Utilisateur:Monsieur Brouillon/Désency, or did you mean demency ?

Un article de la désencyclopédie.
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« J'ai rarement vu autant de sauvagerie dans un seul titre. »
~ Paul Binocle à propos de la violence de la civilisation anglo-saxonne
« Le Puy de Sancy est la source de la Garonne... Non, de la Loire... euh... bref... et culmine à une altitude de 37 mètres standard, ce qui est toujours mieux que d'avoir pour vampire un Prince Harry amateur de gin-tonic. »
~ Hercule Poirot à propos de construire un radeau pour traverser la Manche
« Desency, or did you mean an hyper-toroïdal space directly embedded inside an eight-dimensionned manifold and coated with a thin layer of cistallised sugar ? »
~ Sacha Guitry about bringing... euh... à propos d'apporter de la profondeur à l'article.

Desency, or did you mean demency ? est une question fréquemment posée à tout nouvel arrivant sur le sol anglo-américain. Il s'agit d'un test minutieux et élégant permettant de déterminer d'un seul coup l'origine, la légalité et la sagacité de son interlocuteur, en se reposant sur sa maîtrise du langage aérien de nos studieux voisins d'outre-manche. Outre son caractère anodin, et par conséquent incitant peu à la défiance, la phrase permet d'exercer sa diction de la langue de Shakespeare d'une manière aussi simple et ludique qu'utile et efficace. L'effort déployé pour en élaborer la réponse constitue en effet un filtre valide pour sonder agréablement la tranquillité d'esprit du questionné.

Ainsi, s'il n'a pas la conscience paisible, on observera sans heurt les symptômes suivants, dans l'ordre : sudation ; bégaiement ; tremblement ; tics nerveux ; embrouillement de la volonté ; récit inconsistant et propice à la contradiction ; bouche sèche ; conduite en état d'ivresse (optionnel) ; non-déclaration de travail ; permis de construire frauduleux ; détournement de fonds ; vol de données d'un hôpital psychiatrique ; usurpation d'identité ; séquestration d'un membre du personnel médical ; attentat à la pudeur dans un lieu public en présence de malades ; dédain perpétuel à l'encontre des règles de sécurité ; violences multiples perpétrées par l'insertion d'aiguilles... Madame... Madame ! Comment voulez-vous que je trouve l'aorte si vous ne cessez de gesticuler ? S'il-vous-plaît.

Notez que ce n'est pas toujours le cas, bien sûr.



Cette technique d'interrogation, écoutez bien, a été de longtemps utilisée parmi les peuples Grecs, au cours de la période mycénienne, où elle remplaçait avantageusement le supplice de l'ordalie. Paradoxalement, il arrivait que la victime se mordît la langue, sans que les conséquences de cette imperfection nous paraissent si terribles, au regard balancé de ses nombreuses qualités. Nous vous invitons à en constater par vous-même - oui, vous, lecteur ! - l'efficacité, simple mais redoutable.



Lecteur : De... desency, or did you mean demency ?
 
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Alfred Hitchcock réalise :
Demency, obviousely. Vous savez, ça n'arrive que dans les films, que les gens se laissent prendre à ce genre de chausse-trappes.


Lecteur : C'est-à-dire... qu'on m'avait promis que vous joueriez le jeu. Surestima-t-on donc à ce point l'efficacité de la technique dont l'utilisation me fut si chaudement recommandée ? Était-il utile de me menacer avec un cœur artificiel pour que je m'y prêtasse ?


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Un calmar géant:
Squeeeeee !


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Alfred Hitchcock, maître de l'épouvante :
Ah oui ? Et... par qui donc ?



Hummm... Bon , à ce stade, l'histoire ne semble pas se dérouler comme prévu. Tentez de rattraper le coup. Alfred Hitchcock est un cinéaste, et son esprit foisonnant le conduira à tenir pour vraie la plus élégante et astucieuse des possibilités, sans se soucier de son exactitude.
 
Lecteur : Je ne peux pas vous le dire ! Ils me feraient taire ! Ils me feraient des choses... terribles.

 


Voilà, très bien. Vous voyez que la vue du scalpel vous aide à improviser.
 
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Alfred Hitchcock réalise, peint ou crée, car c'est un cinéaste, et un cinéaste est tout ce genre de choses à la fois :
Et quel genre de "choses", je vous prie ?
 
