Grossesse
Une femme enceinte est une femme atteinte de grossesse — i.e., elle prend du bide alors qu'elle ne boit pas de bière. On ne le remarque pas assez, mais la grossesse est toujours implicitement congénitale, et les liens mère-enfant supposent une forte consanguinité de type irréversible.
Théories sur la femme enceinte dans l'Histoire
Les femmes enceintes ont de tout temps excité l'imaginaire des maïeusophiles.
Au Moyen Âge de la connaissance
La naissance de la femme enceinte a nourri moult mythes[1]. Dans la préhistoire, le bébé arrivait sur Terre enveloppé dans le baluchon d'une cigogne. Cette théorie aurait été satisfaisante si elle ne souffrait d'une lacune de son pouvoir explicatif : pourquoi la mère grossit-elle systématiquement avant la livraison du bébé, puis redevient mince ensuite ? Le Moyen Âge fut l'occasion de combler la lacune et de rationaliser la théorie : la mère s'inscrit enfin dans un nouveau cycle élaboré de transactions impliquant la même cigogne.
1. La cigogne livre la mère enceinte. | 2. Elle repart avec la mère non enceinte. |
3. La cigogne livre la mère non enceinte avec le bébé. | 4. Elle repart avec la mère enceinte. |
La mythologie grecque
Les références à la grossesse sont monnaie courante dans la mythologie grecque. Les mêmes Grecs qui calculèrent la rotondité de la Terre bien avant Galilée, avaient également monté le mythe d'Atlas, titan condamné à porter le globe terrestre sur ses épaules. Le mythe d'Atlas exprime la croyance en l' Homme Enceint, premier représentant messianique d'une nouvelle race d'humains débarrassés du succédané du fardeau infligé à Adam par les dieux : Ève.
Mais la thèse de l'Homme Enceint Providentiel ne rend pas compte de l'équivalence entre être enceint et entretenir une femme enceinte en termes de pure chiantitude. Les psychologues ont donc aligné leurs nouveaux livres avec ce point de vue novateur :
Les supplices grecs
Dans le supplice de Sisyphe, le Corinthien se voit condamné, pour avoir rusé auprès de Thanatos, à déposer une femme au sommet d'une colline sise dans le Tartare. La femme, posée sur le ventre, se gonfle : elle finit par reposer uniquement sur le bout du ventre, de plus en plus en équilibre instable, puis elle tombe enceinte. Elle dévale alors la pente tout en se dégonflant, et quand elle a fini de rouler, Sisyphe doit la porter à nouveau au sommet.
Le détail important de cette histoire réside dans le basculement équiprobable dans un versant ou l'autre de la colline, aussi indécis que les positions du i et du y dans le mot "Sisyphe" ou le mot "Sysbilissisbsiles". La même mécanique saura être revalorisée en posant la bascule sur un sol parfaitement plan. On obtient ainsi un tape-cul, traditionnel compagnon du jardin d'enfants, dont l'origine étymologique demeure cependant obscure[2].
Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift
Le roman de l'auteur anglais Jonathan Swift dresse l'état de l'art de la connaissance en matière de grossesse. Il nous conte les aventures de Lemuel Gulliver, chirurgien de marine, dont l'équipée fait d'abord naufrage sur l'île de Lilliput (en fait, plus un archipel). Les habitants de l'île, les Lilliputiens, êtres hauts comme 6 pouces, sont divisés en 2 camps : les petits-boutiens et les grands-boutiens, répartis de part et d'autre de l'énorme ventre de Lilliput, femme enceinte faisant office d'île. Les deux camps sont constamment en guerre pour savoir qui tient le bon bout.
- Naufrage (n. m.) : Acte de s'échouer de manière plus ou moins inexpliquée sur les côtes d'un territoire inconnu.
Après s'être échappé de Lilliput, Gulliver fait naufrage sur les côtes d'une île flottant dans les airs : Laputa. Laputa est une femme enceinte dont la bosse remplie d'hélium lui confère la capacité de planer en vol aérostatique sans tourner sur elle-même à la manière des pales d'un hélicoptère.
