Jésus
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Personnage fantasque et controversé, au fond fabuleux détourneur d’attention au même titre que la question féminine ou les mendiants roumains dans la rue, talentueux meneur de foules comme d’autres se contentaient petitement avant lui de les fendre par le milieu, histrion populaire pour certains, mysticien dévoyé pour d’autres, craint par ceux qu’il ne respectait pas et crâne devant le reste, c’est à l’aune d’une légitime fascination que son œuvre falsificatrice nous conduit encore aujourd’hui à prononcer virilement son nom, dans une expiration torride au milieu entrecoupé d’une auguste et chaste bouffée d’espoir : mais qui était-donc Jésus ?
Je sais, on a déjà fait plus court pour poser la même question, et plus percutemment répertorié son écho par des mille ans de gavage, que par cette instigation claire et nette, hilare à la faveur d’une inspiration lumineuse et brûlante du désir de connaissance refoulé, qui nous anime aujourd’hui ; mais, quoi qu’il en soit et bien à notre érudit regret, là n’est pas celle qui nous amène. Croyez-le si vous voulez.
Aha ! C’est bien ce que je pensais.
A présent que les fâcheux et ennuyeux de tout poil sont partis, nous pourrons sans crainte nous livrer à nos penchants suprêmes.
C’est donc aux rites d’un important héritage qui nous nous attaquerons , aux ruts importés d’un hiératique croissant fertile comme on n’a plus guère l’espoir d’en voir à nos petits-déjeuners d’aujourd’hui tu sais pas ce que tu rates, aux racines ramifiées et rectilignement chapardées à travers les âges, de ce sourire perdu et retrouvé qui nous pousse à joyeusement entonner la tolérance du notre-pair à chaque anniversaire de tonton Jacques à l’hospice qui est raciste et malade mais va bientôt nous quitter avec son compte en banque, alors merde, ça vaut bien pour deux minutes sinon ça va tout aller aux cousins.
D’où, en somme et je m’en aperçois avec un émerveillement tout matinal, le caractère utile et pédagogique de notre sujet.
Aux sources d’un importun héritage
Soutirer ses larmes à un enfant, les armes au combattant, la Marne aux Allemands, bref réussir à réveiller dans son cœur le petit reste de courage alourdi sous la crasse irrémissible de bonté, de bavardage et de frivolité (alliés parfois à un amour inavoué de la choucroute) a toujours été un enjeu essentiel dans l’affaire humaine qui des monts et dévots a toujours su tirer joyeusement parti, les uns dans le domaine de l’alpinisme et de la méditation touristique de masse, les autres surtout à l’occasion complexe d’une séance d’entretien je-vous-fais-le-plein-avec-ça national à bas couteaux tirés.
Faites attention ! | |
L’auteur de cet article ne cherche pas à verser dans l’ethnophobie, mais il y a des fois où ça va bien quand même.
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Malgré tous nos efforts, on n’a pas eu l’occasion de retrouver celui au nom et par la grâce remarquablement partagée de qui ces luttes fraternelles par ses pairs étaient menées, à l’hyménée desquels il se retrouvait bien souvent sinon en présence du moins en esprit, et qui prêchant l’amour avec un acharnement tout verbal en des profondeur liturgiques sans souci aucun des quotas maritimes, dépréciait d’autant les prix du poisson qu’il semblait rendre honneur à la bonne cuisine.
Il est vrai que son exemple en intimida plus d'un, ce qui est fâcheux et dommage, car on en aurait parfois bien besoin aujourd’hui.
Mais la prolixité et la prodigalité ne sont-elles pas, ensemble, les caractères les plus remarquables de Celui auquel il serait alors vain d’en reprocher l’exercice, de la même manière qu’il serait oiseux de croire d’emblée à l’insincérité d’un gen riche simplement parce que son compte en banque est un peu plus prosélyte que la moyenne, tout comme à la mauvaiseté intrinsèque de l’emploi précaire, ou à la rigidité institutionnelle du corps professoral ?