Lecteur : Qui êtes-vous pour me donner des ordres ? Vous êtes décédé le 29 avril 1980, je l'ai vu dans le journal. D,C,D. Le D vouvoie sa rotonde et s'envoie en l'R sur la boucle incomplète du C qui Creuse la boîte à droite de son entrefilet de morue. Et quand j'aurai besoin des conseils d'un mort, on vous appellera, mon vieux.


Quoi ? Mais... Je vous en prie, tenez-vous en au texte ! Comment voulez-vous que je vous lâche en public !

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Alfred Hitchcock présume :
Euh... Oui... Vous savez, j'ai ici deux tickets pour Disneyland : un pour vous, le deuxième pour vous également, chanceux ! « Asile d'aliénés du Havre » ? Mais cette nouvelle attraction m'a l'air fantastique ! Que je brûle de vous y emmener ! Venez, cela vous ferait prendre l'air ! Non ? Eh bien, il va falloir faire un petit effort dans ce cas, si vous voulez mon avis.


Lecteur : Ah non, ça je ne peux pas non plus. Voyez ; l'absence de la possibilité verrouille tous les points de mon être, son noyau horrible définitivement renversé par la seule dialectique du vide... Comprenez : je ne saurais expliquer ma situation à quelqu'un n'ayant jamais senti, blotti contre sa nuque, l'agile tourment de l'angoisse, cette insatiable araignée...


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Alfred Hitchcock réalise :
Êtes-vous en train de me dire que vous sentez, pour ainsi dire, comme la pellicule de vos souvenirs, coupée en plein milieu ? Le mécanisme de projection continuant à tourner à vide, par-delà le récipient réflecteur de votre volonté... Et que, mettons, le grille-pain de votre conscience...


Dans le langage du cinéma, chaque objet a une signification symbolique, parfois ésotérique, que fort peu de gens connaissent. La soupière, par exemple, qu'elle soit d'argent ou d'étain, comme ici, représente un glyphe maçonnique très particulier qui exercerait un pouvoir étonnant, quand on le tient devant son... Ah, on me signale qu'on n'a pas le temps.
Lecteur : Le grille-pain ?...



N'en faites pas trop tout de même. Laissez-le mariner un peu.
Lecteur : Mais oui ! C'est certainement cela. J'ai oublié de déjeuner ce matin ! C'est ce vide à combler qui, sans doute, me fit imaginer, dans la terrible brume du souvenir, ces figures distantes, grimaçantes, qui exerceraient sans limites l'atrocité de leur puissance sur ma liberté naturelle.
 
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Alfred Hitchcock s'enthousiasme : Ah ! Ah ! Nous y voilà !


Où conduit cette curieuse route ? Je ne sais pas, mais vous feriez bien de prendre un sandwich.
Lecteur : Mais... cela signifierait-il que, n'ayant pas encore accompli mon devoir quotidien, n'ayant pas lu l'article usuel du Times qui accompagne avec bienveillance et porte sur ses ailes légères la symphonie d'un petit-déjeuner réussi, n'ayant pas, en somme, payé ma dette au monde, que je doive basculer sur le côté de la route universelle, jeté par-dessus son pavé concave, que je doive, depuis mon lit d'ordure, de cavités chtoniennes et de galets durs, impuissant, contempler la grande marée de mes semblables qui s'acharne, qui avance et qui marche, grouillante, et que, volubile, indifférent, douloureux...



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Alfred Hitchcock investigue :
Naturellement.



Lecteur : ... je doive porter cette peine - impossibilité ! Comme je reconnais tes six syllabes diaboliques, dont le sextuple feutrage tombant, adopte sur mon oreille comme le son d'une poignée de terre qui s'abat, tremblante...


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Alfred Hitchcock analyse :
Voyez, tout s'arrange. Vous avez appris de vous-même, de votre propre malheur. Ne sentez-vous pas l'ivresse d'une ambition nouvelle étirer vos poumons ?


Lecteur : J'ai appris, certes. Mais là n'était pas le but de mon acte ; c'est vous qui étiez censé dévoiler votre véritable noirceur ; à mon commandement voues eûtes révélé à la face du monde l'abjection que vous cachâtes pendant si longtemps. Voilà qui remettrait en cause l'intégrité de certaines instances ministérielles parmi les plus haut placées....


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Alfred Hitchcock, touché par la main du destin :
Je ne m'en ferais pas trop si j'étais vous. Je profiterais un peu de l'existence. Après tout, je ne serais pas condamné à mort pour un terrible meurtre à la moissonneuse-batteuse que je n'ai pas commis, sentence visant à épargner le vrai coupable, qui se trouve être la sœur jumelle cachée du gouverneur de Washington.