Pendant son séjour à Laputa, l'île dérive puis se trouve en butée contre la bosse émergée d'une autre femme enceinte, dont la base est matelassée d'une verdure très dense d'où émergent deux bourrelets ratatinés. Gulliver entreprend une descente d'investigation, et le roman s'achève là. C'est littéralement un cliffhanger : Jonathan Swift nous ouvre une nouvelle ère de réflexion philosophique sur la nature ambiguë de la grossesse, et ce bien avant Charles Dickens.
La théorie moderne pré-quantique
Le renouvellement théorique pour expliquer la forme bosselée de la grossesse provient de la recherche en physique fondamentale. Le modèle de la tente des théoriciens précurseurs était largement erroné. En effet, soit un piquet de tente, que nous supposons en soutien de la bosse. En pratique, on conçoit aisément que le piquet devrait sous-tendre la peau en forme de cône ou de tente Queshua. Or la bosse d'une femme enceinte a plus l'allure d'un ellipsoïde régulier.
Pour les physiciens modernes, on peut rationaliser la bosse à l'intérieur d'un cycle de phases :
- Phase semi-liquide
- Le raisonnement scientifique est simple. Selon Antoine Lavoisier, « rien ne se crée ni ne se perd, et surtout pas les pertes. » Considérant que les pertes s'arrêtent lors de la grossesse, il vient naturellement que les produits menstruels sont retenus par une sorte de bouchon biologique et s'accumulent à l'intérieur du ventre.
- Phase semi-gazeuse
- Cette phase découle de la capacité moussante du sperme au contact des règles. Le sperme mousse et repousse les parois thoraciques à la manière excentrique et homogène d'un gaz, ce qui rejoint le constat de la forme ellipsoïdale.
- Phase semi-solide
- Le bébé s'est formé de la condensation émulsive des millions de mœllons semi-liquides. Mais il est encore tendre, les tissus osseux ne sont pas au point, et ont encore besoin d'apports réguliers en calcium avant de pouvoir casser au lieu de simplement se distendre.
Le professeur Sayrien
Vers la fin du XXe siècle, le professeur Sayrien, qui a aussi analysé le poisson rouge, bouscule les idées reçues. Il émet l'hypothèse que les femmes enceintes sont en fait des baleines à bosse dont le nombril est en fait l'évent relié aux poumons, ce qui lui permet la nage sur le dos.
Mais la vérité serait bien plus extrême. Un bébé habitant dans la bosse prendrait en effet possession de la porteuse. Celle-ci serait contrôlée par diverses impulsions (fièvre acheteuse, accès de boulimie, etc.) commandées par le bébé, non sans rappeler les méchas japonais[3]. Outre l'avantage procuré par un exoplasme rigide articulé dans les combats intergalactiques, le bébé peut mener à bien, à l'abri de sa petite cachette placentaire, des opérations de haute intelligence militaire sur les places publiques. Devant les guichets de la Poste par exemple, est peinte sur le sol la ligne de confidentialité, par laquelle est assuré un espace minimum entre le guichet et le premier client dans la file d'attente. Or le ventre avancé de la femme enceinte donne à bébé l'occasion d'épier de près ce qu'il s'y dit.
Description physique
La meilleure description possible d'une femme enceinte est qu'elle est le premier landau du futur nouveau-né. Quand le bébé aura vu le jour, elle sera le landau qui promène le nouveau landau dans le parc.
Forme
La femme enceinte possède une bosse, appelée également "embompoint", globalement convexe, et localement concave au nombril. Cette bosse de type "émergente" fut illustrée par le film Les Dents de la Mère :
Le ventre de la femme enceinte est un véritable 6e membre compensant le manque de virilité. L'usage du ventre comme atout masculin a toujours été omniprésent dans la culture. Ainsi Dhalsim, le combattant du jeu Street Fighter II, peut-il, en plus d'allonger ses autres membres pour donner des coups, détendre son ventre élastique à la Chuck Rock, le premier héros vidéoludique à utiliser son ventre comme une matraque.
Localisation de la bosse
La bosse se porte dans le dos, le ventre, ou les chevilles. Le choix n'est pas indifférent. Par exemple, la femelle du chat ne porte pas la bosse sur le dos par hasard : les chats retombant toujours sur leurs pattes, ils ne courent jamais le risque de tomber sur leur bosse. Les Japonais, pour continuer à parler des animaux, sont encore plus spéciaux. Leurs femmes, appelées sumos, peuvent être enceintes des cuisses, des hanches, des bras ou du cou. La seule constante entre tous les types de femme enceinte est la position des bras coudés, les mains sur les flancs.
