Illittérature:Un monde absurde/Tome 1 : Vacances dans un monde absurde
Vous vous êtes déjà demandé ce qu'il y avait à l'intérieur de vos toilettes ? Non ? Vous êtes des gens bizarres alors... Moi, cette question m'obsède. J'y pense jour et nuit. Nuit et jour.
Le soir, le matin, le midi, en me levant, en mettant mes chaussettes, sous la douche, en faisant l'amour, en passant la serpillière, en descendant d'une marche, en me couchant, en dormant,...
Je ne parle évidemment pas du mécanisme de la chasse d'eau, ou de toutes les autres petites merdouilles en plastique que l'on peut trouver dans ses latrines. Je parle de l'eau des toilettes.
Imaginez un instant le trajet de cette eau. Ce trajet vers l'inconnu. Cela doit être palpitant. Plus palpitant que ma vie de merde de PDG d'une multinationale.
Ne rien faire, dans son bureau, mais être sûr de gagner de quoi vivre toute une vie en un mois. Où est l'aventure là-dedans ? Ne suis-je pas à plaindre ?
Un soir, philosophant, ou plutôt philo-somnolant tranquillement au-dessus de mes chers WC, je me sentis comme attiré par ce trou qui frottait délicatement mon arrière-train. Il fallait que je l'observe.
Que je réalise mon rêve. Mon rêve de toujours. Je me mis à approcher mon visage de ce trou. Je sentis l'eau claire qui parvenait à mon visage. Puis je vis le tunnel. J'eus l'impression que mon
corps voyageait à travers celui-ci. Une impression qui me rendait heureux. Une impression que l'aventure venait à moi. En fait non, c'était moi qui allais à l'aventure, mais on va pas chipoter.
Je ne sais pas où je viens d'arriver. Cet endroit a l'air de ressembler à la Terre que je connais, quoiqu'il ait l'air plus naturel.
Mais j'ai tout de même l'impression que cet endroit est différent. Il a l'air étrange...
...
...
J'ouvre les yeux péniblement. Je ne me souviens pas de m'être assoupi. Mais, trop fatigué pour réfléchir, je décide de stopper toute réflexion relative à ce sujet. Je me lève, et commence à marcher, pour éviter de me rendormir par inadvertance. Soudain, j’aperçois deux hommes au loin. Je m'approche d'eux. C'est stupide, je viens juste de me lever, et ne suis pas encore en mesure de tenir et suivre une discussion. Je continue cependant à m'avancer, et je commence à être suffisamment proche d'eux pour entendre leur conversation.
Je suis juste à côté d'eux. Ils ne me remarquent pas, étant encore absorbés par leur discussion. Un homme sensé n'aurait pas pris le risque d'interrompre une telle conversation, qui
risque de s'envenimer, et de se transformer en véritable dispute. Mais un homme à moitié réveillé n'est pas sensé :
Et merde. Mon entrée est un peu ratée. Les deux hommes me regardent. L'homme qui a un truc entre lui et une fille m’adresse la parole en premier :
Et voilà ! J'aurais dû me douter que venir parler à des inconnus dans un état de concentration minimal était une mauvaise idée. Réfléchir à la raison de ma venue, créer une phrase en direct,
et la prononcer, c'est trop me demander. L'homme soupe au lait, mais pas soupe, reprit :
Malgré mon état actuel, je réussis tout de même à faire émerger une pensée dans ma tête. Une pensée qui me dit que je suis ridicule. Et en plus, l'homme m'a demandé
la région où j'habite, pas mon pays. Il doit bien se douter que c'est la France.
Leur dispute reprenant de plus belle, je décide de partir discrètement. Cela m'évitera de refaire une nouvelle gaffe. Et en plus, ils ne font plus attention à moi.
...
...
Ah voilà, cet arbre sera parfait. Je m'assois contre son tronc. Maintenant que j'ai repris pleine possession de mes capacités mentales, je peux réfléchir un peu aux événements qui viennent de se dérouler. Une chose me préoccupe plus que le reste. Les hommes que j'ai croisés semblaient ne pas connaître la France. Bien sûr, ils étaient originaux, peut-être fous, ça devait être ça. Mais un étrange flash-back me revient. Le tunnel... Je constate un fait, d'une évidence déconcertante. Je ne suis là que depuis mon réveil. J'ai l'impression étrange de me rappeler que j'ai eu une existence passée, mais celle-ci est subitement devenue plus floue. Je me concentre pour retrouver des détails. J'ai des images qui me reviennent. Je me vois moi, en plus jeune. Je vois des gens que je ne reconnais pas. Peut-être mes parents. Je vois les WC... La multinationale... Ça me revient maintenant, je suis PDG, et je suis venu ici par les toilettes. Non, c'est pas possible, on n'accède pas à un lieu en passant par ses chiottes. Quoique... Qu'est-ce que je foutrais là si j'étais encore dans le monde réel ? Je devrais déjà être parti pour aller bosser. Mais non, je suis forcément dans le monde réel, vu qu'il n'y a que celui-là.
Qu'est-ce que c'est que ce bruit ? Je tourne la tête, et je vois une créature. Elle ressemble à une créature mythologique, connue sous le nom de licorne. Elle s'approche, passe à côté de
moi, et me bouscule. Exaspéré, je lâche :
La licorne se retourne, me dévisage, et dit dans un soupir :
La licorne me redévisage. D'un air surpris, elle me répond :
Mais la licorne s'est enfuie, avant même que je ne finisse ma question. Je l’aperçois au loin, continuant de crier :
Bon là, plus de doute. Je ne suis pas dans le monde réel. Si j'étais dans le réel, et que quelque chose qui n'existe pas rencontre quelque chose qui existe, c'est celui qui existe
qui fuirait devant l'autre. Quoique... La licorne est-elle vraiment inexistante comme elle l'affirme ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que je commence à avoir faim. Je vois au loin
un regroupement d'une dizaine de maisons. Il doit s'agir d'un village. Enfin, si ces maisons existent... Je ne sais ce que j'y trouverai, mais je sais une chose : si la faim tue ici comme
dans notre monde, alors je dois trouver à manger. J'irai là-bas chercher un supermarché, ou juste une épicerie, ou juste une ferme. Même si c'est un risque non-négligeable d'aller dans un
lieu inconnu, dans un monde inconnu...
...
...
Je marche dans le sentier qui semble mener au village. Ma faim commence à se faire de plus en plus grande. Je ne sais pas combien de temps cela me prendra pour rejoindre le village. Peut-être même que je devrai faire une pause pendant la nuit. Si il y a une nuit dans ce monde...
Je ne sais pas d'où vient cette voix. Je m'arrête, et regarde autour de moi. Je ne vois rien.
