Espadrilles
- Prenons des tongs, c'est plus docile les tongs... »
Les Espadrilles sont un ancien peuple nomade, dont la présence en Europe est attestée à partir de la Préhistoire.
Histoire des Espadrilles
Origines
La question de l'origine des Espadrilles reste complexe. Selon l'étude de la paléopodologie, ils résulteraient d'une division de la branche des Chaussures qui aurait aussi donné naissance aux Chaussons, aux Palmes et aux Escarpins ainsi qu’à d’autres avatars.
L’ancêtre et le dénominateur commun le plus ancien a été découvert dans les hauts plateaux de Kirghizizhtan en 1927 par une équipe danoise dirigée par le célèbre paléopodologue Emile Von Taschenberg. C’est sous sa direction que fut exhumé le célèbre fossile constitué d’une plaque de pierre, hélas fendue, de 3 kilos et de résidus végétaux qui devaient constituer les premiers lacets.
Le professeur Léon Pfütemberg mentionne dans son essai Quand l’histoire semelle du présent, que « le point de scission du groupe Chaussures aurait eu lieu lors de la dernière période glacière » . Contrainte par les éléments, la souche commune aurait choisi de se séparer. Certains, mieux adaptés au froid restèrent dans les régions du Nord de l’Europe (cf. Moonboots, chaussures de ski), alors que d’autres, plus aérés seraient descendus plus au Sud. L’évolution et la différenciation physiologique trouverait son origine dans le fameux « un kilomètre à pied, ça use, ça use, un kilomètre à pied, ça use les souliers », qui serait une réminiscence de ce que les peuples primitifs auraient endurés lors de leurs migrations. ».
Darwin corrobore ce fait par les observations qu’il avait mené en 1648 à bords des navires qui l’emmenaient dans ses expéditions :
« Le peuple de la mer est réellement fascinant ; d’un bout à l’autre du globe, il ne peut s’empêcher de vêtir ses pieds avec tous les artifices qu’il trouve à sa disposition. Certains par exemple, au cap, se sont fabriqué des chaussures de planches. D’autres ont enroulés leurs pieds de cordages de chanvre goudronné, épais de 5cm. D’autres encore, à Bornéo, portent des cagettes de harengs dont l’odeur, disent-ils, est tellement forte qu’elle combat toute tentative de puer des pieds. Je me questionne, à l’instar de mes observations sur les oiseaux, à propos d’une filiation commune à toutes ces manifestations. Je ne peux m’empêcher d'imaginer qu’elles résultent d’une forme ancestrale et primitive, mère de toutes les autres, mais quelle est elle ? ».
L'analyse de traces d’ADN génétique retrouvé sur quelques fibres d’espadrilles au 19ème siècle sur les plages landaises démontrerait une grande proximité avec les peuples Tongs et Claquettes, situés majoritairement dans les régions les plus méridionales et dans les zones arides du globe.
On trouve aussi des caractères apparentés aux Schöll, communément appelés Chlaquette dans l'Ouest de l'Europe. Néanmoins, ce dernier groupe ne s’apparente de toute évidence que de très loin avec les espadrilles puisqu’il est surtout présent dans les régions germaniques. Qui plus est l’étude de sa morphologie lève tout doute, les composants intrinsèques des deux familles variant radicalement.
Le temps des grandes invasions
Dès le 5ème siècle après Jésus Christ, l'Europe a vu déferler sur ses terres des hordes sanguinaires et assoiffées de bière d'Espadrilles.
Les Espadrilles pratiquaient une tactique fondée sur la mobilité : des raids rapides grâce à leur légèreté, destinés à botter le cul des populations, un harcèlement des forces adverses en exhalant des odeurs nauséabondes de transpiration et de pieds mal lavés.
Elles s'équipaient le plus souvent d'humains qui avaient pour eux la capacité à mener des chevaux, chose dont les Espadrilles étaient bien incapables vu qu'elles n'avaient pas de mains. À noter que c'est toujours le cas.
La légende affirme que là où les espadrilles passaient, l'herbe ne repoussait pas. On peut aujourd'hui en constater la véracité quand on voit l'état de la côte atlantique et méditerranéenne en France. Des plages de sable à perte de vue, là où se situaient montagnes, verts pâturages, et prairies herbeuses propices aux balades du dimanche.
Les destructions et ravages des Espadrilles sont restées longtemps dans la mémoire collective. Quand ce peuple a tenté de se sédentariser et de rentrer dans les mœurs à partir du 14ème siècle, les populations villageoises ont affichées une grande hostilité à leur encontre, en les taxant de voleurs d'orteils ou en les accusant d'ensorceler les pieds des enfants pour que ceux ci se cassent la gueule et se défoncent les genoux sur des petits cailloux pointus. En même temps, ça pouvait pas leur faire de mal à ces petits cons, soyons honnêtes.