Dans les cas exceptionnels de grossesse dite par procuration, la bosse de la femme enceinte est portée par la femme "enceinte par procuration", ou porteuse. Une telle grossesse à distance est attestée par des différences marquées entre la porteuse et la progéniture, par exemple dans le cas de la porteuse de peau blanche accouchant d'un enfant noir. Les femmes ne sont pas les seules à subir cette anomalie. C'est également le cas de la poule. L'embryon de la poule se développe en effet dans le jaune contenu dans l'œuf, et non dans le ventre de la mère poule dont la chair est blanche.
Dimensionnement
Techniquement, la femme enceinte ressemble à un avion, ce qui permet d'utiliser le même vocable technique pour la dimensionner. Une femme sera donc décrite selon les axes suivants :
- L'envergure : longueur entre les bouts des majeurs, bras écartés et doigts tendus
- La longueur hors tout : longueur entre l'avant et l'arrière, à ne pas confondre avec la distance entre le devant et le derrière
- L'angle aérodynamique
L'angle aérodynamique est l'angle au sommet du cône de la "tente" définie en jetant une burqa afghane sur la femme. Par rapport à un avion, l'angle aérodynamique est beaucoup plus obtus grâce à la bosse. Il s'agit intuitivement d'une mesure de la verticalité de l'appareil. Notez que la burqa induit souvent en erreur. Analysons les situations suivantes où l'interlocuteur d'une femme enceinte est induit en erreur :
Parler à une femme à burqa dans le dos est très mal vu. Il faut donc leur parler lorsqu'elles sont de profil. Pour cela, la technique de l'interpellation fut un temps en vogue :
- Interpelez la femme par son nom. Vous prendrez connaissance de son orientation selon qu'elle se tourne vers vous ou non.
- Faites un rapide pas de côté pour l'aborder de profil.
- Parlez-lui tout en maintenant le rapport de face à profil.
Cette technique souffre d'un inconvénient si la femme s'entête à essayer de vous faire face : vous risquez d'entrer dans une ronde infernale et de vous étourdir mutuellement jusqu'à tomber dans les pommes. Remarquez que si elle en vient à accoucher à cet instant précis, le bébé naîtra alors dans les choux.
Marques distinctives
Comment distinguer une femme enceinte d'un chameau ?
La femme enceinte a une seule bosse, et le chameau deux. Grâce à ces deux espèces animales, rien n'est plus aisé qu'engendrer soi-même toute la série de la faune existante. Par exemple, l'union d'1 femme enceinte et d'1 chameau fera obtenir l'animal à 3 bosses. Pour avoir 5 bosses, 2 chameaux et 1 femme, ou 5 femmes, joueront les ingrédients. Notez que l'union de 2 femmes fait parvenir à 1 chameau, et que cette équivalence fonde de nombreux systèmes de comptabilité chez les peuples du désert où, dans une économie basée sur le troc, la polygamie est nécessaire au nomade. Pour survivre une traversée du désert, il sied en effet d'échanger au début du voyage deux de ses femmes contre un chameau, puis à la fin dudit voyage, d'échanger le chameau contre deux nouvelles femmes. Ou de garder le chameau.
Comment distinguer une femme enceinte d'un homme
Les hommes ont un point faible marqué, particulièrement exposé en position de repli fœtal (posture défensive) : il s'agit de l'angle postérieur susceptible de se ficher dans le siège des toilettes et l'exposer aux prédateurs, le pantalon massé autour des chevilles l'empêchant de se débattre avec efficience.
Or, chez la femme enceinte, le rapport antérieur-postérieur est inversé : la bosse formant saillie rend la femme particulièrement vulnérable vers l'antérieur.