— Des traces de pas toutes fraîches sont visibles sur le chemin. Devant elles, on peut apercevoir un homme. Il est immobile, et regarde craintivement autour de lui. Soudain,
un autre s'approche de lui en courant.
Un autre homme arrive en effet vers moi. Comme la Voix l'a dit. Une fois en face de moi, il me dit :
L'homme m'emmène vers une cabane, dans la forêt, cachée par les arbres. Un peu réticent au début, je décide de me laisser faire, car je ne comprends pas ce qu'il se passe.
Étonné, de sa réponse, je repris :
Il me regarde. D'un air qui veut dire "Oh putain, c'est un ignorant". Il reprit :
— Vois-tu, jeune insouciant, quand on entend une telle voix, il y a deux possibilités : Soit c'est un auteur descriptif, auquel cas c'est juste un lettré qui exerce son art à l'oral,
soit c'est une Voix Off.
L'autre regarde ma tête. Une tête qui montre un effet de surprise. Il reprit :
Suite à ma réponse craintive, il comprit que je venais d'arriver. Du moins, c'est ce qu'il me semble. Il continue donc :
— Une Voix Off, ici, c'est une Voix qui ne sort d'aucun corps. Nul ne sait ce qu'elles sont. Lorsqu'une Voix parle, et que tu l'entends, tout ce qu'elle dit à ton propos
se réalise.— Non ! Quand la Voix est proche de toi, elle parle. Souvent, elle te dit de t'immobiliser. Puis, après, elle t'ordonne toute une suite d'instructions ridicules, et ses ordres surplombent ta volonté. Tu ne peux rien contre. Pour la plupart des cas, la Voix ordonne finalement au sujet de se suicider, avant d'en chercher un autre à
persécuter !
Ma question n'avait rien à voir avec la discussion en cours, mais me hantait depuis tout à l'heure. Un peu surpris, il répondit :
Il me saute dessus. Je recule. Il tombe par terre. Soudain j'entends :
L'homme, dont le regard semble désormais vide, se concentra au maximum, pour réussir à dire :
Ni une, ni deux, je saute par la fenêtre. Je continue ma route en courant. En m'éloignant, je l'entendis encore crier :
Puis soudain, il se tait. C'est surement la Voix qui le lui a ordonné. Quant à moi, je ne ralentis pas, et fixe mon objectif des yeux : le village !
...
...
J'arrive au village. Il a l'air d'être tout à fait banal, et normal. Je vois des gens qui jonchent les rues. Des enfants qui jouent. Des commerçants avec leurs étalages. Tout pour me rappeler mon ancien monde. Tiens, ici, il y a une auberge. Je vais prendre une chambre. Et un repas. J'entre.
Je sortis, pour ne pas entraîner un conflit beaucoup plus violent. Quelle bizarrerie ! Un aubergiste qui vend des chapeaux. Cela ne m'étonne même plus. Mais bon, je ne suis pas là
pour tergiverser, je dois trouver une chambre. Le pseudo-aubergiste m'a dit : "Tu es chez un aubergiste ici, pas chez un poissonnier !". Et bien essayons le poissonnier !
Qu'ai-je à y perdre ? Rien. Je n'ai pas de réputation à défendre, et si je venais à en acquérir une mauvaise, je trouverais un autre village.
Étonnant. Le prétendu aubergiste prétend s'appeler Albert, mais le soi-disant poissonnier l'appelle Gilbert. Faut-il encore s'étonner ? Bon, maintenant, je vois les deux hommes en train
de s'engueuler dehors. Je vais devoir chercher ailleurs. Mais... Quel est ce panneau ? Un petit morceau de bois cloué sur le mûr indique "Chambres à louer : deuxième porte à droite".
Bon, ils se foutent un peu de moi, là, quand même ! Mais bon, profitons de leur inattention, et allons faire une petite sieste gratuite.
Allongé sur un lit, je pense aux événements qui viennent de se produire dans ma vie. Me voilà prisonnier d'un monde où rien n'est logique. À y réfléchir, cela devrait me faire peur.
Je devrais regretter notre monde, si paisible, si tranquille. Mais je m'étonne moi-même. J'ai l'impression d'être bien ici. Notre monde n'est que trop paisible et tranquille.
J'ai rêvé d'aventure depuis mon enfance. Et elle est venue à moi. J'ai beau ne savoir ni ce qui m'arrivera, ni si j'ai de grandes chances de survie, j'ai envie de rester.
De rester dans ce monde. Et même si au final une Voix-Off, une licorne, où des habitants dérangés mentalement venaient à me tuer, quelle importance. Je suis convaincu qu'une courte
vie ici me conviendra mieux qu'une longue vie nulle et chiante. C'est décidé, je reste ici. J'ai vraiment envie de changer le court de ma vie. Ce sera un peu comme des vacances.
Oui, c'est ça ! Je ferai de ma vie une longue période de vacances. Pas des vacances chiantes, allongé sur son transat. Des vacances de découverte, d'étonnement. Des vacances qui n'auront
pour fin que ma mort. Cela est surement loin de la conception traditionnelle des vacances, mais qu'est-ce-que les vacances, sinon un moment où la vie échappe à l'insoutenable quotidien ?
Bon, assez réfléchi ! Faisons-la, cette sieste !
...
...
Je vois le docteur s'éloigner, puis disparaître au bout du couloir. Mon frère... Les médecins seraient donc dans l'incapacité de comprendre ce qui lui arrive. Il n'aurait rien. Mais est dans cet état
d'inconscience depuis une semaine déjà. Depuis qu'il a failli se noyer dans les toilettes. C'est une chance qu'il ait laissé la porte ouverte, et que j'aie pu lui sortir la tête de la cuvette juste après
qu'elle ait touché l'eau. Je ne peux qu'être d'accord avec le docteur : son coma est incompréhensible. Sa tête a à peine effleuré l'eau. Il est impossible que son coma soit dû à cela.
Quand j'ai retiré sa tête des toilettes, et que j'ai vu sa tête inexpressive et inerte, j'ai cru à un AVC. Mais le docteur est formel : son cerveau est encore totalement fonctionnel.
Est-ce que son coma est dû à un choc, suite à la perspective de noyade ? Est-ce que son corps va totalement bien, mais que c'est son esprit qui ne répond plus ?
Comme les programmes de Windows, que l'on doit fermer à coup de "ctrl alt suppr" ? Non, tout cela est absurde...
Oups, je gène une infirmière qui pousse un brancard.
