DÉBonsFilms:Les Huit Godelureaux
Synopsis – Du sang, de la
Nos frères issus des minorités ethniques « Brownies don't like to get called "niggers" these days. »
~ L'un des huit fâcheux Depuis les remarques de Spike Lee à ce sujet, Tarantino a pris conscience de la sensibilité des Noirs au vocabulaire utilisé pour les désigner. Jusqu'ici, Tarantino avait utilisé le mot "nègre" avec une relative indifférence. Ces temps sont révolus. Désormais, Tarantino connaît mieux le mouvement de la négritude et prend plaisir à placer le mot "nègre" dans la bouche de ses personnages, nègres ou non, à de nombreuses reprises. Il leur demande de savourer le mot "nègre", de le prononcer lentement en traînant un peu sur le 'n', "nnigger", voilà, comme ça ! Que les nègres se rassurent, les Mexicains prennent cher également. La communication intersubjective « On va mettre en place un code de communication gestuelle. Quand je te frappe violemment du coude, ça veut dire "ferme-la". »
~ Le personnage joué par Kurt Russell à propos du langage pour les sourds-pas-muets. Les Huit Godelureaux n'est pas un film de violence. En vérité, Tarantino se demande si l'on peut vraiment connaître autrui. On sait que le réalisateur est connu pour ses dialogues et, dans Les Huit Godelureaux, les personnages parlent. Ils parlent avec des mots, mais pas seulement. Comme dans la chanson de Frédéric François, ils parlent avec les mains. Ils parlent avec les poings. Ils parlent avec les couteaux. Ils parlent avec les revolvers et les fusils de chasse. Et puis, ils écrivent. Une lettre joue à plusieurs reprises un rôle dans l'intrigue (mais je n'en dis pas plus). Le personnage de Michael Madsen écrit "l'histoire de sa vie" et ceux que jouent Tim Roth et Kurt Russell montrent un papier pour attester de leurs qualités. Le motif de l'écriture et de la narration, véritable fil rouge de l'histoire, est omniprésent. Laissons le dernier mot de cette histoire au personnage représenté par Walton Goggins : « Là, c'est le moment de l'histoire où je te fais exploser le crâne. » Un hommage aux racines italiennes de Tarantino « You only need to hang mean bastards, but mean bastards you need to hang. »
~ Le personnage qu'incarne Kurt Russell Comment interpréter ce « Tu as seulement besoin de suspendre les méchants enfants naturels, mais les méchants enfants naturels tu as besoin de les suspendre », sinon comme une allusion tout juste voilée aux joyeuses rues italiennes qu'ornent des vêtements, notamment enfantins, laissés à sécher au-dessus de la voie publique ? Une vision post-keynésienne au service du plein emploi doublée d'un apologétisme de l'entreprise individuelle. Interrogé sur sa volonté de ramener ses prises vivantes, le chasseur de primes que fait vivre Kurt Russell répond « The hangman's gotta make a living too. ». En effet, "l'homme-suspendeur a à faire un vivant aussi". On comprend que Tarantino défend une politique de relance basée sur une dynamique salariale expansionniste, visant à créer un stimulus par la consommation. Dans la vision économique de Tarantino, l'interconnexion des hommes permet à toute la société de bénéficier d'une injection monétaire ponctuelle, prît-elle la forme de la création d'un emploi d'"homme-suspendeur". Si Tarantino rejette la vision thatchérienne selon laquelle chaque homme est un continent, il n'en reste pas moins un défenseur de la propriété privée et se fait le chantre, à travers la mercerie de Minnie, de l'entreprise individuelle, seule à même de créer de la richesse tout en émancipant, euh... Crânes explosés et sang vomi Vous l'avez compris en lisant cette analyse, Tarantino, loin de se montrer superficiel dans son œuvre, aborde de nouveaux champs intellectuels particulièrement ardus à retranscrire à l'écran, et s'en sort brillamment. Mais cela ne l'empêche pas de rester fidèle à son imagerie personnelle.
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