Publicités de Noël
Chaque fin d’année apporte son lot d’inusables traditions joyeuses, sans lesquelles nous ne serions pas aussi candidement heureux du 25 au 31 Décembre : dinde farcie, décorations scintillantes, odeurs de sapin, cantiques religieux, messe de minuit, crise de foie et clodos qui meurent de froid devant le Super U, pour ne citer que les plus connues.
Les publicités de Noël s’inscrivent dans cette glorieuse lignée. Comme toutes les publicités télévisuelles, leur but réside dans l’incitation à la consommation de trucs desquels nous ne pensions jamais avoir besoin un jour. Exemples : un crédit à 28% chez Cetelem, un yaourt à 0% de matière grasse, voire même un dentifrice...
La différence essentielle concernant les publicités de Noël, c’est qu’elles sévissent durant les mois de Novembre et Décembre, et qu’elles font uniquement l’apologie de produits de Noël, comme leur nom l’indique, contrairement aux pieds-de-biche qui sont en réalité des outils métalliques et en aucun cas des sabots de femelles cervidés. C’est fou la vie quand on y pense.
Histoire de la publicité de Noël
Commençons par le commencement, et finissons par la fin.
L’histoire de la publicité de Noël débute au temps des Carolingiens, une époque où tous les hommes bien virils s’appelaient Carole. C’est véridique, ne croyez pas à une blague facile du style « à l’âge de pierre, tout le monde s’appelait Pierre », parce que premièrement, c’est faux : les hommes préhistoriques n’avaient pas de prénom, pas même des vieux trucs archaïques tout pourris genre Octave ou Britney ; et deuxièmement, il s’agit de pierre dans le sens « caillou » et non pas dans le sens « Pierre Palmade ». Non mais sérieux vous imaginez une époque avec uniquement des Pierre Palmade partout ? Ce serait angoissant, on se croirait en Angleterre.
Bref, nous sommes au temps de Charlemagne, qui s’appelle en réalité Carole Magnus. OMG MDR, Carole ! Franchement, v’là la tarlouze. « Youhou les copains, vous les Francs sauvageons terreurs de l’Occident, c’est moi Carole votre roi ! » Carole Magnus donne Charlemagne en français, donc il pouvait s’estimer heureux de ne pas s’appeler Charlebouque par exemple, sinon il aurait été Carole Bouquet. La James Bond girl Carole Bouquet !
Bon si je continue comme ça, on ne va jamais réussir à garder le fil de l’article qui est : les publicités de Noël, je vous le rappelle. J’arrête les digressions à partir d’ici, promis.
Donc voilà, nous sommes sous le règne de Charlemagne, qui, comme chacun le sait, détestait les enfants. Pour les emmerder, il décida dans un premier temps de créer l’école. Certes, cette initiative eut l’effet escompté puisqu’encore aujourd’hui les jeunes se rendent obligatoirement dans ce lieu de perdition où ils sont forcés d’utiliser des outils de torture psychologique, tels que le rapporteur et le compas. Mais déjà en ce temps, les enfants s’accoutumaient à l’école, et certains parmi les plus téméraires parvenait même à tracer des rosaces et des traits à 58° pile sans broncher.
Qui a eu cette idée folle
Un jour d’inventer l’école ? C’est ce sacré Charlemagne, Sacré Charlemagne ! |
Eh oui, sacré lui. Voyant l’utilisation de l’appareil scolaire entrer dans les mœurs, voire même se démocratiser sans heurt particulier, à l’instar de la sodomie à sec par surprise de nos jours, Charlemagne devint fou de rage. Il écuma de la bouche, et bava partout. Véridique. C’était vraiment dégueulasse quand il faisait ça, disent les historiens les plus chevronnés. Énervé au plus haut point comme peut l’être un Ariégeois en proie à un smartphone, le roi se résolut à tirer profit de la période de Noël.
Il créa une milice spéciale, chargée de déambuler dans la rue en scandant des slogans accrocheurs savamment étudiés, tels que « Canalsat’ pour Noël, c’est un cadeau exceptionnel » ou « Oyez oyez braves gens, la folie absolue de Noël sur les nounours en peluche ! » Interloqués par tant de charabia, les enfants de l’époque s’approchaient pour s’enquérir des modalités de telles offres, de la douceur des nounours en question, de si le Papa Noël pensait qu’ils avaient été sages, et BAM ils se prenaient un gros coup de bâton dans la gueule. Autant vous dire tout de suite que les publicités n’avaient pas le succès qu’elles rencontrent aujourd’hui.