Je m'écarte pour la laisser passer. Bon, je ne vais pas rester planté ici, au milieu du couloir. Je vais aller rendre une visite à mon frère. Mon frère aux symptômes si surprenants. Je m'approche
de sa chambre, et pousse la porte. Deux autres personnes sont là. La première, c'est ma mère. Cela ne m'étonne pas, vu tout l'amour qu'elle nous a donné dans notre enfance. Le second est le
vice PDG de l'entreprise de mon frère. Je l'ai toujours trouvé prétentieux. Je ne l'ai jamais vu sourire devant personne, hormis l'argent et le succès. Je suis sûr qu'au fond de lui, il est bien
content que mon frère soit dans le coma, sachant que cela lui permet d'exercer la fonction de PDG par intérim. Mon frère, lui, est allongé sur un lit, dans la même position qu'hier. Qu'avant-hier,
aussi. En fait, je crois qu'il n'a pas changé de position depuis qu'il est ici.
Ce vice PDG sait comment avoir l'air sympathique et compatissant. Bien des fois, j'ai voulu croire en cette apparence. Mais je reste persuadé qu'elle est trompeuse. Je pris une chaise, et m'assis
à leur côté.
Je ne répondis pas. En fait, je ne l'écoutais même pas. Cet homme exprime sa compassion avec trop d'aisance pour que cela soit sincère. Je ne suis pas venu pour lui, de toute façon.
Je suis venu pour mon frère. Je regarde ses yeux. Ils me semblent plus expressifs qu'auparavant. Je pense qu'il rêve. C'est ce qu'il peut lui arriver de mieux, en ce moment.
J'espère qu'il rêve.
...
...
Ah, ces classiques disputes, cette incompréhensibilité totale, cet air vivifiant... Quoique, peut-on être sûr qu'il y ait de l'air dans ce monde ? De toute façon, quelle importance ? Le plus
curieux des scientifiques laisserait cette question de côté en voyant cet endroit. Voir l'animation de ce village est plus surprenant que n'importe quelle théorie de l'espace-temps.
Je crois que je pourrais passer ma vie uniquement à regarder ce qu'il se passe ici. Et moi qui parlais de ne pas passer ses vacances sur un transat...
Le fil de mes pensées fut interrompu par cet homme. Fascinant. C'est fascinant ! Ici, j'ai l'impression que tout peut arriver, n'importe quand. Je décide de lui répondre, plus pour savoir ce
qu'il va bien pouvoir me dire que pour me défendre de ses accusations.
Cette question semble venir de nulle part. Je tente comme réponse :
Je regarde l'homme en face de moi. Après avoir dit cette phrase, il se figea. Comme s'il attendait quelque chose. Peut-être attend-il ma réponse. Mais assez perdu de temps. Aujourd'hui j'ai
prévu une excursion hors du village. C'est bien moi qui parlais de ne pas rester sur son transat en vacances, non ?
Je prends mon bâton, et commence ma route. Une pensée me traverse l'esprit. Mais je l'oublie aussitôt. J'essaye de m'en souvenir, mais elle ne revient pas. Je vois un homme au bord du chemin.
À voir sa tête, on dirait que ma réponse l'a surpris. Mais oui ! L'idée que j'ai oublié, c'est que j'avais faim, mais que je n'ai pas mangé. Et que pourtant, je n'ai plus faim.
Tant mieux, ça nous débarrassera du repas, cette perte de temps quotidienne.
Je continue, et entre dans la forêt. Le sentier semble continuer quasiment en ligne droite. Je fais quelques pas. Soudain, je remarque un fruit sur un arbre. Je le cueille, et croque dedans. Le goût
est excellent ! Je ferme les yeux pour mieux apprécier cette exquise saveur. Après 15 secondes, je les rouvris. Le fruit avait disparu de ma main. Le sentier avait disparu sous mes pieds.
L'entrée de la forêt avait disparu derrière moi. Soudain, au beau milieu des arbres, je vis surgir un poisson géant. Avec ses nageoires, il tentait tant bien que mal de prendre appui sur
les troncs d'arbres pour se propulser en avant. Il fuyait un requin gigantesque, qui le coursait, en avançant de la même façon. Sauf qu'il arrivait mieux à avancer que le poisson. Et moi, je suis là,
regardant la scène avec fascination, comme si elle se produisait dans un aquarium. Mais... Ils ne sont pas dans un aquarium... Ça veut dire qu'il faut que je m'enfuie ? Dans le doute, on va dire
que oui. Oups, le premier pas que je viens de faire a fait craquer une branche. Le requin laisse sa proie pour me fixer, avec ses yeux. J'essaye de m’enfuir en courant, et... Ah !!! J'ai à peine fait deux pas que sa grande gueule est déjà en face de moi. D'un coup, il m'engloutit tout entier.
Il me prend le bras. Il m’entraîne vers la porte. Que veut-il donc me faire faire ? Il ouvre la porte, et... Ahhh ! Il m'a poussé hors de chez lui ! J'entame alors une chute dans le vide. Une chute dans le vide absolu. Je cherche désespérément quelques branches où m'accrocher. Il n'y en a pas. Et, mais
je vois un petit parallélépipède rectangle qui se rapproche. De plus en plus. Je suis près de lui maintenant. J' entre dedans. C'est une cheminée, et... Aïe !! Je me suis éclaté contre le sol de cette maison.
Je ne réponds pas. Je suis trop obnubilé par le fait que je ne ressens aucune douleur. Tiens, d'ailleurs, comment se fait-il que je sois de retour dans cette maison ? Si j'avais su que mes vacances comprendraient un saut en chute libre, je n'y aurais pas cru.
Après cela, je me relève.
Il ouvre la porte. Je sors. Ayant fermé mes yeux par réflexe, je les rouvris, constatant que je ne tombais pas dans le vide. Oh, me revoilà dans le village ! Qu'est-ce que c'est dingue !
Comment se fait-il que je me retrouve ici ? Je n'en reviens pas ! Ce monde est fantastique ! Ah, mais j'ai oublié ma veste chez... Je ne sais plus son nom... Je suis sûr qu'il me l'a dit...
Bon, peu importe. Je vais retourner la chercher.
J'ouvre la porte. Je me retrouve dans un endroit sans âme qui vive. Un endroit désertique. Non, ce n'est pas le mot... C'est un endroit volcanique. Un peu effrayant, mais l'inconnu est excitant !
Oh non ! Une Voix-off ! Elle me parle ! Ça ne peut être un auteur descriptif, il n'y a personne ici ! Vite, il faut que je rouvre la porte pour m’enfuir !
C'est dingue, j'ai l'impression d'avoir déjà entendu cela.
Et tout-à-coup, je ne vis rien. En fait, j'entendis, plutôt. La Voix est en train d'agoniser en poussant d'horribles cris. Je regarde quelques instants le poney, qui maintenant veut dire
"licorne" je vous rappelle. Je m’aperçois qu'il n'a pas bougé depuis qu'il est apparu.