Malgré cela, les réminiscences séculières de la présence de Celui-qui-nous intéresse-un-peu-trop-pour-qu’il-soit-honnête soutiennent encore aujourd’hui, par vagues marémotrices, d'étonnantes élévations de ferveur populaire avec une régularité toute marine.
Comme Lavoisier isolait les siens en affirmant l’illumination d’un « Tout se conserve » avec la foi suprahumaine du nouveau riche de cœur, nous affirmons, nous, haut et fort que l’affinité élective des uns au même titre que la finalité électorale des autres ne sauraient interférer individuellement en défaveur de l’opinion générale.
C’est pourquoi nous nous lancerons avec bonté et ardeur aux trousses ardues de cette ténébreuse légende des siècles. Et puis tant pis si on doit se faire fixer d’un drôle d’œil ensuite. Non c’est vrai à la fin.
La disparition
Si la comète de Halley ou les scandales du Canard émaillent par l’émiettement successif de leurs apparitions périodiques la déclivité bien trop rapide et saillante de nos vies écourtées pour se satisfaire d’un quotidien de plus en plus morne et dont l’apaisement reste encore abandonné à la discrétion des plus bruyants, aucune explication satisfaisante n’a à ce jour été émise pour expliquer l’absence prolongée du Seigneur qui n’ose plus se manifester-pour-tous ailleurs qu’à l’honneur de la surface intérieure et jaune de grille-pains confectionnés par les Chinois. De nombreuses hypothèses s’affrontent pour éclaircir les causes de cette disparition rocambolesque, avec plus ou moins de succès, il faut bien l’avouer, et l’honnêteté nous oblige à en faire une petite mention.
La transmutation élémentaire
En se reposant sur le modèle bien établi de la transsubstantiation qui détermine en une hostie le passage de la matière vivante à la matière inerte, et faisant un usage ingénieux de la loi de réciprocité qui imprègne jusqu’à nos actes les plus badins, il fut très tôt imaginé de parvenir à renverser le processus, le but avoué étant d’ensuite industrialiser les rendements. Obtenant ainsi et diffusant à grande échelle au moins deux Jésus couleur par personne et par foyer en prévoyant une échéance de quelques années grand maximum, et ce, littéralement pour le prix d’une bouchée de pain, cette entreprise osée se donnait simultanément plusieurs objectifs.
- Faire reculer la criminalité : quiconque se livrant avec délices aux coupables plaisirs du meurtre, de la chair ou de la tondeuse à gazon un dimanche après-midi devrait reconsidérer la perpétration de tels actes aux côtés d'un Jésus massif jugeant, judicieusement juché sur un petit présentoir en bois attenant au ladre et arborant une mine réprobatrice tout attristée, ainsi qu'une allure de déception en fonction de la gravité de l'infraction. Il était prévu, selon les organisateurs, de faire revenir le niveau de délit mondial à celui d'une crèche pas trop calme. Le mauvais côté de l'opération venait de la quantité invraisemblable de garde-crèches qu'il eût alors fallu recruter. Il fut proposé qu'une moitié de la population jouerait le rôle de garde-crèche jusqu'au coucher du soleil, puis que l'on intervertirait ensuite les rôles ; cependant la solution fut abandonnée quand on s'aperçut que plus personne ne serait alors disponible pour pratiquer des opérations à cœur ouvert ou encore la guerre, chacun préférant jouer dans l'herbe verte et drue, la joue fraîchement caressée par un rayon de soleil mutin, environné des clameurs de joie de ses petits camarades et du doux gargouillement familier d'un ruisseau d'eau pure. Après moult discussions, on se décida donc pour un niveau équivalent à celui d'un collège de banlieue un peu sale.
- Prêcher la bonne parole jusque dans les endroits les plus reculés, tels que l'étang de Walden, la Camargue ou les eaux de l'Atlantique nord.
- Demain, faire rouler tous les véhicules thermiques à l'aide de bioéthanol à faible coût[1].
- Ajouter un rendu plutôt festif aux photos de famille.
Si l’idée paraissait attrayante, restait à s’assurer de la faisabilité d’un tel plan.