Comment différencier les grosses des enceintes
Le test de grossesse, comparable au test de séropositivité, répond à la question de savoir si la femme est vraiment grosse, ou juste grosse et enceinte. La variante la plus connue, dite test de Pierre-Martin, repose sur la position du nombril. Le principe de base est le suivant : plus la tête de Pierre-Martin est bien proportionnée, plus la femme est grosse et enceinte, et moins elle est purement grosse. Avec un marqueur, dessinez les yeux et le sourire de Pierre-Martin aux emplacements les plus probables. Le nombril fait le nez quoiqu'il arrive. Le Pierre-Martin de la femme grosse a typiquement le front large, le nez très près de la bouche, et le menton écrasé. Dans les cas des obèses extrêmes, Pierre-Martin devient moustachu, les yeux cachés sous les plis massifs de la peau des sourcils. Il lui arrive aussi de porter un appareil dentaire en cuivre contraceptif.
Guide des femmes enceintes
Comment concilier grossesse et carrière
Il est a priori difficile de concilier grossesse et carrière, ou, pour dire les choses comme elles sont, grosse carrière et carrière de grosse. Si madame vous embrassiez l'idée de vous émanciper par le travail et que la grossesse a jeté le grappin sur vous, vous pouvez pleurer. Car connaissez-vous au moins les histoires de G.I. Jane ?
De 1955 à 1960, G.I. Jane boxait ; elle était l'incontestée championne des poids mouche. G.I. Jane, c'était aussi des refrains rageurs :
Puis un beau jour, alors que son homologue masculin Cassius Clay apportait une médaille d'or olympique aux États-Unis, elle tomba enceinte. C'était la fin de G.I. Jane. Notre dure à cuire monta directement dans la catégorie des super-lourds. Incapable de s'adapter à son centre de gravité dorénavant très bas et au déclin de ses poussées progestatives, l'ex-championne essuya les dérouillées. Elle, la fière lionne parmi les juments, ne pouvait même plus cacher son visage dans le tapis car elle roulait sur le ventre. Une seconde grossesse la rendit aussi pataude qu'une femme normale enceinte la première fois, c'est dire.
Il fallut la Guerre du Viet Nam pour revoir notre G.I. Jane sous son plus beau jour. C'était de nouveau la liesse du féminisme, d'yeux il n'y en avait plus que pour G.I. Jane. Les Viet Congs virent débarquer le phénomène G.I. Jane enceinte,
tous feux dehors, dirigeant sur les Viet Gorilles communistes le souffle chaud de l'Amérique, poussant de la botte la poussette à bébé mitrailleur !
Et que dire de G.I. Jane en Afghanistan, où une simple femme sans burqa et avec poussette défonce les a priori sexistes des Talibans à coups de fusil à pompe dans la semoule !
On la vit encore dans G.I. Jane en Irak, où les armes biochimiques de l'ennemi altérèrent son métabolisme et la firent accoucher d'un monstre mutant à poils verts surpuissant allant décimer les rangs ennemis, dévorant sans état d'âme les femmes enceintes placées lâchement sur les fronts par l'immorale peste irakienne !
Et enfin, n'oublions pas G.I. Jane qui déclare la guerre à la merde qui s'étale partout, avec pour arme principale les nouvelles Pampers à fronces protectrices ! Pampers, ou le droit à l'indépendance des bébés !
Garder le ventre plat
Les nouvelles formes rebondies accaparent l'attention des femmes enceintes. Soucieuses de leur ligne, elles vont déployer une grande diversité d'imagination pour entretenir l'attention des mâles à leur égard. Leur premier réflexe défensif contre les accusations d'obésité, c'est de dire que c'est le bébé qui est enceint.
Saoulé par les inventions des commères, Charles Perrault créa dans le conte du Petit Poucet de Charles Perrault le personnage de l'ogre ayant pour menu les petits enfants rondouillets. Ses repas sont ordonnés par ordre décroissant de rondeur : les plus grassouillets sont les premiers dévorés, ce qui aura l'art de dissuader les futures mères de créditer leurs enfants de toute leur obésité. D'autres techniques de mitigation des moqueries ont alors émergé.
La première consiste tout simplement à rentrer le ventre en prenant une grande inspiration. Cette technique est valable surtout en début de grossesse. Les femmes qui ont le mieux réussi ce tour sont employées au cirque, en tant que ventriloques.
Sinon, le lit de Procuste est tout à fait adapté. D'après la mythologie grecque, le brigand de l'Attique Procuste enchaînait à un lit ses victimes. Il coupait ces dernières si elles dépassaient, ou les étirait jusqu'à ce qu'elles soient à la taille du lit. En prenant un lit de Procuste délibérément trop grand, la femme enceinte sera étirée et le ventre rond reviendra à plat.
