Le fumier des VANITE
... et le vaniteux fut très étonné de voir un petit fan en Dacia, débarquer sur le paisible astéroïde B-ogoss 326 où il s'était retiré loin de la platitude du monde.
Le petit fan était très jeune et moche, avec des cheveux pailles sales dressés sur sa tête d’œuf et il était d'une ringardise à pleurer, vêtu d'une combinaison patte d'eph anis pastel et d'un nœud pap vermillon.
Le jeune fan posa beaucoup de questions sans rapport avec le vaniteux et donc, le vaniteux ne comprit pas.
Alors le vaniteux lui parla d'admiration mais le jeune fan ne comprit pas.
Alors le jeune fan parla d'une fleur, une rose, mais comme le fan ne lui lança pas de fleurs, le vaniteux ne comprit pas.
Alors le vaniteux pensa qu'en plus d'être moche, le jeune fan puait le fennec.
Alors le jeune fan parla d'un renard et là, le vaniteux comprit… il comprit pour l'odeur bizarre du jeune fan mais comprit surtout, que ce fan n'avait pas de repère, pas de valeurs auxquelles se raccrocher, pas de héros à qui s'identifier. Le vaniteux comprit que depuis qu'il avait pris sa retraite, le monde était tombé en désuétude et mangeait du cassoulet en boîte devant les 12 coups de midi en buvant du pinard pas cher se complaisant dans la médiocrité et la pas-bogossitude-du-tout.
Ce que Dieu avait créé de plus beau, le vaniteux l'avait sublimé, s'était sublimé, l'élève dépassant ainsi le maître, il était donc de son devoir de retourner vers le monde pour le transcender de son être parfait.
Mais Dieu ne se mélange pas au commun, il choisit des prophètes pour répandre sa sainte parole. C'est pour cela que le vaniteux décida de monter le label VANITE (Vendetta's Aetheticism Natural Intellect Talent and Elegancy) dont seuls les élus suivant à la lettre sa voie pourraient se targuer, des « wannabe Micky » qui prêcheront son credo et rendront à ce monde toute sa splendeur. Alors seulement, le vaniteux pourrait retrouver la quiétude de l'astéroïde Bogoss 326.
Mais en attendant...
La Marche sur les eaux
La nouvelle se répandit, telle la mononucléose pendant une partie de jeu de la bouteille, que le vaniteux cherchait des disciples à qui transmettre ses sages préceptes. Rapidement, il reçut des milliers de vidéos de fans le suppliant de les accepter comme élève.
Le vaniteux visionna les vidéos et prit en plein visage comme un retour de furet d'un chiotte bouché après le passage d'un diarrhéique, toute la nullité de cette époque. Néanmoins, dans sa grande mansuétude, il sauva de ce tas de compost les moins hideux et les moins sots des fans et les convia à suivre son enseignement dans une villa filmée 24/24.
Il accueillit les fans devant la piscine, endroit phare pour le vaniteux où il peut exposer sans fard mais avec beaucoup d'huile, car le vaniteux est le plus brillant des hommes, les muscles savamment dessinés de sa divine anatomie.
Les wannabe VANITE, eux aussi, parés de leur plus beaux muscles, de leur plus belle poitrine et de leur plus petit maillot de bain, attendaient les sages paroles du maître.
Alors le vaniteux parla. Il parla avec ce zozotement unique qu'il s'était lui-même inventé pour que chaque syllabe qui franchissait ses pulpeuses muqueuses labiales soit un concentrât de charge érotique. Il parla de la confiance en soi, cette force incroyable qui permet de réaliser des miracles. Il leur parla aussi de Jésus, un respectable has been qui fût la personne la plus populaire de l'antiquité jusqu'au 3 octobre 1987, et ceci parce qu'il ne doutait jamais de sa capacité à réussir l'impensable. Jésus était capable de multiplier les pains, changer l'eau en vin et marcher sur l'eau.
Multiplier les pains ?
