Ohio
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, l’état d’Ohio n’a pas toujours été ce territoire paisible et enchanteresse que nous connaissons, et ou se côtoient dans la joie et la bonne humeur trois peuples que pourtant tout semblerait opposer : les Indiens Iroquois issus de la lignée du grand chef Oumpah-Pah, les colons Français débarqués là en quête du Nouveau Monde, et les fiers Chevaliers Anglois qui vécurent sous le joug de feu George II en personne !
Cette société modèle, cet Eldorado citoyen si j’ose dire, méritait bien quelques approfondissements qu’entend apporter cette modeste présentation, qui saura à coup sûr vous éclairer sur ce véritable miracle de la vie. Mais trêve de palabre, en entrons de ce pas dans le vif du sujet en nous replongeant à l’aube du XVIIIème siècle !
Oumpah-Pah
Qui ne connait pas Oumpah-Pah ? Ce brave chef indien dont les exploits pour le bien de son peuple nous furent si bien comptés par ce duo de choc tout droit venu de la Belgique profonde, et parents du célèbre gringalet affublé d’un ridicule casque à plume : Goscinny et Uderzo.
Oumpah-Pah, s’il ne fut pas le plus brave des chefs Iroquois, fut cependant le plus grand visionnaire de son époque. On lui doit d’ailleurs d’énormes avancées aussi bien politiques que technologiques, telles que le droit de vote pour les bisons, l’assurance Tipi et bien évidemment les signaux de fumée à émission réduite en CO2. Notons aussi qu’il a popularisé le sirop de cactus aujourd’hui commercialisé par Teisseire, rendu populaire le port de la raie de plumes à droite, et monté un terrible embargo avec le Dakota du Nord afin d’interdire l’utilisation des bâtons magiques en Ohio, pratique qu’il jugeait ostentatoire et carrément gay.
Alors qui aurait pu croire que ce fier chef indien pourtant si doué pour les affaires, et soutenu par un peuple de plusieurs centaines d’individus et quelques 3.000 bisons, allait se faire escroquer aussi innocemment par le premier visage pale venu : le baron Hubert de la Pâte Feuilletée.
Le scalp des Iroquois
Hubert de la Pâte Feuilletée, alors en quête de nouveaux territoires à coloniser, et aussi en besoin urgent de rouleaux de papier hygiénique suite à une épidémie de choléra dans ses rangs, franchit la frontière de l’Ohio vers la fin du XVIIIème siècle, et s’adressa en ces termes au chef Oumpah-Pah : « Vite, vite, du papier, pour l’amour de Dieu, du papier ! » en lui montrant du doigt les postérieurs souillés de ses compagnons. Surpris par cette étrange coutume le chef leur indiqua négligemment la rivière Scato[1], son attention détournée par la coiffure d’un drôle de zouave, un dénommé M. Thé, alors préposé au travail de barbier dans l’équipe.
Une fois débarbouillé Hubert s’adressa à nouveau au chef : « Je présume que vous êtes le célèbre Oumpah-Pah, chef des iroquois et inventeur de cette délicieuse boisson saveur cactus qui fait fureur en Europe ! ». « C’est moi-même ! » lui répondit le fier Indien, avant d’ajouter non sans curiosité : « Qu’est-il donc arrivé au scalp de cet homme au teint basané ? ». « Ah, vous parlez certainement de M. Thé, sa coiffure est d’un ridicule n’est-ce pas ? ». « Bien au contraire, j’adorerais arborer la même toison sous ma coiffe de plume, tant la chaleur est pesante sur ce continent ! ».
Si tôt dit, si tôt fait, et voilà que Oumpah-Pah se retrouvait coiffé à la mode des punks d’aujourd’hui, et qu’il venait de lancer une nouvelle mode révolutionnaire bien qu'annonciatrice de l’assouvissement de son peuple : la coupe à l’Iroquoise !