Las, le rêve s’effondra en même temps que les illusions chutèrent : on prouva la chose impossible au cours d’une démonstration célèbre au cours de laquelle on s’évertua vainement à convaincre un Pape borné du bien-fondé d’une résurrection en règle selon les principes scientifiques. Devant l’incapacité patente des chimistes à changer l’aplomb en accord, le projet précipita aussitôt, au prix toutefois d’une légère controverse sur les proportions en silicate.
Le jeu de cache-cache
Longtemps ignoré, cette thèse tente de réconcilier les tenants de l’hypothèse de conservation et les partisans du mystère divin : le Christ se trouverait bien encore parmi nous, mais dissimulé parmi les hommes, ainsi qu’une éternelle partie de cache-cache qui ne devrait se terminer qu’à la Fin des Temps par la Révélation, lorsque l’archange Gabriel sonnerait de sa trompette tel un céleste arbitre et que Jésus se montrerait enfin aux hommes, hilare, heureux et bien content de sa bonne blague. La faiblesse de cette séduisante théorie réside avant tout dans son caractère infalsifiable, puisqu’il faudrait alors trouver le joueur avant terme, ce qui étant donné la nature plutôt susceptible de celui-ci rend l’entreprise aussi orgueilleuse que pleine de dangers.
Au cours de l’Histoire, des expéditions furent bien lancées sous des prétextes aussi fantasquement désespérés que l’exploration du pôle sud ou la prospection pétrolière en haute mer, mais il va sans dire que toutes ces folles entreprises se soldèrent toutes par de cuisants et retentissants échecs, et ce genre d'investigations, pour élégantes qu’elle soient, n’est désormais plus guère mis en avant par les gens sérieux
L’hypothèse du Christ cosmique
Cette spéculation-ci se passe de commentaires : il est évident à chacun qu’un Christ propulsé à haute vitesse dans l’espace intersidéral accumulerait rapidement une bien trop grande énergie pour que le conseil du Vatican puisse garantir sa stabilité sur le long terme.
Devant l’incapacité des thèses communément envisagées à expliquer par le menu les particularismes culinaires de celui de la dernière Cène, nous dûmes nous rendre à l’évidence : le temps était seul à blâmer pour cette débauche de déception oraculaire.
Mais, qu’en était-il de notre esprit d’analyse et d’investigation ?
Jésus : les débuts
Enfance
Après sa venue au monde sans grand intérêt dans un squat de punks à bœuf maghrébins qui se prenaient parfois des trips de dingue aux vapeurs de myrrhe, le petit Jésus vécut une vie tranquille et sans histoires jusqu’à sa naissance, qui survint, selon plusieurs source fiables, quelques années plus tard.
/!\ A ce stade, le lecteur attentif aura remarqué ce qu’un esprit non averti pourrait prendre pour une grossière incohérence : en effet, malgré la linéarité supposée de l’écoulement temporel et la dureté constatée du monde réel, jamais aucune mère ne vit son rejeton nourrir une nostalgie si grande pour son stade prénatal qu’il tentât d’en retrouver le chemin par le biais d’une fusion apoptique et anaérobie d’avec la viviparité avienne de la matrice originelle.
Cette confusion inexplicable pour les béotiens se résout toutefois avec des airs d’évidence débonnaire en considérant que Jésus étant de l’avis général quelque chose comme le Messie, le Sauveur, Un Chic Type, le Bon Payeur, Quelqu’un de Bien, il était après tout légitime et normal qu’il se montrât toujours en avance sur son temps, que celui-ci fût mondain ou biologique, à l’instar des grands de ce monde comme Archimède, Hugo,
Voltaire, Jean-Henri Fabre ou encore Mozart : l’opéra rock.
C’est vers l’âge supposé de 10 ans, alors que sa barbe commençait à boucler avec la précocité audacieuse et florissante du génie, qu’il quitta le domicile familial pour « prêcher au monde les vertus de la libre entreprise humaine ». Il emporta avec lui, en tout et pour tout, une planche en bois, une outre en peau de yorkshire et une volonté de fer.
