Femmes désespérées dans la case
« Femmes désespérées dans la case » est l’adaptation pour la télévision ivoirienne de la célèbre série américaine « Desperate Housewives ». Le consortium audiovisuel de Côte d’Ivoire n’ayant pas les moyens de s’offrir les droits de diffusion de la série auprès de la compagnie ABC, il fut décidé d’adapter directement le concept avec des acteurs locaux et en langue francophone.
Tournée dans un bidonville huppé de la capitale : Yamoussoukro, « Femmes désespérées dans la case » raconte les péripéties de quatre femmes, amies de longue date et voisines dans la petite rue de Ouattara Laine.
Sommaire
Les personnages principaux
Suzanna Bongo
Fofana N’Diouf interprète dans la série le rôle tenu par Teri Hatcher dans la version originale. Renommé Suzanna Bongo, à la place de Susan Mayer pour permettre une meilleur adaptation à la population locale, c’est le personnage central de la série. Suzanna est divorcée et mère d’une fille de 16 ans : Nabila. Elle exerce la profession de traductrice de livres de cuisine pour enfants en langues dioula et bambara.
Suzanna est une excentrique gaffeuse au grand cœur qui a le chic pour se mettre dans des situations grotesques mais toujours drôles pour le public. Elle n’a pas le plus beau taudis de la rue et ne balaie que rarement les crottes de chèvres ou de mules devant sa porte mais elle est toujours là pour épauler ses amies et ce malgré sa hanche de bois, héritage d’un accident de moto taxi en brousse quelques années plus tôt.
Comme l'ont voulu les scénaristes Claude et Djambé N'Diouf, Suzanna représente l'archétype de la femme ivoirienne: noire, drôle, aimant sa famille et ne sachant pas cuisiner. Son personnage fera d'ailleurs réver plus d'une négr femme en Côte d'Ivoire et deviendra vite un modèle pour toutes les mères africaines.
Brie Wande Kalo
Le rôle de Brie Wande Kalo (Bree Van de Kamp dans la série originale) a été confié à l’actrice Dikeledi N’Diouf (cousine issue de germaine de la sœur du père de la tante ainée de Fofana N’Diouf).
Brie est une femme d’intérieur qui n’a de cesse de rendre sa case agréable à vivre. Très à cheval sur l’hygiène et la propreté, elle occupe ses journées aux taches ménagères et à la confection de bons petits plats. Elle n’hésite jamais à faire à pied les 13km qui la séparent du puits d’eau croupie et ne rechigne à aucune besogne comme d’aller chercher les brindilles pour le feu dans la savane où de vider une hyène pour préparer le ragout du dîner, tant qu’il s’agit de préserver le bien être familial. Brie est aussi très attachée aux valeurs religieuses et se rend fréquemment chez le sorcier du bidonville pour faire une offrande aux esprits où ensorceler une voisine qu’elle n’aime pas.
Mais sous ce vernis parfait, Brie est une femme malheureuse dont les enfants sont des échecs totaux. La jeune Doula refuse catégoriquement de se faire exciser sans tenir compte des répercussions d’une telle décision sur la réputation de sa famille et de son village. [1]
Quant à Kehinde, son fils, il est partie vendre son corps à Abidjan dans l’espoir d’avoir un jour assez d’argent pour réaliser son rêve : s’installer en France et devenir éboueur.
Lingette Scavongo
C’est Jendayi N’Diouf (belle sœur du cousin au troisième degré de la sœur du frère de la mère de Fofana N’Diouf et nièce par alliance de la grande tante de la mère du frère de Dikeledi N’Diouf) qui interprète le personnage de Lingette Scavongo (personnage fondé sur Lynette Scavo dans la série américaine).
Lingette est la caricature de la mère de famille. Génitrice de 7 enfants dont 4 jumeaux, elle adore sa famille et son mari mais a du mal à concilier vie familiale et professionnelle. À la tête de la coopérative de manioc du bidonville, ses responsabilités de chef d’entreprise se marient fort mal avec une vie de famille stable et harmonieuse.
Son mari tente de l’aider au mieux en s’occupant comme il peut de la tenue de la case et de l’élevage des enfants mais il se doit de rester très discret car ce n’est pas le rôle de l’homme en Afrique que de s’adonner aux tâches ménagères et si cela venait à se savoir, il pourrait être banni du bidonville par le conseil des chefs tribaux.
Lingette représente la difficile mutation de la place de la femme en Côte d’Ivoire, prise entre la tradition et la modernité, la famille et le besoin de travailler pour nourrir sa famille quand son mari est au chômage. Heureusement, elle peut toujours compter sur ses amies pour lui venir en aide et grâce à elles se tirera de biens des situations épineuses tout le long de la série.[2]
Ghalyela Solis
Le personnage de Ghalyela Solis est interprété à l’écran par l’actrice Nyambura N’Diouf (tante de la sœur de la cousine germaine du mari de Fofana N’Diouf et grande cousine de la nièce du frère de l’oncle de Dikeledi N’Diouf et arrière petite cousine de la sœur de la tante du mari de la sœur de Jendayi N’Diouf).
Ghalyela est une réfugiée béninoise installée avec son mari en Côte d’Ivoire depuis des années. Ancien modèle pour les shampoings afro dans son pays d’origine, elle se rattache à son passé glorieux et a du mal à se confronter à sa nouvelle existence dans le bidonville.