...
...
Vu le chemin que l'on emprunte, je peux être sûr, presque avec certitude, que l'on se dirige vers le village abandonné peuplé. Ce lieu est une curiosité bluffante. Personne n'y habite, mais
la multitude de personnes qui le peuplent lui permettent d'avoir l'air normal, en l'entretenant.
Quelle demande étrange du maître ! Ce mage, puissant à l'époque, est désormais un vieillard un peu maboule. Il ne fait plus que quelques prédictions de devin, dont personne ne sait si elles sont
vraies, tellement elles sont...
On entre dans le village. Une femme qui n'est pas là est en train de passer le balai devant chez elle. Un homme qui n'est pas ici repeint la mairie.
Et un professeur qui est ailleurs est en train d'enseigner à ses élèves absents. Ce spectacle m'étonnera toujours, et est difficilement conceptualisable par quelqu'un qui ne l'a jamais vu.
Nous nous avançons vers la maison du mage. Je me suis toujours posé deux questions à son propos. Est-il absent de ce lieu comme les autres ? Et est-ce lui le responsable de la spécificité de
ce village ? Ah, nous voilà devant le mur !
...
...
Je suis le poney. Ne croyez pas que je veux dire que je suis le poney, non, je veux juste dire que je le suis. Étant perdu et seul au milieu de volcans, je ne pouvais qu'accepter sa proposition de rester quelques temps chez son peuple.
On arriva près d'une colline. On entra à l'intérieur. Pas par une porte qui mènerait à une galerie, creusée dans la roche. Non. On est juste entré dans la colline. Le poney me laissa dans
une chambre pour que j'y passe la nuit, et me promit qu'il me présenterait aux autres le lendemain. Ah, le lit, bien qu'il soit de forme octogonale, est parfaitement confortable.
Allongé, fermant les yeux, je me remémore les derniers événements marquants. Le poisson, le requin, le grand saut, l'individu, ... Est-ce que ces vacances me plaisent ? Oui !
...
Ahh ! Je crois que je viens de passer une bonne nuit. Un poney me guette, sur le pas de la porte. Il me fait signe de l'accompagner. Je le suis (mais je ne suis pas lui). Il me montra une place à
table. Bien que je ne ressente plus d'appétit, je décide de consentir à prendre un petit-déjeuner, par politesse. Un poney vient, et m'apporte des céréales. Un autre, du lait. Un autre, des
tartines. Un autre, des trucs à tartiner. Puis ils s'en allèrent. Allez, je me lance, je vais prendre un peu de céréales. Je les fais glisser vers ma bouche, et je les avale. Oh, quelle
surprise ! Ces céréales ont traversé mon corps, et se sont retrouvées par terre. Par simple curiosité, j'essaye de faire de même avec le lait. Même résultat. Une grosse flaque de lait sur le sol.
Le poney me conduit à travers plusieurs couloirs. J'ai du mal à le garder dans mon champ de vision, les poneys à quatre pattes prenant beaucoup de place dans les couloirs. Mais à quoi peut bien
ressembler l'assemblée ?
Un nombre incalculable de poneys se trouve devant moi. Réunis dans une même salle. Le poney que j'ai rencontré hier est à côté de moi.
...
...
Je regarde mon frère allongé sur son lit d'hôpital. Il n'a toujours pas repris conscience. Il n'a toujours pas changé de position. Les médecins constatent toujours que tout va bien chez lui. Ils continuent toujours à s'arracher les cheveux en étudiant son cas. Un truc a changé. Il sourit. Cela, au fond, me rassure. Cela veut peut-être dire qu'il ne souffre pas. C'est le plus imp...
Oh non ! Moi qui était très bien tout seul, voilà que je vais devoir supporter la présence de ce PDG par intérim !
Je ne supporte pas ce type. C'est un opportuniste. J'en suis sûr. Il croit être obligé de venir ici pour légitimer sa prise de pouvoir dans l'entreprise.
Il me fixa de ses yeux grands ouverts pendant plusieurs secondes. Vu comme il a l'air sûr de lui, il ne doit pas concevoir la possibilité que l'on puisse lui tenir tête.
Je n'ai pas pu me retenir de lâcher cette phrase. Je vis monter en lui la colère. En d'autres lieux, il m'aurait surement crié dessus une réplique presque culte, mais il doit surement
vouloir se modérer en présence du corps de mon frère.
C'est surement la phrase de trop pour lui. Je le vois devenir furax. Il me prend par l'épaule, colle sa bouche à mon oreille, et me chuchote :
— Écoutez-moi bien. Il n'est pas question qu'un merdeux comme votre frère qui s'est presque noyé dans ses toilettes, et qui est dans le coma pour aucune raison,
se mesure à moi pour le poste de PDG. C'est la loi du plus fort ! Vous devriez avoir honte de lui ! Il n'est qu'un fou ! Il a surement fait exprès de foutre sa putain de tête dans l'eau des chiottes ! Personne d'autre n'a réfléchi à la question : "Comment a-t-il fait pour avoir cet accident ?" Il est tout à fait conscient, et il était dans une position tout à fait stable quand on l'a trouvé, selon vos dires ! Réfléchissez-y, Tom !
Maintenant que son discours est fini, il me lâche l'épaule, et sort de la pièce, d'un pas rapide. J'en étais sûr : c'est bien un enfoiré.
...
...
C'est la panique générale dans la colline des poneys. Je n'arrive pas à savoir de quoi il s'agit.
Une attaque ? Cool, il fallait quand même que j'en voie une pendant mes vacances !
Tout le monde se positionna. Mais pas face à l'ennemi. C'est bizarre, ils se sont figés dans la colline, et... Oh, la colline a disparu, tout à coup !
Comment décrire ce que je vois en face de moi ? C'est difficile. Je n'arrive pas à savoir s'ils sont minuscules ou géants. J'ai l'impression qu'ils sont les deux à la fois !
Allez... Je vais suivre ce conseil, et ce mouvement de foule. Mais quand même, des nains géants... C'est grandiose. Cela me rappelle un peu le principe de
superposition quantique, l'une des seules choses qui m'ait réellement fasciné dans le monde réel. Et ils marchent sur le ciel, aussi, même si ce n'est pas ça le plus surprenant.
Tiens, ici, il y a un petit abri. Allons-y.
Un peu craintif, je jette un regard en l'air. Un nain géant est en train de profiter de sa position aérienne pour décrocher les étoiles du ciel, et nous les jeter dessus !
Je décide de quitter l'abri, pour mieux voir ce spectacle.
L'éclat de cette étoile qui s'abat sur nos têtes, et qui de plus en plus s'approche de nous est une chose divine.
