Mélancolie

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Hier soir dans le métro, j’étais tranquillement assis à lire un article passionnant sur le retour à la mode de la marinière dans les meetings du FN dans « Minute Madame » lorsque je surpris, bien involontairement, une conversation. Une mère et sa jeune fille de 7 ou 8 ans étaient assises en face de moi et la maman tint ce langage à sa chère tête blonde :

Thierry la Fronde ne s'appelait pas Plectrude, il s'appelait Thierry et heureusement pour lui parce que Plectrude la Fronde ça va pas bien avec les collants bleus.


- « Plectrude, arrête de rêvasser et remets-toi à lire ton livre ! »


Quoi ? Qu’ouïs-je ? Plectrude ? Mais c’est quoi ça comme nom ? MDR !

Ma première réaction fut de me dire que ce serait génial de faire un article dont le héros s’appellerait Plectrude. C’est trop con comme nom, Plectrude. Mais sur le chemin qui me menait à la maison, je me mis à réfléchir et à penser à tout ce que cette petite fille allait devoir endurer avec un prénom aussi tarte. Plectrude. C’est moche, c’est laid et en plus c’est très con comme prénom. Plectrude. Ca ne me faisait plus du tout rigoler tout d’un coup. Plectrude.

Un goût amer envahit ma bouche et je me sentis comme mal à l’aise. La pauvre gosse affublée du patronyme le plus ridicule de la création. Ça allait sûrement lui gâcher toute sa vie. Je me mis à avoir de l’empathie pour elle, presque de la pitié. Drôle de sentiment, je me sentais bizarre tout d’un coup. Plus du tout envie d’écrire un article sur la super ninja naine Plectrude contre Chuck Norris. J’aurais pu en écrire des conneries sur un sujet comme celui là : Plectrude à la tâche, Plectrude Mentchaude, Plectrude Lagare ! J’aurais pu mettre des photos de filles horribles avec comme légende : « Je suis Plectrude ! » Ah oui, on aurait pu en noircir des pages entières vu que rien que le prénom en lui-même est déjà une plaisanterie. Mais non ! Rien ne venait ! J’étais bloqué par une sorte de tristesse pour cette petite fille et toutes les horreurs qu’elle allait devoir subir à cause du goût plus que douteux de ses parents en termes de prénoms.

Ne comprenant pas bien ce qui m’arrivait : envie de rien, pas d’idées pour un article même avec un sujet en or, apathie… Je décidais de rentrer mes symptômes sur Google pour voir quelle pouvait bien être la maladie dont je souffrais. La réponse ne se fit pas attendre et le résultat tomba comme un couperet : je souffrais de mélancolie.

La mélancolie c’est quoi ?

J’appris en surfant sur Wikipédia, que la mélancolie avait été inventée au XIXième siècle par un certain Charles Baudelaire. Le nom m’était étrangement familier mais je n’arrivais pas à retrouver où je l’avais entendu. Puis tout d’un coup, surgissant du passé, cela me revint. Baudelaire, mais oui ! C’est un auteur que j’ai étudié à l’école. Comment ça s’appelle son livre déjà ? Ça parle d’un albatros qui mange des chats en enfer je crois. Enfin un truc comme ça. Et ça s’appelle ? Les Glaïeuls maudits ! Non. Les Roses mauvaises. Non plus. Les oiseaux se cachent pour mourir. Non c’est pas ça. Ah oui, les Fleurs du Mal ! C’est ça !

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Saviez-vous que...
Les Fleurs du Mal n'est pas un livre de botanique traitant des champignons vénéneux ?

En continuant ma lecture j’appris que Baudelaire avait crée la mélancolie, qui s’appelait à l’époque Spleen, pour faire plus érudit mais qui était en fait exactement la même chose, afin de pouvoir écrire des livres mélancoliques. Je cliquais sur un lien qui me renvoya à l’un des poèmes de l’auteur : l’Horloge.


Horloge ! dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi ! Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible ;


Ouh là là. Moi qui me faisais du souci parce que le prénom Plectrude m’avait donné le bourdon, je m’apercevais que mon cas était vraiment bénin comparé au sien. Le pauvre garçon voyait des horloges horribles qui le pointaient du doigt. Je comprends qu’il soit mort jeune.

Mais la lecture de ces quelques lignes ne fit qu’augmenter ma mélancolie. C’est vrai qu’à lire c’était beau mais qu’est-ce que c’était triste. Je cliquais sur plusieurs liens attenants et tout ce que je lu fut du même acabit. Cela ne m’aida pas beaucoup à me sentir mieux, bien au contraire.

Je poursuivis ma lecture pour apprendre que la mélancolie s’était démocratisée et avait été rendue accessible à chacun au XXième siècle par une chanteuse engagée du nom de Mylène Farmer. Là encore, même si son prénom n’est pas aussi déprimant que Plectrude, Mylène, ça reste quand même assez spleenant.

Mais malgré toutes les connaissances divertissantes apprises sur le sujet de la mélancolie, je ne pouvais toujours pas m’empêcher de repenser, tout au fond de mon esprit, à cette pauvre Plectrude et son nom pourri. J'avais de plus en plus envie de mettre ma tête dans le four.

La mélancolie : comment la soigner ?

Je consultais les différents remèdes à la mélancolie afin de trouver enfin ce qui pourrait me sortir de ma torpeur actuelle et me redonner la joie de vivre.


« Les ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) augmentent la concentration de sérotonine dans la synapse en empêchant sa recapture dans le neurone pré-synaptique (voir synapse). Cette classe d'antidépresseurs est récente. Le célèbre Prozac en fait partie. Ils sont de la sous catégorie des IMAO (Inhibiteurs des monoamine oxydases...




Je suis là moi.






Je ne vous permets pas de parler de la sorte de ma fille Monsieur !