courant des potins de la cour de récréation et qui avait bu par erreur le café de la maîtresse une fois.
OUI, MAIS VOILÀ !
Michel, sans être un génie de premier plan, potasse bien ses leçons et ne s'aventure pas à jouer l'original dans ses contrôles. Le voilà qui passe de classe en classe, avec des notes très correctes, jusqu'à se retrouver au lycée Ravaillac.
DEUXIÈME DRAME !
Alors, arrivé là, pas de panique, il peut encore devenir un bon agent d'assurance, ou un clerc de notaire prometteur. Au pire, cadre supérieur à la SNCF.
OUI, MAIS VOILÀ !
Poussé au train par sa famille, il tente d'entrer à Normale Sup'... Puis à l'I.E.P. … Puis à l'ENA... Et à chaque fois, il réussit !
TROISIÈME... bon, vous avez compris.[4]
ENA
Vous savez, présenté comme ça, ça semble assez stigmatisant, mais ce n'est pas un drame non plus. Ou alors, le troisième. Michel, avec sa tête de clown rondouillard et ses manières de fort en thème, avait tout pour accomplir une belle carrière dans l'administration. Les postes taillés à sa mesure ne manquaient pas : sous-préfet de Villefranche-de-Rouergue, conseiller au conseil économique, social et environnemental, administrateur supérieur de Wallis-et-Futuna... Et à vrai dire, Michel Sapin, pendant ses premiers mois à l'ENA, semblait s'être enfin mis sur de bons rails.
OUI, MAIS VOILÀ !
Si l'ENA ne servait qu'à apprendre comment fonctionne l'administration française, ça se saurait. À l'ENA, on fait des connaissances. Des connaissances qui vont peut-être vous mener vers des fonctions qui ne sont pas à votre taille. Et c'est ce qui arrive au pauvre Michel.
En faisant un tour à la section socialiste de l'ENA, il rencontre des gens ambitieux. Jean-Pierre, parfois mythomane et flagorneur. Ségolène, un peu hystérique sur les bords. François, falot et couard. Aux premiers abords, aucun n'est dangereux, et Michel peut encore espérer être préfet à Foix en fin de carrière.
Mais bien vite, les masques tombent, et Michel s'aperçoit que ses amis sont appelés à jouer un rôle important dans le Parti socialiste, et qu'il sera obligé de les suivre un peu. Pourtant, bonne pâte comme il est, il n'ose couper les ponts.
QUATRIÈME DRAME ![5]
Carrière politique
Le 21 juin 1981, Michel Sapin est en gare de Châteauroux. Le train pour Paris arrive à quai. Il entre dans la...
CINQUIÈME RAME !
Il vient de voter. Et, pas banal pour un jeune homme fraîchement sorti de l'école[6], de voter pour lui. Oui, parce que Ségolène a parlé à François. Pas son copain, l'autre. Et l'autre en question lui a trouvé une petite circonscription sans danger au cœur de l'Indre.
En entendant « sans danger », Michel s'est précipité. L'envergure lui convenait. Et puis, il a été pris de quelques remords. Il se souvenait bien de quelques principes, la Constatation et l'indépendance des trois pouvoirs. Mais député, quand même... Malgré tout, dans le train, Michel est serein. Il a rencontré bon nombre de paysans au crâne dur pendant la campagne, et il sent qu'il va bientôt pouvoir vaquer à d'autres occupations plus réjouissantes.
OUI, MAIS VOILÀ !
C'était sans compter sur la vague rose faisant suite au dernier tube des Village People. Et voici Michel député ! DÉ-PU-TÉ !
SIXIÈME DRAME ! SIXIÈME OU CINQUIÈME ? OH? JE SAIS PLUS § JE ME PERDS UN PEU § ET PUIS? JE CROIS QUE JE VAIS arrêter avec les majuscules, les lecteurs ont compris maintenant.
Pire encore, après cinq ans d'un morne ennui dans un monde qui n'est pas le sien, Michel part se consoler dans son département natal. Il pose bien sa candidature aux législatives, pour la forme, mais bon, sans conviction. ÉNIÈME DRAME ! Le revoilà député. Et puis, à trente-six ans en fin de législature, quand on n'a encore rien fait de sa vie, comment parvenir à s'insérer dans la société honnête ? Alors, il persiste !
Arrivé à ce point, Michel pensait au moins ne pas aller plus avant dans l'horreur. Et pourtant ! En cette terrible année 1991 de Guerre du Golfe et de début d'explosion de la Yougoslavie, Michel est nommé ministre. Ministre, quand tant de Français et de Françaises de bonne volonté auraient pu lui demander de leur faire le café !
En 1993, 2 ans après le décès de Freddie Mercury, la vague rose reflue, et Michel est heureux de pouvoir se reposer. Il se trouve bien une sinécure de maire d'Argenton-sur-Creuse, mais rien de bien prenant. Il espère pouvoir adopter un rythme de vie qui convient mieux à ses capacités...