Ahh !! Qu'est-ce que... Un poney m'a foncé dessus, et m’entraîne à l'écart de la bataille.
Je lâche le poney, et je saute dans le vide.
Ah, voilà, ça c'est du bel atterrissage. Brutal, mais qui ne casse rien ! Après avoir repris mes esprits pendant 10 secondes, je décide de mettre au point une tactique. Je n'en trouve pas.
Tant pis, on va y aller au hasard. Ils arrachent des étoiles pour nous les lancer ? Et bien moi, je vais arracher... euh... des fleurs ! Oui ! J'arrache la tulipe. Je la lance. Mouais.
C'est nul. Je retente. J'arrache un pissenlit. Je le lance. Mais au moment de le lancer, je pense en moi-même :
« Cette fleur est un boulet de canon. »
Elle alla haut dans le ciel, et arracha
un bras au nain géant. Je prends un tournesol (c'est dingue, le nombre d'espèces de fleurs différentes qu'il y a ici !), et je le lance en pensant :
« Cette fleur est un missile. »
Ce tournesol vola haut, et arracha une jambe au même nain. Puis je pris un coquelicot. Pour celui-ci, je pense :
« Cette fleur est un missile anti-aérien ! »
La fleur monte, monte, monte très haut. Elle fait exploser le même nain au premier contact, ainsi que deux de ses camarades, derrière lui.
...
...
...
...
Une multitude de fleurs, qui dans ma pensée sont des missiles anti-aériens, sont tirées par les poney. Toutes les premières lignes des géants nains furent décimées.
Dire que les poneys étaient éparpillés, attendant leur mort. Il a fallu que je cueille moi-même le plus grand nombre possible de fleurs, que je persuade des poneys égarés
de se réunir à nouveau, et cela tout seul.
Des lignes entières tombèrent à nouveau. On a encore assez de fleurs pour tirer une fois. J'espère que ça suffira.
Une étoile, sans prévenir s'écrase devant nous. Plusieurs poneys reçoivent des éclats d'étoile, et tombent à terre. Mais pas question d'abandonner.
Un nombre innombrable de nains géants tomba ce coup-ci. Mais il en reste quelques-uns. Non, ce n'est pas ça. Il n'en reste qu'un. Il n'a pas l'air de vouloir abandonner. Il cherche désespérément une étoile... Et il en a vu une ! Si on ne trouve pas des munitions rapidement, il nous tuera un par un.
Et bien voilà qu'ils me considèrent comme leur chef. Il ne faut pas les décevoir. Alors, qu'avons nous ? Ah, on a un canon.
Un poney, au milieu de l'armée, s'avance. Il entre dans le canon.
Zut, le géant a eu le temps de prendre l'étoile ! Il l'a dans ses mains, et est prêt à nous la jeter dessus !
Le poney part, très haut. Je lève les yeux au ciel : le nain géant a eu le temps de lancer l'étoile.
L'étoile fracasse le sol dans un vacarme terrible. Ahh, un éclat est rentré dans ma jambe ! Mais... Il en est ressorti... Sans laisser de blessure sur ma jambe ! Je regarde l'état du champ de bataille. Plusieurs centaines de poneys sont blessés. Certains sont mourants. Je crois qu'ils existent, maintenant. Je lève les yeux au ciel : Le nain géant agonise. Il me regarde avec des yeux pleins de colère. Puisant dans ce qui lui reste de force, il forme une boule. Une boule de vent. Et, mais... Il la jette sur moi !
...
...
...
...
Dans quel lieu est-ce que je me trouve encore ? Bon, il ne faut pas se plaindre, c'est cool. Je viens de gagner une bataille, alors autant découvrir d'autres endroits, qui risquent de m'impressionner autant. Mais quand même... Elle devait être puissante sa boule de vent, pour m'emporter aussi loin. Bon aller, on va dire que j'ouvre les yeux.
Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Des hu... des briques empilées, partout ! Et moi, empilé au milieu d'eux ! Ils ne bougent pas, et ont l'air inertes. Je me lève, et décide d'aller voir. En me faisant discret. Ce serait mieux si je ne me faisais pas repéré. Oh ! Des pierres vivantes qui construisent leurs maisons avec des briques. Enfin, je veux dire des hum... Zut, j'arrive pas à le dire.
J'arrive devant le chef des pierres. Il me dévisage avec ses... Ah ben non, il n'a pas d'yeux...
Mon aventure s'arrête donc ici. Je vais mourir. Je reste cependant persuadé que tout cela valait le coup. Ici, je ne me suis pas ennuyé une seconde. Je pars sans regret.
En entendant cela, ils sursautèrent. Je vois la crainte monter en eux. Leur assurance s'est envolée d'un seul coup.
Le bourreau s'avance d'un pas rapide, prépare sa hache, et l'enfonce dans mon crâne.
Une météorite s'abat d'un seul coup sur la pierre qui venait de prononcer cette phrase.
...
...
Le voilà ! Le mètre de ce monde. Il porte bien son nom, vu qu'il est un mètre à ruban. Je suppose qu'il me regarde.
Ah ! Un tronc tombé du ciel à une vitesse incroyable me cloue au sol. Mmh... Impossible de me relever. Une épée apparaît devant le mètre. Son ruban entoure l'épée, et d'un geste, il la fait se diriger vers ma tête. Sans réfléchir, je décide de disparaître.
Je réapparaîs 50 mètres plus loin. Je crois que j'ai compris le truc. Nous avons chacun une volonté trop forte pour être touché directement par les décisions de l'autre. Il faut donc modifier l'environnement autour de nous, et battre l'adversaire grâce à lui. Je fais donc apparaître une bombe géante à côté du mètre. Ce dernier plaça un mur surblindé autour de la bombe avant qu'elle n'explose.
Je vois. C'est un coriace ! Ce n'est pas pour rien qu'il est mètre du monde. Je crée deux enclumes géantes, et je les fais se déplacer pour écraser le mètre entre les deux. Et... Quoi, l'enclume se dirige vers moi ! Vite, il faut réagir ! Je crée, euh... un trampoline ! Je saute dessus, et cela me permet de faire un grand bond. L'enclume passe ainsi en dessous de moi.
Je me retourne. Ah, le salaud ! Il avait placé un aimant gigantesque juste derrière moi ! Il faut que je fasse attention aux contre-attaques. Je regarde le mètre. Il a profité du peu de temps que lui a donné sa contre-attaque pour mettre en place deux tours qui me tirent dessus avec des mitrailleuses automatiques. J'imagine un mec de Carglass devant moi. Désolé pour les impacts, mec. Puis j'imagine un miroir rebondissant tout autour des tours. Oui, j'ai de l'imagination ! Les tours se mettent donc à s'autodétruire, en étant touchées par leurs propres balles. Mais où est passé le ruban ? On voit qu'il est un professionnel de ce genre de combat.
