Gueule de bois
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Hein ? Quoi ? Mais qui me parle ? Allô ? Pourquoi il fait tout noir ici ? Ohhhh ma tête putain. J’ai la gerbe, la pâtée au bord des lèvres et l’estomac dans l’œsophage. En plus si je me mets à entendre des voix. Bon où est l’interrupteur...
Mais bordel où êtes-vous ? Et de quelle histoire parlez-vous ? J’ai mal au crâne pour le moment je ne suis pas en état de réfléchir. Et tant mieux d’ailleurs car je crois que j’aurais carrément les jetons. Vous voulez pas allumer, mais pas trop fort, ça fait mal aux yeux.
Antoine.. Anniversaire... Oui je me souviens, je suis parti de chez moi vers 19h30...
Rideau
Oh oui ça me revient. Comme un boomerang en pleine gueule. J’ai bu comme un trou ce soir-là, à me rendre malade. J’ai tout gerbé sur la moquette et j’ai dû tomber en coma éthylique car après, plus rien. Je suis à l’hôpital hein ? C’est ça ?
Alors je rêve, c’est ça ? Ou au pire je suis en plein delirium tremens et j’hallucine, voilà, ça va passer, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Cette voix dans ma tête, c’est moi qui l’invente.
Ne me dites pas que je suis mort ! Vous êtes Dieu ? Je suis au paradis ?
Vous essayez de me faire peur ? Dites moi qui vous êtes et comment vous savez pour Antoine son anniversaire et tout ça ?
Ça ne me dit pas qui vous êtes ni pourquoi vous vous intéressez à moi.
Qu’est-ce que vous voulez dire ? Répondez-moi. Répondez-moi ! Répondez-moi bordel de merde !
Très belle histoire, merci, ça n’a pas arrangé mon mal au crâne bien au contraire. C’est pour me raconter ça que vous m’avez amené ici ? J’ai pas que ça à foutre moi et surtout, je n’ai pas besoin qu’on me dise que l’alcool fait mal au crâne.
.......
Oui, je ne sais pas trop... On dirait une sorte de statue mais très lisse et pas du tout froide comme la pierre ou le marbre.
Ça n’a rien d’une coïncidence. D’abord vous me racontez l’histoire du capitaine Coldwood et ensuite vous me dites que c’est une statue du capitaine Coldwood, je ne vois pas en quoi le hasard est intervenu ici. Si encore j’avais entendu cette histoire hier de la bouche de mon beau-frère et qu’ensuite vous me parliez de la statue, là oui j’y aurais vu une coïncidence. À moins que vous soyez mon beau-frère bien entendu, mais j’en doute.
Vous essayez de me faire croire que vous êtes Geppetto, le papa de Pinocchio ? Mais vous n’êtes qu’un personnage de conte pour enfants ! Soyez raisonnable mon vieux.
Bon admettons. Mais où sommes-nous alors en ce moment ?
Mais moi, qu’est-ce que j’ai à voir dans cette histoire à la con ?
Ça veut dire que vous allez me laisser partir ?
Mais, quel est le rapport avec la statue du capitaine Coldwood ?
Je vous remercie Geppetto, et je vous promets que je boirai désormais avec modération. Voire plus du tout.
Maintenant, jour et heure indéterminés
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Samedi, 19h30, début de soirée
Vroum vroum…. Iiiiiiiiiiii......Slam…tap…tap…tap…tap…tap…tap… Ding Dong !..............................................Ding Dong !...........................................toc toc toc.......................BAM BAM BAM ........... Clic clac……… Yo Man ! Yeah !....... tap…tap…tap…tap…tap…tap… Couic couic couic Pop !.
... tchin-tchin ! glou glou glou glou aaaaaaaaaaah ! glou glou glou glou aaaaaaaaaaaaaaaah 
bla bla bla La crise...bla bla bla… Couic couic couic Pop !
.... Tout le monde s’éclate, à la queue leu leu…… glou glou 
bla bla bla Richard Gasquet bla Pop glou This is the rythm of the night Dziiiiiiing Et merde mon verre Ha Ha Ha Ha !!! Couic couic couic Pop Tu baises salope 
glou glou glou glou tchin tchin glou glou glou gl.............................
BEUARRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRHHHHH...
Splaaaaaaatch
Maintenant, jour et heure indéterminés
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16 juin 1847, Océan Atlantique Nord, au large des côtes canadiennes à bord de la frégate anglaise le Twix
 Du rhum, par ma barbe, du rhum pour votre capitaine ! Vous voulez donc que je meure de soif ? |
 Voilà capitaine, je vous ouvre une nouvelle bouteille, mais attention, c’est à consommer avec modération, pensez aux futures générations qui liront vos péripéties ou verront leur adaptation sur France 2 en 12 épisodes de 52 minutes. |
M. Hangover, je n’ai que faire de vos récriminations, seule l’action compte, vous n’allez pas me saper le moral avec vos préceptes ridicules de tempérance. |
À vos ordres, capitaine. Puis-je enlever mon collier de fleurs maintenant ? |
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La vigie du Twix : |
Qu’est-ce qu’il a dit, M. Hangover ? |
Perso j’ai entendu « madeleine à Combourg » mais j’ai un doute. Ohé, là-haut, encore dans la hune ? On n'a rien compris ici. |
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La vigie du Twix : |
Que le grand cric me croque©, tribord toutes ! Mais d’abord, une autre bouteille de rhum. |
Capitaine, ce n’est pas prudent, vous êtes rond comme une queue de pelle, vous n’allez tout de même pas partir à la chasse à la baleine dans cet état. |
Silence moussaillon, ou je te mets aux fers à fond de cale. Mon harpon Hahaha ma jolie, tu vas voir de quel bois se chauffe le capitaine Horatio Coldwood ! Banzai ! |
Suivant les ordres du capitaine, passablement éméché, le barreur fait virer tribord le Twix qui se dirige alors droit vers le paisible cétacé. Arrivé à une vingtaine de mètres de sa cible qui, en train de digérer ses huit quintaux de plancton quotidiens, ne s’est encore rendu compte de rien, le navire entame cette fois un virage vers bâbord pour se mettre flanc à flanc à l’animal.
Au moment opportun, le capitaine Coldwood jette son harpon de toutes ses forces vers la tête du mammifère marin. Hélas il se rend compte trop tard qu’il a lancé le mauvais côté du harpon, c'est-à-dire celui où il n’y a que la corde. La baleine, très agile malgré sa taille, est soudainement sortie de sa torpeur et parvient à attraper la corde puis à la coincer entre ses fanons.
Elle plonge alors dans les profondeurs de l’océan. La corde se dévide à grande vitesse et au moment où le capitaine se rend compte qu’il va se faire attraper la jambe par le harpon qui est resté à bord, il est déjà trop tard. Il se fait happer par le crochet et passe par-dessus bord sans autre forme de procès pour être englouti quelques dixièmes de secondes plus tard dans les abysses.Maintenant, jour et heures indéterminés
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Époque inconnue, mais il y a de nombreuses années
— Mon fils, je crois que j’ai fait une terrible erreur
— Que veux-tu dire, père ?
— Les choses étaient plus simples avant. Je pensais vouloir un enfant, pouvoir assumer son éducation et lui fournir le gite le couvert mais il faut se rendre à l’évidence, tu me reviens beaucoup trop cher et je n’arrive plus à joindre les deux bouts. Sans compter le chat et le poisson rouge. Donc j’ai pris ma décision, je vais devoir me débarrasser de toi.
— Mais père, ce n’est pas possible, vous mentez !
— Je ne mens pas. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Si ça peut te consoler, ce n’est pas de gaité de cœur que je fais ça. Menuisier, de nos jours, ce n’est pas un métier rentable.
— Mais qu’allez vous me faire ?
— Oh je ne vais pas te tuer, je ne suis pas un criminel. Tu vas boire cette bouteille entière d’alcool de bois. Quand tu l’auras terminée, tu retrouveras petit à petit ton état d’origine et je pourrais reprendre ma vie d’avant. Allez, ne fais pas d’histoires, viens ici.
— Nooooooooon ! Au secours !
Soudain, un éclair aveuglant envahit toute la pièce et comme par magie, une fée apparut.