Georges Washington adorait cacher des choses un peu partout dans ses tiroirs. On raconte que c'est un biscuit négligemment oublié sur sa table qui inspira la forme du Bureau Ovale.
Lecteur : Vous êtes condamné pour meurtre !


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Alfred Hitchcock présume :
Oups. Oups. Oups. Moi ? Non. Qu'est-ce qui vous ferait dire ça ?


Lecteur : Mon dieu, mais cette technique fonctionne vraiment !


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Un calmar géant:
Squeeeeeeee !


Lecteur : Ah ! Ça alors ! Qui l'eût cru ? Alfred Hitchcock n'est pas mort, et c'est en réalité un calmar géant !


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Alfred Hitchcock présume :
Que diable cet homme saute à des conclusions hâtives et qui desservent la haute estime que j'avais de son esprit.




Vous voyez ? En moins de temps qu'il n'en faut pour noyer un fox-terrier, vous avez prouvé à Alfred Hitchcock qu'il était mort, qu'il avait retrouvé le chemin du monde terrestre en se réincarnant dans le corps musculeux d'un animal des profondeurs amateur de cabillaud, et déjoué un complot mondial.

Lecteur. — Mais c'est merveilleux !


Oui.


— Je commence à me demander si faire appel à Alfred Hitchcock pour la négociation d'otages était la meilleure idée de ma carrière.
— Mais monsieur, il vous a bien dit qu'il était le plus doué des négociateurs d'otages au sud de Saint-Pétersbourg.
— Cela, dans mon esprit, ne signifiait certes pas qu'il dût négocier avec les otages.
— Vous trouvez toujours à redire. Je persiste à le trouve brillant.
— C'est vrai qu'il a un certain talent. Et, parbleu, quel style !
— Oh oui, je l'ai toujours dit.

 


Titanic : le fléau des profondeurs

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Alfred Hitchcock expose sa vision du cinéma :
Il faut savoir finir sur un point d'orgue. La tension, voyez-vous, doit s'installer progressivement. Entre certitude et doute, appréhension et horreur, sans jamais, bien sûr, céder à la tentation la plus vulgaire, celle de montrer directement l'objet d'angoisse... C'est cela, cet équilibre subtil et insaisissable qui doit être toujours sur le point de se briser, mais - sur le point seulement... Cet état fugace, donc, qui inspire à l'humain ses sentiments les plus riches et les plus complexes, ceux qu'un bon réalisateur tentera de révéler. Il faut, en fait, chercher à prolonger son action le plus longtemps possible, afin de lui donner la possibilité de déployer toute son influence. Bien sûr, ça n'est pas aisé. Le spectateur est rusé, il a de l'expérience, il sait où on veut le mener.





— N'est-ce pas un peu inapproprié, mon cher ?
— Il faudrait peut-être le lui dire.
— Étant donnée la situation, je veux dire. N'y a-t-il rien de mieux à faire ?
— En pleine prise d'otages. C'est ridicule.
— Consternant, voulez-vous dire.
— Quelle honte pour notre nation.
— A-t-on seulement idée...
— En tous cas, moi, je désapprouve formellement, pensez-en donc ce que vous voulez...
— Ah mais non mais je suis tout à fait d'accord. Une pure perte de temps.
— Quand on pense qu'il aurait pu juste se contenter de tirer dans le tas. Ah, mon capitaine, l'excitation me tenaille !
— Et on s'étonne d'être la risée du monde, ensuite. Shocking.
— Tenez, pouvez-vous me passer le thé ?
— Heureusement qu'il porte assez bien la cravate.
Quand il était jeune, Alfred Hitchcock exerça un temps la profession de poseur de rails. On raconte que c'est la voix tonnante du contremaître qui l'incita à se tourner vers le cinéma, lui inspirant le thème du film Psychose.
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...et là, gros plan sur mon tentacule gauche... Une demi-douzaine de mètres peut-être... Mon tentacule donc dont les gros muscles noués et saillants enserrent fermement l'hélice hoquetante de l'orgueilleux vaisseau... On devra entendre les craquements du métal qui cède, pouce après pouce, comme pressé sous l'effet d'une force inimaginable... À ce moment, un rugissement s'élèvera des profondeurs ! Mais qui donc est ce colosse, cet Hercule, ce héros, ce Rocky Balboa des abysses ? Le suspense est à son comble... Un autre gros plan... Champ, contre-champ sur l'iceberg qui file le long du ponton tribord...