Adolescence et maturité
Très vite, il est confronté à la sournoiserie du monde matériel et aux difficultés de la vie. A 15 ans, il se fait mordre par un chien aveugle et passe trois semaines à suturer la plaie avec des fils de laine qu’il dérobe sur les habits des passants. Ses projets échouent les uns après les autres et il perd son maigre capital. Il travaille un an dans une manufacture de tapis et revient aussitôt à l’attaque en faisant l’acquisition de quelques lapins, qu’il est rapidement forcé de vendre à perte. Après plusieurs associations qui tournent mal, il décide de monter sa propre entreprise en clouant et assemblant des boîtes en carton. Malgré des débuts pénibles, il parvient au bout de six mois à rentrer dans ses frais puis à dégager quelques profits, grâce à son bagout et son talent de bonimenteur. Dès lors, il s’enrichit prodigieusement et, par un coup de génie mâtiné d’audace, étend progressivement son activité à des secteurs divers, en décidant de clouer et d’assembler des boîtes en bois de taille croissante.
Fondements et bases de la doctrine
Le comportement de Jésus fut à la base de nombreuses spéculations concernant son message imaginé ou perçu. Ardent défenseur de la liberté humaine, il exigeait de chacun qu’il prît les responsabilités de ses propres actes. Ce qui ressort de certaines de ses paroles est que pour lui, l’Homme devant sa liberté à sa naissance, ce droit absolu lui était métaphoriquement confié par sa nature. Il lui fallait donc avant tout vouloir pour se définir et s’affirmer lui-même au fur et à mesure de ses décisions. Ici, l’ataraxie de l’ascète, si elle n’était plus érigée en idéal moral, recouvrait toutefois une dimension détournée en ce qu’elle représentait la libération des contingences, marquant ainsi le retour vers l’innocence originelle.
Mais si ce don, ainsi que Kierkegaard le soutiendra plus tard, consiste avant tout en un choix que l’Homme provoque, et qui pour ainsi dire répercute, sur son ego, la teneur spirituelle de son acte en même temps que les conséquences mécaniques de celui-ci, il n’en est pas moins obligé de trancher en permanence. Par conséquent, les décisions qu’il prend n’ont pas vocation à participer d’un système de création certes immanente à la vie, mais indifférente ou irréfléchie, comme l’exemple du non-déterminisme simple mais aveugle d’un antique : elles dérivent au contraire de la nécessité fondamentale, du choix binaire d’accepter ou de refuser le caractère sacré de l’existence – et, partant, de se positionner philosophiquement par rapport à la notion circulaire du péché (j’ai fauté parce que je suis un homme, je suis un homme parce que je peux fauter, etc.).
Il s’agit ainsi d’une véritable revendication de la capacité de l’Homme à racheter, à travers le sacrifice profondément consenti de son individu, les commodités de la vie dont il a été privé par le péché de sa naissance, lorsque ses parents se sont endettés à taux variable sur 15 ans pour se payer un nouvel appartement avec loft et cuisine sur la plage de Miami.
C’est en fait une véritable petite révolution, puisque chacun devient alors l’acheteur potentiel de sa propre sainteté. La mobilité et l’ascension spirituelle deviennent enfin possibles, et certains se mettent à en rêver comme d’un nouvel Eden.
Le temps des miracles
On ne saurait dans une biographie de Jésus faire l’impasse sur ce que certains considèrent comme le plus grand événement de tous les temps, après celui des cerises qui certes lui arrive tous les ans et qui n’en est donc, si l’on y réfléchit un peu mieux que la moyenne des naïfs, que plus intimement révélateur, plus légitimement méritoire et plus passionnément miraculeux, finalement.
Peu à peu, comme les affaires et les enseignements de Jésus commençaient à connaître un certain succès dans son entourage immédiat, il décida de partir prêcher la bonne parole dans des régions plus lointaines. Il confia son box-business à un de ses disciples, Pierre, fit son baluchon et quitta sa ville natale pour partir à la rencontre du vaste monde. C’est ainsi qu’il parvint à Jérusalem.
Jérusalem, donc.
Grand preneur de risques, il frôla plusieurs fois la catastrophe et s’accoquina d’autant avec les requins sans toutefois qu’aucun magistrat pût jamais assurer qu’il ait un jour nagé en eaux troubles.
