Relativité restreinte
La relativité restreinte, restreinte aux bistrots, là est la réponse.
Rappel préhistorique
L'histoire commence en 1900. Avant, c'est de la préhistoire.[1]
Avant 1900 tout est absolu. La lumière éclaire à une vitesse suffisante pour faire fonctionner les bougies et les quelques rares ampoules électriques disposées sur la tour Eiffel [2], et du moment que ça marche, personne, absolument personne, ne s'inquiète de savoir si la lumière va toujours à 300 000 km à la seconde quand on s'en approche ou quand on s'en éloigne. Absolument personne ne regarde dans un miroir en s'éloignant en courant d'un réverbère pour savoir si la couleur change de couleur. Les quelques illuminés qui ont été surpris à chronométrer la lumière ont été enfermés et n'ont laissé que quelques tags incompréhensibles sur les murs des cavernes où ils ont été éloignés des gens que les autorités préparaient à digérer la télévision, le giga-burg-mayo et l'art contemporain.
Tout baignait, la lumière allait à la vitesse qui lui convenait, et l'absolutisme régnait en maître absolu.
Les responsables du désordre relatif
Avant de décrire le désordre créé par la relativité, il convient, pour mieux comprendre comment ce drame est survenu, de dépeindre rapidement les sombres personnages responsables de ce bazar sans nom. Il y avait:
- Antoine Poincaré [3], tout juste capable de proférer des conjectures tordues qui ne servent qu'à remplir les magasines people de nouveaux riches russes qui ont les moyens de refuser 1 000 000 $,
- Albert Einstein, scribouillard de cabinet des brevets de Berne, incapable de se servir de Windows avant que Bill ne trouve sa solution,
- Alfred Nobel, inventeur de la télévision numérique terrestre (TNT), qui pourtant n'avait pas inventé la poudre,
- et d'autres encore (Lorentz d'Arabie, etc.) qu'il serait fastidieux de passer en revue, et qui n'ont jamais été poursuivis en justice.
Le détonateur : ce qui mit le feu aux poudres
Tout d'abord Nobel, qui se croit plus malin que les autres, et invente le crowdsourcing. Il promet une grosse somme aux gens du monde entier qui inventeront des trucs utiles à l'humanité (mais pas pour les maths, donc il n'est pas si bête que ça et parce que sa femme le trompait avec un matheux...).
Ensuite, quand Einstein apprend ça (par la bande FM, pas par le net, restons sérieux), et veut relever le défi. Comme il a des problèmes d'horloges non synchronisées [4], il pense que ça lui serait utile de creuser ce sujet.
Enfin Poincaré, qui ne veut pas laisser à Nobel la paternité du détonateur, allume la mèche, comme il sait le faire, avec ses conjectures à dormir debout, en jetant sur quelques brouillons des théories fumeuses.
Comme il n'y a pas de fumée sans feu, ses hypothèses sont récupérées par Einstein dans une corbeille à papier, sous le fallacieux prétexte d'éviter un incendie, un désastre, voire une guerre nucléaire. Il n'y a pas un atome de vrai dans les élucubrations d'Antoine, et Einstein tourne en rond comme une poule qui cherche un couteau dans un accélérateur de particules.
Comment Einstein trouva que Euh égale aime c'est deux
Einstein prend de nombreux bains. Mais le miracle d'Archimède ne se renouvelle pas. Pas d'Eurêka.
Comme il se sait inexpérimenté, il décide de relativiser son échec.
Comme il est imprudent, il décide dans la foulée de prendre quelques vacances en Bretagne. Il y a là-bas, pense-t-il, tous les ingrédients nécessaires à sa prochaine découverte. Du granite radioactif, de l'iode qui stimule les petites cellules grises, des poireaux herculéens, et des choux-fleurs qui pousseraient sans les planter.
Et la conviction qu'il a de passer en Bretagne des vacances relativement calmes fait le reste.
Comme tous les prétentieux, il pond illico sa formule magique E=MC2 (prononcer euh! égale aime c'est deux) [5] ; ne reste plus qu'à la démontrer.
L'expérience déterminante : la relativité restreinte aux bars
Les prémisses
Einstein n'aime pas la pêche, n'aime pas le poisson, n'aime pas les bains de mer, n'aime pas les courses de voiliers, n'aime pas les voiliers, ni les bateaux à moteurs. Einstein n'aime pas les crêpes, ni les coiffes bretonnes, n'aime pas les bretonnes non plus, ni les danses bretonnes, ni les festou noz, déteste la bombarde et le biniou. Du coup, il s'ennuie à mourir. Comme il n'aime pas la pluie, il fait ce que font tous les touristes, il va traîner dans les petits bistrots. Et c'est la chance de sa vie. En effet, il se met à fréquenter assidûment un troquet à matelots, fait connaissance avec quelques habitués et se surprend à aimer les chants de marins.
