Prix Nobel de physiologie ou médecine
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Parmi les questions philosophiques récurrentes, on retrouve notamment « Pourquoi sommes-nous là ? », « Dieu existe-t-il ? », « Qui veut gagner des millions ? », « Aimez-vous les uns les autres ? », « En allemand, bouteille d'oxygène se dit Sauerstoffflasche, ce qui fait trois F de suite, c'est dingue, non ? » ou encore « Peut-on manger la maïeutique ? ».
Une autre question qui se pose parfois est « Prix Nobel de physiologie ou médecine ? ». Cette question demande cependant une grande connaissance dans le domaine des Prix Nobel, de la médecine, voire de la physiologie, et ne peut donc être approchée qu'après un certain parcours dont cet article tente de faire l'amorce.
Origines : le mystérieux testament d'Alfred Nobel
La première mention du prix Nobel de physiologie ou médecine se trouve dans le testament d'Alfred Nobel qu'on retrouva en pleine mer Méditerranée quelques heures après que son avion pour l'Égypte s'y fut abîmé. En effet, il y demandait explicitement que sa fortune serve à créer le « prix Nobel » qui récompenserait chaque année des travaux en « paix, littérature, physique, chimie et physiologie ou médecine ».
Dès le départ, on ne sut si le bon Nobel avait voulu créer un prix qui récompense soit la physiologie, soit la médecine, mais pas les deux en même temps, ou alors un prix qui récompense l'un ou l'autre sans distinction[2], ou encore un prix qui ne récompense que les travaux dont on ignore s'ils tiennent de la physiologie ou de la médecine, ou encore si Nobel ignorait lui-même quelle serait la cinquième discipline récompensée par un prix, et que les exécuteurs testamentaires devaient choisir entre physiologie et médecine.
Les exécuteurs testamentaires, d'ailleurs, se rendirent vite compte que personne ne savait vraiment ce qu'est la physiologie. Allez dans la rue et demandez aux gens : qu'est-ce que la physiologie ? Vous verrez, aucun ne sera capable de vous le dire. Je vous jure. Peu convaincu, je suis moi-même descendu dans la rue pour demander aux gens : je me suis déconnecté à la Désencyclopédie, j'ai éteint mon ordinateur, j'ai marché jusqu'à ma porte et je suis descendu dans la rue pour demander aux passants : qu'est-ce que la physiologie ? La plupart des gens n'a pas pu répondre : ils ne savaient pas ! D'ailleurs, personne ne sait vraiment ce qu'est la physiologie, on ne peut pas le savoir. Si vous croyez le savoir, c'est certainement faux, vous confondez sans doute avec la médecine, l'anatomie, la biologie, la chimie ou une branche voisine (histologie, morphologie, etc.).
Accompagné de ces nombreux doutes, le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine dut toutefois décerner le prix à différents chercheurs. Néanmoins, les nombreuses controverses autour du nom-même du prix empêchèrent moult fois son attribution.
Lauréats
1903 : Joachim C. Moulot
Après deux années d'errements pendant lesquelles le jury du prix discuta du problème et organisa des barbecues, le prix Nobel de physiologie ou médecine fut donné pour la première fois au chercheur en médecine et jardinier français Joachim C. Moulot, pour ses travaux sur l'aorte en horticulture.
On peut en effet se demander, avec raison, d'où vient ce mot d'aorte. Quelque chose gène à l'oreille, c'est ce "ao" initial, qui est quasiment unique en français si on fait exception de août, qui est la contraction du dieu polynésien Ao et de la note archaïque ut, de aoriste, qui est un mot inventé par les professeurs de grec pour leur permettre le calembour « un temps de conjugaison aoriste et péril, ha ha ha[réf. non nécessaire] », et de aondin, qui est le mot anodin avec une faute de frappe (désolé je suis pas encore habitué à mon nouveau clavier lol).
En réalité, aorte vient du mot latin ortus, variante de hortus, signifiant "jardin", auquel on a rajouté le célèbre a privatif. L'aorte signifie donc, étymologiquement, l'absence de jardin.