Mais... Ah ! Une épée me traverse le corps ! Il est juste derrière moi, le salaud ! Cependant, à l'image de l'éclat d'étoile, cela ne semble pas me causer de blessure.
Je me retourne. Il a disparu ! Il réapparaît 50 mètres plus loin. Il crée des pics ultras pointus dans la zone où je suis. J'esquive avec chance les pics qui s'élèvent autour de moi. Je crée une épée tranchante, et je tranche un pic, que je lance sur le mètre. Le mètre cesse ses pics pour créer une colline devant lui, dans laquelle le pic se plante.
Je me téléporte derrière la colline. Je me retrouve juste en face du mètre. Comment un objet si minuscule peut-il avoir tant de pouvoirs ? Je prends mon épée pour la planter sur lui. Elle est à 10 cm de lui. Elle le frôle. Je vais le transperc... Ah ! Voilà que je tombe dans un trou ! Je regarde sous mes pieds. Le salaud ! Il a créé un trou infini sous mes pieds ! Et je vois au-dessus de moi le vide qui commence à redevenir du sol.
Je me trouve derrière lui. Ça a été dur de sortir de là. J'ai déjà dû créer un hoverboard pour cesser ma chute. Ensuite, vu que le sol s'était reformé au-dessus de moi, et était soumis fortement au mètre, j'ai dû trouver un moyen pour sortir de là. J'ai créé un taupe gigantesque pour faire des galeries dans le sol. J'ai ensuite emprunté ces galeries pour remonter. Arrivé au-dessus, j'ai utilisé le hoverboard pour me placer derrière le mètre, sans bruit. Voilà toute l'histoire. Je prends mon épée pour le transpercer, mais il bouge au dernier moment, ce qui fait que je ne coupe que du ruban. Je vais lui mettre un deuxième coup, et... il a disparu... Je regarde le ruban coupé. Il mesure 50 cm.
...
...
Mon disciple fut interrompu par un bruit de chute. Il s'agit de trois de mes disciples, qui travaillaient dans la même pièce que moi, qui sont tombés à terre, en même temps. Ils sont désormais inertes. Je me tourne vers celui qui m'appelait. Il est à genoux, le regard vide.
Il tombe à terre en le disant. Il se retrouve pétrifié, sans souffle de vie. Bizarre... On dirait un objet. Quatre de mes disciples morts d'un coup, c'est un coup dur pour moi. Cela risque de mettre en péril la mission que je me suis fixé : Ramener les êtres du monde réel égarés ici dans leur monde. Cette mission n'est pas de tout repos. Il faut reconnaître les hum... les briques du monde réel, éparpillés au milieu des êtres illusoires que sont les briques de ce monde. Ah... Ah !!! J'ai l'impression étrange d'être affecté par une partie du maléfice. Bon, où en étais-je... Ah oui ! Après, il faut encore convaincre ces briques de nous suivre. Certains croient à un piège, ou sont proches de la folie. Ensuite, il faut les faire remonter par le portail qui les a amené. Souvent, celui-ci est dans le ciel. Les licor... Les licor... Les poneys domestiqués, à qui l'on a accordé l'existence, se chargent de les ramener dans ce portail, en volant. Cette mission est cruciale : Rester trop longtemps dans ce monde nous transforme peu à peu. On abandonne une part de notre réalité de plus en plus grande, au fur et à mesure du temps. Au bout d'un moment, cela devient irrévocable. On est obligé de les tuer, pour ne pas contaminer davantage ce monde... Ou pire, le monde réel. Pour les autres, le retour au monde réel efface la plupart des symptômes. Et, leur expérience étant pour la quasi-totalité négative, ils se gardent bien de retourner dans ce monde, ou d'y envoyer d'autres personnes.
Mais cette mission demande de prendre toutes les précautions nécessaires. Il faut que l'on passe au moins la moitié de notre temps dans le monde réel, pour être sûr de garder des séquelles minimes. C'est pour cela que j'ai besoin de mon équipe : il faut que l'on se relaye ! Ce projet a été fondé avec un ami, avec lequel j'étais coincé ici, mais avec qui j'ai aussi trouvé comment sortir, par hasard. En ce moment, son équipe est dans le monde réel. Et moi, mon équipe est morte. Cela me rend triste, non seulement à cause de la mission, mais aussi à cause de l'amitié que j'ai pour eux. La plupart sont des gens que l'on a sauvé, et se sont rendus compte par eux-mêmes de l'importance de notre combat. Ils m'appelaient maître, mais je n'en étais pas vraiment un. Au départ, ils m'appelaient comme ça pour se moquer de mon statut de chef, mais par la suite, c'est devenu mon surnom.
Que faire maintenant ? Retourner dans le monde réel ? Je ne vois que cette solution... A moins que... Le membre de mon équipe qui est mort à mes pieds semblait porteur, par son entrain, d'une nouvelle cruciale. Il a dit que c'était... un truc... Ah, je ne sais plus quoi... Il a dit que c'est vers Forêt-sur-C... Sur quoi, déjà ? Je ne sais plus non plus. Merde !! Putain !! Ah, mais j'y pense ! Il n'y a qu'un seul lieu qui porte ce nom ! C'est Forêt-sur-Coline ! Un lieu que l'on a nommé ainsi, car l'on y trouve que de la forêt et des... Enfin, je pense que vous avez deviné.
C'est décidé, je me rends là-bas ! Si cela a une importance cruciale, et que j'y vais à temps, il ne sera pas mort pour rien. C'est ce qu'il voudrait que je fasse. C'est peut être même là-bas qu'a été commis le maléfice.
Mais une pensée m'obsède. Est-ce là l'œuvre de l'élu de la prophétie ? C'est possible, et si c'est le cas, il faut quelqu'un pour l'arrêter. Vite, il faut que je me mette en
route. Quoique... L'urgence de la situation peut peut-être justifier un recours à la téléportation. Je m'interdis habituellement de la pratiquer. D'une part, pour ne pas donner de mauvaises idées à mes disciples, d'autre part pour ne pas m'habituer à une pratique irréelle. Cela risquerait, si j'en abuse, de m'ôter une grande part de ma réalité. Mais cette fois fera exception à la règle.
J’atterris à l'entrée de ce lieu, dit Forêt-sur-Coline. Ce lieu n'a pas changé, depuis la dernière fois.
Ahh ! Je suis foutu ! Cet individu va me tuer à petit feu. Je ne connais pas de parade. Sauf une. Mais... Non, je ne dois pas l'utiliser !