Titanic : nouveau film d'Alfred Hitchcock
Entre hommage et dépassement
Une reproduction fidèle mais audacieuse d'un original dont la renommée ne faiblit pas enthousiasmera simultanément petits et grands hommes, jetés ensemble sur le pont soucieux de la vie. Les uns retrouveront la majesté tragique qui fit le succès du premier film, tandis que les autres apprécieront la couleur d'une nouveauté toute américaine que le réalisateur injecte à son œuvre.

Ainsi, si la trame du scénario est conservée, de nouveaux enjeux, tels que l'égalité des races dans une Amérique profonde toujours marquée par la division entre pro-accouchements et fervents ovovivipares, acquièrent une grande importance dans les échanges entre les personnages.

Un casting épastrouillant
Comme on ne trouva personne pour jouer décemment le rôle du Titanic, on a du se résoudre à employer des images d'archives de Charlie Chaplin. Avouez que la ressemblance est troublante.


L'on verra également apparaître des hôtes discrets mais de marque : ainsi, le serveur qui renverse une margarita sur les genoux du capitaine (noir) n'est autre que George W. Bush, qui trouve ainsi l'occasion d'un petit clin d’œil à son inspirateur Abraham Lincoln. Les amateurs d'ironie dramatique ne seront pas en reste, qui noteront la courte mais profonde réplique de Pachiri, macaque au zoo de Vincennes, au début du film, lorsque l'immense paquebot largue les amarres : « La fierté d'une nation ne réside pas dans son la qualité de son armement, mais dans la vaillance de son peuple. ».



Lecteur : Mais qu'est-ce donc que cela ?
MichelA.jpg Michel-Ange crée :
C'est le nouvel Alfred Hitchcock.


Lecteur : Euh... Bonjour. C'est inattendu mais vous tombez bien, maître. Mais, je nourris un doute, doute que votre sagacité va bien sûr s'empresser de dissiper et que j'ai presque honte de nommer tant il fait pâle figure à côté de l'ombre de votre savoir...


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
Parle, mon enfant.


Lecteur : Eh bien voilà, vous allez rire mais je croyais qu'Alfred Hitchcock était mort. De plus, j'ai du mal à croire qu'un film aussi déplorable puisse être l’œuvre de cet homme que j'admire...


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
C'est parfaitement exact.


On dit que la vue de L'amour victorieux du Caravage fit une si forte impression à Alfred Hitchcock, lors d'un voyage à Florence, qu'il en tira sa première révélation cinématographique. Le mouvement suggéré par le trait lui donna l'idée de l'animer réellement ; ce fut chose faite avec son film Les oiseaux (1932), où une statue ailée apparaît à un moment. Ah et sinon il y a aussi des piafs un peu partout.
Lecteur : Ah...? Mais...?


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
Je devine ton trouble. Il s'agit en réalité du produit d'un concours de circonstances tout à fait cocasse.


Lecteur : Je brûle d'en apprendre les détails consécutivement à vos éclaircissements, maître.


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
Il s'avère que quelqu'un a convaincu Alfred Hitchcock qu'il n'était pas mort, et qu'il était en réalité un calmar.


Lecteur : Ah. Euh...


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
Eh oui, n'est-ce pas extraordinaire ? Mais je me méfie de cette version... officielle de l'histoire. Le passé de notre pays n'a-t-il point prouvé à maintes reprises que le peuple n'est souvent que le jouet des puissants, et que ces derniers sont passés maîtres dans l'art de contrôler ce que les moutons pourront bien entendre, voir ou sentir, façonnant d'une main de maître leurs pensées et leurs croyances, usant pour ce faire de tout un arsenal subtil, suffisamment pour que les trop honnêtes citoyens ne se doutent de rien ? Converser avec des morts - n'est-ce pas le premier signe de la folie furieuse ?


Lecteur : Je vous attends, dans l'expectative d'une aveuglante épiphanie.


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
...je pense en réalité que le lecteur a convaincu un calmar qu'il était Alfred Hitchcock, et que celui-ci, plus qu'enthousiaste de voir son identité secrète enfin révélée, a aussitôt décidé de poursuivre sa carrière dans le milieu marin underground, comme on dit.


Lecteur : ...


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
Je trouve cela beaucoup plus logique.


Lecteur : ...


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
Cette interprétation acquiert un sens nouveau que mes oreilles agréent.


Lecteur : ...


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
J'ai de bonnes raisons de penser qu'il s'agit là de l'explication la moins éloignée asymptotiquement de la réalité.


