Tristesse
La tristesse est un sentiment magnifique qui vous donne envie de vous tirer une balle
un peu comme la quoi on va dire que c la page la moins marrante de ce site... La vous allez croire que j'essaye de vous faire marrer en marquant quelque chose d'original Mais je suis vraiment vraiment déprimé! Je vous jure! Vous allez me dire : "pkoi t'écris ici alors?" Pasque ici c'est le refuge des gens qui s'ennuient. Les gens qui ont envie de rire, c'est les gens triste, car s'ils étaient heureux ils n'auraient pas besoin de rire. Et ici c'est l'écurie des gens qui s'ennuient. Attention aux syllogismes toutefois Mais une chose est sure, je suis vraiment triste Triste a cause des femmes et de la solitude Pffff |
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Qu'est-ce qu'un individu triste ? Plus qu'une qualité ou un état, la tristesse est un savoir-vivre qui se cultive dans la durée, au contraire des sentiments qui ont la vie courte, comme :
- La colère
- La jalousie
- La douleur
- L'ennui
- Etc.
En d'autres termes, il faut la soutenir. Oui, la tristesse a un moral elle aussi. Comme tout le monde, elle devient coléreuse, jalouse, souffreteuse et peut mourir d'ennui. Elle a besoin qu'on prenne soin d'elle, et même qu'on l'épouse :
- Rencontres
- H. triste ch. F. aussi triste que lui pour vivre vie encore plus triste. Enfts à bajoues bienv.
Pour résumer : on n'a pas un sentiment de tristesse. On est triste.
Droopy dit : Personne ne me veut. |
Nature et essence
Un malentendu règne sur notre civilisation. « La tristesse est ceci, la tristesse est cela », entend-on chez les gens chaussés dans des pots de fleurs. Conneries. La tristesse n'est ni ceci, ni cela.
La tristesse n'exclut pas l'optimisme. Elle ne déteint pas sur le bonheur. Elle est même synonyme de grande joie.
Droopy dit : Personne ne me veut. Tant mieux. |
Le clown est le membre le plus représentatif de cette tendance. Il barbouille le visage de la tristesse de couleurs de la vie en enfer, quand elle est bien au fond du trou et a plus que jamais besoin de la main tendue de la Providence qu'elle ne reçoit bien entendu jamais.
Alors, alors ? On veut voir !
Voici, voici. Et puis évitez de hausser le ton. Quand vous m'agressez, ça me stresse. Quand je suis stressé, je suis en colère. Et la colère ça dure pas longtemps (cf. ci-dessus). Comme ça dure pas longtemps, je deviens triste. Quand je deviens triste, j'ai pas que ça à glander.
L'homme le plus triste du monde
J'ai essayé d'être le plus juste possible par rapport à ma vision de la tristesse.
Quand j'ai tenté de dresser ce portrait de l'homme le plus triste du monde, il m'est venu comme une évidence qu'il me fallait un nez proéminent à la Goossens, sans narine, qui séparât la bouche en deux parts égales. Le front devait être court, et le menton prendre les 2/3 du visage pour contenir le rictus. On sent que notre homme a le "moral dans le menton", d'autant plus que c'est un chauve roux. La petite touche dont je suis extrêmement fier, ce n'est pas la goutte de larme finalement assez cliché, mais les deux fentes oculaires, dont l'interprétation oscille entre l'entrebâillement des paupières et la montée des larmes.
Puis je me suis dit : « Mais enfin Guy mon ami, ce n'est pas suffisant. » Je me suis alors imaginé qu'on avait pris son ours en peluche en otage, et qu'on lui avait demandé en rançon la tête de ce même ours. Immonde cruauté qui n'attend qu'un reflet sur un visage anonyme.
Tout m'est alors apparu sous un jour clair : la tête bascule légèrement vers l'arrière. Les yeux sont pincés pour accentuer le rictus, comme on vous l'enseigne au Cours Florent. La lèvre supérieure boudinée est relevée et touche stratégiquement le nez, ce qui, j'avais manqué de le surligner sur le portrait précédent, constitue un trait stéréotypé du triste, au même titre que le filament de mucus, ou en termes poétiques "la larme du nez", qui menace de toucher le menton et surtout la bouche, de sorte qu'on s'attend d'une seconde à l'autre à ce que le sujet se l'essuie du revers de la main ou en se léchant les lèvres. À noter l'ajout sur le dessin de la pomme d'Adam : c'est la boule dans la gorge qui monte et qui descend à chaque fois qu'on a des coliques mentales.
Avec les mains
Savoir utiliser les mains dans une optique sociale est une question de culture. Par exemple, quand Jésus prenait une gifle de la joue gauche, souvent la gifle à droite suivait, comme quand l'on se fait la bise. Les mains, quand on sait les utiliser, sont des atouts hautement précieux pour le triste. Cacher son visage dans ses mains et laisser filtrer son sentiment par des signes extérieurs permet d'exalter ce qu'on tait à l'intérieur avec très peu de travail facial.
