Convecteur de fraise

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« Dites, vous n'auriez pas un peu de crème Chantilly ? »
~ Sacha Guitry à propos de son dessert

Le convecteur de fraise est une invention merveilleuse du Professeur Clopinand, qui permet la synthèse d'une fraise à partir de n'importe quel objet grâce à une chaîne de réactions fission-fusion. Il peut même créer une fraise à partir du vide, par le procédé de polarisation du vide.

« Oui ? On m'a appelé ? »
~ Le commissaire Maigret à propos de son entrée en scène.
— Mais non, commissaire : polarisation du vide, c'est un terme de physique appliquée ; c'est ça, retournez finir votre blanquette de veau commissaire.

L'invention

Le professeur Clopinand

L'histoire du convecteur de fraises commence par un blême matin d'hiver, dans la magnifique propriété du professeur Clopinand. Ce jour-là, comme à son habitude, l'illustre homme de science s'apprête à s'attabler devant un somptueux petit-déjeuner préparé avec zèle par Séraphin, son assistant.

Non pas que Séraphin serve de domestique sous-payé au professeur, mais l'admiration du jeune homme pour son mentor est telle qu'il n'hésite pas à ...

— Mais non ! C'est juste que quand le professeur n'a pas de somptueux petit déjeuner, il invente toujours des trucs foireux et qui c'est qui teste pour voir si ça explose ? C'est Bibi !
Merci Séraphin pour ce témoignage touchant de dévouement désintéressé ; tu peux aller faire la vaisselle pendant que je parle avec les journalistes ? Voiiilà. Donc, nous disions ? Ah oui, comment j'ai eu cette idée géniale du convecteur de fraises ? Eh bien ...

Or donc, en ce frais matin hivernal, la coquette maison de maîtres du professeur est le témoin d'un de ces drames minuscules capables, à eux seuls, de faire basculer le cours paisible d'une journée de janvier ordinaire vers une effervescence inventive exceptionnelle.

Un drame

Ce drame, chers lecteurs, saura toucher dans les tréfonds de votre âme la corde des souvenirs les plus mesquinement douloureux ; ce drame, le voici : au moment de prendre place devant son somptueux petit-déjeuner, élément crucial, comme nous l'a judicieusement rappelé Séraphin, pour la réussite des expériences du professeur, celui-ci remarque sur la table l'absence totale de fruits frais.

Mais qui dit absence de fruits frais, dit absence de vitamines ! Ces vitamines dont le professeur a tant besoin pour faire turbiner ses neurones à plein régime ! Séraphin ! Séraphin, bougre de bon à rien ! Tu as oublié les fruits ! s'exclame alors, pris d'un bien compréhensible agacement, le monstre sacré de la science.

— Heu pardon Maître, c'est juste que là on est en plein hiver et au shopi ils avaient que des oranges et comme vous aimez pas les oranges, ben, j'en ai pas pris.
— Je vois. Vous auriez dû m'en faire part aussitôt mon garçon. Enfin, ce qui est fait est fait ...
— Je suis désolé, Maître ! Je m'excuse, je le ferai plus, je baise vos pieds ! Ne me punissez pas Maître !
— Bon heu, Séraphin, t'en fais pas un peu trop là ? C'est juste des fruits, après tout ; simplement une journée de travail de mon cerveau exceptionnel perdue pour l'humanité. Je ne vais pas te priver de dessert pour ça voyons. Tu iras dormir avec Schlick-Schlick cette semaine, voilà tout.
Nooon Maître ! Pitié, tout mais pas Schlick-Schlick !
— Oh, voyons Séraphin, Schlick-Schlick n'est pas si terrible que ça, c'est juste toi qui ne lui laisses pas assez de place pas assez ; mais comme je suis très gentil, je vais te donner une deuxième chance : trouve-moi des fraises pour midi et on n'en parle plus.
— Des fraises ? Pour midi ? Mais ... mais bien sûr Maître ! J'y cours !

Course contre la montre

Séraphin, dépêche-toi !

Séraphin est désespéré : comment pourra-t-il trouver des fraises en plein hiver, en moins de trois heures, et échapper aux redoutables câlins de Schlick-Schlick, le gorille-pieuvre pervers ? Dans son désarroi, il se dirige vers le laboratoire, d'où s'échappent bientôt de mystérieux bruits de construction.

Pendant ce temps, le professeur, diminué dans ses grandioses facultés par la négligence de son servi... assistant, s'installe au coin du feu dans son fauteuil préféré et prend connaissance des dernières avancées de la science en parcourant un fameux épisode dePif Gadget.

Un dessert miraculeux

La matinée s'écoule avec la lenteur solennelle des moments vraiment importants. Onze heures : le professeur est plongé dans un profond... dans une intense réflexion, dont témoigne le bruit régulier de sa respiration, quand Séraphin se glisse discrètement hors du laboratoire, un petit panier au bras. Il est temps de préparer pour son maî... son mentor un déjeuner réparateur, après les intenses efforts cérébraux qu'il a fourni dans des conditions difficiles.

Séraphin est sauvé !

Mais que contient le mystérieux panier ? Et pourquoi Séraphin affiche-t-il maintenant la mine sereine de quelqu'un qui va dormir dans sa soupente, séparé du box de Schlick-Schlick par une réconfortante épaisseur de béton ?

Ces questions resteront probablement irrésolues, mais tout cela n'a aucune importance ; intéressons-nous plutôt au menu du repas que Séraphin vient de préparer avec son dévouement habituel : Velouté de potiron à la crème, oui, très bien,... Poulet chasseur, classique mais toujours bienvenu,... et... et... Fraises fraîches au sucre et à la Chantilly ! Bien joué mon garçon !

Épilogue

Stimulé par les précieuses vitamines, le professeur à peine levé de table se dirigea à grands pas vers son laboratoire, et conçut dans l'après-midi même la fabuleuse invention qui devait le propulser au sommet de la gloire : le convecteur de fraise.

Ainsi, nous explique-t-il avec la simplicité et la modestie du véritable génie, si mon stupide assistant oublie encore d'acheter des fruits frais, je pourrai en fabriquer à volonté grâce à mon invention. Merci professeur !


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