Hubert aux commandes
Voyant leur chef arborer cette nouvelle coupe, chacun voulut se coiffer à l’iroquoise, si bien que M. Thé se trouva très vite dépassé par les événements. « Pourquoi ne pas ouvrir vos propres cabinets de barbier ? » leur proposa-t-il, avant de s’apercevoir que les indiens ne connaissaient pas encore le rasoir. « C’est barbant ! » annonça Oumpah-Pah, « Rasoir même ! » ajouta Y-Pleuh le sorcier, je dirais même plus « Ça casse les couilles ! » râla Y-A-Plus-De-Saisons le chasseur, qui lui n’avait jamais excellé dans l’humour fin.
Hubert de la Pâte Feuilletée sauta sur l’occasion : « Voici comment démêler cette affaire : ne pouvons nous pas vous troquer des rasoirs contre quelques-uns de vos charmants bisons, dont les peaux nous seront fort utiles de retour dans notre contrée ? ». « Impossible ! » rétorqua Oumpah-Pah, « vous ne pouvez pas trucider mes électeurs de la sorte ! ». C’est alors que le finaud M. Thé susurra quelques chose à l’oreille de son chef, qui s’empressa d’ajouter ensuite : « C’est d’accord, nous acceptons de vous céder quelques rasoirs, et qui plus est nous ramasserons vos tignasses pour les évacuer à moindre frais ! ».
Et ainsi naquit le commerce des fourrures de l’Ohio !
Et oui, alors que les riches bourgeois du continent pensaient acquérir de superbes parures en poils de bison, voire même en fourrure d’orignal, Hubert le rusé leur faisait parvenir de vulgaires manteaux recouverts de poils et cheveux d’indiens, même pas lavés et encore plein de poux pour la plupart. Ce commerce fleurissant monté au nez et à la barbe des Indiens permit aux colons de s’installer durablement en Ohio, et d’y construire maintes forteresses solides et imprenables.
Si bien qu’un jour Hubert s’adressa ainsi à Oumpah-Pah :
Vous m’en voyez navré mais votre peuple ne peut plus demeurer ici désormais, j’ai d’ailleurs rallié à ma cause pas moins de 10.000 bisons qui voteront ce dimanche en ma faveur, au poste de dirigeant de cet état. Prenez cette caisse de boisson aromatisée au parfum cactus, ainsi que ce coffret découverte de nos tout nouveaux tampons en cheveux de Cherokee, et quittez cet état pour toujours. Je vous conseille de prendre la direction du Dakota du Nord, parait qu’il ont fait des progrès dans le domaine des bâtons magiques, peut-être un commerce à creuser, qui sait...
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—Hubert de la Pâte Feuilletée |
Et l’affaire aurait très bien en rester là, mais c’était sans compter sur l’arrivée inopportune d’un noble de la lointaine Angleterre en quête d'honneur et de renommée : le Marquis Octave-Claude de l’Épanchement de Synovie.
George II en colère
Le marquis à peine arrivé, il s'exprima en ces termes :
Moi, le Marquis Octave-Claude de l’Épanchement de Synovie, envoyé spécial de son altesse sérénissime George II de Grande-Bretagne, ordonne que tout trafic de peaux de bête et de fourrure soit éradiqué sur le champ ! Ces pratiques sont jugées comme barbares et ne sauraient être tolérées sur le territoire de Nouvelle-Angleterre ! De plus, je réquisitionne sur le champ l'intégralité de votre stock de papier hygiénique, ma troupe et moi-même souffrant d'une chiasse carabinée, et d'un besoin urgent de se refaire la raie nette !
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—Octave-Claude pour son altesse George II |
Ce discours empli de revendications fut très mal accueilli par le peuple du fier Hubert, qui n'avait décidément pas envie de se faire dévaliser son stock de papier toilette, d'autant que eux aussi ils avaient le droit de porter la raie nette, et qui plus est à droite comme l'avait démocratisé Oumpah-Pah. D'ailleurs le chef Indien à peine bouté du pouvoir profita de ce nouveau rebondissement pour offrir ses services à l'envoyé de George II, prétextant que rien n'égalait la douceur et la finesse de son papier au délicat parfum de cactus.
« Mais vous êtes tous complétement cinglés ! » s'exclama le Marquis, si fort qu'il en salit son fond de culotte, et que s'en suivit un conflit armé qui devait durer sept longues années, et que l'on surnomma la Guerre de Sept ans !