Après avoir effectivement constaté que l'aorte ne contenait pas de jardin, Moulot s'était proposé d'en greffer un à l'intérieur de l'aorte de sa femme, et de regarder comment elle se portait. Il avait par ailleurs posé deux bancs dans ledit jardin, et, quand il faisait beau le dimanche, il allait y faire des pique-niques avec ses enfants.
Le jury du prix Nobel vint en personne visiter ledit jardin, et fut aussitôt conquis. Selon toute vraisemblance, l'aorte pouvait contenir un jardin ; le fait qu'elle n'en contînt pas était simplement dû à une erreur de la nature. Le prix fut donc décerné lorsqu'on se rendit compte qu'on ne savait pas vraiment si cela tenait de la physiologie, de la médecine ou du jardinage. On pensa alors que physiologie signifiait peut-être horticulture, et Moulot gagna le prix.
Toutefois, si l'attribution du prix satisfit grandement Moulot, elle bouscula avec une rare brusquerie la communauté horticultrice. Celle-ci pensa en effet que si le prix Nobel de physiologie ou médecine s'occupait d'horticulture, il ne fallait pas récompenser ce petit con de Moulot mais un véritable horticulteur. D'ailleurs, la même année, un jardinier du nom de Ferdinand Papol avait réussi à faire muter une pomme de façon à en faire un médicament capable de guérir le SIDA. Mais cela n'eut pas les suites souhaitées, puisqu'après avoir examiné l'invention, le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine fit remarquer que le SIDA n'existait pas encore en 1903.
1908 : Arthur Gray
Les horticulteurs tentèrent tant bien que mal d'assiéger le bureau des jurés du prix Nobel de physiologie ou médecine, mais après cinq ans de siège pendant lesquels le prix ne put évidemment pas être remis, ils retournèrent à leurs boutons, de rose bien sûr.
Mais le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine, affaibli par cette douloureuse expérience, n'avait pas de candidat à qui remettre la récompense. C'est alors qu'un des membres suggéra que peut-être que physiologie, venant du grec φύσις et λόγος, pouvait être abrégé F pour φύσις et l pour λόγος, ce qui donne Fl, qu'on pourra aisément confondre avec F1.
Bref, il pensait que le prix Nobel devait récompenser un travail tenant à la fois de la Formule 1 et de la médecine.
Comment une idée si absurde et improbable avait pu germer dans l'esprit de cet homme ? En fait, il était grassement payé par la seule personne qui pouvait prétendre d'une récompense liant ces deux domaines : Arthur Gray.
Arthur Gray était un ambulancier américain qui avait remarqué que la loi obligeait tous les véhicules à laisser passer les ambulances transportant un blessé. Il en vint donc à participer à des courses de Formule 1 avec son ambulance, et gagna systématiquement toutes les courses grâce à sa technique déloyale.
Les jurés décernèrent le prix sans le moindre soupçon : Gray était réputé pour avoir sauvé la vie de nombreux blessés grâce à ses records de vitesse, cela en plus des nombreux prix de Formule 1 remportés. Quand Gray eut reçu le prix, il monta dans son ambulance, démarra à toute vitesse et se perdit au loin. L'affreuse magouille qui était à l'origine de cette attribution fit cependant rapidement surface.
1913 : Claude Bresnay et Sylvestre Étilleux
En janvier 1909, dans l'étonnement le plus général et sa salle de bain, un des jurés du prix Nobel de physiologie ou médecine se suicida en s'écorchant vif avec un épluche-légumes puis en se roulant dans une flaque de jus de citron, de façon à mourir de douleur. De plus, avec les morceaux de peau épluchée, il écrivit au préalable un texte d'adieu dans lequel il expliquait s'être ôté la vie par remords de s'être laissé corrompre par Arthur Gray.
Le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine, craignant le scandale imminent, tenta d'étouffer l'affaire. Ses membres s'occupèrent de recoller tous les bouts de peau de feu leur collègue sur sa chair, et le placèrent le corps dans la baignoire avec un sèche-cheveux, de façon à faire croire à une électrocution accidentelle. Néanmoins, la police, qui pour une fois fit son boulot, remarqua sur la peau du mort des traces de colle que le jury avait laissées, parce qu'ils s'y étaient pris comme des sagouins et qu'ils avaient tout salopé, et parvint à reconstituer l'ultime message du suicidé. Le scandale tant redouté éclata : la presse s'empara de la nouvelle, la Suède s'embrasa face à cette affaire de corruption et de nombreuses associations appelèrent au boycott du Prix Nobel de physiologie ou médecine. Alors que les jurés du prix durent faire profil bas, Arthur Gray, lui, ne fut pas inquiété puisqu'il était parti à tout vitesse avec son ambulance dans la section précédente.
