Armistice
L’Armistice est une fête familiale française et laïque qui se célèbre le 11 novembre. Elle commémore la victoire des braves soldats français contre la racaille teutonne, les sales Boches qui voulurent mettre à bas la Patrie et récoltèrent pour leur peine une sévère déculottée.
Origine
L’origine de la fête de l’Armistice remonte au 11 novembre 1918, lorsque le Maréchal Philippe Pétain signe le traité de fin de guerre, mettant ainsi un terme à l’humiliation que la racaille allemande subit depuis quatre longues années. Il faut revenir un peu en arrière pour mieux comprendre le triste sort des sournois Fritz, et la raison qui les a amenés à déguerpir piteusement devant les troupes gauloises.
En 1914, les Schleus déclarent la guerre à la France par pure méchanceté, jaloux des belles petites femmes de Pigalle et envieux du nectar viticole qui abonde dans nos fiers Pays du bord de la Loire, le délicieux vin français qui réchauffe le corps et émoustille le cœur, à l’inverse de la fadasse pisse de chat tiède et qui fait dégueuler, que déverse la pathétique ville de Münich en automne, lorsque le fumier donne naissance au sinistre liseron que les Bavarois brassent péniblement de leurs petits bras goîtreux qui ressemblent à des zizis de vieillards.
Les deux instigateurs de la Première Guerre mondiale, le colonel Klink et le général Papa Schultz, souhaitent mettre la main sur notre mère patrie, mais, trop fourbes et trop mesquins, ils sont obligés de corrompre quelques Métèques et se faire aider par les cruels Macaronis à qui ils promettent la région provençale, riche en belles tomates juteuses, et par les Autrichiens, qui sont tellement bêtes qu’il n’existe même pas de surnom pour désigner cette race de mangeurs de choucroute crue. Ainsi supérieurs en nombre, les ennemis de la France déclarent les hostilités ouvertes en assassinant cruellement par un coup de canon dans le dos, le fier Maréchal Pétain. Mais, devrais-je dire, en croyant l’assassiner !
Car le coup de canon ricoche sur le dos du brave militaire, et le boulet s’en va détruire la ville de Kaiserslautern, célèbre pour ses femmes infidèles et ses maris violents. Si les Italiens, voyant alors l'invincibilité du héros français, mettent un terme à leurs attaques félonnes et rejoignent le camp des bons où une petite place leur est faite pas très loin des cabinets parce qu'il ne faut pas non plus être trop gentil avec ceux qui changent d'avis du jour au lendemain, il en va cependant autrement des Boches. La traîtrise allemande se déclare aussitôt insultée par la perte d'une ville, si méprisable soit-elle, et attaque la France par ces termes :
C’est la guerre ! Le peuple français, hardi et valeureux, se prête de bon cœur à la conscription ! Et avec quelle liesse ! Les braves petits gars français s’en vont, la fleur au fusil, bon pied bon œil, combattre les couards Boches, ces fieffés saligauds qui ne reculent devant aucune ruse pour abattre le moral hexagonal !
Et quels mensonges déploie l’hydre germanique ! En se faufilant parmi les pires feuilles de chou anarcho-bolchéviques, les fourbes prussiens font courir les pires calomnies : les balles allemandes ne sont pas inoffensives, les tranchées sont dangereuses, le gaz moutarde ça fait bobo au nez, que sais-je !
Heureusement, la Presse de l’État veille ! Les scandales sont relégués aux oubliettes, quand le Maréchal décide courageusement de fusiller tous les parvenus à la solde de la Prusse, tous les déserteurs sans couilles et les félons alcooliques de tous poils, amateurs de socialisme et voleurs de vieilles dames !
Courage les gars ! La guerre endurcit ! La Patrie a besoin de vous ! Courage ! Engagez-vous !