Il suffit ensuite de faire glisser les mains en tirant sur la peau des joues, les orbites dégagées, en étalant la trace du passage des mains. Les traits tirés jouent sur le rictus et le rendent encore plus hideux, condition essentielle à un excellent rendu d'ensemble. Étaler du mucus pendant le glissement des mains est un plus qui sourit à l'audacieux.
Avec les narines
Quand une femme magnifique vous fait une ouverture, c'est avec les yeux. Gourmands, volubiles avec cette petite surbrillance, ils sont les éléments les plus "voyants" du visage séduisant. Par contraste, quand un triste vous fait une ouverture, il met à contribution ses narines. Les mains sur les tempes, rien ne distinguerait du sentiment du désarroi où le sujet "se prend la tête", s'il n'était ce petit geste subtil consistant à écarteler les narines en les rehaussant du bout des pouces.
En plongeant introspectivement dans ces narines, on peut discerner le dépôt sédimenté de mucus tapissant la prairie de poils de nez bercés par les flux et reflux de l'air circulant.
Par anticipation d'un suicide, ce lubrifiant peut servir à graisser une munition de type .38 Special ou .357 Magnum, voire le canon du revolver lui-même pour les plus grosses narines. En introduisant le canon dans le nez, le tir a plus de chance de vous moucher.
Les vieux
Les vieux n'ont aucune raison de ne pas être tristes tellement ils ne servent strictement à rien pour la société. C'est pourquoi ce sont les plus soignés dans leur tristesse.
Chose remarquable, le vieux ne verse pas la petite larme des familles. Ses taches de vieillesse suffisent à exprimer la frugalité de sa détresse morale. Les meilleurs vieux les portent élégamment sous les yeux ombragés sous d'épais sourcils, et au creux médian du front, semblables au lit d'une mer capricieuse qui s'est retirée. Les joues sont creusées, le front est très marqué par la récession capillaire, le crâne dispose de suffisamment de surface pour qu'on y pose sans problème un petit chien genre chihuahua, et les traits sont
très tirés, grâce à la propriété exceptionnellement élastique de la peau du troisième âge. Quand vous voyez ça, vous vous dites immanquablement que le gars est triste.
Droopy dit : Il est triste le gars. |
Derrière une vitre
Les larmes ne sont pas d'un usage fort pratique :
- Elles s'épuisent à la source.
- Elles sèchent vite quand elles ont coulé.
- Il est difficile de maintenir ce regard trouble rempli de larmoyances sans cligner des yeux, comme le démontre le smiley suivant : ;')
C'est pourquoi, se réfugier derrière une vitre mouillée pour cultiver sa tristesse est un choix fait par de nombreux tristes. La vitre renforce l'impression encadrante de mélancolie et a plus de puissance de feu qu'une seule coulée de larme. S'il n'a pas plu, on peut passer une éponge détrempée dessus côté extérieur pour obtenir le même effet, quelque soit le temps météo. Ensuite, il suffit de bien se presser contre la vitre pour assurer un effet optimal, mais sans trop surjouer.
Droopy dit : La tristesse n'est pas un jouet. |
Les vaches
Vous avez deux vaches qui ne rient plus depuis belle lurette. La situation, telle que je la vois, c'est celle de deux vaches dans le pré scintillant de la rosée du matin, se regardant à distance, séparées par un chemin de fer. Il y a dans cette image un élément de précarité insaisissable qui vous rend le cœur triste.
Il faut savoir que le drame peut survenir à tout instant, à toute allure, et priver chaque vache de sa meilleure amie dont on sait qu'elle l'aime follement.
La tristesse et la sous-culture du heavy metal
La tristesse pourrait être associée au gothic/doom metal (Winter, Moonspell, Cultus Sanguine) ou aux ballades des petits déjeuners Ricoré, mais en retirant l'élément suicidaire inhérent à ces deux styles. En effet, la tristesse n'invite pas à la mort, mais à une stase morbide pré-mortuaire dans le néant nihiliste des possibilités infinies. Plus encore que ceux qui aiment la vie, les vrais gothiques sont ceux qui mettent le plus d'emphase sur la survie. Survie, surhumanité : ils ont fait de l'aphorisme nietzschéen « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort » leur hymne de référence, en langue originale si possible.
Iconographie
Graphiquement, le triste mélomane se barricade derrière une cascade de cheveux longs et gras. Le poing levé, l'élan de la posture accentué par la prise de vue au grand-angle, il invoque le courage et l'abnégation pour continuer à se battre pour ce en quoi il croit[1], en surmontant les obstacles et en se dépassant lui-même, longueurs des cheveux et des ongles comprises.