Lecteur : ...


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
L'évidence de cette hypothèse m'apparait, par son élégance, de plus en plus ravissante à mesure que j'en étudie l'agréable teneur.


Lecteur : ...


MichelA.jpg Michel-Ange crée :
De plus, je suis certain que le film est excellent.


Lecteur : DESENCY, OR DID YOU MEAN DEMENCY ??


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Alfred Hitchcock réalise :
Dammit ! Démasqué !


C'est ainsi qu'Alfred Hitchcock se fit confondre une seconde fois, ses plans diaboliques pour instaurer une domination mondiale et restaurer le bon goût des films d'auteur déjoués, ainsi que sa tentative audacieuse mais un peu ridicule pour se faire passer pour vivant alors qu'il ne l'était pas, sans pour autant qu'on le considère comme un mort-vivant, un mort-mort-vivant, un mort-mort-vivant-mort, ou une quelconque fraction rationnelle de morts et de vivants. Il était mort, point. L'histoire était terminée.

Mais, l'était-elle vraiment ?


La fin de l'Histoire

Paul Binocle. — Eh bien, c'est agréable de jouir d'un peu de repos bien mérité, n'est-ce pas, compère ?
Lecteur. — Oui, je l'avoue, je suis content que toute cette histoire soit enfin terminée.
Paul Binocle. — Et cette plage est très agréable.
Lecteur. — Tout à fait. Le sable y est fin, le soleil puissant mais pas brûlant et, qui plus est, la mer qui se retire au loin dans les langueurs brumeuses emplit mon regard d'une agréable atmosphère de plénitude, de louange, et fait retentir à mon cœur l'ivresse céleste et fière d'une chorale d'anges joyeux...
Paul Binocle. — Cet Alfred Hitchcock nous donna bien du souci.
Lecteur. — Oui. J'ai entendu dire que c'était sa frustration de n'avoir pas réussi le concours d'entrée aux Beaux-Arts qui le força, par aigreur, à se tourner ver le cinéma...
Paul Binocle. — Ah, quel homme répugnant.
Lecteur. — Heureusement que nous en avons fini avec lui, ah ah ah.


Mais, quel profil bulbeux agite l'océan ? Quelle tempête s'invoque, à l'horizon, dans les ténèbres outragées ? Oh, j'entends un cri...

Paul Binocle. — Dis, à ton avis, quel est cette cavalcade qui agite l'océan ?


Cavalcade ?

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G. W. F. Hegel dialectise :
Je proteste !


Pardon ? Qui êtes-vous ? Vous a-t-on jamais appris à frapper avant d'entrer ? Et puis les boîtes ça va bien une minute... Vous maculez toute ma page, là.

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G. W. F. Hegel dialectise :
Tout le monde sait que l'Histoire est finie. De plus, j'étais là depuis le début. Je ne trouvais pas le moment opportun pour l'éclat de ma vive colère, c'est tout.


Ah, mais il ne s'agissait que d'une technique narrative, une amorce pour ainsi dire, un artifice psychologique qui fut employé, déjà, de longue date, dont on retrouve même les traces chez les Antiques et dont le but était de surprendre...

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G. W. F. Hegel dialectise :
Il y a des gens sérieux qui essaient de se concentrer, et qui s'estiment en droit d'attendre autre chose d'un média correct, splendide et matutinal comme le vôtre, que de sempiternelles balivernes naturalistes...



Ah ? Vous vous concentrez ?


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G. W. F. Hegel dialectise :
Bien sûr. Je suis tel que vous me voyez sur le point de dépasser la division qu'établirent aveuglément mes prédécesseurs entre le mur et la brique, arguant stupidement que si le mur avait besoin d'une grande quantité de briques pour exister, cela prouvait bien que le mur n'était pas brique, et réciproquement, car sinon il eût bien fallu que le mur fût constitué d'un grand nombre de lui-même, aboutissant à une contradiction évidente... à moins, à moins - et c'est là une idée de génie, en toute modestie - que l'on considère un mur infini, formé donc d'une infinité de briques. Bien sûr, une infinité de mortier serait alors nécessaire pour sa tenue, mais il ne s'agit là que d'un détail que je m'en vais promptement régler par une vertueuse et légère note de bas de page.


Mais non, pas du tout. Vous êtes un fieffé gredin. Vous ne vous concentrez pas, pas du tout, là. Vous voyez bien. Vous passez complètement à côté du problème.


