Collier à dents de piranha
Le collier à dents de piranha est un fil dentaire utilisé en bijouterie, à ne pas confondre avec un bijou de fil dentaire, qui n'est autre qu'un fil dentaire subjectivement magnifique.
Le porteur d'un collier à dents de piranha évoque un individu happé de la tête par un piranha géant. De ce fait, son succès est garanti auprès des jeunes qui ont grandi en visionnant les 10 derniers Piranha, où le héros piranha sauve à chaque fois le morveux de 6 ans d'une vie certaine. Et puis il y a le piranha. À la base, c'est un petit poisson aux nageoires de merde qui fait de gros complexes sur sa croissance. Même en banc, il est très aisé de le décimer en empoisonnant la rivière. Une fuite médiatique a même fait état du dévorage d'une vache en 15 minutes. Pour ça il aurait quand même fallu 30 000 piranhas éthiopiens sevrés à la bouffe, un chiffre pitoyablement élevé en cette période de vaches maigres. Mais bon le piranha a toujours fait flipper les garçons ─ trop petit, il ne peut encore pas les bouffer, mais leur petite bite, si. Comme une loi de la Nature, les yeux du piranha se gorgent de sang, durcissent de la cornée et mouillent de la rétine dès qu'ils aperçoivent les slips de bain Iron Man.
Formes
Le collier se présente sous différentes formes. D'abord la "vanille", à la ligne épurée :
La variante "viande rouge", qui nous transporte aux origines exotiques du collier, apporte à vos soirées une touche barbecue toujours bienvenue :
De la variante "viande rouge", on peut rapidement passer à la variante "piranha" :
Les dents
Les dents du collier appartiennent-elles à la mâchoire supérieure ou inférieure du piranha ? Franchement on en a autant à foutre que de ta vie. Certes, peut-être qu'à une époque le choix a eu de l'importance, pour le piranha. Mais quel est le moins ridicule à avoir, entre les dents de lapin et les dents de phacochère ?
Les dents d'un piranha sont très similaires l'une à l'autre. Dans l'illustration ci-dessus, nous relevons :
- (1) une canine arrivée à pleine maturité
- (2) une dent de lait
- (3) une molaire
Le fait que les dents soient toutes des canines ─ y compris les molaires ─ a engendré le mythe du canis piranhis ou plus vulgairement poisson-chien, notion co-existante à celle du poisson-chat parmi tous les croisements poisson-mammifère, résultat de la fantaisie de l'Homme.
Le ridicule ne tuant pas l'Homme, on a aussi eu droit, en passant, au croisement poisson-objet de l'espace.
Un croisement valable pour Schopenhauer est immédiatement intuitif, facile à imaginer ou à faire, comme le cochon-dinde ou la vache-tortue. Prenons ce dernier cas en exemple, car le plus intuitif. Voici la vache :
Oui mais si on cache la partie au-dessus du museau, on voit indéniablement apparaître une tortue tirant la langue.
Dangerosité
C'est un bijou classifié dangereux. Si vous en possédez un, il est fort probable que :
- Il a déjà eu un autre propriétaire
- Il en aura bientôt un autre
En effet, le port du collier, en tant qu'acte d'auto-mutilation, en fait un lointain ancêtre de la mode du piercing lancée en contre-réaction par les punks.
Des études très sérieuses ont montré que les porteurs du collier développaient régulièrement des rougeurs et des ecchymoses au niveau du col. L'explication est que les dents irritent la peau et provoquent des démangeaisons. Les gens ont alors tendance à se gratter plus que de raison, ce qui les énerve et ils deviennent alors des punks.
Public et mode
Le collier était porté en majorité par les filles. Ont ensuite pris la relève les garçons pubères. Ce phénomène s'analyse facilement. Les dents sont très bonnes pour éclater les boutons de pus et percer les préservatifs, pratique permettant de jouer des tours aux filles : « AHA ! ENCEINTE ! PWNED ! »
Mais le marché a vraiment décollé depuis que Bill du groupe de hard rock Tokio Hotel l'a rendu célèbre au festival Eindhoven de lambada. Par panurgisme, les vrais mâles se sont vite arrachés ce trophée œdipien[1]. Mais la frénésie commerciale est vraiment partie d'un malentendu, puisque Bill avait piqué le collier à sa sœur, Hans Kaulitz, de laquelle il tient également son mascara et son porte-clés Kitty. Déjà ça se laissait indépendamment déduire, car celui qui arbore ostensiblement un collier le tient forcément d'un piranha sans dent ─ autant dire, en termes de sciences sociales, un eunuque, rejeté de ses copains de jeu atterrés par son nouveau brushing des nageoires. Il y a une raison derrière le fait que personne n'a jamais aperçu l'abominable pédé des neiges avec son abominable collier de couilles d'explorateurs.
La mode a cependant quelque peu tourné vers le couvre-chef depuis que Bill s'affiche avec une sorte de chapka surmontée d'un piranha en peluche plus en harmonie avec son image.
Réception actuelle
Un collier à dents de piranha en cadeau, de par son côté artisanal travaillé, est toujours mieux perçu qu'une bricole faite maison avec les moyens du bord.
