Enquête d'action exclusive d'actualité
L’ultra, une espèce méconnue – doit-on la craindre ?
Accroche
Le monde a peuuur. Une peur vieille comme l’humanité, irrépressible. Et cette peuuuur se résume en 2 lettres et 2 chiffres : H5N1.
Le virus H5N1, véhiculé – entre autres – par l’ultra, se répand comme une trainée de poudre. Les symptômes sont les mêmes : hurlements de grossièretés, mouvements incohérents, accès de violence, jusqu’à la destruction de matériel public. Son nom scientifique est évocateur, H5N1 pour Heinekens : 5, Neurones : 1.
L’ultra peuple nos villes depuis des décennies. Cette espèce méconnue vit au rythme des résultats d’une équipe sportive. L’ultra est le principal vecteur de transmission du virus, même si tous ne sont pas contaminés, loin de là. Ce virus est latent, comme le paludisme. Présent dans l’organisme, il se réveille les soirs de défaite, ou parfois sans raison.
Comme il existe de très nombreuses sous-espèces d’ultra avec leurs propres codes et coutumes, il est impossible de tous les analyser. Ce reportage va donc se pencher sur un panel limité de sous-espèces ultra du football, en France. L’immersion doit être totale pour obtenir les réactions naturelles des spécimens. Vous le verrez, l’équipe de tournage fera des gros efforts de camouflage pour ne pas troubler les bestiaux.
Passons à l’enquête.
Observation n°1 : l’ultra jaune du Kop Loire
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Aire de répartition | ||||||
Influencés par | FC Nantes | |||||
Aire de nidification | Kop Loire | |||||
Signes distinctifs | parure jaune pétant et vert, œil triste | |||||
Cri | Cuits cuits les canaris | |||||
Attiré par | Les choix vestimentaires de Pascal Praud | |||||
Repoussé par | Les riches entrepreneurs polonais | |||||
Régime alimentaire | lexomil, tranxen, valium | |||||
dÉscription | Autrefois répandu, ses rangs sont de plus en plus clairsemés. Cet ultra nidifie dans les rangées de la tribune Loire à la Beaujoire, un lieu jadis prospère à son développement, mais qui a subi de plein fouet les dérèglements du climat. Le canarius entre donc parmi les espèces menacées. |
Nous voici donc à Nantes pour le premier volet de ce reportage. Ici se trouve une des sous-espèces les plus menacées d’ultra : le Canari du Kop. Voyons si le H5N1 est présent dans ce groupe. Et pardon pour ces couleurs criardes, mais camouflage oblige.
A première vue, les spécimens ici semblent en phase avancée de dépression. Aucun n’indique pourtant de symptômes apparents de H5N1. Essayons d’entrer en communication.
- coup d’envoi
- but des visiteurs 0-1
- but des visiteurs 0-2
- but des visiteurs 0-3
- but des visiteurs 0-4
Fin de l’expérience. Ici le problème n’est pas le H5N1, c’est plutôt à un exorciste qu’il faut faire appel. A présent que le match est terminé, le stade est vide et je vais pouvoir déverrouiller la porte des toilettes. Changeons d’horizon.
Observation n°2 : l’ultra bicolore des bassins miniers
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Aire de répartition | ||||||
Influencés par | RC Lens | |||||
Aire de nidification | Tribune Marek | |||||
Signes distinctifs | plumage jaune vif et rouge sang, souvent couvert d’un Kway | |||||
Cri | POUEEEEEEEEET | |||||
Attiré par | Les trompettes | |||||
Repoussé par | Les lillois | |||||
Régime alimentaire | Kronembourg, Picon, fricadelle | |||||
dÉscription | L’œil vif et jovial, cette espèce se caractérise par sa bonne humeur constante, sauf des fois. Le climat rude du cercle polaire où elle vit lui impose cette chaleur humaine qui la caractérise. On dit que certains aiment beaucoup les boissons euphorisantes mais ce sont des calomnies. Les ultras chtimis sont célèbres dans le monde entier pour leur caquètement ressemblant à des trompettes, qualifié par tous de répétitif autant que d’insupportable. |
Passons à une autre sous-espèce d’ultra. Nous sommes à Lens, dans la partie nord du pays pour observer une espèce particulière d’ultra : le bicolore des bassins miniers. Ici aussi on a observé parfois quelques accès de violence pouvant laisser supposer une contagion. C’est ce que nous allons voir.
Ce caquètement assourdissant est le cri nuptial des vieux mâles bicolores à trompette. Ici, dans la tribune Marek du stade Bollaert, nous sommes en pleine zone de nidification. Je vais tenter de m’approcher d’un spécimen qui porte un casque de chantier.