Les Espadrilles au fil du temps
Bien que régulièrement victimes de viols en série, pogroms, lapidations, exécutions sommaires, décapitations, immersions dans l'eau bouillante, écartèlements et pendaisons, les Espadrilles ont manifestement œuvré aux grands bouleversement de l'histoire sans que le commun des mortels n'en ait conscience. Agissant comme des petites mains (ou des petits pieds, c'est selon le point de vue que vous atteignez en fonction de votre taille), elles ont présidé de grands virages historiques. Pour les rapporter, nous avons fait appel à notre grand ami, orateur de talent, narrateur de renom, j'ai nommé mon copain Alain Decaux.
- Le vase de Soissons
— Épisode bien connu de la mythologie française, on ignore le vrai fondement de cet intermède rigolo de l'histoire de notre glorieuse nation. Laissez moi vous raconter ça bande de zouaves :
Clovis menant revue de ses troupes s'aperçoit qu'un petit malin porte des espadrilles au lieu des bottes lacées jusqu'au genou comme de rigueur. Il s'arrête devant ce petit rigolo et lui demande de refaire ses lacets. Cet abruti, nommons le ainsi par automatisme, se baisse...mais rendons les choses plus vivantes que diable ! Un peu de reconstitution historique....
- L'assassinat d'Henri IV
Et oui, le régicide tant honni n'était pas Ravaillac ! Souvenez vous de la comptine que vous chantiez petits et vous y verrez plus clair :
Le régicide tant honni,
Le régicide tantôt ment, Le régicide tantôt nie, Le régicide tend au Mans, Ah, tout cela, n'est-ce pas drôle ? Ah tout cela, n'est-ce pas drille ? |
- La conférence de Yalta
— Vous pensiez que le partage du monde de l'après guerre s'était fait entre les vainqueurs ? Eh bien non. Une force souterraine était à l'œuvre, aux pieds même de Winston Churchill. Ce fut d'ailleurs l'occasion d'un savoureux dialogue entre Staline et ce dernier :
La preuve en images :
Vie, mœurs et sexualité des espadrilles
Les Espadrilles et le cul
Une des caractéristiques des Espadrilles pourrait être à la base d'une partie des problèmes d'intégration de cette population (cf. [1]). Leur mode de reproduction est assez unique dans la nature puisque deux partenaires ne suffisent pas. On parle de Partouzogenèse.
Au printemps, il n'est pas rare d'assister, dans les espaces urbains et ruraux, à des partouzes d'espadrilles. Loin d'être en train de tourner un film pornographique, comme certains détracteurs voudraient bien le croire et le laisser à penser, les espadrilles lancent d'abord leur cri d'amour. Elles frottent l'une contre l'autre leur toile et leur semelle pour produire un couinement caractéristique du rut. Selon les amateurs éclairés, cela donnerait un bruit semblable à l'onomatopée "Zswiiiiish Zsiiiiiiiiiiiiiiich Onk Onk" que l'on retrouve chez certains cervidés.
Une fois que le cri a été entendu à plusieurs kilomètres à la ronde, les Espadrilles sortent de leurs placards dans lesquels elles sont reléguées depuis la dernière saison estivale, accourent et se retrouvent à une place déterminée. Le choix de cette place reste un mystère entier. L'hypothèse la plus en vogue aujourd'hui affirme que ce serait en lien avec les traces de pneu présentes sur le macadam, dont l'odeur rappellerait le parfum de la semelle espadrille en rut. Moi, je dis "mouais bof" et ne reste pas convaincu.
Arrive enfin la dernière étape du processus : la Partouzogenèse. Les espadrilles se grimpent les unes sur les autres, bondissant grâce à l'élasticité de leurs semelles jusqu'à former un tas pouvant atteindre 4 mètres de haut. L'explorateur Abraham Zückermidsträssenkraftënberg affirme en avoir vu une de 7 mètres 45 sur une plage de la Costa Brava un 8 avril particulièrement chaud pour la saison. Elles restent ainsi, tortillant ardemment de la fibre, bavant de la toile comme des possédées avant de se séparer pour chacune rentrer chez elle une fois l'orgasme atteint.