Devant le drapeau tricolore rugit fièrement le coq gaulois, qui durant quatre ans repoussera le flot d’invasions nauséabondes venant de toutes parts ! Boum ! Un obus français décapite un traître Boche ! Badam ! C’est le son du canon qui détruit le triste obusier berlinois ! Fiuuuu ! Voici le son des balles qui passent à côté des braves poilus, ces débrouillards courageux qui remportent toutes les batailles et font rêver les jolies filles ! Ha ha ha ! C’est le rire du sergent qui vient d’étriper un Boche à coups de baïonnette ! Kof kof ! C’est la toux du Boche tubard qui inhale les vapeurs lacrymogènes larguées par nos escadrons bleu-blanc-rouge ! Hardi les gaillards ! Vive la Patrie ! Du cran ! Vous allez vivre éternellement ! On finira par les avoir, surtout si les civils tiennent bon ! Allons-donc !
C’est ainsi durant quatre ans. Les poilus, ces soldats bien virils qui forment le gros des troupes françaises, les poilus donc, gardent la frontière, et creusent de vaillantes tranchées devant lesquelles vient se faire dézinguer l’ennemi.
En novembre 1918, les Boches sont finis. Ils réclament pitié, une pitié que leur accorde avec mansuétude la France, qui récupère par-là même les otages alsaciens et mosellans dans des cris de joie et de reconnaissance. Hourra !
Le Maréchal déclare alors le 11 novembre 1918 jour de fête nationale. Désormais, cette célébration donne lieu à de grands rassemblements de joie, et des repas familiaux au cours desquels l’on s’offre des cadeaux, pour se rappeler à quel point c’est bon d’être français.
Les personnages
Pour que la fête soit aussi éducative que conviviale, les Français célèbrent le 11 novembre leurs plus grands héros.
Le Maréchal
Le Maréchal Pétain, figure emblématique, ce champion français de la décence et de l’ordre moral est bien entendu le héros de la fête du 11 novembre. Il apparaît en figurine miniature sur le décor que les enfants fabriquent traditionnellement pour cette grande fête, le Wagon de l’Armistice.
Le Wagon représente la scène de l’Armistice, qui a lieu dans un wagon situé dans la forêt de Compiègne. Le Maréchal Pétain lève son stylo devant le colonel Klink, à genoux, qui lui tend le traité de paix en implorant grâce devant un public attentif : les animaux du wagon, soit le bœuf, l’âne et la chauve-souris. Les rois-schleuhs sont également là pour réclamer le pardon du Maréchal et ils ont amené des cadeaux pour l’amadouer : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
L’Histoire retient que le Maréchal ne se laisse pas acheter, dans cette scène magnifique :
Le roi Kaspar s’enfuit dans la nuit, il finit dévoré par les loups. Vient le roi Balthazar :
Le roi Balthazar s’enfuit dans la nuit, il finit dévoré par les hyènes. Vient le roi Melkior :
Le roi Melkior s’enfuit dans la nuit, il est dévoré par les hiboux. Vient le colonel Klink :
Après que le Maréchal a signé l’Armistice, le colonel Klink s’enfuit dans la nuit et finit lui aussi dévoré par quelque chose, vraisemblablement par les musaraignes. Le Maréchal sort du wagon, victorieux. Les ours et les chacals viennent se blottir à ses pieds, et un aigle majestueux sort de son terrier pour venir se poser sur l’épaule du fier soldat. Soudain, le peuple français l’acclame !
C’est ainsi que se passa l’Armistice, et c’est pourquoi on célèbre le Maréchal Pétain en fabriquant de petits wagons en papier crépon à l’école maternelle.
Le père Poilu
La fête de l’Armistice c’est aussi la fête des enfants. Le père Poilu, un gros soldat rigolard et bien français, sort de sa tranchée dans la nuit du 11 novembre pour apporter leur lot de ravitaillement aux braves petits patriotes – traditionnellement : un quart de rouge, un paquet de Gitanes et une boîte de cartouches.
Les personnes âgées un peu puristes regrettent l’aspect commercial qui entoure l’Armistice, en arguant que c’est avant tout la fête du Maréchal Pétain et que le père Poilu est une invention de la marque Postillon pour vendre du pinard, mais les enfants plébiscitent ce bon gros père bourru qui leur apporte mille raisons de se réjouir.
Peu avant le 11 novembre, les grandes surfaces emploient des bonshommes pour se déguiser en père Poilu et appâter le client avec le costume traditionnel : manteau bleu, casquette de charbonnier, gros souliers, baïonnette et bien sûr la moustache qui fait tant rire les braves petits, qui l’acclament par des chants avant le repas de Minuit (l’heure des poilus) :
Petit papa Poilu !