Ah ! Cette douleur est insupportable ! Terrible ! Je crois que... je vais... Non... N'utilise pas cette solution ! L'autre fois, ça a mal tourné ! Mais... Ma survie est peut-être nécessaire, avec tous ces événements. Faut-il que je l'utilise ? Je me concentre pour le créer. Ah !!!! Cette torture est insupportable ! Je regarde : mon sang coule à flot de mes blessures ! Concentre-toi : Crée-le !
Voilà ! Je l'ai crée ! L'aspirateur d'esprit ! Il a aspiré cet individu d'un seul coup ! C'est là que les difficultés vont commencer ! Il faut impérativement que je ne laisse pas cette nouvelle créature vagabonder dans la nature. Cela m'est déjà arrivé, et a engendré de graves conséquences. On n'a pas réussi à compter son nombre de victimes, et on a mis des mois pour le retrouver et le vaincre. La tâche sera dure. Je suis désormais infirme des deux pieds, et vais tout de même devoir me battre.
L'aspirateur se braque sur moi. Je crée un cône de déviation autour de moi. Son onde d'aspiration fut donc déviée. Il faut à tout pris que je n'abuse pas de ce don de création, pour préserver ma réalité. Je dois le battre le plus vite possible.
L'aspirateur semble avoir compris ma technique. Il entre dans le cône de protection, en me fixant. Je crée devant moi, par réflexe, un éléphant. Cela l'occupera quelques instants. Je crée une boule de feu, et des éclairs, et je lui envoie tous ça dessus. Non ! Cela est dévié par le cône de protection. L'aspirateur me fixe, et commence à aspirer mon AHHHHHHH !
Ah, ça fait du bien quand ça s'arrête ! Je regarde l'aspirateur : il est complètement déglingué ! Sur sa carcasse se trouvent un tas de fleurs.
Et voilà ! J'ai parfaitement récité le discours aux poneys. Ce discours, que j'ai mis beaucoup de temps à mettre au point, est un condensé de contradiction qui retourne l'esprit de ces créatures. Il faut réussir à les convaincre du non-sens de l’inexistence, pour que leurs yeux s'ouvrent. Et cela n'est pas simple, quand on ne sait pas s'y prendre.
Comment ! Repousser ces monstres avec des fleurs ! C'est absurde ! Et si c'était lui ? L'élu, qui doit ramener l'absurdité dans ce monde ?
...
...
Le poney atterrit vers un village. Horreur : Il y a plein de maisons... fabriquées en hum... en hum... en brique !! C'est ignoble ! C'est surement près d'ici qu'a eu lieu cette horreur contre mon espèce ! Mais ce village semble désert. Il n'y a du bruit que dans cette direction, là-bas. Ne pouvant marcher, je m'y rends à dos de poney. Je me rapproche. Ahhhhhh! Ce sont des pierres vivantes ! Ahhhhh! Elles m'ont entendu venir. Elles se tournent vers moi.
Oula, face à tant de pierres, je n'aurais aucune chance. Je tente une menace, un peu au pif :
Bizarrement, ils semblèrent terrorisés suite à ma menace. Je tente donc d'en savoir un peu plus.
Le poney me regarde, et dit :
Je vois. Le mètre du monde a beau être despotique, il ne nous a jamais causé de gêne dans nos missions. En plus, s'il s'en prend à cet enfoiré d'élu de l'absurdité, il mérite tout notre respect. Je hais cet élu !
Je hais ce mètre du monde ! Il a châtié tout un peuple à cause d'un seul être qu'il n'aimait pas ! C'est lui, le responsable de la mort de mes coéquipiers ! Et cette brique dont parle les poneys mérite notre admiration pour oser s'élever contre l'injustice. Je vais aller l'aider de ce pas.
Je m'avance un peu. Ce spectacle est époustouflant. Le mètre du monde est en train de se mesurer à... à... Mais je l'ai déjà vu, lui ! C'est la brique que j'avais vu se diriger vers la forêt. Il m'avait tout de suite intrigué. Je lui avais demandé si tout allait bien, il m'avait répondu "Oui, tout va on ne peut plus bien". J'en avais conclu qu'il n'était pas du monde réel, car un être du monde réel ne peut se sentir bien dans ce monde. Du moins, je n'en ai pas encore vu dont c'est le cas.
En tout cas, ce combat est époustouflant ! La brique vole dans le ciel sur un hoverboard. Il est en train de bombarder le mètre avec des nuages. Celui-ci se défend tant bien que mal en inversant le ciel et le sol. La brique s'envole haut, haut, haut... jusqu'à ce que cela reboucle sur le bas. Il fait trébucher le mètre, à terre. Il est au-dessus de lui. Il peut l'achever. Mais... mais que vois-je ! Le mètre, dans son dos, cache un moustique. Il a surement enfermé en lui le symptôme de dislocation d'esprit ! L'ancien pouvoir en place l'avait utilisé sous mes yeux pendant que j'étais bloqué dans ce monde, avant que le mètre ne prenne leur place. Le moustique s'envole ! Vite ! Je provoque une explosion insecticide ! Les deux adversaires se font projeter en arrière, de par sa puissance.
Je fais courir le poney qui me porte vers le mètre. Je provoque une réduction des longueurs dans son périmètre. Il devient minuscule. Il ne fera plus de mal à perso... Aïe ! Ouille ! C'était une mauvaise idée ! Il est devenu si petit que je ne peux plus le voir, et donc, je ne peux plus esquiver ses attaques ! Il me fait tomber à terre. Il se ragrandit, et entoure ma gorge de son ruban. Il esquive l'orage interne que lui a lancé la brique en m'utilisant comme paratonnerre. Je suis KO.
KO, je ne peux qu'assister en tant que spectateur à moitié conscient au combat. La brique est face au mètre. Elle ne bouge pas. Le mètre crée trois êtres qui lui sont semblables. L'un s'empare d'une cheville de la brique, un autre d'un bras, un autre de son cou. La brique ne bouge pas.
Il crée des pics volants qui se plantent un à un dans son corps.
Le voyant faiblir, il utilise un pouvoir directement sur lui. Il le disloque entièrement. La tête part d'un côté, le bras d'un autre, et de même pour le reste.
Alors que le mètre était en train de s'avancer vers lui pour lui mettre un coup d'épée dans la tête, un grand mouvement venu de toutes les directions se jette sur le mètre, et le fait disparaître dans un grand éclat lumineux. Le corps de la brique se reforme à l'endroit où le mètre a péri.
...
...
Nous sommes chez moi. La brique qui a battu le mètre est venu chercher mon corps à la fin de la bataille, et je lui ai demandé de me ramener chez moi. Une fois arrivés, il décida de me guérir.