Espoirs douchés en 1997, lorsque Jacques Chirac, pour permettre aux Guignols de l'imiter, décide de dissoudre l'Assemblée Nationale. Notre ami Michel arrive bien à se planquer dans l'Indre pendant 3 ans[7], mais en 2000, on le transporte de force à Paris, sur la suggestion de Ségolène, encore elle, pour le placer à la tête d'un ministère. Il s'y traîne 2 ans, enviant le destin riant et fleuri des agents d'accueil et des secrétaires au bureau de la modernisation rationelle de l'action publique[8]. Et puis, ensuite, dix ans à jouer au conseiller général, au président du Conseil régional, au député...
Et aujourd'hui ?
Pareil, mais en pire ! Lui qui rêvait d'un Secrétariat d'État aux Anciens Combattants s'est retrouvé ministre du chômage sous Jean-Marc Ayrault, puis ministre des déficits publics sous Manuel Valls. Il a croisé ces deux postes qui n'étaient faits pour personne, il a dit « Ils sont surtout pas pour moi ! », et puis, y a eu maldonne.
Je vous vois verser de chaudes larmes sur le destin funeste d'Amélie de Michel Sapin. Cessez de vous lamenter ! Agissez !
Que faire pour Michel Sapin ?
Regardez ses airs de bambin choupinou... Maintenant, regardez sa courbe de popularité depuis 2012... Vous n'avez pas envie de lui filer un petit coup de pouce ? Voici quelques suggestions
Reprendre ses slogans à votre compte
Tout politicien, même un peu paumé, est avant tout un orateur de talent. Je suis certain que la carrière de Michou foisonne de petites phrases. Cherchez-les, et répandez-les, en indiquant bien qu'elles viennent de Michel Sapin ! Non seulement il gagnera en notoriété, mais en plus, ça lui mettra du baume au cœur. Par exemple : "Michel Sapin, ça sent le sapin !".
Lui faire regarder les Télétubbies
Les Télétubbies, c'est tout mignon. Et Michel Sapin, c'est tout mignon. Ça ne peut qu'aller ensemble. Et puis, tout le monde sort réconforté et attendri d'un épisode des Télétubbies. Pourquoi donc ne pas écrire un courrier au ministre, lui suggérant de regarder les Télétubbies chaque matin ?
Quelques précautions s'imposent toutefois. D'abord, prévenez Michel qu'il ne doit pas regarder les Télétubbies quand son ami François est là. Ce dernier risquerait de se fâcher en voyant le Télétubby vert (qui lui rappellerait Cécile Duflot), le rouge (qui lui rappellerait Jean-Luc Mélenchon) ou le jaune (qui lui rappellerait Fleur Pellerin avouant que, toute ministre de la Culture qu'elle est, les livres, c'est pas trop son truc).
Et puis, surtout, si vous tenez à indiquer la durée d'un épisode, par pitié, ne comptez pas en « nouvelle dette de la France ». Ça pourrait froisser Michel.
Faire une œuvre d'art à son effigie
Lui coller un gros poutou baveux sur la joue
Un bisou magique, c'est suave, ça fait partir tous les bobos (même ceux de Saint-Germain-des-Prés). Et puis, « poutou », ça rappellera à Michou sa jeunesse trotskiste. On le voit, c'est une bien belle action à réaliser, mais elle ne va pas sans quelques difficultés.
Quelques difficultés qui ont cette tête-là :
Pas de panique : faites-leur un gros poutou à eux aussi ! Ce ne sont que des petits enfants qui ont mal grandi et qui veulent jouer aux gendarmes et aux voleurs. Et comme les places de voleurs étaient déjà toutes prises...
Et puis, de toute façon, nous sommes tous Charlie.
Adhérer au Parti Socialiste
Conclusion
- ↑ non, le même prénom pour les deux parents, c'est pas une blague
- ↑ Ni bûcheron, d'ailleurs.
- ↑ À se demander avec quelle partie du corps les ingénieurs tracent leurs plans. Quoique, ça expliquerait pourquoi les subordonnés de Claude prétendaient qu'il travaillait « avec ses pieds ».
- ↑ Désolé, l'article sur le comique de répétition est très didactique, mais je n'ai pas retenu ma leçon.
- ↑ Je vous dis, l'article comique de répétition, je n'en ai rien retenu.
- ↑ normale d'administration
- ↑ Idée de bonne cachette dans l'Indre pour que personne ne vous trouve : l'Indre.
- ↑ « Aaah, mais enfin, ma p'tite dame, c'était pas au BMRAP, qu'il fallait venir ! C'est le BERC que ça concerne, cette affaire ! », disait un fonctionnaire une seconde avant de se prendre une grosse tarte.
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