Ce spécimen jovial s’exprime dans un dialecte étrange. En plus il a l’air de tenir des propos incohérents.C’est peut-être un étranger, il doit parler belge.
- coup d’envoi
- but des visiteurs 0-1
- fin du match
Fin de l’expérience. La défaite n’a déclenché aucun signe de H5N1 chez cette sous-espèce, en tout cas pas ce soir. Ici le risque n’a pas l’air élevé. Passons à un autre lieu.
Vite.
Observation n°3 : l’ultra à grande bouche de Méditerranée
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Aire de répartition | ||||||
Influencés par | l’OM | |||||
Aire de nidification | Virage nord | |||||
Signes distinctifs | pelage bleu ciel et blanc, exagération et mauvaise foi | |||||
Cri | Lar-bitr’ enculé | |||||
Attiré par | Les VHS des derniers titres de l’OM | |||||
Repoussé par | Les DVD des dernières années de l’OM | |||||
Régime alimentaire | kebab au sable, substances illicites | |||||
dÉscription | Cette espèce se propage de manière incontrôlée dans toutes les régions de France tel du chiendent, et malgré des conditions défavorables. Cela inquiète certains et emmerde profondément d’autres. Bruyante, vociférant à souhait, et avec une inconcevable propension à fanfaronner, l’espèce dérange énormément les autres ultras, mais se suffit à elle-même. Risque d’invasion important, comme en témoigne la carte. |
Changeons de latitude. Ici, à Marseille, l’espèce ultra n’est pas en voie de disparition. Elle se propage partout depuis des décennies, et s’étend même très au-delà des limites de la ville. On a même repéré des exemplaires de ce type jusqu’en Belgique.
Des syndromes de type H5N1 on été clairement observés ici, nous ferons donc preuve de prudence. L’aire de nidification se concentre sur la partie nord du Stade Vélodrome. Nous pénétrons dans le gros du troupeau, micros en marche.
- but des visiteurs 0-1
- mi-temps
Vu le langage employé nous avons peut-être affaire à des H5N1. Vérifions.
OK donc ici l’agressivité verbale est présente dans la vie de tous les jours. Nous sommes déçus, ce n’est pas un symptôme H5N1, juste un dialogue normal entre marseillais.
- reprise et but des locaux 1-1
- but des locaux 2-1
Fin de l’expérience. Ici l’exagération et la mauvaise foi sont bien plus qu’un stéréotype, c’est la vie courante. A part ça nous n’avons pas vraiment observé de symptômes H5N1. Déplaçons nous plus à l’Est.
Observation n°4 : les ultras rouges du sud-est
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Aire de répartition | ||||||
Influencés par | l’ASM | |||||
Aire de nidification | Stade Louis II | |||||
Signes distinctifs | rayures rouges et blanches, effectifs réduits | |||||
Cri | inaudible | |||||
Attiré par | Les métaux précieux | |||||
Repoussé par | Le régime fiscal français | |||||
Régime alimentaire | caviar, champagne, œufs de caille | |||||
dÉscription | On sait peu de choses sur cette espèce très discrète et peu bruyante. Le monégus est classé entre le rhinocéros blanc et le Dodo de l’île Maurice sur la liste rouge des espèces menacées de la WWF. |
Ici près de la frontière italienne cohabitent 2 espèces d’ultras. D’un côté l’ultra rayé rouge et noir, et de l’autre l’ultra rouge et blanc du Rocher. Ces derniers sont une espèce très menacée. Il est très rare de voir des rassemblements de plus de 1000 individus. Et au-delà de la zone de base de son habitat, seuls quelques rares spécimens isolés sont répertoriés. Les affrontements entre les 2 espèces endémiques laissent supposer que le H5N1 se propage dans le coin. Voyons ça.
Nous sommes dans l’aire de nidification des rouges et blancs. L’endroit est calme, peu rempli. Mais des clameurs retentissent soudain : ce sont les ultras rayés rouge et noir qui envahissent la zone.
Devant une si grande provocation, les rouges et blancs ne se laissent pas faire. Le match passe au second plan !
Jusqu’où cela peut-il aller ? Il n’y a rien à gagner ni à perdre, et malgré tout on dirait un combat de clocher à mort. Si les 2 camps n’étaient pas séparés, cette démonstration de force tournerait à la guerre civile. ENFIN DE L’ACTION !
- but des locaux 1-0
ENFIN !!! Des projectiles sont lancés par le camp d’en face ! Dans le passé les affrontements entre ces groupes ont parfois dégénéré, je peux vous dire qu’on s’éclate avec l’équipe de tournage ! La caméra n’en perd pas une miette !
Mais voilà que des hommes viennent s’interposer ! Apparemment ils ont eu un accident de la route : ils portent leur gilet de sécurité. Ils vont surement rétablir l’ordre, ah quel dommage !