Ah... Il est coriace. Il va falloir que je fasse monter en lui la peur, pour qu'il accepte de partir de ce monde. Pfff, c'est difficile d'expliquer la notion d'existence dans ce monde, qui est pleine d’ambiguïté.
Hein ! Euh... Il vient de dire qu'il est en vacances ? Il aime ce monde autant que ça ! Bon, je crois que je vais devoir lui faire une concession. Mais je dois le préparer pour qu'il l’accepte.
J'ai réussi ! On sort tous les deux. Je vais chercher un poney. Je le fais monter sur son dos.
Pétule ! C'est le nom de la copine d'un de mes anciens coéquipiers ! Il était tombé amoureux d'une femme d'ici, et refusait de rentrer. Son inséparable copain a voulu rester avec lui. Ils ont donc peu à peu sombré dans la folie et l'absurdité. Ils se sont mis à vagabonder dans un coin, que je ne fréquente guère, mais dont je connais la localisation. Je sais qu'ils avaient parfois quelques moments de lucidité, comme si leurs esprits essayaient de se rebeller, de reprendre leur place. Mais cela était souvent de courte durée. Notre politique est normalement de tuer les briques qui ont ainsi sombré, pour ne pas rendre ce monde encore plus absurde. Mais eux, je n'ai pas osé les tuer.
D'ailleurs, même si je ne l'ai jamais dit à personne, je pense que ce monde n'est pas absurde. Du moins pas à 100%. Il est un mélange d'absurdités et de réalité. Voir, entendre, parler... Tout cela n'est pas absurde. Heureusement d'ailleurs, sinon, ceux qui viendraient ici ne pourraient en ressortir indemnes psychologiquement. Ils ne pourraient peut-être même pas ressortir tout court. C'est pour cela que la prophétie m'a vraiment inquiété. "Voici l'élu qui arrive. Il vient pour faire revenir l'absurdité dans ce monde". C'est pour cela qu'il est crucial que je fasse sortir cette brique d'ici. Son attachement à ce monde me ferait presque croire qu'il est l'élu.
Je susurre à l'oreille du poney le lieu où il doit se rendre. Et je lui dis aussi :
Je regarde la brique. Il semble être en train de réfléchir.
Je fais signe au poney de s'envoler. Discrètement, je crée une ceinture invisible incassable qui passe autour de son corps et de celui du poney, pour éviter qu'il ne tombe, ou qu'il ne saute de lui-même. Bon, il faut que je les suive de loin : J'ai beau lui avoir promis qu'il pourrait revenir, ce serait trop dangereux. C'était malheureusement le seul moyen de le convaincre. Je vais essayer d'être le plus tôt possible sur place, pour détruire ce portail dès qu'il sera entré dedans.
...
...
Je réfléchis à ce qu'il vient de se passer. Il m'a convaincu de quitter ce monde. Je ne pensais pas que j'aurais été capable d'accepter. Je pense même que je n'aurais pas accepter s'il n'avait pas parlé de vacances. Je me remémore soudain ce que m'a dit la pierre : "Les vacances sont finies". Je croie que la possibilité que tout finisse un jour, comme il l'a dit, m'a terrifié. J'aurais presque accepté n'importe quoi, dans la panique. Mais à bien y réfléchir, je n'ai pas envie de rester trois mois dans le monde réel. Franchement, je préfère encore vivre deux fois moins longtemps en restant ici. Au moins, ma vie sera passionnante !
Voilà, je vais passer de l'autre côté. Je vais retrouver ma vie chiante, des gens trop sérieux, et mon travail. Non ! Je ne veux pas retourner au travail ! Pas après ces vacances ! Non ! Il... Il faut que je reste !
Il ne dit rien.
Non !! Je ne veux pas y aller. Pitié ! Je... Je vais sauter ! Mais... Ahhhh ! Je ne peux pas ! Bordel de merde ! Apeuré, je regarde en face de moi. On est juste devant le portail.
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...
Ce vice-PDG est un salaud ! Une ordure ! Un moins que rien ! Non mais vous avez vu comment qu'il a parlé de mon frère ! C'est intolérable ! Le problème, c'est que je n'arrive pas à oublier ce qu'il m'a dit. "Comment a-t-il fait pour avoir cet accident ?". Il ose parler ainsi d'un homme qui est dans un tel état ! Le respect est une notion qui se perd, chez certains ! "Vous devriez avoir honte de lui !". "Il a surement fait exprès de foutre sa putain de tête dans l'eau des chiottes !". "Réfléchissez-y, Tom !". Ahhh ! J'ai beau me dire que ce sont des conneries, son avis me ferait presque douter !
Je crois que... Je crois qu'il faut que j'aille vérifier. Que j'aille vers ces toilettes, lieu du drame. Je ne sais pas ce que cela va pouvoir m'apporter. J'espère y trouver un indice. Ou, en me rappelant de mes souvenirs, essayer de visualiser une chute qui aurait pu l’amener dans cette position. Je... Je dois pouvoir continuer à croire que ce connard de vice-PDG a tort, et que mon frère n'est pas un fou, comme il le prétend.
Après un trajet en voiture, j'arrive devant son appartement. Fort heureusement, je possède un double de ses clés. Il faut dire qu'il me faisait confiance ! J'avance, pas à pas, vers les toilettes. J'ouvre la porte. Je ne peux retenir une larme en les voyant. Mais maintenant, je me retrouve comme un con, ne sachant que faire.
Je me visualise la position dans laquelle je l'ai retrouvé. Ainsi que la peur qui m'a envahi à ce moment. J'ai bien cru que j'allais le perdre à jamais. Et même si certains pensent que son cas est sans espoir, je suis persuadé qu'il va s'en sortir.
Ma réflexion nostalgique fut interrompue par un léger bruit venant de la cuvette. Je m'avance. Il y a des petites vaguelettes qui se forment dans l'eau. C'est surprenant. Et si c'était cela que mon frère avait voulu regarder ? Je continue à regarder cette eau, en continuant à penser.
Mais... C'est... C'est mon frère qui... Je vois mon frère dans l'eau ! Il a l'air de se rapprocher de moi. Il est sur une espèce de licorne. Comment se... fait-il que je voie cela ? Je ne peux cependant pas ôter mon regard de son visage. Il est encore un peu flou. Je veux voir son visage. Ah ! Ça y est ! Je vois son visage ! Bizarre, on dirait qu'il reflète de la crainte.
Et... Mais... Qu'est-ce qui m'arrive ? Je vois un tunnel. J'entre dedans. Quelle étrange impression. Et... Oh, je viens de percuter mon frère, qui est sur le dos d'un pon... d'un pon... d'une licorne ! Je les déséquilibre, et les entraîne dans ma chute. Le sol se rapproche de plus en plus.
À suivre...
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