Dans la Nature, nous pouvons également trouver des solutions naturelles, comme la carapace de tortue. En effet, on constate que la carapace de la tortue femelle conserve toujours le même volume, que la tortue soit enceinte ou non. Il en ressort que la carapace de tortue saura confiner et camisoler le ventre le plus récalcitrant. Si cela même ne suffisait pas, le génie d'Archimède soufflerait au loin tous nos soucis aussi efficacement que des miroirs géants repoussant la flotte romaine lors du siège de Syracuse. Archimède avait en effet constaté que la reine de Syracuse faisait déborder les bains publics depuis qu'elle était enceinte. Il en déduisit que la hauteur de l'eau était en rapport avec le volume des corps immergés. Il appuya donc sur le ventre de la reine pour éviter à l'eau de déborder. Il calcula que la force exercée, la fameuse poussée d'Archimède, devait être proportionnelle au poids du volume d'eau déplacé. La compression du ventre fonctionne donc mieux en milieu salin, où l'eau est plus dense qu'en eaux douces.
Petit guide pépère pour le père
Toute femme enceinte a une réputation telle qu'on lui fait volontiers de la place, lui cédant volontiers nos places assises dans le bus ou le train. Donc rien de différent d'un poivrot incroyablement nauséabond et se relevant de sa dernière cuite. En fait, rien n'est plus représentatif de l'horreur absolue qu'une femme enceinte, en particulier quand on éteint la lumière et qu'on l'éclaire d'en bas avec sa lampe-torche qui-fonctionne-même-dans-le-noir.
Et parfois, la vérité est même encore plus terrifiante.
Prendre les choses en main : comment forcer le coffre
Si vous êtes perdu à la campagne, il est fort probable que vous serez la sage-femme désignée[4], votre femme ne servant a priori à rien dans cette opération délicate, et surtout pas dans cette position caractéristique sur le dos, les jambes en grand écart, en train de suer à grosses gouttes en couinant comme une non moins grosse truie. C'est pas dans cette position qu'on a gagné les 2 dernières guerres mondiales. Ou presque.
Faire accoucher n'a jamais été difficile. Tout dépend de la localisation de la bosse. Pour faire accoucher de la cheville, une méthode très particulière sera requise : il faut tirer la bobinette et la chevillette cherra.
C'est plus délicat si votre femme est enceinte du ventre : il faut usurper la technique du loup. Celle-ci consiste, pour résumer, à souffler dans le ventre. Vous soufflerez de plus en plus fort selon que le ventre est en brindilles, en paille ou en brique. Un ventre en brique est pratiquement indémolissable, auquel cas il faut passer par la cheminée, mais attention à ne pas tomber dans la marmite d'eau bouillante.
Le cauchemar de la femme enceinte
Au IIIe millénaire, l'homme se prépare à la femme enceinte avant même sa première femme. Son outil, comme en toutes choses, demeure sa fidèle poupée gonflable. Les poupées sur le marché varient selon le mode de remplissage en eau ou en air. En pratique, la différence importe peu, sauf en cas de fuite : autant la fuite d'eau peut passer pour une éjaculation vaginale, autant la fuite de gaz...
La femme enceinte est idéalement modélisée par une poupée non gonflable, obtenue en gonflant une poupée gonflable quant à elle jusqu'au taux de remplissage limite. La poupée résultante est effectivement non gonflable : elle exploserait dès ses limites d'élasticité outrepassées.
Se préparer psychologiquement
Toute une gamme de produits ludiques concourt à aider l'homme à supporter l'insupportable. La matérialisation spontanée de l'enfant, par exemple, est une cause courante de choc psychologique chez l'homme. « Chéri je suis enceinte ! », ainsi annonce-t-elle la nouvelle bouleversante. C'est terrible, comment peut-il se manifester comme ça aussi soudainement ? C'est simple, Joseph. La création a une origine chimique. La femme est un moule dans lequel de l'eau se mélange à votre poudre magique[5]. Le mélange se solidifie progressivement en épousant la forme du moule. Le jeu s'appelle Shaker Magique.
