Un article parfait
L'introduction
Dans son introduction, un article parfait doit en dire suffisamment pour intriguer le lecteur mais pas trop pour ne pas en dévoiler toute la saveur. Une bonne introduction doit faire au maximum deux phrases. Bon allez disons trois phrases mais pas davantage, à moins bien entendu de faire plusieurs paragraphes au sein de l’introduction.
Dans ce cas on peut aisément passer à quatre phrases. Voire cinq mais il faut réellement avoir quelque chose d’intéressant et de drôle à raconter sans quoi le lecteur se lassera rapidement. Ça me rappelle une anecdote : il m’est arrivé un jour de lire un article parfait dont l’introduction était composée de six phrases ; j’en ris encore quand j’y pense.
Le premier chapitre
Sans être aussi important que l’introduction, le rôle du premier chapitre est essentiel. Dès son titre, le lecteur doit comprendre de quoi il va être sujet. Il m’est arrivé de lire des articles soi-disant parfaits au sein desquels on abordait dans le premier chapitre des sujets qui auraient été mieux à leur place dans le deuxième voire le troisième chapitre dans des cas extrêmes. Il s’agit là d’une organisation tout à fait inconcevable dans le cadre d’un article parfait. La notion même de perfection implique de circonscrire au premier chapitre tout ce qui concerne le premier chapitre, ni plus, ni moins.
Toutefois, la perfection du premier chapitre est une condition nécessaire mais pas suffisante pour obtenir un article parfait. Et elle ne pourra être atteinte qu’à la condition de trouver, en plus du texte, une illustration en totale adéquation avec ledit texte. Le positionnement de l’illustration fait partie des critères à considérer avec la plus grande attention. On a vu des articles parfaits dont l’équilibre textuel était totalement ébranlé du fait de la mauvaise mise en place de l’illustration correspondante. C’est d’autant plus rédhibitoire quand ça arrive dès le premier chapitre.
Sans compter que si la perfection de l’illustration est corolaire de la perfection du texte, il ne faut surtout pas tomber dans le piège classique de négliger la légende liée à cette illustration. Un article parfait est comme un puzzle : chaque pièce, aussi petite soit elle, possède son emplacement idoine et ne peut en aucun cas être positionnée ailleurs, l’article n’obtenant l’épithète « parfait » que lorsque toutes les pièces auront été placées convenablement.
On me demande souvent : « Quelle taille doit faire le premier chapitre d’un article parfait ? » La réponse est assez simple : tout dépend de l’introduction. Le premier chapitre doit être constitué d’un nombre de paragraphes valant exactement le double du nombre de paragraphes de l’introduction. Je prends un exemple pour être plus clair. Si l’introduction de votre article parfait a une longueur de deux paragraphes, alors le premier chapitre doit être constitué de quatre paragraphes. Je vous livre cette formule mathématique pour que vous n’oubliiez pas ce précepte fondamental : .
Le second chapitre
La création du second chapitre est induite par la présence du premier chapitre. Ça n’a pas l’air comme ça mais le second chapitre est souvent bien plus délicat à développer. En effet, il arrive bien souvent que l’auteur, emporté par sa fougue et tout empreint d’une inspiration divine qui ne parvient pas à tarir sa plume, ait énoncé un grand nombre d’idées dans la première partie de son texte. Résultat, il se retrouve alors comme un con au moment d’aborder le second chapitre car il a l’impression d’avoir déjà tout dit.
Un article parfait ne peut se satisfaire de ce genre d’excuses de plumitifs en mal de reconnaissance. Il est clair qu’atteindre la perfection n’est pas à la portée de tous. Le talent, ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval. Oh j’en ai connu des auteurs prétentieux en quête de perfection et qui essayaient de masquer leur indigence en faisant ni plus ni moins que du remplissage, et ce dès le second chapitre !
Mais la perfection, cela ne se négocie pas. Quand on vise l’article parfait, on ne fait aucune concession. Le génie ne laisse pas de place à l’improvisation. C’est tellement facile de partir dans des diatribes sans queue ni tête sur un thème qui n’a parfois même plus aucun rapport avec l’intitulé originel. Comme par exemple un poisson pané. Voilà bien un sujet sans queue ni tête, un poisson pané Captain Iglo.
Est-il nécessaire d’illustrer le second chapitre ? Je dirais même que c’est indispensable. Perfection est synonyme d’harmonie, elle-même synonyme de paix qui pour sa part est homonyme de pet. L’illustration du second chapitre est là non seulement pour lui offrir une parure digne du vitrail d’une cathédrale gothique mais aussi pour faire écho à celle du premier chapitre, sujet sur lequel nous ne reviendrons pas. Quant à la longueur du second chapitre, elle doit également être en phase avec celle du premier selon la formule : .
Les autres considérations
Attention à ne pas tomber dans un piège grossier : l’article parfait ne saura se contenter d’une introduction et de deux chapitres illustrés et équilibrés. Comme pour la recette d’un grand chef étoilé, d’autres ingrédients qui semblent de prime abord accessoires ou décoratifs doivent être incorporés pour obtenir un résultat irréprochable. Ainsi il est souhaitable de développer un chapitre qui traitera d’éléments périphériques – d’autres considérations si vous me permettez ce raccourci trivial - par rapport au sujet originel. Il pourra par exemple s’agir d’un troisième chapitre.
De nombreux lecteurs me demandent également: « Peut-on ajouter des notes de bas de page à un article parfait[1] ? », « Est-ce que cela ne nuit pas trop à la fluidité de lecture[2] ? » et « Combien peut-on en mettre au maximum[3] ? » Il n’est pas simple de donner une réponse universelle à ces interrogations et je pense que c’est un point qu’il vaut mieux voir au cas par cas. Nous reviendrons là-dessus à la toute fin de cet exposé.
À ce stade il me paraît en effet plus judicieux de parler d’un thème trop souvent négligé, la digression. Un joueur se trouve en position de hors-jeu quand lui ou toute partie de son corps (buste, tête, pieds... à l'exception des bras) est plus près de la ligne de but adverse qu’à la fois le ballon et l’avant-dernier adversaire. En effet, le dernier défenseur est la plupart du temps le gardien de but.
La question de la place qu’il faut accorder à ces parties annexes (notes de bas de page, digression, listes entre parenthèses...) divise encore la communauté des auteurs parfaits. Pour ma part, je pense que leur cumul ne doit jamais excéder le volume consacré à un chapitre entier. Cela risquerait de fortement déséquilibrer le texte qui par le fait perdrait automatiquement la chance d’atteindre la perfection.
La conclusion
Les concepts explicités dans ce texte doivent impérativement être pris au pied de la lettre. Chacun représente une condition sine qua non pour obtenir un article parfait. J’ajouterai que si l’introduction et le développement du texte sont primordiaux, il ne faut absolument pas négliger la conclusion. Elle doit toujours inclure une sorte de résumé des idées qui ont été énoncées auparavant tout en s’adressant à l’imaginaire du lecteur. Il ne s’agit pas d’être péremptoire et de donner l’impression de détenir la vérité ultime mais bien de permettre au lecteur de concevoir ses propres notions de la perfection à partir des fondamentaux édictés par l’auteur.
Rappelez-vous que la conclusion est la dernière chose qu’enregistrera le cerveau de votre lecteur et il serait terrible de laisser à ce moment crucial une impression mitigée par la faute d’un final sinon bâclé, du moins pas aussi peaufiné que le reste du texte. C’est bien souvent la qualité de la finition qui détermine si on a affaire à du tout venant ou à un chef d’œuvre de perfection.
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