Quand tu sortiras d’la tranchée Avec ta baïonnette rouillée ! Tu fusilleras les tireurs au cul ! Apporte-nous du rata ! Contre les Boches, des couilles il en faudra ! Dehors, tu vas avoir si froid, C’est à cause de la grosse Bertha ! Il me tarde tant que tous les Boches crèvent Pour voir leur sang impur abreuver Tous les beaux sillons où je vois en rêve Verdun et la Marne recommencer ! Petit papa Poilu, Quand tu sortiras d’la tranchée Couvre-moi, car je fonds sur l’ennemi Rien n'est plus beau, qu'mourir pour la patrie ! Pe-tit pa-pa Poi-lu ! |
Aspect commercial de la fête
Il est vrai, n’en déplaise aux détracteurs et aux esprits chagrins, que l’Armistice est devenu une fête aussi bien consumériste que traditionnelle. Et alors ? On peut très bien célébrer le Maréchal Pétain et le père Poilu sans pour autant se mordre la queue. La relance de la consommation et l’esprit patriote sont des valeurs que défendait le Maréchal, quoi qu’en disent les puristes.
Différence entre les pétainistes et les poilusards
Pétainistes
Les pétainistes défendent une conception sacrée des valeurs et une approche non commerciale de l’Armistice. Ils s’accrochent aux célébrations traditionalistes de la fête, et refusent de garder l’aspect ludique et familial de la guerre.
Ainsi, les pétainistes divisent la journée du 11 novembre en trois étapes. La première est la célébration aux morts, devant le monument aux morts. Là, le maire entonne le célèbre chant du Maréchal, pour rappeler les morts au souvenir des vivants :
Maréchal,
Nous voilà, Devant toi, le sauveur de la France ! Nous jurons, Nous les morts, D’être morts, bien rassis, et bien rances ! |
Puis les pétainistes déjeunent traditionnellement d’un rat crevé et d’un sandwich à la terre, comme les vrais poilus. Ce repas est célébré par un aumônier qui récite les Saintes Paroles du Maréchal :
Le maréchal nous parle : | |
''Alors, vous mes gars, vous les enfants de la Nation, dans la boue des champs, face à l’envahisseur, prendrez la baïonnette et l’enfoncerez dans le ventre du vil Boche. Alors vous tournerez un coup à droite, puis un coup à gauche, et encore un coup à gauche, puis à nouveau un coup à droite, quand même. Puis vous tirerez un bon coup pour faire venir le paquet.
Puis les Boches arriveront par dizaines pour venger leur méchant compère se jetant à cent contre un comme de sales lâches, sûrs de gagner. C’est à ce moment-là, mes braves, que l’équipe B créera la surprise en surgissant des buissons ! Car les Boches, avec leurs petits yeux de fouines, ne repèreront pas les braves, cachés dans les fourrés pour mieux encercler l’ennemi ! Car la France répond à la couardise des malfaisants par l’intelligence échiquéenne ! Et zim, zam, zoum, vous découperez l’Allemand en vils morceaux ! Et c’est là que surgiront d’autres fourrés les femelles teutonnes en chaleur, mes braves, pour commettre avec vous péchés de chair, et bon, pour cette fois, vous aurez le droit de violer des adolescentes germaniques, car exceptionnellement, car vous êtes des braves, eh bien le Petit Jésus regardera ailleurs et fera comme s’il ne s’était rien passé quand vous rentrerez voir votre famille ou quand vous monterez au ciel.'' |
Enfin, les pétainistes se rendent à Compiègne en autobus voir le wagon du Maréchal. Là, ils célèbrent l’Armistice sur la RN31 en saillissant les prostituées traditionnelles dans leurs fourgonnettes traditionnelles, pour rendre hommage aux braves qui se soulageaient comme ils le pouvaient en 1918.