Dans quelques mois, des Bébéspadrilles vont naître, que leurs parents s'empresseront de revendre à des marchands pour pouvoir subvenir à leurs besoins. Il ne faut pas y voir là de la cruauté. Les Bébéspadrilles sont parfaitement autonomes dès leur naissance et aptes à se mouvoir en portant n'importe quel pied. Des marchants peu scrupuleux leur injectent parfois des inhibiteurs de croissance afin de stopper leur développement, en vue de leur faire porter des enfants humains.
La religion
Le peuple Espadrille voue un culte infini à Lahoublïey Sélassé. Il pense que celui-ci est le descendant du roi Outha Mih Tachouz 1er qui aurait offert au Christ la fameuse paire de sandales avec lesquelles il gravit le Golgotha avant de se faire crucifier comme un con. L'épître aux sandalettes mentionne d'ailleurs cet épisode (sandales 13:24) :
L'histoire oubliera ce détail du chemin de croix. En effet, un soldat romain voyant Jésus porter des sandales s'en scandalisa et demanda au bourreau de lui clouer non seulement les mains mais aussi les pieds pour lui apprendre à faire le malin.
Depuis chaque année à la même date est honoré le descendant direct d'Outha Mih Tachouz, c'est à dire Lahoublïey Sélassé, depuis 1972. Le culte est un syncrétisme savant empruntant au patinage artistique, au mithraïsme, au chant de hooligan anglais très fortement alcoolisé et à la corruption de fonctionnaire en bande organisée. À noter la très forte consommation de psychotropes lors des cérémonies, en hommage au chanvre tressé dont sont faites les semelles des Espadrilles.
Un peuple en danger
Au fil des siècles, à force de porter des humains, les espadrilles courent de graves dangers. L'OMS (Organisation Mondiale des Saussures) se dit gravement préoccupée par la situation. Elles sont menacées par plusieurs facteurs, au nombre desquels :
- La maladie :
Champignons, cors aux pieds, infections, odeurs nauséabondes, érythèmes, suppurations, écoulement de pus verdâtre, rien ne leur est épargné. Les espadrilles, contaminées de générations en générations par ces éléments ont fini par être atteintes dans leur patrimoine génétique. Tout comme les flamants roses qui sont en train de virer du gris moche au blanc sale, les Espadrilles portent les lésions physiques de toutes ces maltraitances. D'unies originellement, elles perdent leurs couleurs pour arborer des teintes excentriques voire bizarres voire totalement délirantes. Dans ces derniers cas, elles doivent être hospitalisée dans des services spéciaux où, après des bains d'eau de javel, des experts reconstituent leurs couleurs d'origine à l'aide de pigments naturels précautionneusement sélectionnés (sang de chien pour le rouge, glaire de nouveau né pour le vert sapin, jus de Petit Grégory pour le marron, etc.)
- La concurrence :
Arrivant de Chine depuis quelques années, les Crocs menacent gravement les Espadrilles. Constituée de plastique, elles constituent une main d'œuvre bon marché très prisée par l'industrie du tourisme. Beaucoup plus résistantes aux cadences infernales et moins sujettes aux maladies professionnelles, leur arrivée sur le marché de l'emploi a relégué nombre d'Espadrilles au banc des exclus de notre société.
Plus grave encore : compte tenu de leur impact sur l'économie nationale et sous la pression de puissants lobbys, elles se sont infiltrées dans les cercles les plus fermés du pouvoir. D'après le Canard Enchainé, ce serait les usines pharmaceutiques et les laboratoires Crocs qui seraient à l'origine de la pseudo pandémie de Grippe A en France, lors de l'hiver 2009-2010.
- La contrefaçon :
Certains salauds de pauvres, que nous ne citerons pas dans cet article car nous avons une éthique, fabriquent de pâles copies d'Espadrilles. Dans des usines artisanales situées en Amérique du Sud ou dans le cœur de l'Afrique Noire ont été mis au point des procédés de clonage par d'anciens médecins déclassés de leur ordre. On soupçonne aussi parmi eux la présence d'ancien médecins nazis ayant fui leur pays après la seconde guerre mondiale pour continuer à mener leurs horribles et terribles expérimentations. Néanmoins, on ne peut se laisser abuser par ces clones issus d'un séquençage grossier voire aléatoire. La preuve, ils ressemblent à ces salopes de tongs.
Des espoirs pour le futur
Ces dernières années, une prise de conscience a semblé s'opérer, tant au niveau des espadrilles que de l'opinion publique. On a vu naître plusieurs initiatives porteuses d'espoirs, de lendemains qui chantent, d'optimisme acharné, de poitrines gonflées d'air frais voire de silicone, de banderoles flottant dans le vent, bref, tout un tas de trucs très youpi tralalalalala les-petits-lapins, que même que quand tu prends du LSD, ça te rends pas aussi jouasse.