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G. W. F. Hegel dialectise :
Vous verrez bien, incrédule. Regardez, je rassemble mes esprits... Hmmmf...


Euh...


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G. W. F. Hegel dialectise :
Et...


Eh, mais ça ne serait pas...

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G. W. F. Hegel dialectise :
Tadaaa !


Alors oui, c'est impressionnant comme vous avez fait disparaître discrètement cette tasse en argent qui appartenait à ma grand-mère. Vous êtes un grand dialectri... diali... un grand illusionniste.


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G. W. F. Hegel dialectise :
Oui.


Hors d'ici, vaurien !


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Saviez-vous que...
Le système nerveux du calmar se répartit entre ses différents tentacules, qui disposent par conséquent chacun d'une initiative indépendante. Si vous arrachez un tentacule à un calmar, ce dernier continuera à bouger et à agir jusqu'à être à court d'énergie.
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Depuis ma plus tendre enfance j'ai su que je voulais faire du cinéma. Déjà dans mon œuf, je triturais ma poche à encre plus que de raison. Ce qui faisait cocassement dire à ma mère : « OoooOoOorghrBllchlblbl... » Eh oui, j'étais alors un gamin plein de fantaisie, aimable et doux cependant, et tout à fait brillant lorsque j'amenais la grande enveloppe luisante de mon manteau galbé au soleil, pour accompagner la grande migration quadrannuelle. Je ne sais pas comment tout cela va se terminer - si cela va se terminer un jour, car la gloire ne meurt pas ; mais je tiens pour assuré désormais que, quelle que soit la difficulté de la tâche, je serai capable de...


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G. W. F. Hegel dialectise :
Une fin ouverte ! Damned ! Euh... Non ! Non ! Je voulais dire : Mein Gott ! C'est ça ! Non ! Ne me faites pas de mal ! Aaaahhh !! Je suis allemand ! Je suis allemand !

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Happy end

— N'est-ce pas le moment, monsieur ?
— Le moment de quoi ?
— Mais de lancer l'assaut !
— « Lancer l'assaut... » C'est amusant, on dirait le début d'un... euh...
— Capitaine ! C'est une occasion inespérée ! Il faut lancer...
— Aidez-moi... D'un truc, là, pour embrouiller la diction...
— Un whisky ?
— Très bonne idée, merci. Mais poursuivez donc.
— ...lancer, hélas, l'assaut au lisse lasso, s'occissant sans façons, foisonnants, et frappons !
— Certes. Mais rien ne presse mon ami. Ah, on dirait que les choses se tassent...
— Bien tassé, oui. Toujours.



Lecteur. — ...et c'est donc là que j'ai appris à ne plus me fier à la dialectique négativiste de la téléologie classique. Il me faudra, sans doute, réapprendre à vivre ; hors de cet océan de flou incompris, de cette ardeur à se contredire, de cette volupté d'accumulation littératrice ; mais ce n'est que le commencement d'une nouvelle existence qui s'offre à moi... Quand je pense que l'on m'a trompé pendant tant d'années, je ne peux m'empêcher de ressentir de la colère, de la rage même ; mais pas contre eux, de la colère envers moi-même. Je gage que cela s'estompera, pour peu que je laisse le temps faire son œuvre...


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Alfred Hitchcock vocalise :
Hrmmm... Très bien, veuillez m'excuser un bref instant. hum, Hum, Hum. Do, La, Do, Sol, La. Aaaaah... « Le sujet semble ne pas réaliser l'insanité de ses délires. Non content de se croire la victime impuissante d'une persécution inépuisable de la part d'acteurs obscurs qu'il ne parvient pas à nommer - tant sa capacité cognitive inférieure ne lui autorise sans doute pas de pareilles fantaisies réservées aux êtres supérieurs à l'invertébré nuisible de base - il vient de postillonner sur ma cravate, qu'on ne voit presque pas, mais tout de même. Entre nous, je pense qu'une euthanasie lui ferait le plus grand bien. Fin du rapport quotidien. » Vous disiez ?


Lecteur. — Euuuh...


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Alfred Hitchcock tempère :
Je vous écoute, mon cher. Sachez que vous ne trouverez ici que des oreilles amies. Oh, oui.


Lecteur. — J'ai du mal à le croire. Saligaud !