Poilusards
Les poilusards épurent l’aspect cérémonial de la fête pour en conserver le festif : on chante, on danse, on s’amuse avec des masques à gaz et des baïonnettes. Tous les artistes un peu populaires s’empressent d’enregistrer moultes chansons à boire, pour que tout le monde s’amuse et danse avec Tatie Jacqueline bourrée au mousseux en ce jour de liesse. On retiendra deux chansons particulièrement connues qui égayent les pistes de danse des bals du 11 novembre :
Le petit Boche en déroute,
Qui s’élance et s’fait tirer par un viandard ! Ses boyaux se vident sur la route De Verdun à Compiègne tout le monde se marre ! |
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—Patrick Sébastien, Le Petit Boche en Déroute |
C’est l’Armistice au village !
Les parents, les enfants, ont avalé leur gaz moutarde ! Pour s’amuser, pour chanter, pour piétiner, La mémoire, des Schleus aux gueules cassées oh-oh-oh Pour faire les cons, au son du cri du teuton Qui reçoit une giclée de gros plomb ! |
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—Les Musclés, L’Armistice au village |
Une fête de famille, ça ne s’improvise pas. On pend devant les trottoirs qui évoquent les tranchées, des chaussettes en crin pour que le père Poilu vienne y déposer le rata. Les enfants n’oublient pas de déposer à la poste leur lettre au père Poilu par ailleurs, une lettre qui décrit les horreurs de la guerre et qui est censée apitoyer le père Poilu, comme le montre cette lettre du petit Julien de Nogent-sur-Marne :
Cette année, j’ai été bien sage à l’école. J’ai bien appris à compter jusqu’à cent, car je compte bien tuer au moins cent Boches plus tard ! En multiplication je suis très fort, car je sais multiplier par dix les honneurs que je recevrais en revenant de la guerre si jamais il y en a une ! En français, je conjugue bien le présent :
Je m’engage dans l’armée
Tu défends ta patrie
Ils soutiennent
Le futur :
Je serai un héros
Tu auras la gloire
Nous vaincrons
Et le passé :
Je fûs un brave
Tu m’aidas
Nous vainquîmes
Ils nous acclamèrent
Enfin je suis très doué en sport, car à la balle au prisonnier je n’ai fait aucun prisonnier. J’espère que tu m’apporteras beaucoup de rata, et surtout cet Opinel qui me fait tant rêver.
Bisous, signé Julien, un petit poilu !Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, ne s’est pas trompé en ressuscitant la mémoire de Guy Môquet, un jeune homme qui porte le même nom que la célèbre station de métro qui fût capturée par les Boches. Avant de mourir, la dernière lettre de Guy Môquet fût bien sûr pour le père Poilu.
Je me suis fait attraper par les Boches, et pas de bol, je vais mourir ! Je sais que les points d’exclamation c’est abusé lol !
Je t’écris parce que je suis trop dégoûté de mourir à 17 ans, mais en même temps on m’a dit que j’étais trop vieux pour croire encore au père Poilu, alors dans un sens je meurs vieux, c’est comme ça qu’il faut voir les choses à mon avis : le verre à moitié plein. Y’en a qui verraient que ça, la mort et tout le truc derrière : le néant, les asticots, la concession du cimetière rachetée par la mairie pour faire une pelouse à crottes de chien ou un terrain de boules. Moi ça va, j’ai le moral.
Bon on va pas y passer trois jours non plus, d’ailleurs je suis en train de gâcher le papier pour Jeanjean qui voulait aussi écrire un mot pour sa mère, enfin tant pis, de toutes façons il va mourir et sa mère elle sait même pas lire lol. Voilà c’est pour dire, père Poilu, comme j’ai pas tué de Boches mais que dans un sens je meurs pour la France, tu veux pas venir me sortir de là en me faisant évader ? C’est un peu la galère lol !
Merci d’avance, je sais que je peux compter sur toi ! A tout à l’heure !1918 : et maintenant ?
Le soir de la fête, les petits français reçoivent leur rata pendant que les grands trinquent. La fête de l’Armistice est-elle déjà finie ? Tout le monde est-il couché bien au chaud dans son lit, rêvant de gaz moutarde et d’exécutions sommaires fusillades au poteau, après le passage du père Poilu sorti de sa tranchée ?
Eh bien oui ! L’Armistice se termine, mais n’ayez crainte, jeunes bambins, jeunes patriotes avides de péripéties, ne soyez pas inquiets ! Un jour, braves petits français, vous aussi, la guerre viendra vous emporter vers de merveilleuses aventures !
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