La Guerre de Sept ans
À ce jour aucun historien, pas même ce gros sac d'Alexandre Adler, n'est parvenu à restituer le déroulement exact de ce conflit d'une incroyable ampleur. Cependant quelques dates marquantes permettent de juger de la ruse et la perfidie dont redoublèrent chacune des trois forces mises en présence, pour aboutir finalement et au bout de sept longues années au compromis qui perdure aujourd'hui.
1756 : Suite au discours de protestation du Marquis Octave Claude de l'épanchement de Synovie, les Anglois déclarent la guerre aux colons français, ceux-ci refusant obstinément de mettre fin à leur commerce de fourrure. La tribu du chef Oumpah-Pah, outragée du refus des soldats de George II face à leur offre promotionnelle de, et je cite : « 1 paquet de six rouleaux de PQ parfumés au cactus acheté, 1 gratuit », se mêlent au conflit armés de bâtons magiques dont ils avaient finalement admis la puissance de frappe. | |
1757 : Le Fort Bravo, place forte de l'armée d'Hubert de la Pâte Feuilletée, est assiégé par les troupes angloises. Après plusieurs mois de lutte acharnée ces derniers parviennent à mettre la main sur leurs réserves de papier hygiénique, les contraignant quelques jours plus tard à se rendre. Alors que le conflit semblait terminé le chef Oumpah-Pah mit la main sur la précieuse cargaison, ses hommes ayant tendu un guet-apens au train affrété à la marchandise. | |
1758 : George II annonce un retrait immédiat de ses troupes au chef Oumpah-Pah, mais il ne s'agit en réalité que d'une ruse, ceux-ci profitant de la diversion pour mettre un terme à l'approvisionnement des indiens en bâtons magiques, en passant un accord secret avec le Dakota du Nord. On dit que le Roi fit don d'un énorme pot-de-vin à un certain Benjamin Harisson, celui-ci suspendant alors toute livraison ferroviaire en provenance de cet État. Aucune liaison avec le Dakota n'a d'ailleurs été rétablie à ce jour. | |
1759-1761 : Rien à signaler, les peaux rouges privés de leur arme secrète le conflit reprit de plus belle. Et que ce soit à base de jet de branches de cactus vénéneux, de coups de pied au cul ou encore de pécufiage molletonné triple épaisseur en bonne et due forme, chacun des trois camps en prit pour son grade. | |
1762 : C'est à cette date qu'a eu lieu le plus grand pécufiage de toute l'histoire des États-Unis ! Ayant habilement monnayé une offre promotionnelle de, et je cite à nouveau : « 1 paquet de six rouleaux de PQ parfumés au cactus acheté, 5 gratuits »[2], les colons d'Hubert se retrouvèrent en possession d'un stock évalué à 5.000 rouleaux, soit l'équivalent de la distance terre-lune entièrement déroulé ! La forteresse élevée en l'honneur de George II se vit alors intégralement souillée, cet assaut magistralement mené aboutissant à la rémission des troupes du Marquis. | |
1763 : Alors que tout semblait gagné pour les français, le territoire d'Ohio tout entier fut touchée par une incroyable épidémie de choléra, résultant d'un manque d'hygiène de ses occupants. Et oui, tout le papier ayant été consommé par le pécufiage du bastion anglois, on ne trouvait plus une seule feuille, parfumée au cactus ou non, dans tout l'Ohio ! Devant cette situation critique, les trois chefs de tribu déclarèrent à l'unisson, et je cite encore et toujours : « On l'a bien dans l'cul ! ». C'est la ratification du fameux Traité de Paris par les trois forces en présence qui marqua la fin de la Guerre de Sept ans, et dont quelques uns des accords notables sont exposés ci-après. |
Le Traité de Paris
La plus importante des lois votées ce jour-là fut sans doute celle régissant la circulation dans le territoire d'Ohio, et dictant que...
À part ça
États-Unis : pays du hamburger, du ketchup, de Mc Donald's et des américains | |
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