Nicolas Sarkozy : "Les chaussettes de l’archiduchesse ne sont pas sèches !"
De notre envoyé spécial Ici Tolosa... Se ma tanta avia de ròdas ne faria un cari. - le 5 avril 2011
11 heures 30, palais de l’Élysée : les traits tirés, les ministres sortent d’une conférence présidentielle manifestement tendue. Au lendemain de l’échec des élections régionales, Nicolas Sarkozy s’est fendu d’une de ces phrases-chocs dont il a le secret, en qualifiant d’ « archi-sèches » les chaussettes de l’archiduchesse.
Les réactions scandalisées ne se sont pas faites attendre.
Humidité toute relative
En premier lieu, le PS s’est montré particulièrement virulent, estimant par l’intermédiaire de son secrétaire national en charge des Polémiques, Julien Dray, que « cette phrase n’a aucun sens. Elle prouve bien l’inutilité et le manque de cohérence de la politique du Président Sarkozy depuis AU MOINS 1975 ».
Le responsable socialiste va même plus loin en dénonçant dans son communiqué « le manque criant d’égards concernant les préoccupations des ménages français, à savoir la baisse du pouvoir d’achat et le nom du vainqueur de la dernière édition de Secret Story, au profit de futilités telles que l’humidité toute relative des chaussettes portées par l’aristocratie autrichienne ».
« Archiduchesse » est en effet un blason particulier réservé à la haute noblesse Viennoise, à laquelle « le président est forcément lié de par son nom de famille suspect », selon Monsieur Dray, Sarkozy étant en effet un patronyme d’origine Hongroise.
Un radiateur spécial ?
Même son de cloche du côté des Verts, où Cécile Duflot s’est déclarée « outrée, tant sur la forme que sur le fond de l’annonce », arguant que ce n’était en aucun cas en séance ministérielle de débattre sur des sujets de cette gravité. « Les économies d’énergie sont au cœur du combat des Verts depuis des années. Or, on voit que la gouvernance étatique s’en moque complètement... Où ont bien pu sécher ces chaussettes pour être sèches à ce point ? Sur un radiateur spécial ? Un poële à charbon ? En tout cas, sûrement pas au soleil, je vous le dis ! »
Leader du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon est apparu plus calme et disert qu’à l’accoutumée face aux journalistes présents : « Bonjour connards de journaleux gratte-papiers sans talent. Vous venez agiter votre merde devant moi pour remplir vos torchons de mes déclarations sans leur contexte, c’est ça ? ... Bon, je vais dire un truc un peu constructif quand même, on sait jamais : est-ce que le président se préoccupe des chaussettes de monsieur Tout-le-monde ? NON ! À l’heure où les travailleurs de France se demandent si leurs chaussettes ne seront pas trop humides pour être mises demain, est-il utile de supprimer l’ISF et de rendre ultra-sèches les chaussettes de cette nantie ? Voilà, c’est tout. Maintenant barrez-vous sales scribouillards fumistes dégénérés consanguins. Hé, Arlette Chabot, sale pute ! »
Comme au temps d’avant la Révolution Française
Même François Bayrou est sorti de sa torpeur post-électorale (2007) pour manifester son mécontentement : « C’est pas bien », dira-t-il notamment.
Les syndicats ne sont pas en reste et ont émis un préavis de grève général pour le 25 Avril, repoussé finalement au 26 pour cause de Pâques. Ainsi, la SNCF, la RATP, les intermittents du spectacle, les lycéens, les RMIstes, les homosexuels et Bernard Thibault battront le pavé pour protester contre « ce régime népotique, où seuls quelques castes de privilégiés ont accès à l’archi-sècheresse des chaussettes comme au temps d’avant la Révolution Française. IL FAUT À TOUT PRIX DÉCAPITER QUELQU’UN ! », dixit l’homme fort de la CGT.
Le Front National récupère des voix
Devant le tollé provoqué par la nouvelle, l’union sacrée réclamée par l’UMP semble à deux doigts de voler en éclat. Garant de cette unité, François Fillon a tenté de calmer le jeu, en demandant aux élus de la majorité de « faire corps autour des critiques gratuites », conseils que ceux-ci ont mis en exécution en encerclant non sans mal Roseline Bachelot au Parlement.
D’après les observateurs, cette nouvelle gaffe du Président devrait une nouvelle fois bénéficier au Front National. Marine Le Pen a en effet profité de l’occasion pour prononcer un discours dans son fief, boulevard Dreyfus : « C’est une honte que le Président ait pu proférer de telles paroles choquantes pour notre République. Je m’engage, si je suis élue Présidente, auprès de tous les pauvres gens qui ont du mal à boucler leurs fins de mois dans des cités HLM insalubres et à l’insécurité croissante, ne pensant même pas à avoir des chaussettes plus sèches qu’une rosée du matin printanière ; oui moi, Marine Le Pen, je m’engage personnellement à renvoyer tous ces gens dans des pays où leurs chaussettes sècheront très bien ! ;-) »
Pari réussi puisque le parti est crédité de 3 points supplémentaires dans les sondages aujourd’hui, à l’inverse du PSG qui a encore perdu samedi.
C’était Pierre Ménès, pour L’Équipe et Voici.fr
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