Fabrication
La fabrication consiste, comme le sexe, en deux phases : l'élevage puis le montage.
Élevage
Les dents de piranha se récoltent essentiellement dans les bouches de piranhas. La récolte industrielle s'effectue dans des pépinières de talents aquatiques. Y sont cultivées les bouches de piranhas dans des "poches" (sacs faits de grillage plastique) étendues sur l'estran. Le travail des éleveurs consiste à les retourner régulièrement pour égaliser l'irrigation des bouches à l'intérieur et prévenir la formation de boue qui entraverait le circuit d'alimentation à base de bouchons vaseux et de boues de curage riches en nutriments.
Il faut savoir que le piranha est un petit poisson cruel[2] d'eau douce à l'appétit de grand prédateur. On retrouve dans son système digestif des abeilles coucous, des scarabées-rhinocéros, des papillons tigre et des mouches à merde. Là tu t'exclames : « Impressionnant ! » devant la formidable masse dentaire émergeant de ce corps frêle[3]. En fait, petit gros laid que tu es...
Le lecteur de cet article dit : Ah ouais ??? |
Ouais, je disais ─ petit gros laid que tu es ─ t'as même pas remarqué que rien que le fait d'avoir des dents, pour un poisson, c'est déjà extraordinaire ! Il ne sert à rien non plus de s'extasier : « Incroyable, j'ai vu un poisson se ronger les ongles ! » Normalement un poisson n'a déjà ni dents, ni doigt, ni ongle. Imbécile.
Les jours ouvrés de l'éleveur sont rythmés par le métro-bobo-dodo, et parfois même le métro-bobo-dodo-pour-toujours. Au Brésil, il est coutume de dire que les éleveurs de piranhas font partie des ingrédients d'un bon collier. D'ailleurs, leurs enfants sont classés illettrés même s'ils savent lire, car on estime généralement qu'il faut des doigts pour écrire. Par contre ils ne savent pas compter. Cela a d'ailleurs fait l'objet d'une légère plaisanterie de la part de Kant dans sa Critique de la raison pure :
On est sans doute tenté de croire d'abord que cette proposition 7 + 5 = 12 est une proposition purement analytique, qui résulte, suivant le principe de contradiction, du concept de la somme de sept et de cinq. Mais, quand on y regarde de plus près, on trouve que le concept de la somme de 7 et de 5 ne contient rien de plus que la réunion de deux nombres en un seul, et qu'elle ne nous fait nullement connaître quel est ce nombre unique qui contient les deux autres. L'idée de douze n'est point du tout conçue par cela seul que je conçois cette réunion de cinq et de sept, et j'aurais beau analyser mon concept d'une telle somme possible, je n'y trouverais point le nombre douze. Il faut que je sorte de ces concepts en ayant recours à l'intuition qui correspond à l'un des deux, comme par exemple à celle des cinq doigts de la main, et que j'ajoute ainsi peu à peu au concept de sept les cinq unités données dans l'intuition. En effet je prends d'abord le nombre 7, et en me servant pour le concept de cinq des doigts de ma main comme d'intuition, j'ajoute peu à peu au nombre 7, à l'aide de cette image, les unités que j'avais d'abord réunies pour former le nombre cinq, et j'en vois résulter le nombre 12.
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—Emmanuel Kant, De l'utilité de mains accompagnées de tous leurs doigts |
Évidemment, le philosophe allemand a versé dans la caricature. Même avec leurs doigts, les Brésiliens ne peuvent même pas rêver d'assimiler des notions de logique aussi complexes que les propositions analytiques.
Enfin notons qu'en Chine, la perte des doigts n'est pas un problème. Les doigts perdus font de très bon nems, et les testicules de très bons bouliers.
Montage
Montage à la japonaise
La récupération dentaire à la japonaise se fait à la chaîne. Les piranhas sont convoyés un à un sur des tapis roulants depuis le point de récolte A jusqu'au point de dépouillement B, où un bras mécanique géant se charge de défoncer les mâchoires des poissons semi-anesthésiés. Pendant ce temps, un aspirateur à dents Voramax s'actionne et aspire les éclats dentaires à destination des corbeilles.
Les dents sont ensuite disposées en ligne dans un support de perçage dentaire. Ces supports sont traversés par un canal adapté au foret de la perceuse à colonne. Ces bâtis sont séparables en deux moitiés sur le plan horizontal afin de placer ou retirer les dents, le retrait s'effectuant avec le fil du collier déjà passé par les trous.
Montage à l'ancienne
Dans cette variante, un bavoir est attaché sur le piranha via sa chaînette en inox. Un bâti à dents est ensuite introduit dans la bouche qui réagit à l'intrusion en mordant dans les trous pré-établis. Dès cet instant, le bâti est violemment retiré par la poignée prévue à cet effet, emportant d'un coup la dentition complète avec lui.