Qui a eu cette idée folle
Un jour d’inventer les publicités de Noël ? C’est ce sacré Charlemagne, Sacré Charlemagne ! |
Son règne achevé, les publicités de Noël connurent une période difficile, et tombèrent en désuétude.
Elles revinrent sur le devant de la scène en même temps que la télévision et que Régine, dans les années 30. J’ai dit Régine pour déconner, car vraiment plein de trucs sont apparus à cette époque-là, mais ça n’a aucun rapport je pense : le nazisme, l’adultère avec des prostituées et le sida... Alala eh oui c’était le bon temps...
Utilité des publicités de Noël
Bon clairement, leur but est de parvenir à vendre des joujoux par milliers. Oui, mais pas que.
Elles contribuent à mettre en place un folklore inventé de toutes pièces, mais qui nous paraitra naturel. À tel point que l’on ne pourra plus s’étonner dans quelques années de voir débouler comme une furie notre petite nièce de huit ans, s’exclamant : « Sacrebleu de bordel de merde c’est n’importe quoi ce Noël, on peut même pas se bourrer la gueule aux Mon Chéri. Et la tradition alors, hein ? La TRADITION PUTAIN ! On respecte rien dans cette famille ça pète trop les couilles vas-y je me barre en scooter volant. » Sous prétexte que la publicité créera un besoin, une nécessité. Par analogie, c’est un peu ce qu’il se passe lorsque les geeks fanatiques d’Apple font la queue durant des heures devant leur magasin préférés parce qu’« il leur faut un iPad », alors qu’ils s’en serviront deux mois plus tard comme mini-table de repassage ou comme planche à découper le saucisson, par dépit, n’ayant pas pu lui trouver une quelconque utilité.
Autre point, les publicités de Noël permettent chaque année de donner un coup de boost à l’économie et favorisant l’artisanat local dit du « Made in China ». Alors oui, me direz-vous, il faut bien qu’ils travaillent, ces fainéants empotés de Chinois de 4 ans et demi qui ne pensent qu’à jouer au ping-pong, manger des nems et à niquer sans capote jusqu’à temps d’être 8 milliards, au lieu de fabriquer sagement des trucs en plastique. Et vous n’aurez pas totalement tort, mais vous avez votre part de responsabilité que vous ne devrez en aucun cas donner au chien, puisqu’ils seraient bien capables de le manger. En effet, si vous ne commandez pas énormément de cadeaux, comment voulez-vous qu’ils aient du boulot 11 heures par jour dans des conditions décentes d’insalubrité, hein ?
Autre utilité, les pubs dont il est question ici servent également à mettre la puce à l’oreille aux enfants quant à la non-existence du Père Noël. Et quand je dis « mettre la puce à l’oreille », cela signifie concrètement qu’un gosse qui ne se pose pas de question lorsqu’il les voit est certainement issu d’une relation intra-familiale, du genre « Comment ça comment on fait les bébés ? Bah c’est très simple, il suffit de faire comme papa et de trébucher quand on se promène en slip avec une gaule matinale et d’atterrir sur sa sœur tel une fléchette et BAM ! Combo de déchirure slibard-culotte-hymen-et-même-canapé-c’est-dire-comment-il-m’a-défoncée. Bref, simple comme bonjour. »
Parce que quand même, quand il ouvre son cadeau et voit pile le même jouet qui passe cinquante fois par jour à la télé, enveloppé dans le papier-cadeau du magasin où il a l’habitude d’aller... Soit il se dit « Bon sang, le Père Noël a fait ses achats chez Jouet Club, pareil c’est le gros barbu qui demande des pièces devant l’entrée en buvant de la bière avec ses trois chiens... », soit il se rend bien compte qu’il est le dindon de la farce.
C’était un Noël comme les autres. Alors âgé de sept ans, je déambulais nonchalamment parmi mes cadeaux lorsque tout à coup je vis ma mère déballer le sien. Il contenait un parfum que mon père avait acheté devant moi... Intrigué, j’engageai la discussion :
Après cette conversation, ma vie avait changé. Plus rien ne fut jamais pareil : ouais déjà le Père Noël n’existait pas, mais bon je le savais depuis l’année d’avant quand j’avais trouvé les cadeaux planqués dans le placard. Mais surtout : mon père était un radin, tant au niveau pécuniaire que sexuel. Il ne fallait pas que je compte sur lui pour payer mes études à la fac ou me faire un petit frère...
Qu’est-ce qu’une publicité de Noël ?
Une publicité de Noël doit répondre à des critères bien précis. Elle se doit d’être musicale, gentille et niaise, sans pour autant être la Star Academy.