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La Fée Bleue : |
| Geppetto ! Que fais-tu malheureux ? Laisse cet enfant tranquille ! |
— Putain c’est pas vrai, toujours à se mêler de ce qui ne la regarde pas celle-là. Laisse moi tranquille, morue, j’en ai marre de ce gosse, je veux qu’il redevienne une marionnette inerte, laisse moi lui filer la gueule de bois.
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La Fée Bleue : |
| Après tout les efforts que j’ai dû consentir pour en faire un être de chair et de sang ? Ça va pas la tête ? Tu crois que la magie ça pousse sur les arbres ? On donne la vie et puis boum un connard se permet de vouloir tout annuler comme des vacances au Mexique en pleine pandémie de grippe A. |
— Alors prends-le avec toi, débarrasse-moi de cette merde de gosse bon à rien !
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La Fée Bleue : |
| Tu le prends sur ce thon ? Très bien, tu vas avoir droit à un châtiment à hauteur de tes méfaits. Je vais te transporter dans un endroit sombre et secret, un endroit que tu connais déjà et où tu pourriras pour l’éternité. Quant à Pinocchio, je vais l’emmener avec moi et il recevra une éducation chrétienne. |
— Attendez, ne vous emportez pas, on peut peut-être négocier ? Vous prenez le gamin et vous me laissez tranquille par exemple...
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La Fée Bleue : |
| Abracadabra Shazam Hocus Pocus Tirlipinpon sur le Chihuahua ! |
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La nana aux cheveux bleus dit : |
| Je signale au passage que je n'ai rien à voir avec cette mégère |
Maintenant, jour et heures indéterminés
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Geppetto : |
| Et voilà comment je me suis retrouvé ici, depuis si longtemps que j’en ai même oublié le temps. |
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Geppetto : |
| Oui je sais, ils disent tous ça. Et pourtant c’est bien moi. |
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Geppetto : |
| Vous ne l’avez pas deviné ? Mais tout naturellement dans le ventre de la baleine. Là même où je fus retenu prisonnier avec mon crétin de fils, mon poisson rouge et mon chat, jadis. Sauf que je n’ai aucun moyen de sortir. |
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Geppetto : |
| Tout ça c’est à cause de l’alcool. En m’enfermant ici, la Fée Bleue m’a lancé une malédiction. Quand quelqu’un a trop picolé au point d’être au bord de mourir, il est automatiquement transporté ici et je suis chargé de lui faire la morale et de lui foutre une putain de gueule de bois pour qu’il retienne la leçon et ne recommence pas. Cette Fée Bleue est une sacrée bigote et elle ne supporte pas l’alcool. |
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Geppetto : |
| Bien entendu. Si je devais garder ici tous les poivrots de passage, ce serait pire qu’un camp de réfugiés au Darfour ! Mais tu n’auras aucun souvenir de toute cette histoire, juste un putain mal de crâne et des remords dont tu ignoreras toujours l’origine. |
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Geppetto : |
| Ah ça... Eh bien le capitaine fut le premier alcoolique dont j’ai eu à m’occuper. La baleine a fait exprès de l’attirer vers lui non seulement pour qu’il arrête de boire mais aussi pour qu’il arrête de chasser ses congénères. Mais les instructions de la Fée Bleue n’étaient pas très claires et quand elle m’a demandé de lui donner la gueule de bois, je l’ai compris au sens strict du terme. Je l’ai en quelque sorte fossilisé dans le bois et depuis, il me tient compagnie. Mais ne crains rien, maintenant je connais mon métier. D’ailleurs, il va être temps pour toi de partir. Que cela te serve de leçon mon ami, si tu dois revenir ici, je ne suis pas sûr d’être aussi magnanime. |
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Geppetto : |
| J’y compte bien, allez retourne chez toi maintenant. |
Dimanche, 7h45, sur la moquette
Le repenti : Ohhhhhhhhhhh, ma tête. Putain que j’ai mal au crâne, que quelqu’un me donne une aspirine, ma tête va exploser. C’est la dernière fois de ma vie que j’avale une goutte d’alcool.
Antoine : Oui c’est ça, à d'autres. Tu dis ça à chaque fois que tu as la gueule de bois.
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