Lorsque Jésus arriva à Jérusalem, il vit une femme s’avancer vers lui. Alors Jésus dit : qui est-tu et pourquoi as-tu l’air si désespéré? Je viens de Jérusalem, la ville sur laquelle la colère de Dieu s’abat depuis quarante-cinq jours, répondit la femme histoire de faire la conversation, sous la forme de la Famine et de la Sécheresse. Nous n’avons bientôt plus de blé et le poisson est rare. Alors Jésus se dit que cette femme était bien pitoyable, et il se mit à réfléchir à un moyen de lui venir en aide. Il dit : Femme, ton mari possède-t-il une barque qu’il utilise pour la pêche ? Oui, dit-elle. Jésus dit : va dire à tes voisins et à tes amis qu’un étranger rachète les barques pour soixante deniers.
Deux jours plus tard Jésus possédait la totalité des bateaux de pêche de la ville, mais cela ne suffisait pas encore pour son grand cœur, car il souffrait toujours de la détresse des hommes. C’est pourquoi il fit un discours touchant et plein de bon sens aux habitants du péché. Il était conscient que la vérité qu’il pressentait au fond de son cœur n’était pas encore prête à être livrée aux Hommes ; aussi il n’en dévoila qu’une partie, qu’il adapta à la manière primitive dont ils concevaient le monde.
La semaine d’après les pêcheurs qui avaient décidé d’être des winners avaient récolté plus de poisson que jamais, uniquement inspirés par les paroles bienveillantes de Jésus et par les chalutiers géants qu’il leur avait fait construire en heure sup non payées. « Hourra ! » disaient-ils. « Braves gens, vous ne devez ce succès qu’à vous-mêmes », répondait modestement Jésus, qui acceptait malgré tout les aumônes des fidèles.
Pour ne pas les vexer, il se paya un équipage avec des chevaux de toutes les couleurs du sable, et des esclaves nues qui lui jouaient de la harpe aux oreilles quand il était las.
Alors Jésus fit son palanquin, confia son fish-business à Daniel, un type qu’il avait sauvé de la clochardisation en le faisant travailler, et il partit à nouveau à la rencontre du monde, qui avait déjà perdu un peu de sa belle et sauvage vastitude depuis tout à l’heure, il est vrai. « La vie est belle », se dit-il toutefois, car Jésus était un idéaliste.
Commentaire mystérieux et interludique de la parabole signifiée au sein de l’allégorie
Il faut savoir que comme tous les gens importants, car c’était en plus un sacré baroudeur, Jésus vécut beaucoup loin de chez lui, en Apocryphe. Il fallait toutefois, comme souvent, que des gens courageux et savants en prissent la décision en même temps que le pied de la lettre dans l’intention de retranscrire avec fidélité et l’innocence naïve qui caractérisa si bien l’Humanité de la jeunesse la plus ignorante, mais toutefois étonnamment sagace, les passages les plus convaincants et les plus inspirants de son existence, bien qu’ils n’en comprissent pas toujours la portée, qui n’était souvent pas ce que la moitié droite d’un imbécile est à l’élégance d’un sot, vraisemblablement.
Enfin pas mieux que moi je suppose : car en effet et suivant ses enseignements, j’ai de l’humilité à revendre, ce qui m’autorise de fait à bien des interprétations et à bien des dédains envers tous ces ambitieux impétrants qui croient comprendre du premier coup ce qui en a nécessité au moins trois-en-un, et en plus de la part d’un concept ontologique fondamental qui donc, on est en droit de le supposer, savait assez bien ce qu’il faisait.
Pour ma part - et ce sera là la seule concession que je ferai contre la rigueur encyclopédique et le sérieux principe de neutralité alors profitez-en bien - je pense que rien ne se peut assimiler de fécond sans une bonne alimentation, et c’est pourquoi je me nourris quotidiennement des fruits divers et sarcastiquement rebondis de la crédulité des hommes confrontés à la plus pure évidence, mais qui aveuglément ignorent les avertissements du bon sens pour se replonger aussitôt, avec une satisfaction visible et malsaine, dans les viscosités putrescibles et Fichier:MacDonalds.jpg sordides de ce monde, qui en regorge brutalement et n’en manque pas, au même titre que de fourmis ou de reprises de Claude François.