Il s'ensuivit un procès long de quatre ans qui ôta au prix Nobel de physiologie ou médecine le peu de crédit qui lui restait. Au final, la sentence admit que seul le suicidé avait participé à l'affaire de pot-de-vin et les jurés s'en tirèrent tant bien que mal avec une lourde amende. Aussitôt l'objectif du Comité fut de regagner l'estime perdue de l'opinion publique. C'est alors que quelques jours après la fin du procès, le 26 avril 1913, deux chimistes français par ailleurs anciens élèves de Mendeleïev, Claude Bresnay et Sylvestre Étilleux, proposèrent de renommer un élément du tableau périodique d'après les notations de Dmitri Mendeleïev.
Les jurés de prix Nobel de physiologie ou médecine, évidemment, sautèrent sur l'occasion. Rétablir la volonté d'un monstre sacré de la science, quoi de plus héroïque, quoi de plus propice à faire remonter une cote de popularité dans les sondages ? Profitant d'un moment d'inattention du jury du prix Nobel de chimie, le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine décerna le prix à Bresnay et Étilleux, vingt-cinq minutes après l'annonce des deux chimistes relative à ce renommage.
Le renommage, justement, n'était pas en soi une grande révolution : il s'agissait simplement de rebaptiser le bore (élément chimique de numéro atomique 5) en « Ernestrutherfordium », en hommage à Ernest Rutherford, grand chimiste néo-zélandais. Mendeleïev, sur son premier tableau périodique des éléments, avait en effet parlé d'ernestrutherfordium et non de bore, et disait d'ailleurs dans son journal intime qu'il voulait rendre cet hommage à son collègue et ami[4], et faire disparaître du tableau ce nom évoquant Boris, qui était le prénom de son professeur de chant en CM1.
Cependant, les jurés de prix Nobel de littérature, fâchés de s'être retrouvés sans lauréats à cause des combines du jury du prix Nobel de physiologie ou médecine, firent remarquer un fait étrange à la presse :
Qu'est-ce que cela signifie ? Tout cela est-il bien sérieux ? De qui se moquent Bresnay et Étilleux ? C'est alors que le jury du prix Nobel de la paix, qui s'était fait volé son lauréat par le jury du prix Nobel de physique et qui avait dû récompenser un écrivain, jeta de l'huile sur le feu.
Le jury du prix Nobel de physique, qui justement avait dû récompenser le président du Bureau international permanent de la paix à cause du jury du prix Nobel de chimie qui avait récompensé leur futur lauréat, la faute au bordel engendré par le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine, décida de ramener également sa fraise et proposa une explication.
Aussitôt il parut évident que Claude Bresnay était en réalité un homme, et que les deux larrons avaient profité de posséder le tableau périodique de Mendeleïev pour le falsifier et y ajouter de la propagande homosexuelle. Mais le jury du prix Nobel de chimie, qui avait été le premier lésé dans l'affaire, ajouta une ultime pique au scandale déjà juteux.
Dans la fureur qui suivit, les idées n'eurent plus aucune clarté. L'opinion n'en avait plus qu'une (d'opinion) : on l'avait trahie, on avait fait de la propagande homosexuelle et socialiste sous prétexte de rétablir une vérité scientifique. Peu importe quelle était la part de vrai dans tout cela, et sans même chercher à comprendre que c'était les infâmes jurés des autres prix Nobel qui avaient ourdi une odieuse machination en guise de vengeance d'une amère querelle de récréation, on bouda à nouveau le prix Nobel de physiologie ou médecine, et les deux chimistes durent fuir dans le Nord-Pas-de-Calais pour être à l'abri des représailles de la civilisation.