Exemple :
Le public susceptible d’acheter le produit est clairement identifié, et la publicité lui est directement adressée :
La scène proposée doit être idyllique, et proposer dans l’idéal un scénario dans lequel le cadeau tient un rôle-clé :
Un vocabulaire spécifique doit être employé. Pour que l’acheteur potentiel se sente concerné, et à l’aise dans l’environnement créé, il est nécessaire de parler avec les mêmes mots que lui, son champ lexical bien propre :
Enfin, Noël étant avant tout une réunion familiale, l’image de la famille idéale, bien que légèrement éculée avec le temps, doit absolument être utilisée pour mettre en avant l’importance du produit dans ce bel esprit d’union et d’amour... Une famille classique, une famille cliché, une famille Durand...
Classification moderne
Il fut un temps où nos yeux ébahis par la télévision donnaient à cette lucarne colorée un amour inquantifiable. En retour, le poste exprimait sa gratitude en diffusant des séquences au goût certain :
Depuis, à l’instar d’un vieux couple, nos relations se sont détériorées, et puisque nous ne pouvons vivre l’un sans l’autre, les coups bas et remarques persiflées pleuvent. Nous zappons sur 220 chaînes, forçant la télévision à s’épuiser en suivant notre cadence effrénée. En retour, elle diffuse Secret Story et des gros plans de Franck Ribéry en plein match de l’équipe de France. Nous la connectons de force à Internet, à un lecteur DVD, à la Playstation, et elle se venge avec les publicités de Noël...
Un petit florilège, si je puis m’exprimer ainsi :
Les jouets
Le jouet représente le maillon basique mais néanmoins vital de l’offre de cadeaux. Un peu comme le rôle du pion aux échecs, du détournement de fonds publics aux députés ou de la couille droite aux gigolos.
La pub
Comme expliqué précédemment, la raison d’être des publicités pour les jouets est de rassembler et mettre en avant le maximum d’idées reçues qu’il est possible d’afficher à l’écran avant que le téléspectateur ne se dise : « Ah ben tiens, je suis idiot ». À ce titre, nous avons répertorié les envies de destruction, de puissance, de vitesse et de muscles pour les jeunes garçons ; les souhaits d’amour tendre, de jolies robes, d’élever un bébé et d’indépendance pour les filles.
Ouais donc en gros, les publicistes considèrent que tous les garçonnets sont potentiellement de cruels gays refoulés adeptes de bagnoles et de bagarres, genre le croisement entre Dominique Chapatte et un gitan.
Et les fillettes sont quant à elles logiquement assimilées à d’anciennes prostituées à la retraite.
Analyse
- « Waow ! Trop bien trop génial trop excellent trop tinette lol je le veux TROP ce jouet ! »
- « C’est de la merde, ce bébé il ne fait même pas pipi pfff c’est l’arnaque je vous jure je vais appeler Julien Courbet si vous me l’achetez, je préviens ! »
Le principe à retenir ici est essentiellement la manipulation mentale. En effet, et à l’instar des animaux domestiques et de Bernard-Henri Lévy, les enfants n’ont qu’une connaissance approximative de la vie, et sont donc peu conscients des réalités. Ce sont donc des cibles-marketing idéales, de par leur naïveté, voire leur imbécilité (ils ne savent même pas se coiffer et n’ont aucune conscience politique, c’est dire).
Les jeux de société
Les jeux de société mettent en scène des situations propices à l’amusement et au rire, en créant un univers propre : soyez un fin détective au Cluedo, un investisseur véreux au Monopoly, un proxénète au Carlton de Lille... les possibilités sont innombrables.
La pub
La publicité-type du jeu de société montre une partie d’icelui se déroulant à merveille, sur fond de musique joyeuse. Généralement, les propos rapportés n’ont aucun sens si l’on ne connait pas au minimum le jeu en question :
- « C’est madame Leblanc qui a tué le docteur Lenoir, avec l’apartheid dans l’Afrique du Sud » (Cluedo)
- « Ah aaah ! Tu tombes sur mon hôtel Place Pigalle et tu te fais pincer avec toutes les putes que tu n’as pas pu payer. Direction la prison sans passer par la case départ, fini la direction du FMI et les rêves présidentiels ! » (Monopoly)
- « Arrache-lui le cœur ! Bon sang, magne-toi, arrache-lui un truc, et si ce n’est pas le cœur au moins un organe vital pour qu’il crève cet enfoiré de merde. » (Docteur Maboul)
Analyse
La société va très mal, c’est la crise mes amis. L’euro est au plus bas et il y a des meurtres et des viols.