C'est à la porté de tout le monde. Tu achètes trois petits pains au chocolat à 90 c pièce chez Marie Blachère et tu en as un quatrième gratuit.
Changer l'eau en vin ?
Le vin c'est dégueulasse et le vaniteux préfère le jus d'orange. Changer l'eau en jus d'orange alors ? Easy, tu ajoutes une Juvamine à l'eau.
Marcher sur l'eau ?
Voilà une épreuve digne d'un wannabe VANITE !
Le vaniteux expliqua que ceux qui arriveront à faire une longueur de piscine en marchant sur l'eau pourraient espérer prétendre à la labellisation VANITE et devenir ainsi l'élite de l'humanité.
Des Hiiii ! et des Haaaan ! d'effroi s'élevèrent parmi les rangs des aspirants. Aucun d'eux n'avait jamais mis ne serait-ce un orteil dans l'eau, car ils allaient exclusivement à la piscine pour frimer et non pour nager.
Sentant la peur s'instiller dans le cœur de ses disciples, le vaniteux traversa la piscine, droit sur ses jambes, ses pieds s’enfonçant à peine dans l'eau chlorée.
Des Hiiii ! et des Haaaan ! d'admiration cette fois, emplirent la terrasse de la piscine, mais aucun ne fit mine de s'approcher de l'eau.
Alors le vaniteux qui était le plus malin des hommes, usa, comme son maître à penser Gandhi, d'un peu d'astuce et d’espièglerie (en fait il avait confondu avec Candy) et les chatouilla dans ce que les fans avaient de plus sensible… leur orgueil. Tel un Jean-Louis Aubert de la blogosphère, il les exhorta de se jeter à l'eau, leur rappelant que si marcher sur l'eau était à la portée d'un hippie crasseux en toge et sandalettes, un prétendant au label VANITE devait largement en être capable.
Un, un peu plus courageux que les autres, s'extrait de la masse grouillante et se lança dans une tentative timide de traversée. Un pas suivant l'autre, il réussit sans encombre l'épreuve.
Fort de son succès, les autres se précipitèrent dans une cohue indescriptible. Certains s'en sortirent avec plus où moins de panache mais pour tous les autres, l'épreuve se conclut par une issue fatale.
Il se noyèrent et disparurent dans les flots sombres souillés de graisse à traire et d'auto bronzant qu'était devenue la piscine, ne se doutant pas un instant, qu'un apprenti vaniteux doit être composé de suffisamment de silicone pour que la densité de son corps lui permette de flotter sur l'eau.
La grenouille qui veut se faire les seins aussi grosse que le bœuf
Le vaniteux décida de bousculer la perspective du monde de ses disciples en leur montrant que l'on pouvait courir, faire du vélo ou du rameur ailleurs qu'en salle de muscu. Il voulut tenter une sortie à vélo mais lorsque deux de ses disciples furent hospitalisés suite à un concours d'enfilage de Coco Pops dans le nez, il préféra ne pas prendre de risque et improvisa un footing à la campagne.
Chemin faisant, deux grenouilles s'arrêtèrent pour s'extasier devant une vache.
Oui, vous avez bien lu, deux grenouilles.
Car pour le vaniteux, toutes les femmes sont des grenouilles qui attendent le peu d'attention de sa part qui les métamorphosera en princesse et oui, très étonnamment, il y avait quelques femmes parmi les disciples.
Non pas qu'elles avaient une quelconques chance d'être adoubées VANITE, faut pas déconner non plus, mais dans sa grande clairvoyance le vaniteux s'était dit que laisser des mecs ensembles 24/24, cela risquait de tourner au carnage dans les dortoirs, genre péplum de gladiateurs enduit de beaucoup beaucoup d'huile où un esclave se lève et crit « JE SUIS SPARTACUS ET JE VAIS POURFENDRE TON LUDUS ! »
Intrigué le vaniteux demanda :
La grenouille n°1 répondit :
Cette révélation déclencha un chorus d'exclamation :
L'idée fit son chemin dans la tête de la grenouille n°1.