Coup dur, forcément, pour les jurés du prix Nobel de physiologie ou médecine qui semblaient définitivement hors course après deux scandales consécutifs. Heureusement, l'année suivante fut celle de l'accalmie : le début de la Première Guerre Mondiale allait bientôt détourner totalement l'attention du monde, et le jury du prix Nobel, dans l'ombre, allait pouvoir se reconstruire peu à peu.
1920 : Joachim C. Moulot
Après la Première Guerre mondiale et quelques années pour se remettre un peu de ses émotions, le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine fut de nouveau sur pieds. Ses plaies passées tranquillement suturées par le fil du temps, les jurés pouvaient enfin remettre une nouvelle fois le célèbre prix.
Or en 1920, Joachim C. Moulot (lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine en 1903) faisait de nouvelles recherches, cette fois-ci sur la carotide en horticulture. En fait, on peut facilement constater que carotide vient du mot carot(t)e avec le suffixe -ide propre à la botanique. Partant de cette idée, Moulot avait ouvert la carotide de sa femme, mais avait découvert que non, la carotide ne contenait pas de carotte. Il avait donc greffé un champ de carottes dans ladite carotide, et il allait l'arroser chaque jour avec un petit arrosoir. Il avait aussi tout un matériel de jardinage spécifique, pour lequel il avait construit une petite cabane dans le jardin, à côté (celui qu'il avait greffé dans l'aorte de sa femme. Vous savez, l'aorte et la carotide ne sont pas si éloignées que ça en fait. Depuis l'aorte, il suffit de prendre l'artère subclavière et de bifurquer assez vite pour éviter de finir dans l'artère axillaire, et vous êtes à la carotide[5]).
Les jurés du prix Nobel de physiologie ou médecine vinrent aussitôt pour visiter le champ de carottes. Ils en profitèrent pour prendre un peu de bon temps dans le jardin de l'aorte, et finalement quelqu'un suggéra qu'après tout, physiologie signifiait peut-être horticulture, et on refila le prix à Moulot.
L'infâme Ferdinand Papol, apprenant cela, bouillit littéralement de rage. En guise de vengeance, il envoya une lettre piégée au jury du prix Nobel de physiologie ou médecine, lettre contenant un prototype du Syndrome d'Immunodéficience acquise sur lequel il travaillait alors. Nos jurés allaient-ils survivre à cette attaque ?
1928 : Eugène Sortie
Ha ha ha, en réalité le prototype de SIDA que Papol avait envoyé ne s'avéra pas mortel : ce fut en revanche l'équivalent d'une grippe particulièrement tenace qui s'abattit sur les jurés pendant pas moins de huit ans ! Huit ans plus tard donc, les infatigables jurés du prix Nobel de physiologie ou médecine repartirent à la recherche d'un lauréat potable pour leur fameux prix. Ils reçurent aussitôt la candidature d'un certain Eugène Sortie.
Eugène Sortie était historien, et le lointain ancêtre d'un certain Tullius Lavivrus Secrus qui avait été tribun de la plèbe à l'époque de la république romaine. Sortie voulait que le souvenir de cet aïeul injustement méconnu soit rétabli dans la mémoire collective par la magie du prix Nobel de physiologie ou médecine. En effet, Secrus avait contribué à sa façon à la grande histoire de la médecine en donnant le droit de veto à la plèbe.
La question fut alors : ce prix touche-t-il le domaine de la physiologie ou médecine ? La médecine vétérinaire est de toute évidence un domaine de la médecine, mais qu'en est-il de la physiologie ? Les jurés décidèrent que le prix alternerait désormais les lauréats en médecine et les lauréats en physiologie, de façon à éviter de s'emmêler les pinceaux et à gagner du temps puisqu'on ne savait toujours pas ce qu'était la physiologie.
Une autre question fut : peut-on remettre le prix à titre posthume ? Alfred Nobel n'avait pas précisé quoi que ce soit à propos de ce détail dans son testament, ou peut-être que si mais on ne savait plus trop où on avait rangé le testament (je crois que c'est Theodor, du juré du prix Nobel de physique, qui l'avait pris pour faire des photocopies et qui avait oublié de le rendre à Wilhelm, le secrétaire du prix Nobel de la paix, qui en avait besoin parce qu'il avait écrit la date d'un rendez-vous important au verso[6]). On décida que oui, allez, donnons-le à titre posthume, de toute façon la personne qui recevrait l'argent serait Eugène Sortie, le seul descendant officiel de Secrus[réf. nécessaire], alors bon, on va pas chinoiser non plus.