Afflelou
La société Afflelou est une chaîne d’opticiens présentant la particularité – rare dans le secteur – de ne pas utiliser de vieux rocker passé de mode dans ses publicités, type Antoine ou Johnny Hallyday. Et on leur en saurait vraiment gré s’ils ne gâchaient pas cette originalité en foutant à chaque fois la vieille tête d’Alain Afflelou en gros-plan, qu’on dirait qu’il est le seul employé de la multinationale et qu’en allant t’acheter des binocles tu vas tomber sur lui avec son air libidineux berk putain les chocottes sérieux mettez des lentilles, ça risque moins. :(
La pub
La publicité de Noël d’Afflelou suit un scénario extrêmement complexe et bien ficelé. Elle met en scène le Père Noël en pleine distribution de cadeaux à une famille puisqu’après « Papa portable », il dépose un paquet « Maman lunettes ». Lorsque survient dans ses grandes mains potelées un second paquet « Maman lunettes », il s’étrangle de surprise, complètement décontenancé. Comprenons-le, il s’attendait certainement à « Léa gode-ceinture » ou « Théo mosexuel ;) », ç’aurait été plus logique. Mais non ! Maman se voit octroyer une seconde paire de lunettes, bientôt rejointe par une troisième !
Le Père Noël n’y comprend plus rien : « Encore Maman lunettes ! Diantre, elle a combien de paires d’yeux cette salope ? C’est une araignée ? » et il éclaire les paquets chacun leur tour avec la lampe de poche pendant qu’Alain Afflelou explique que c’est à cause de ses promotions, avec un grand sourire de pervers.
Analyse
Il est fou Afflelou, il est fou. Non mais sérieux il est totalement timbré ce type c’est un malade sans déconner.
Canalsat
Canalsat est un bouquet de télévision par satellite, mais n’a malgré tout aucun rapport avec Carole Bouquet, ni même avec Charlemagne. Non, non. C’est simplement de l’humour, vous êtes sur la dÉsencyclopédie, youhou mdr.
La pub
« Bon les gars, j’ai une idée gé-nia-le : et si on essayait de regrouper dans une même publicité le plus de symboles de Noël possible ? Pas besoin de s’embêter à ce que ça ait un sens, on peut s’en sortir avec un scénario tout pourri genre des rennes qui chantent et quelques incohérences flagrantes du style un public de lapins blancs, les rennes sautent en parachute, etc. », voilà à quoi dut certainement ressembler la réunion brainstorming.
Canalsat pour Noël
C’est un cadeau exceptionnel. Canalsat, pendant un an, À 15 euros par mois seulement. |
Selon toute vraisemblance, les paroles ont été écrites par Pascal Obispo. On le constate aux rimes finement travaillées.
L’histoire de cette publicité repose sur le principe culturel dit du « grand n’importe quoi ». Les rennes sont les protagonistes, et chantent leur chanson agaçante dans un environnement cocasse : sur les trois dernières années, tantôt ils sautent en parachute, tantôt ils tirent au fusil sur des lutins maléfiques, tantôt ils font un concert de rock devant un parterre de groupies-lapins blancs. Putain ça m’énerve rien que d’en parler.
Fait intéressant : un renne marginal intervient toujours à un moment de la pub. Il peut s’agir d’un renne reggae, ben oui, n’ayons pas peur de la surenchère. Quitte à faire chanter des rennes, autant assumer complètement et en foutre un avec des rastas, un gros joint et l’air défoncé en plein milieu. Bande de connards, rhaaa ça me bouffe.
Analyse
- « Ah MDR sa ma trop fait golri les cerf qui gueule la. »
Je les ai appelés à Canalsat pour leur dire « Hé dites-donc les petits pédés, ça commence à nous les brouter menues vos spots pourraves. Et par brouter menues je voulais bien entendu habilement sous-entendre CASSER LES COUILLES vous avez intérêt d’arrêter de diffuser ces gros rennes à la con si vous voulez pas que je porte plainte ou que j’enfonce un énorme gode vibrant dans le cul de mon chien innocent. » Je peux vous dire qu’ils ont pas moufté. Ça m’étonnerait pas que l’année prochaine ils fassent une publicité décente, comme par hasard. Vous me remercierez.
Conclusion
Mon avis : je suis contre les publicités de Noël.
Si vos enfants les adorent, je loue mes services pour les rééduquer si vous voulez.
S'il vous a enthousiasmé, votez pour lui sur sa page de vote ! Ou pas.