Elle pris rendez-vous chez PIP accompagnée de sa consœur, expliquant au chirurgien l'histoire du pis et sa belle taille.
Elle, qui était pourtant déjà équipée de prothèses de grande valeur
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler les mamelles de l'animal en grosseur,
Disant : "Regardez bien, ma con sœur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; plus de silicone encore ?
- Nenni, encore un coup de bistouri - M'y voici donc ? - Point du tout, il vous faut en injecter beaucoup. - M'y voilà ?
- Loin de là ! Passez au polypropylène ! " La plantureuse bimbo enfla si bien, qu'un de ses implants mammaires explosa.
Elles furent bannies de la villa, l'une pour cause d’asymétrie et l'autre pour cause d'allergie, le faciès défiguré par le silicone qui avait éclaboussé.
La peau de zob de chagrin
Les jours passaient dans la villa faisant du vaniteux le plus heureux des hommes. Il faisait étalage sans réserve de toute sa science et les fans buvaient littéralement ses paroles soufflés par tant d'érudition. Mais le plus grand de ses auditeurs c'était tout de même lui-même, car personne ne surpasse le vaniteux en quoi que se soit.
Il leur enseigna Rousseau, qu'il avait tout lu, et leur loua Léornard de Vinci, qu'il avait tout lu aussi, visionnaire de génie, qui avait anticipé 537 ans avant que le vaniteux naisse, l'existence d'un homme parfait, qui serait le centre de tout et dont l’univers tournerait autour, baptisé l'homme de Vitruve avec un V comme Vendetta.
C'est donc naturellement qu'un sémillant allosexuel l'approcha et lui demanda conseil.
Alors non, un allosexuel n'est pas une personne qui s’excite sur sa manette en jouant à Halo. Ce n'est pas non plus une personne qui prend du plaisir en se gargarisant à pleine gorge du mot « allo ».
Un allosexuel est une personne appartenant à la communauté LGBT, là, en l’occurrence il s'agissait d'un G et oui, très étonnamment, il y avait quelques homosexuels parmi les disciples.
Le vaniteux était loin d'être homophobe d'autant que la consécration en terme de popularité, c'est d'être une icône gay. Et puis les homophobes, mâles en général, sont des idiots. Ils vivent dans la peur fantasmagorique qu'un gay leur mette une main au cul ou plus si affinité alors que paradoxalement, sous prétexte de ne vouloir rien à faire avec cette engeance, ils leur tournent le dos... si ça ce n'est pas un appel du pied ? De toute façon le vaniteux n'avait peur de rien, pas même de la sodomie, car comme celles du seigneur, qui bizarrement en avait plusieurs (et en même temps c'est de Dieu dont il s'agit), la voie du vaniteux était impénétrable car tel un rempart se dressaient devant elle, ses puissants muscles fessiers capables de briser des boules de pétanques.
Donc le sémillant allosexuel expliqua que dame nature avait été très cruelle envers les hommes de sa famille, faisant d'eux des ectomorphes de père en fils, les condamnant ainsi à ne jamais prendre de masse musculaire quoiqu'ils tentèrent. Lui-même tirait de la fonte 5 heures par jour mais rien n'y faisait, la malédiction persistait, il restait sec comme un goupil.
Le fond du problème était qu'avec ce corps de demoiselle, ses partenaires sexuels le cantonnaient à un rôle passif, alors que lui se sentait l'âme d'un hallebardier. S'il avait plus de muscles, il n'y aurait plus de malentendus et sa vie sexuelle serait enfin épanouie.
Le vaniteux lui dit qu'il avait bien le pouvoir de faire de lui un golgoth testostéronné mais qu'il y avait un prix à payer. Le jeune disciple ne s'en souciait guère, il voulait des gros muscles. Alors le vaniteux lui donna une boîte contenant des pilules magiques sur laquelle était inscrit : "Si tu me possèdes, tu "posséderas" tout, mais ton vit m'appartiendra" . Le vaniteux lui expliqua qu'à chaque fois qu'il ingurgiterait une pilule, il verrait son corps miraculeusement forcir mais son pénis diminuer.