1946 : Joachim C. Moulot
« On va pas chinoiser non plus », souvenez-vous, c'est ainsi que se terminait la section précédente. Il se trouve que, du fait d'une vieille rancune, les jurés des autres prix Nobel, eux, trouvaient qu'il y avait à chinoiser. En effet, le Bureau des Impôts ayant renvoyé le testament de Nobel[7], il fut finalement vérifié que les prix Nobel ne pouvaient être donnés à titre posthume. On demanda donc que le prix soit retiré à Secrus, tandis que le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine arguait que le prix avait été donné à Sortie.
La dispute continua quelques années, jusqu'à ce que la situation en Europe devienne trop tendue pour que l'on donne quelque prix que ce soit. La montée du nazisme était en marche, et de 1933 à 1945, les prix Nobel ne furent pas donnés par souci de neutralité, et aussi parce que plus personne n'en avait quoi que ce soit à foutre.
En 1946, la guerre finie, la dispute sur la posthumité du prix était plus ou moins oubliée : le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine, frais et dispos, se sentit prêt à poursuivre son devoir et à donner le prix à un scientifique méritant. Il se trouva que le jardinier et scientifique français Joachim C. Moulot avait refait un travail de grand intérêt : se demandant d'où venait le nom de radius, il avait remarqué que cela venait de radis avec un U en plus. Il avait greffé un champ de radis dans le radius de sa femme (puisque ledit radius n'en contenait pas, évidemment), et avec les radis et les carottes de la carotide il pouvait faire une très bonne salade de saison, qu'il mangeait avec ses enfants dans le jardin de l'aorte de sa même femme.
Les jurés vinrent donc visiter le champ de radis et décidèrent de donner le prix à Moulot. En plus, ils avaient dit qu'on alternerait lauréat en médecine et lauréat en physiologie, ce qui tombait bien puisque certains pensaient que physiologie signifiait horticulture.
1975 : James Potter
Le prix ayant été remis pour la troisième fois à Joachim C. Moulot, il est évident que l'infâme Ferdinand Papol éclata derechef d'une rage noire, et qu'il tenta à nouveau de contaminer les jurés avec son virus en guise de vengeance. Il leur envoya donc le 14 janvier 1947 un coup de téléphone censé leur transmettre la maladie.
Mais cette fois-ci, le virus de Papol était presque au point. On observa chez les jurés la plupart des symptômes que Papol garda pour sa version finale (perte de poids, lésions, cancers, etc.), sauf que ce bêta-test n'était toujours pas mortel. Les jurés agonisèrent donc pendant presque trente ans, consultant les médecins les plus célèbres, dont aucun ne voulut s'intéresser à leur cas, sous prétexte que le prix Nobel ne leur avait jamais été donné.
En 1975, tout semblait désespéré. Le président du jury sortait d'une clinique londonienne où il avait essuyé une énième mise à la porte. Tremblant de froid dans l'hiver britannique, il se posa sur le quai de la gare de Londres, posa son chapeau à terre et écrivit sur un bout de carton « Un shilling SVP, c'est pour la recherche contre le SIDA ». C'est alors qu'un jeune homme aux cheveux noirs ébouriffés, portant - chose étrange - une longue robe noire, s'arrêta près de lui.
Et en disant cela, il sortit de sa robe une longue baguette. Il fit un geste rapide et prononçant quelques mots en latin, et partit sans rien dire.
Le jeune homme lui expliqua brièvement l'existence de sorciers, de magie, etc.
Il écrivit aussitôt une lettre à ses collègues pour leur signaler l'attribution d'un nouveau prix. James Potter, puisque c'était le nom du jeune homme, lui offrit pour le remercier un élixir qui soignerait les autres jurés. Néanmoins, d'un coup de baguette magique il fit oublier la rencontre au président pour préserver l'anonymat des sorciers. Les jurés du prix Nobel de physiologie ou médecine ne surent donc jamais qui était ce James Potter qu'ils avaient récompensé en 1975.