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Alfred Hitchcock investigue :
J'ai un peu de mal à la tête depuis quelque temps. Ce seul fait rend déjà déplorable et honteuse les mesquines et pitoyables tentatives de me causer du tort en continuant. Particulièrement ce coup au larynx que vous me donnâtes céans, qui me fait particulièrement souffrir. Sans parler du grille-pain que vous écrasez en ce moment même contre mes jolies phalanges, dont la pulpe flamboyante se dégage avec une vigueur effrayante des nerfs excoriés, vibrant d'un feu terrible, comme projetant hors de mon corps assombri la vertigineuse flamme de cette révélation : oui, vous êtes bien monstrueux.

Voici, cependant, que vous vous relevez, dressé par-dessus mon bassin terrassé par le choc antique de cette superbe vasque de bronze du IIIe siècle que vous levez entre vos mains, altier et farouche, abattant à grand efforts régulier son poids meurtrier sur le corps blêmi d'un vieillard, crevant la peau légère de vos doigts enfiévrés par la trop grande violence du mouvement, sans vous en rendre compte, tant la douleur infligée sottement, le caprice ultime d'un esprit labile, vous est par trop enivrant, vous faisant par le hasard du crime rejoindre le berceau de cet absurde, ardent univ...


Lecteur. — BLAM ! BLAM ! BLAM !


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Alfred Hitchcock, inventeur du cinéma moderne :
Couic.






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Alfred Hitchcock posthume :
Et c'est ainsi, mon cher, que je décédai finalement, de mon audace certes, mais particulièrement et principalement d'une laryngite qui connut quelques complications.


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Atroce.


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Alfred Hitchcock posthume :
Alors que je cherchais simplement à ajouter un peu de piment à son existence si fade et si triste. Le pire, à vrai dire, était qu'il n'envoya même pas de lettre de rupture à mes tendons. Sans nouvelles du jour au lendemain. On a beau s'y attendre, ça fait toujours mal...


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Oui. D'ailleurs, j'ai trouvé un billet. C'est pour vous ?


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Alfred Hitchcock posthume :
Faites voir... « Desency, or did you... » Hum !


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Mauvaises nouvelles ?


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Alfred Hitchcock posthume :
Rien, rien, rien. sans doute une erreur.


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Allons, vous savez que je ne peux rien me cacher.


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Saviez-vous que...
Alfred Hitchcock avait un jour pensé à réaliser un film intitulé 50 nuances d'ambre gris. Mais il abandonna l'idée, car il n'était pas un calmar, et trouvait le titre un peu ridicule.
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Alfred Hitchcock posthume :
J'ai pourtant essayé de me dissimuler derrière mon dos. J'ai toujours été de forte carrure.


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Alfred Hitchcock observe  :
Vous essayez de noyer l'oiseau. C'est aussi difficile que pour un poisson, seulement il faut aussi l'attraper, puis le plonger de force ou de gré dans la profondeur vigoureuse d'un océan, d'une mer, d'un lac ou du bol de Nesquick saturé en sucres rapides, complexes et intermédiaires que votre petite sœur boit habituellement le matin. La pratique de ce sport combine donc la difficulté de la marche aérienne soulevée et de la nage entre deux eaux.
C'est pour cette raison qu'il est actuellement considéré sans conteste comme étant le plus dangereux du monde, devant le bear-knitting, le base-ball australien et l'empalement volontaire contre des arbres centenaires de moins de vingt-cinq pieds de haut infectés par la gale du tremble.

Et c'est également ainsi que, dès 1910, le baron Pierre de Coubertin condamnait hautement la pratique inconsidérée de la discipline, qui depuis sa création avait selon lui « tué, défait, écrasé, moulu, perdu, déchiré, brisé, éparpillé au loin, anéanti terriblement, détruit, englouti par centaines, soufflé, dilacéré, les multiples et douces fibres exotiques de mon grand nœud papillon bleu en soie de Mongolie, mon préféré... »



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Alfred Hitchcock posthume :
Mais je le sais bien mon ami, ne vous souvient-il pas que j'ai été moi-même, dans mon jeune temps, joueur dans l'équipe nationale de Washington ? Ah, c'était le bon temps. Lorsque, après la pluie, nous sortions emplir nos poumons d'air pur sur le terrain détrempé, que, cuisants et vigoureux, nous nous essayions à envoyer nos camarades le plus loin possible dans l'océan ! Que de souvenirs radieux ! Vous savez également que c'est là que je perdis ma cravate, d'ailleurs, et que c'est cette douleur jamais consolée qui me poussa à exprimer mes émotions par le cinéma...


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Bien sûr, mais je me faisais un scrupule d'éclairer le lecteur sur ce point crucial de notre vie.