Un peu de pédagogie
La récolte dentaire laisse souvent les enfants désœuvrés, voire désappointés. Quoi, le légendaire piranha, le Kratos des océans, mis au supplice de son propre accord[4] ? Dans ce cas, le théâtre peut jouer un rôle de déclic chez les plus jeunes en les mettant en scène dans une pièce à vocation pédagogique :
Servez-moi vos chastes dents sur un plateau, ma chère ! | ||
Jamais ! Plutôt me mutiler ! | ||
Mmmmhh... N'avez-vous donc jamais rêvé de me sucer vigoureusement la courgette ? | ||
Va ! Je ne nie point ! | ||
Alors vos dents ! vos dents ! | ||
Alors c'est sûr ? Je suce après ? | ||
Oui ! Et vous recevrez par la suite un dentier de remplacement.[5] |
Histoire
Le collier à dents de piranha apparaît au XIVe siècle, inventé par les Gymnoux de la région de Paca-Hichapouk en observant un banc de piranhas Wachipipi s'attaquer aux jugulaires des mammifères marins Kanoyak des grands milieux aquaforestiers Moumouk. Comme dans toutes les créations indiennes, l'étincelle créatrice survient pendant l'observation de la Nature, où, malheureusement pour cette dernière, les Indiens sont sujets à la vision extra-sensorielle caractérisée par la superposition d'images fantasmagoriques.
Ce phénomène semble s'appliquer au moindre objet qu'ils appréhendent.
Le pouvoir du nouveau collier est décrit très tôt comme légendaire. Il est l'un des 5 piliers de la légende immémoriale de Wahaha-Mouahaha, le Pazuzu-guili-guili amérindien. Il a redonné la puissance à un qui vit ci-dessous, homme de coyote chassant le cerf, femme très satisfaite par le chêne vigoureux.
Les Mémoires de Bernal Diaz del Castillo
Au XVIe-XVIIe, époque des conquistadores, le collier sert à doper la beauté des petites indigènes[6], et parfois aussi celle d'Indiens, en vue du commerce de leur corps avec la Nouvelle-Espagne.
Les Mémoires de Bernal Diaz del Castillo sont les plus éloquents à ce sujet. L'auteur y consigne notamment l'histoire d'une certaine Zayaya et d'un certain Francisco Cortés de Riberrini, qui aurait déclaré « avoir été franchement surpris par la férocité des poissons rouges locaux. » Quand un ambassadeur maya essaye de lui filer la frousse en racontant la légende urbaine des piranhas mangeurs de brebis : « C'est normal, ils doivent avoir une faim de loup. » Et d'ajouter avec son esprit habituel à propos de la présence locale ou non d'écureuils explosifs : « Chez nous on a que des écureuils à la noix. » Son esclave personnelle, Zayaya, faisait partie d'un groupe de 40 esclaves offertes aux Espagnols par l'empereur maya en signe d'hospitalité. De toutes ces concubines, elle était la seule à se porter volontaire tout en étant déjà mariée à un Indien. Réputée pour un physique extrêmement disgracieux qui lui valut de rester vierge longtemps après le mariage, la légende veut qu'elle s'offrit un jour un collier à dents de piranha et que dès lors, elle courut après tous les hommes même au prix de l'esclavage, intoxiquée par le nouveau pouvoir de provoquer l'érection. Ça devait à peu près se passer comme ça : « AHA ! T'AS BANDÉ ! PWNED ! » « Mais... mais... je... »
Plus loin, Bernal Diaz del Castillo décrit la pêche à ligne à sec des piranhas victimes des décrues.
L'ouvrage fournit également des données à l'attention de l'anthropologue. Les propriétés du collier à dents de piranha ne sont pas sans rappeler celles de l'Indien, notamment dans la capacité de celui-ci à rouler des yeux.
Le comité de lecture dit : Pourquoi ? Mais la HONTE quoi ! Traîner ainsi dans le comique de gestes un peuple honorable qui a pris des coups tout au long de sa triste histoire ! Alors pourquoi ? |
Le comité de lecture dit : Pourquoi ? |
Le comité de lecture dit : Pourquoi ? |
Le comité de lecture dit : Pourquoi ? |
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Parce que ta gueule. |
On remarquera dans l'absence de tirage de langue compulsif malgré l'animation vive des mâchoires, que l'espèce humaine n'est pas trop
L'Indien dit : ... ai ouffé ma angue...! |
redondante par rapport à
L'Indien dit : ... ai ouffé ma angue...! |
celle du piranha, d'où une certaine complémentarité entre l'homme et le collier à dents de piranha.
Notes
- ↑ Du nom d'Œdipe, seul personnage mythologique ayant eu les couilles de tuer son père et baiser sa mère.
- ↑ Juste sous le "petit homme cruel" dans la chaîne alimentaire.
- ↑ 80% du poids d'un piranha adulte vient des vers parasitaires intestinaux.
- ↑ La théorie du viol n'est même pas envisageable pour eux.
- ↑ Factuellement, ceci est faux. Le piranha finit généralement comme poisson rouge dans l'estomac d'un chat domestique débile dans un pays riche.
- ↑ On disait "indigène" à l'époque.
- ↑ Ce sont, si vous voulez, les claps de fin du piranha.
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