Fin de l’expérience. Essayons une dernière observation ailleurs.
Observation n°5 : l’ultra bleu des villes
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Aire de répartition | ||||||
Influencés par | Paris Saint-Germain | |||||
Aire de nidification | Parc des Princes | |||||
Signes distinctifs | plumage bleu et rouge, air stressé | |||||
Cri | Houuuuuuuu ! | |||||
Attiré par | Discussions sur la pénurie de titres de l’OM | |||||
Repoussé par | Discussions sur les résultats du PSG | |||||
Régime alimentaire | ongles, foie, cerveau | |||||
dÉscription | L’air sévère, le teint pâle, cette espèce semble marquée par les tempêtes que traverse son club. Le saingermitis se rassure en sachant que son ennemi héréditaire traverse un désert de titre, mais même cette piètre consolation ne le satisfait plus. |
Nous voici dans un écosystème unique : le Parc des Princes, territoire de l’ultra bleu des villes. On les accuse souvent d’être à la base d’actes ignobles, comme l’histoire de la banderole.
Les médias racontent que ce sont des fanatiques fous dangereux, c’est donc avec de grandes précautions que nous nous rendons ici. Et on espère cette fois qu’on va ENFIN voir du H5N1.
- coup d’envoi
Pour l’instant rien ne laisse présager quoi que soit. Nous ne voyons aucune différence avec les autres groupes observés. Va-t-on enfin avoir de la bagarre et de la violence ? Quel suspense !
- 15 minutes plus tard
C’est incroyable ! Plus le temps s’écoule, plus les visages s’allongent ! Ces ultras qui paraissaient confiants se ratatinent sur eux même à vue d’œil ! Comme une liquéfaction générale sans changement de température.
- mi-temps
Les esprits s’échauffent légèrement ! La tension est palpable et on sent qu’une étincelle peut faire déborder le vase ! J’en perds mes mots tellement c’est bon.
- reprise
- but des visiteurs 0-1
- fin du match
Voilà, les ultras vont quitter leur zone de nidification dans un état de nerfs à stresser un Doc Gyneco. Mais attendez… Il se passe quelque chose ! Voilà que des ultras de la même espèce en viennent aux mains ! De chaque côté on arbore les même couleurs, mais on s’insulte et on hurle. Il va y avoir du sang et de la rage, nos caméras sont super bien placées, je vais avoir une érection.
Essayons d’entrer dans la masse. Ah quel dommage que vous ne puissiez pas sentir cette odeur de haine.
Nous voilà dans un des 2 groupes qui s’affrontent. Prenons la température.
Vous l’avez compris ! Ça sent le nazillon ! Autant dire que l’autre groupe n’apprécie pas ! Je me retrouve entouré de dizaines de H5N1, les symptômes sont clairs ! Ils parlent tous le même langage. Leur objectif semble clair : en découdre avec ceux d’en face, ils sont pourtant du même clan. A moins que…
BON SANG MAIS C’EST BIEN SUR ! Nous avons à faire à 2 espèces différentes ! Autour de nous les spécimens sont différents. On dirait des sortes de caméléons, des parasites qui ont intégré la sous-espèce saingermitis. Leur regard vide d’intelligence ne laisse aucun doute sur leur contagion au H5N1.
C’EST GAGNÉ ! Nous avons résolu une énigme scientifique ! Il existe une nouvelle espèce d’ultra que personne n’avait repéré ! Fin de l’expérience.
Malgré cette découverte il y a un fait : personne ne sait comment limiter la contagion et empêcher cette violence. Qui sait si demain on ne trouvera pas des dangereux parasites contaminés dans votre quartier, dans vos villages, ou même dans votre bâtiment ?…
Tiens, voilà que les 2 clans se chargent.
La semaine prochaine
Nouvelle taxonomie
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Aire de répartition | ||||||
Mode de fonctionnement | parasite une autre sous-espèce d’ultra | |||||
Aire de nidification | partout et nulle part… | |||||
Signes distinctifs | absence totale d’intelligence | |||||
Cri | HARRRRRRR ! | |||||
Attiré par | La bagarre | |||||
Repoussé par | cailloux, barres de fer, voitures, 9mm, tout groupe en nombre supérieur ou mieux armé | |||||
Régime alimentaire | Autres hooligans de groupes rivaux, CRS isolés | |||||
dÉscription | Pourvu d’un unique neurone, ce parasite envahit les groupes d’ultra pour leur transmettre le H5N1. Il se déplace toujours en bande et son taux d’alcoolémie n’est jamais nul. Parfois, des meutes de pseudo-ultras s’affrontent en bataille rangées juste par plaisir de l’affrontement. Toutes ces raisons placent cette espèce dans la liste noire de la WWF des espèces à euthanasier. |