Ensuite, viendra l'épreuve de l'accouchement, souvent plus éprouvante pour l'homme, car la femme, elle, s'était déjà résignée à la fatalité. Alors habituez-vous à faire la sage-femme en jouant à Docteur Maboul. Docteur Maboul, c'est des heures de loisir à essayer d'extraire à la pince des bâtonnets sans toucher les bornes électrocutantes !
Enfin, suite à l'accouchement, à l'heure de se préparer au suicide, il faut avoir la présence d'esprit de se procurer ces sympathiques Crash cars. Ces voitures démontables par simple pression sur le pare-chocs, sont livrées par paires avec des tremplins. Le but du jeu, à deux, est de les faire entrer en collision à la jointure des deux tremplins.
Vous avez aussi le choix entre :
- Jouer aux Wacky Wallwalkers, distrayantes pieuvres flasques enduites de colle qu'on projette sur les murs comme une métaphore de soi.
- Jouer avec les sacs en plastique.
Affronter le bébé avant l'heure
En plus de jouer avec la naïveté de ceux à qui l'on donnerait le bon Dieu sans confession, les enfants sont une véritable plaie de l'humanité, particulièrement accrocheuse pendant les fêtes. Mais rien n'égale encore la mesure d'horreur se dégageant du sagouin mijotant encore dans le ventre de sa mère.
Vous finissez par céder. Comment lui donner son cadeau ? Tendez-lui son camion à petite distance du mont de Vénus de votre femme exposée à cuisses écartées. Quand la main sort timidement pour saisir le jouet, tapez sur les doigts. Bien fait. GNII !
Comportements en situation extrême en présence d'une femme enceinte
Rien de plus triste que la veuve et l'orphelin. En cas de situation extrême, appliquez la formule dite chevaleresque : les femmes et les enfants d'abord, en particulier quand il faut délester en pleine mer. Entre les femmes et les enfants, les enfants d'abord. Et puis pour que tous soient contents, les femmes vont à babord et les enfants à tribord. Pour les femmes enceintes, le problème paraît plus épineux qu'il ne l'est. Voyez en effet la femme enceinte devant vous, et visualisez mentalement l'acte de jeter d'abord l'enfant, puis la femme.
La femme enceinte est devant vous. Vous devez jeter d'abord l'enfant.
Eurêka ! Il suffit donc de forcer la femme à accoucher prématurément[6]. Le bébé va se battre, sans voir qu'il a perdu d'avance. Jules César était comme ça. On voit ce qu'il lui est arrivé. Ensuite, si le sagouin résiste beaucoup plus longtemps que prévu, jetez sommairement la mère enceinte[7] en cadeau à la mer et on n'en parle plus.
En proie à la femme enceinte
Pourtant, toutes ces précautions ne sauraient suffir si la femme enceinte vous poursuit dans un cauchemar.
Pour se sortir des griffes d'une femme enceinte lors de la traversée d'un tunnel étroit éclairé à son bout, il faut d'abord prendre conscience que ce n'est qu'un rêve.
Ceci fait, grimpez dans la baie éclairée que vous preniez pour une issue lointaine, et sautez dehors.
En vous élançant à votre suite, la femme enceinte se coincera dans la petite ouverture. Si au lieu d'une baie, vous trouvez dans votre rêve un siège de toilettes, sachez que ça marche aussi bien que la sortie de tunnel.
Ce qu'il en sortira
Ne vous exclamez pas en voyant sortir le petit bout de choux : « Oh il est tout petit, il va devenir Président de la République ! » Mais plutôt : « Oh il est tout petit, il va devenir inversement proportionnellement chiant. »
À l'issue de l'accouchement, vous jouirez encore d'un instant de répit, car par bonheur, le bébé sera encore limité dans son mouvement par le cordon ombilical. Mais dès qu'il sera coupé, vous pourrez vous dire avec le recul que tout ça n'était que le prélude du vrai cauchemar.
Notes
- ↑ J'aime bien cette expression. Moult mythes... ROFLMAO !
- ↑ Mais pour des raisons très claires — cf. illustration.
- ↑ Cf. Arctarus aux commandes de Goldorak
- ↑ Qui dans la salle a crié "service militaire" ?
- ↑ Du sperme en poudre quoi.
- ↑ Si possible d'une bonne vieille poussée d'Archimède.
- ↑ Qui n'est pas un sac en plastique, je le rappelle.
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