1976 : Joachim C. Moulot
Soignés, heureux et guillerets, les jurés de prix Nobel de physiologie ou médecine cherchèrent vite un nouveau lauréat. Ils n'en trouvèrent pas, alors ils décidèrent de récompenser Joachim C. Moulot. Celui-ci n'avait rien fait de spécial dans le domaine de la médecine, mais il avait construit une cathédrale dans le ventricule gauche de sa femme. Les jurés vinrent voir ça, et conquis par le style baroque de l'édifice, ils lui donnèrent le prix (d'autant plus que physiologie signifie peut-être architecture baroque, ajouta quelqu'un).
1977 : Egon Vudnik
C'était la quatrième fois que Moulot recevait le prix Nobel de physiologie ou médecine. Il était évident que Papol, après ses deux échecs, allait tenter à nouveau de faire quelque chose pour anéantir le prix.
Le jury du prix Nobel décida de prendre les devants : ils allaient se débarrasser de Papol. Pour cela, ils firent appel à Egon Vudnik, concepteur de bombes. Incognito, ils lui donnèrent le prix Nobel de physiologie ou médecine en guise de premier paiement, et lui demandèrent de venir à bout de Papol. Vudnik avait mis au point un procédé révolutionnaire de bombe portative qu'il était possible de déguiser en presque n'importe quel objet courant, tels qu'un peigne, qu'une mandarine ou qu'un clairon. Cela faisait des années qu'il travaillait sur ce système à partir d'une ébauche mise au point par son père ; employer cette bombe allait donc être pour lui une sorte de consécration.
Malheureusement, la police avait pris l'habitude de faire suivre le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine au vu des différents problèmes qui avaient parsemé son histoire. C'est ainsi que l'inspecteur Jolivet eut vent du complot à la bombe d'Egon Vudnik, et qu'aussitôt les rouages de la justice commencèrent leur implacable mouvement. En un éclair, la police et l'armée étaient chez les jurés du prix Nobel de physiologie ou médecine, et les arrêtaient tous pour préméditation de meurtre. On mit également vite la main sur Egon Vudnik, mais la police ne retrouva pas son prototype de bombe.
Le jury du prix Nobel de physiologie ou médecine n'avait pas commis un seul meurtre, il en avait vaguement commandité un, plus par légitime défense que par agressivité. De ce fait, normalement avec un bon avocat ils auraient dû pouvoir s'en tirer pas trop mal.
Mais les membres du jury des autres prix Nobel vinrent témoigner contre eux. C'est ainsi qu'ils furent accusés de vol à main armée (jury du prix Nobel de physique), faux et usage de faux (jury du prix Nobel de littérature), proxénétisme (jury du prix Nobel de chimie) et crime contre l'humanité (jury du prix Nobel de la paix). Les jurés des autres prix Nobel se sentaient enfin débarrassés de cette bande de branquignols, en tout cas pour 20 ans, puisque c'était la durée de la réclusion.
1998 : Joachim C. Moulot ???
À leur sortie de prison, les jurés du prix reprirent tant bien que mal la tâche qu'ils avaient héritée du testament de Nobel. Ils furent contactés très vite par Joachim C. Moulot, qui avait de nouveaux travaux. Pris d'une nouvelle vague d'enthousiasme, Moulot s'était interrogé sur l'épididyme.
On peut en effet se poser des questions sur ce redoublement de syllabe étrange présent dans le mot épididyme, évocation des mots enfantins employés pour désigner certains parties de l'anatomie peu éloignées de celle qui nous occupe. Il semblerait qu'en fait, étymologiquement, le mot épididyme vient du préfixe grec épi-, qui signifie "sur, au-dessus", et de Didymes, qui est une cité d'Asie mineure, en actuelle Turquie.
Quel était le rapport entre tout cela ? Où Moulot voulait-il en venir ? Eh bien Moulot pensait que ce qu'on cultivait sur la colline au-dessus de Didymes pouvait se cultiver dans l'épididyme, et que c'est pour cette raison que l'épididyme se nommait ainsi. Moulot avait conjecturé, d'après ses tests personnels, qu'on y cultiverait du chou, néanmoins il n'était sûr de rien et proposait au jury du prix Nobel de physiologie ou médecine de venir avec lui, à Didymes, voir ça de plus près.