Les mouvements de résistance
Dès le lendemain de la seconde guerre mondiale, nombre de groupuscules qui avaient œuvré à la résistance du territoire national en filant des durillons à l'envahisseur se sont organisés en syndicats pour réclamer de meilleurs droits sociaux : couverture sociale, assurance chômage, prime d'usure, retraite à deux été et demi au lieu de cinq, etc. Ces syndicats ont profondément marqué l'histoire de la lutte sociale de ces cinquante dernières années. Citons pour mémoire mai 1968 où les espadrilles se sont jointes aux étudiants pour accepter volontairement d'être jetées à la gueule des CRS.
Plus récemment en 1998, la naissance du mouvement Respadrilles Powa' dans les quartiers les plus défavorisés, afin de lutter contre l'hégémonie grandissante des baskets Nike et autres Adidas de merde fabriquées en Chine.
L'hybridation
Des cliniques spécialisées proposent depuis une dizaine d'années des opérations visant à modifier l'apparence des espadrilles désireuses de s'intégrer parmi les humains. L'opération consiste en une greffe entre le corps d'un humain et l'espadrille. Bien que ce type de transformation soit réprouvé par la majeure partie de la communauté, on commence à croiser dans les rues les plus hype des grandes capitales européennes le fruit de ces mélanges. Les frères Bogdanov par exemple se seraient fait implanter des espadrilles dans le menton, ce qui leur confère cette apparence si singulière. Reste qu'il s'agit d'une intervention à haut risque, avec de fortes probabilités de se retrouver avec une tête de con.
L'adoption
Certaines espadrilles ont décidé d'adopter de petits humains. On pourrait croire qu'elles sont mues par une volonté philanthropique et humaniste de répandre le bien sur la terre et d'apporter aux pauvres petits orphelins en déshérence un abri, un toit et un cœur pour qu'ils puissent se reconstruire et devenir des citoyens modèles une fois adultes.
Et ben que dalle.
Les espadrilles profitent seulement d'un vide juridique qui leur permet de procéder à des attouchement podologiques sans risquer de poursuites pénales. L'arrêt 20045-19-1984 de la cour de cassation de Nanterre a estimé qu'une espadrille ne pouvait être assimilée à une personne ayant un ascendant éducatif sur un enfant humain et que en vertu de ce caractère de non reconnaissance, l'abus de position d'autorité ne pouvant être démontré. Aussi, si vous croisez un enfant humain au milieu d'une famille espadrille, dites vous bien qu'il est exposé aux pires sévices imaginables et surtout, que vous ne pouvez rien faire pour lui à part la fermer, au risque d'être attaqué pour diffamation.
Les nouvelles technologies
Une communauté importante d'espadrilles s'est installée en Californie à partir des années 70, en plein renouveau New Age, Hippie et Flower Power. En effet, les pouvoirs télé-kinesthésiques de certaines espadrilles ont été suffisamment forts pour soudoyer quelques jeunes ingénieurs en informatique et les détourner d'un avenir brillant chez Dassault Armement. En lieu et place, ceux-ci se sont retrouvé dans la Silicon Valley, barbus, chevelus, en chemise à fleurs.
Loin d'être inactives et de se contenter de cette idyllique ambiance, les espadrilles ont œuvré en secret pour que soient mises au point de nouvelle technologies pour conquérir le monde. Une réminiscence des invasions barbares dont leurs lointaines ancêtres étaient coutumières ?
Ces objets sont aujourd'hui rentrés dans notre quotidien, sans même que nous nous étonnions de leur existence et de leur usage. On peut citer évidement l'E-Spadry, smart phone de la dernière génération, dont les courbes des ventes sont tellement somptueuses qu'en comparaison, celles de Samantha Fox ressemblent à une plage de la mer du Nord.
Bibliographie
- Alain DECAUX, Espadrilles, une épopée millénaire. — Cherchtafoune Editeurs — 1995
- Anatole FRANCE, J'ai un nom ridicule mais agad' mes pieds ! — Jacob et Delafon — 1938
- Pierre MENDES FRANCE, Les semelles de la Gloire — Larmachiant — 1954
- SAINT EXUPERY, Si j'étais chef d'espadrilles, j'aurais un bel espadon — Ed. Crashplouf — 1942
- Mickaël VENDETTA, Mon enfance chez les lombrics — Playbouze — 2010
- Don Camillo, Mon curé chez les Espadrilles : récit d'une rencontre mystique — Vatican Ed. — 1984
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