Un peu dubitatif, le statham en devenir enfila son marcel de muscu, prit une pilule et fit quelques développés couchés. Une heure après avoir commencé il lui poussa une paire de pec que n'aurait pas renier Paméla Anderson et des triceps et deltoïdes dignes d'un joueur de tennis pro. Par acquis de conscience, il vérifia tout de même le contenu de son caleçon, mais franchement les 1 ou 2 millimètres sacrifiés en valaient largement la chandelle.
Puis il se dit qu'il passerait bien des tablettes kinders aux tablettes duplo. Il prit une autre pilule et développa de fantastiques abdos. Après quelques heures de presse et quelques autres pilules, bien qu'il n'en portait pas l'uniforme on aurait dit un cavalier de la police montée, il était passé d'informe à difforme mais il était content, les pilules avaient tenues leur promesses.
Malheureusement elles avaient tenu toutes leurs promesses. Quand il regarda sa quenelle, elle lui sembla vraiment toute petite. Il pensa d'abord à un effet d'optique style illusion lunaire où un objet semble plus ou moins gros selon ce qui l'entour. Il était tellement obnubilé par son corps, qu'il en avait oublié son objectif premier qui était d'être un marteau piqueur et là avec son kiki rikiki c'était raté.
Il fut exclu de la villa, car un wannabe VANITE ne pouvait pas être un petit zizi.
Toute chose a une fin, même le meilleur des articles
La population des disciples s’était grandement amenuisée, la plupart ne pouvant se montrer digne des enseignements du maître, les autres éliminés par sélection naturelle...
... ne laissant plus que la crème de la crème en terme de beauté, spiritualité, talent et élégance. Le vaniteux était particulièrement fier de sa réalisation et labellisa VANITE sans hésitation les 3 jeunes hommes restants. Le vaniteux n'avait jamais été aussi heureux, il existait maintenant sur terre, 3 êtres humains fréquentables par son illustre personne.
Qu'est-ce qu'il pouvait les aimer ses trois petits VANITE !
Très égoïstement ils convinrent tous les 4 que le reste de l’humanité ne les méritaient pas et qu'ils resteraient pour toujours vivre dans la villa entre personnes de qualité, loin de la lie que représentait les fans.
La cohabitation se passa comme un charme, du moins les premières semaines. Puis le vaniteux commença à ressentir une impression d'exclusion. Cela commença avec des petits riens, comme des conversations qui cessaient net lorsqu'il rentrait dans la pièce, des regards de connivence échangés entre les trois VANITE et, deux ou trois fois, le VANITE prénommé Jude s'était assit par inadvertance en bout de table, à la place d'honneur réservé au vaniteux.
Puis cela dégénéra. Entraînés par Jude, les VANITE se moquaient franchement du vaniteux, se gaussant de son zozotement et de ses drôles de babines qui lui faisaient une tête de poisson ventouse, le ridiculisant en le surnommant Raffarin à cause de la cyphose qu'il avait développé à force de baisser la tête pour se regarder le nombril. Ils poussèrent le bouchon jusqu'à railler sa petite taille, en expliquant que le monde d'aujourd'hui se divisait en deux : les insignifiants de moins d'1m79 et les remarquables d'au moins 1m79.
Alors le vaniteux comprit. Il comprit que le titre de cet article n'était pas seulement prétexte à un jeu de mot bancal car il était là, le fumier des VANITE, en chair et en os, Jude, cet ingrat qui le pointait du doigt et se riait de lui, assit sur son trône, écrasant de son mépris l'amitié offerte par le vaniteux et crachant sur celui qui lui avait tant donné. Il réalisa alors, tout le tas de fumier futile qu'était la vanité.
Dégoûté, le vaniteux prit son ego à deux mains, car le vaniteux a un ego si gros, qu'il faut le porter à deux mains, et repartit en exile sur l'astéroïde B-ogoss 326
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