À la recherche des hypothétiques choux de Moulot sur une colline au-dessus de Didyme, les membres du jury du prix Nobel de physiologie ou médecine partirent donc pour la Turquie. Ils étaient visiblement bien partis pour refiler une énième fois le prix à Moulot
Il se trouve que cette année-là, Arthur Gray, le célèbre pilote d'ambulance, avait battu ses propres records et était en quête de reconnaissance. Il apprit que les jurés étaient à Didymes, monta aussitôt dans son ambulance et démarra à toute vitesse. De leur côté, Claude Bresnay et Sylvestre Étilleux avaient proposé de renommer l'erbium (68) en molybdénium (symbole Mo), le thulium (69) en sénestrium (symbole Se), l'ytterbium (70) en Xurium (symbole Xu) et le lutécium (71) en Eleborium (symbole El), et cherchaient à retrouver leur gloire passée. Ils partirent également pour la Turquie, décidés à y arriver avant que le prix ne soit donné à Moulot. Quant à Eugène Sortie, il avait brusquement besoin d'argent pour l'entretien de sa « fondation Secrus » : il prit le premier vol pour Didymes, histoire de mettre les bâtons dans les roues aux projets de Moulot.
James Potter était mort, mais son fils, Harry, était dans le besoin pécuniaire. Voulant faire passer définitivement à la postérité la mémoire de son défunt père, il enfourcha son balai et vola jusqu'à Didymes. Egon Vudnik, enfin, n'avait pas très bien vécu sa réinsertion après ses vingt ans de prison. Il était prêt à faire chanter les jurés du prix Nobel de physiologie ou médecine pour avoir un deuxième prix. Mais pour cela, il fallait que le prix ne soit pas décerné à Moulot. En route donc pour Didymes, où tout commence et tout finit...
Une improbable confrontation
Dans la campagne turque chaude et touffue, les membres du jury du prix Nobel de physiologie ou médecine prenaient une petite collation. Ils avaient passé la matinée à chercher une trace de champ de quoi que ce soit et, paradoxalement, avaient fait chou blanc. La colline de Didymes n'était constituée que d'une épaisse forêt au milieu de laquelle se trouvait un sympathique temple antique.
Moulot tenta de prendre un air détendu. Il était pourtant sûr d'avoir entendu le moteur d'une voiture de course... L'avait-on retrouvé ?
À l'ombre... à l'abri surtout. Des années qu'il profitait du prix Nobel de physiologie ou médecine, cela devait lui retomber dessus un jour ou l'autre. Les jurés le suivirent non sans protestation à l'intérieur du temple. On entendit aussitôt une Formule 1 approcher, et s'arrêter à côté du temple.
La confusion régna quelques instants : Gray distribua quelques coups de poing tandis que Sortie tentait d'assommer ses concurrents à l'aide de la statuette de son aïeul, Vudnik muni de sa bombe menaçait de tout faire péter et Harry Potter aussi. Soudainement une voix presque éteinte s'éleva du fond de la pièce :
Les rixes naissantes cessèrent instantanément. Le président murmura :
Un long corps maigre et poussiéreux, barbu, blafard, se déplia lentement et sortir de la pénombre, faisant face à la horde des lauréats hébétés.
Le dénouement
Un long silence fut observé dans le temple. C'est Harry Potter qui le brisa.
Un murmure de surprise parcourut l'assemblée.
Les gens, bien que dubitatifs, prirent une moue approbative. Seul Harry semblait songeur.
Nobel sortir de sa poche un morceau de bois long et fin. Il le manipula lentement en marmottant, et il en sortit des petits bâtons de lumière qui formèrent des lettres de l'alphabet, voletant dans l'air. Elles formèrent les mots :
Nobel tapota alors avec sa baguette. Les lettres se déplacèrent lentement.
N'en revenant pas, les locataires improbables de ce temple se turent et se mirent à écouter.
Dumbledore marqua une petite pause, puis continua.