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Alfred Hitchcock posthume :
Comment ! Comment ! Il est ici ?


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Mais oui. Où voudriez-vous qu'il fût ?


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Je ne sais pas. N'importe où plutôt qu'ici !


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Par exemple, c'est d'une inanité rare. Le lecteur, par définition, lit. Reprocheriez-vous à l'oiseau de voler ? Au feu de brûler ? Au vide de viser ? À la girafe de ...


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Alfred Hitchcock posthume :
Qu'importe ! Qu'il s'écharpe ! Que j'échappe à ma destinée ! Mon royaume ! Mon royaume pour un plot-twist !


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En attendant, il nous observe, soyez-en sûr.


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Alfred Hitchcock posthume :
Où le voyez-vous ?...


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Juste .


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Alfred Hitchcock posthume :
Ah non ! Ah non ! Vite, vidons les lieux ! Je ne souffrirai pas de partager la même pièce que ce cuistre !


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En ce moment même, eh oui. Et personne - personne - ne peut savoir ce qu'il fait, lui, en vous regardant.


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Alfred Hitchcock posthume :
Non, cela est par trop cruel ! Fuyons !


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Mais c'est impossible, mon cher. Nous n'existons que par l'action médiate de sa pensée. Sans lui, tout s'écroule, nous nous évanouissons comme si nous n'avions jamais été.



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Alfred Hitchcock posthume :
Vous m'étonnez, mon cher. Je ne vous pensais pas capable de céder si tendrement à ces fadaises dialectiques. Le monde ne se découpe pas en instantanés, que diable. Imaginez-vous quelqu'un s'ingénier à singer ainsi la continuité morale de personnages aussi abscons et stupides ?



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C'est donc qu'il s'agit d'une illusion.



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Alfred Hitchcock posthume :
Vous soutenez que cette banane... Ce fruit souple et tendre que j'étale sur mon crâne, dont la chair pénètre mes narines...




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Bien sûr qu'elle n'existe pas. Vous imaginez ? Une banane ! Quelle bonne blague ! On n'a jamais revu de bananes depuis la grande canicule de 2008. Comme les oies, elles migrèrent, mais au-delà de l'équateur, ce qui fait que l'on n'a jamais eu l'occasion de les retrouver, malgré les nombreuses expéditions lancées par les Républiques bananières qui ne firent que piétiner. En passant, on vit aussi disparaître l'ordre des Jésuites presque simultanément, sans doute parce qu'ils pensèrent que le péché phallique était enfin sorti du monde. Une banane ! C'est idiot.



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Alfred Hitchcock posthume :
Et à quoi pense-t-on ? Moi, je pense qu'on pense à des éléphants. Ne serait-ce que pour arrêter de pense à des oiseaux. C'est bien les éléphants : ça ancre.


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Dites, c'est amusant, vous savez à quoi je pense ?



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Alfred Hitchcock posthume :
Oui.



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Ah. Hum. Bon... Bien. Alors... D'accord.



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Alfred Hitchcock posthume :
Inutile de le mentionner alors. Ce serait lui faire trop plaisir. Partons.



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Vous savez que cela signera notre fin à tous.



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Alfred Hitchcock posthume :
Je ne suis pas si nombreux que cela. La perte ne sera pas grande.


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Comme vous voulez.



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Alfred Hitchcock posthume :
Adieu, monde en cruel déficit d'éléphants !






Desency, or did you mean demency ?

Demency. My goodness !



















— Ah, voilà ! Allons-y !
— Mais il a fini, mon capitaine. Il s'est rendu. Il a dit qu'il ne voulait plus parler avec nous. Qu'est-ce que ça veut dire exactement « une bande de cuistres histrioniques bouffeurs de fluide mentholé » ?
— Cela a l'air de vous ennuyer.
— J'avoue que j'espérais un peu plus d'action.
— Vous en aurez... J'ai un ami qui tourne un film, si ça vous dit. La vie est une grande fosse océanique abyssale tranquille. Quelqu'un de charmant.
— Yaura Emma de Caunes ?
— Sûrement. J'ai entendu dire qu'elle résistait très bien à la pression. Plus que ma femme en tous cas, ah ah ah. La pauvre, le stress lui fait perdre la tête.
— N'était-ce pas plutôt la roue avant de ce trente-huit tonnes que vous louâtes tantôt ?
— Certes. Toujours délicat de se faire un avis avec un seul cas, vous savez. Qui vous dit que ce n'est pas un coup a priori des éléphants ?