Ceci étant donc mon avis précis, instructif et pétillant sur le sujet, ne le manquez pas, parce que vous ne pourrez pas le prendre en marche et on n’attendra pas les retardataires, tant pis pour ceux qui préfèrent flâner aux baleines et balayer aux corniches plutôt que de s’investir un tant soit peu dans la culture intellectuelle. N’oubliez pas non plus de composter, pensez à la planète et aux asticots.
Voilà, on peut reprendre, merci d’avoir suivi jusqu’ici.
Fin de l’interlude philosophique et méditatif, titoum doum doum
1.Jésus me dit alors : Marc, vois-tu ces collines au loin ? «Je les vois, Jésus. » dis-je.
2.Jésus dit : J’ai des projets, Marc.
3.Des putains de projets auxquels je veux t’associer parce que t’es le sacré type le plus burné parmi mes lopettes d’actionnaires.
4.Tiens, prends un cigare, me dit-il. T’as déjà vu des cigares comme ça ? Moi jamais. Cette ville est un paradis.
5.Jésus se tut alors, comme s’il craignait d’en avoir trop dit ; et voyant que je restais immobile et sans répondre, d’entre ses lèvres sortit comme le murmure d’une grande lassitude.
6.Qu’est-ce que t’as ? « Je ne comprends pas, Jésus . » dis-je. Tu devrais lâcher un peu tes bouquins, me répondit-il.
7.Et comme la nuit était tombée, il mit sa main sur mon épaule en soupirant, et me désigna du doigt un point dans le ciel.
8.L’étoile rouge est levée au loin sur les Hommes, Marc, dit-il, d’une voix que je trouvai au premier abord étrange, mais qui bientôt prit pour moi la douceur du miel. Voilà donc le sens de mes propos, qui pour toi se trouveront éclaircis : ne te laisse pas tromper par l’ingéniosité dédaigneuse de ses agréments, car bientôt le moment viendra où elle ne sera plus au ciel, mais à terre ; et à ce moment nous ne l’appellerons déjà plus Lumière, mais nous lui donnerons le nom de Luxure. Et elle sera nôtre, et tu pourras l’observer et la toucher, car je sais qu’au fond de toi tu en as le désir, et que tu n’en éprouves pas de crainte, car ce désir est pur comme la soie la plus pure.
9.Mes yeux s’illuminèrent alors de compréhension, et je me demandai comment en Jésus était entrée la connaissance de mes secrets projets d’astronomie, passion coupable à laquelle mon corps bourgeonnant d’adolescent commençait tout juste à s’éveiller, avant de me rappeler qu’il était justement le fils de Dieu.
10.J’ai le matériel, et j’ai les ouvriers, et j’ai les plans, reprit-il. Et, bon Dieu, tout cela bourdonne dans ma tête comme dans une chienne de ruche.
11.Tout ce dont j’ai besoin c’est d’un fonds de roulement. Cinquante mille, pas moins. En voilà une somme, pas vrai ?
12.Mais moi je crois que tu peux me fournir ça. Tu croix que tu peux ? « Oui Jésus, je le peux », répondis-je. Et je baisai Jésus aux mains et aux pieds pour le remercier de son enseignement, en toussant un peu à cause du cigare.
- ↑ Notons que cela n'aurait pas enrayé le phénomène de réflexion thermo-massif à rétroaction supra-positive moléculairement chauffant connu sous le nom d'effet de serre. On peut se poser les questions suivantes : un carburant produit par l’Éternel peut-il être considéré comme une ressource fossile ? La recyclabilité de Jésus permet-elle la refondation à l'infini de ses créations ? Pour fabriquer le vin, le miracle prélève-t-il des atomes de carbone directement dans l'atmosphère, auquel cas on peut envisager une utilisation détournée de la vinification hors-sol consistant en la sauvegarde d'une Humanité pas trop éloignée du Ciel malgré ses innombrables fautes ?
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