Le poing serré, leur paume s'ouvre car les ongles pénètrent et crèvent la chair. Les plus extrêmes vont encore plus loin : au bord de la piscine pour regarder leur reflet narcissique dans l'eau. L'effet est que leurs cheveux se prolongent dans leur reflet, ce qui fait très gothique automne-hiver 2009 grâce à l'effet des tresses. Les baigneurs alentour se vautrent dans le bain de leur tristesse, ce qui étale le côté "fucking ambient noise", "fucking grungy" et "fucking doomy".
Let their fucking shadows be cast upon the mighty forests of Odin ! Invoke the demon to take possession of my darkened sold-out soul
Let the flame of fucking sadness burn forever and ever and ever !!!Le chagrin d'amour
Le chagrin d'amour n'entre pas dans le faisceau de la tristesse. C'est un état éphémère, assez lourd et surjoué : tout le contraire de la tristesse. De plus, il vous donne cet air aux yeux amoureux troublés par la vaseline lacrymale qui prête sérieusement à quelques gifles.
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Mais non ! |
Oulala pauvre de toi.
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Super le running gag. |
Droopy dit : On va noyer ça dans un verre ensemble, nana ? |
Liberté et angoisse
Liberté et angoisse, selon Jean-Paul Satre, sont les deux revers de la médaille de la tristesse. La liberté est frivole, légère, et abstinente à la fois. Elle est plutôt inexpressive, tacite, voire désabusée, mais sa présence altière est une ubiquité impénétrable. C'est difficile à décrire, alors j'ai fait un dessin, mais on pourrait aussi en faire une statue[2].
Mais vraiment mettre ses attributs en perspective et faire ressortir le côté triste de la liberté, toute son indifférence devant le drame majestueux de la vie, c'est une autre paire de manche, et je ne vois qu'une seule alternative possible : l'enchaîner à un fauteuil roulant et l'envoyer sur une pente.
Le côté inexpressif couplé au drame d'une handicapée lancée tout droit vers sa mort sur fond champêtre opulent témoin de la violence latente mais inhibée du libre-arbitre rend ce dessin inestimable. Bien sûr, comme la liberté est aveugle, j'ai ajouté un chien d'aveugle entraîné sur la pente par la laisse.
Les bébés
Cas trompeur
Les bébés sont un cas trompeur. Le dessin suivant illustre la situation classique :
Mais ce n'est pas un bébé triste. C'est un cas banal de caprice de gamin chiant muré dans son triangle de merde biberon-dodo-revendications. Il n'y a absolument aucune raison d'y voir de la tristesse. Vous pouvez tourner le bébé dans tous les sens, rien n'y fera.
HOP !
HOP !
ET HOP !
Toujours aussi chiant le gamin.
Cas normal
Je vais vous présenter un vrai bébé triste, un bébé exemplaire.
Voici Tristan.
Tristan, Insérer ici le nom.
Insérer ici le nom, Tristan.
Vous croyez sans doute que son état est dû à la faute des parents et qu'ils méritent d'être brûlés au bûcher. Mais non. En fait Tristan est tout simplement un bébé triste. Il a adopté la posture de refus classique de niveau 4, variante "biberon dans les mains". Le lent égouttement au bout de la tétine corrobore l'idée du bébé atone, catatonique, ascétiquement légumineux et neurasthénique. Remarquablement il présente des symptômes d'adulte. Observez bien ce bébé. Il fait vraiment penser à un adulte dans son comportement.
Autres cas
Ceci est un bébé mongol. Difficile à croire quand on connaît le stéréotype aux yeux rieurs. Mais en fait, les bébés mongols ont généralement les gros yeux, et c'est en grandissant que les yeux se ferment progressivement à l'instar des varans.
Maintenant jouons avec lui à Je te tiens par la barbichette, comme avec le vieux.
Ce bébé là était à l'évidence triste. Avec sa contenance adulte, il n'avait pas du tout l'air de vouloir s'amuser, mais maintenant il n'est plus du tout triste. Il a mal. Sérieusement mal.
Si vous voulez vraiment, vous, le rendre encore plus triste, vous n'avez qu'à lui coller un nez de clown. Ce qui devrait donner quelque chose comme ça :
Brigitte Bardot dit : Quelle cruauté ! |
Eh ta gueule Brigitte, les bébés c'est pas des animaux !
À la prochaine
Voilà. À présent, vous savez tout de la tristesse. Ne vous mêlez jamais à ces gens-là, vous risqueriez de vous faire prendre en photo avec eux. En plus il paraît qu'ils sont pas drôles.
Notes
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- ↑ Et qu'il ne comprend pas toujours, pour tout dire.
- ↑ HA !........ HAHAHAHHAHAHAHAHA !!! Bon ok c'était pas drôle.
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