Chacun commença à s'affairer à la destruction de son Horcruxe. Pendant ce temps, Harry s'approcha de Dumbledore.
Dumbledore sortit précipitamment du temple, Harry à ses trousses. Il firent rapidement le tour du temple.
Harry se retourna vers Dumbledore, ébahi. Une deux-chevaux gris bleu s'arrêta à ce moment devant eux. Un grand homme distingué, en smoking, en sortit calmement.
Avant qu'il ait pu finir sa phrase, Dumbledore avait pulvérisé la valise d'un geste de baguette.
Les Horcruxes avaient maintenant été détruits. L'affrontement entre Harry et Voldemort était imminent.
Cela faisait maintenant plusieurs heures que Voldemort et Harry combattaient. Les jurés et les lauréats du prix Nobel de physiologie ou médecine s'étaient réunis autour des combattants, et encourageaient Harry et prenant le thé (il en restait un peu, souvenez-vous).
Brutalement, Voldemort qui semblait mal en point réunit le peu de force qu'il lui restait après la destruction des Horcruxes et envoya un Avada Kedavra en plein dans Harry. Celui-ci s'effondra.
Où suis-je ?
Harry était allongé, face contre terre, nu. Il ne savait depuis combien de temps il était là. Il eut soudain l'idée que peut-être il n'était pas qu'une pensée désincarnée, mais qu'il vivait encore. Il se leva donc lentement.
Il se trouvait dans une brume claire et brillante. En face de lui, Albus Dumbledore était tranquillement assis sur un fauteuil mauve,
Harry regarda dans le vide quelques instants. Puis il tourna la tête vers Albus :
Dumbledore sourit avec bienveillance.
Harry se réveilla. Autour de lui, Dumbledore le regardait paisiblement, comme s'il savait quel rêve Harry venait de faire. Le cadavre de Voldemort gisait devant lui, tandis que le nom de Harry Potter était scandé et ovationné par les jurés, Moulot, Gray, Bresnay, Étilleux, Vudnik, Johns et Sortie. Bon sang ce nom. Sortie !
Épilogue
L'air était doux et parfumé malgré l'heure matinale. Sur ce quai de la gare de Londres, la petite famille échangeait les dernières paroles avant que le Poudlard Express ne démarre.
Un sifflement strident interrompit les dernières salutations. Le train se mit lentement en marche tandis que Harry lançait quelques gestes de la main à ses enfants. Ginny s'approcha de lui.
Harry sourit pensivement. Il savait que maintenant, le prix Nobel de physiologie n'avait plus aucun sens.
Harry la regarda puis, d'un geste machinal, il abaissa la main et caressa sur son front la cicatrice en forme d'éclair.
Il y avait dix-neuf ans que la cicatrice de Harry avait cessé de lui faire mal. Tout était bien.
Voir aussi
Notes
- ↑ Et courir sur un accident, ce n'est pas facile.
- ↑ Pour peu qu'on puisse employer l'expression "sans distinction" pour parler de prix Nobel.
- ↑ Pour peu qu'on puisse parler de haut point à propos de nanisme.
- ↑ Mendeleïev emploie plus précisément le terme « защитник », ce qui nous en révèle un peu plus sur le rapport entre les deux génies de la chimie.
- ↑ On peut aussi revenir au cœur, sortir par le ventricule droit, prendre la veine cave supérieure, monter par la veine jugulaire interne et ensuite redescendre sur la carotide, mais ça fait un détour inutile par le cerveau.
- ↑ Il s'avéra par la suite qu'en fait c'était Jöns, du jury du prix Nobel de chimie, qui l'avait joint par erreur à sa déclaration d'impôt. Heureusement l'administration lui l'a retourné par la suite, sinon ça aurait été la merde, je vous raconte pas.
- ↑ Si vous ne lisez pas les notes en bas de page, vous ne pouvez pas comprendre cette histoire de Bureau des Impôts expliquée dans la note précédente. Mais en même temps si vous ne lisez pas les notes en bas de page, vous ne pouvez pas être en train de lire celle-là, donc cette note ne sert à rien. Ah merde.
- ↑ Aucun redoublement de syllabe dans ce nom-là : on ne bégaie pas avec le cul.
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