- On n'y voit pas passer le temps. C'est déjà un signe. Le temps (qui passe) n'a pas la même durée quand on est dans un bistrot et quand on est ailleurs.
- Le temps est toujours pourri en Bretagne. Mais il ne pleut pas sur un comptoir. (temps météo, temps passé, donc il y a différents temps)
- Le temps passé, c'est du passé ; c'est moins important que le temps à venir, qui est incertain, et dont on ne sait pas combien de temps il durera.
- Le nombre de verres avalés par unité de temps est proportionnel au carré du nombre de copains (C) que l'on se fait, chacun le sait, même les énarques.
- Le nombre d'Euros dépensés (E) est proportionnel à la masse d'alcool par verre (M) multiplié par le nombre de verres bus.
Donc E = MC2, très exactement, si l'on choisit bien les unités (un baby = 2g ou un chouchen = 0,002 kg, ça change tout). Ça, Albert s'en doutait déjà un peu, mais il est conforté dans ses convictions.
La révélation (les misses)
Mais la grande découverte fut la constatation du décalage entre les horloges et des montres. Alors qu'il demandait l'heure à un client, puis à un autre[6], il constate que :
- Un consommateur situé à un bout du comptoir du bistrot n'a pas la même heure qu'un autre consommateur situé à l'autre extrémité du comptoir.
- La pendule du troquet indique une troisième heure, pour d'obscurs motifs.
- L'expérience répétée de nombreuses fois, et dans différents estaminets, donne toujours des résultats similaires. Il semble impossible de synchroniser les différentes horloges.
Einstein en conclut que le comptoir d'un café se déplace quasiment à la vitesse de la lumière, car le référentiel[7] des clients, pris un à un et celui du patron du bistro sont différents. Seule la grande vitesse de déplacement peut expliquer cette différence. Le sens du déplacement peut varier suivant le lieu, mais c'est normal. Tous les débits de boissons ne sont pas tangents à la courbe de l'univers.
La publication des résultats
Après de nombreux calculs, il prouva que la vitesse de la lumière avait une valeur constante, dépendant uniquement de la densité de fumée de tabac. Plus il y a de fumée, plus la lumière est freinée.
Avant de publier ses observations et sa théorie encore fumante, il prit la précaution de l'envelopper dans du papier de soie, c'est-à-dire de lui donner une apparence scientifique.
Ce qui lui donna l'occasion de décréter deux postulats (contraction de tu les poses et ils sont là):
- Les lois de la physique sont identiques dans tous les bistrots (qu'il dénomme référentiels inertiels, fallait oser ! L'expression n'a pas eu de succès : rade, troquet, etc, sont bien plus souvent utilisés)
- La vitesse de la lumière est identique dans tous les bistrots à densité égale de fumée de cigarettes. (dans tous les référentiels inertiels, dans le vide. Là c'était une erreur. Quand un bistrot se vide, c'est qu'on a éteint la lumière [8])
Malheureusement, il n'obtint pas le prix de son pote Nobel pour cette découverte. Ce qui fait que le petit bistrot breton de Ploumachin ne peut pas s'enorgueillir d'avoir aidé à l'obtention d'un Nobel.
Le désordre
Aucun bar breton ne s'appelle "chez Einstein". Par contre, si vous passez chez Albert, à Ploumachin, et que vous posez la question à un client, il vous dira : "La Relativité, vous dites? Connais pas. C'est un nouveau bar ? Bof, nous on ne cherche pas midi à 14 heures ! Tant qu'il y a de la lumière on sait que c'est ouvert..."
Einstein a effectivement semé le désordre. En Bretagne, il y a toujours quelque part un bistrot qui s'appelle les Copains d'abord ou le Loti, le Surcouf ou le St Yves. Qu'est-ce qu'il est venu nous pomper avec sa relativité, c'est poutant plus simple de faire des chansons, un bouquin ou d'être un saint ! Faut penser au touriste, quand même !
Notes et références
- ↑ Vu à la télé.
- ↑ Ben quoi ? Paris ne s'est pas faite en un jour !
- ↑ Qui a avoué plus tard qu'il se prénommait Henri, dans une chanson...
- ↑ Savait même pas changer la pile de son PC !
- ↑ Qui ne veut rien dire en français, juste un moyen pneumo-technique, en retenant son souffle sur le H aspiré.
- ↑ Ne pas oublier qu'il avait des problèmes de chronomètres, pour un gars qui vit en Suisse, c'est normal...
- ↑ Leur monde, leurs préoccupations, ben leur référentiel, quoi !
- ↑ Mais il a corrigé cette bourde quelques années plus tard.
Voir aussi
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