Habituée aux boubous haute-couture et à une case en tôle, il lui est difficile de s’adapter à ses nouvelles conditions de vie et son taudis en bois. Ayant fuit le Bénin suite aux divers coups d’état dans le pays, elle a du abandonner sa carrière et ses biens pour se réfugier en Côte d’Ivoire.
Heureusement pour elle, sa rencontre avec ses nouvelles amies de Ouattara Laine va lui redonner le goût de vivre et lui permettre de remonter la pente.
Étant béninoise, Ghalyela parle très mal le français et utilise, le plus souvent à mauvais escient, de très nombreuses expressions toute faite, créant ainsi des dialogues incongrus mais souvent très comiques pour le public.
Personnages secondaires
Autour des quatre rôles principaux, gravite une kyrielle de personnages secondaires qui vont plus ou moins, voire pas du tout, influer sur le cours des événements dans Outtara Laine.
A titre d’exemple citons les voisins de Suzanna, un couple d’hommes blancs, homosexuels et juifs, (principalement là pour permettre à la télévision ivoirienne de se mettre en accord avec les quotas sur les minorités à la télévision édictés par le CSA local) qui vont apparaître de manière sporadique tout au long de la saison.
Les scénaristes ont donnés les noms de Jean et Claude Blanc à ses personnages afin que le public puisse facilement les distinguer des autres personnages. En effet le nom de famille « Blanc » n’a pas de consonances africaines et est donc facilement identifiable par le public comme un nom d’européen ou tout du moins de non noir.
Afin d'être bien sur que ces personnages soient facilement distinguables, ils les ont, de plus, habillés tout en blanc au contraire des quatre héroïnes qui, elles, sont en foncé.
Première diffusion télévisuelle
Le 17 novembre 2010, la chaîne TV2 diffuse le premier épisode de « Femmes désespérées dans la case ».
Suzanna: | |
Et n'oublie pas de passer chercher du charbon en sortant de l'école, Nabila. |
Jean et Claude Blanc: | |
Bon'hour ouasine, nous 'ommes les nou'aux ouasins. Jean Blanc et Claude Blanc. |
Suzanna: | |
Enchantée. Je m'appelle Suzanna Bongo. Je vous souhaite la bienvenue dans le bidonville. Puissent les esprits des grands anciens bénir votre nouvelle case. D'où arrivez-vous? |
Jean et Claude Blanc: | |
Nous enons de la France. Bo pays des doigts de l'homme. Nous être ici our tavail ONG. |
Suzanna: | |
Ah oui! Pour les réfugiés béninois. Justement voilà Ghalyela Solis, elle vient du Bénin. Elle a peut-être besoin de votre aide?
Eh Ghalyela, viens voir un peu par ici ! |
Suzanna: | |
Ghalyela, je te présente Jean et Claude Blanc, mes nouveaux voisins. Ils viennent d'emménager dans la case juste à coté. Ils travaillent pour une ONG qui vient en aide aux réfugiés béninois comme toi. Tu as peut-être besoin d'eux ? |
Ghalyela: | |
COMMENT ! Moi je n'ai besoin de personne, je n'ai même pas de Harley Davidson. Je suis capable de me débrouiller toute seule. J'ai tout quitté pour venir vivre ici et cerisier sur le gâteau je n'ai même plus de travail alors qu'est-ce-que vous pouvez faire pour moi messieurs ? Rien ? J'en étais sure. |
Ghalyela: | |
Non mais c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres vos histoires d'ONG. Comme le disait ma grand-mère : Il n'y a pas de fumée sans cruche qui se casse. Je ne suis pas une mendiante moi. J'ai ma fierté. Allez bon mistral Messieurs ! Sur ce, je m'en vais. |
Suzanna: | |
Excusez-la ! Je ne sais pas ce qu'elle a. Elle n'est pas comme ça d'habitude. |
Le succès
« Femmes désespérées dans la case » connu très vite après la première diffusion un succès planétaire en Côte d'Ivoire. La série rassemblera jusqu'à 80% des auditeurs ivoiriens. L'épisode final sera même diffusé sur écran géant dans les principales villes et les rues de Côte d'Ivoire seront noires de monde pour suivre le dernier épisode les aventures de nos quatre amies.
Les stars de la série reçurent des centaines de lettres d'admirateurs. Fofana N’Diouf se vit même proposer un poste de Ministre de la Télévision dans l’un des nouveaux gouvernements ivoiriens. Le prénom "Lingette", qui n'est pourtant pas un prénom typiquement africain, devint même le deuxième prénom le plus donné aux petites ivoiriennes après la diffusion de la série. Et le quatrième prénom le plus donné aux garçons.
Devant un tel succès, le consortium audiovisuel de Côte d’Ivoire décida de se lancer dans un tout nouveau projet d’adaptation de séries étrangères avec la réalisation de la première série policière ivoirienne :
Note en bas de page
- ↑ Se référer à l’épisode 7 où le marabout de Ouattara Laine menace Brie de lui envoyer les esprits de la forêt si Douala ne se fait pas couper le clitoris au plus vite.
- ↑ Confère l'épisode 3 où, à cause de la sécheresse, les réserves de manioc sont épuisées et Lingette doit annoncer à ses employés qu'elle ne pourra pas les payer et que dans le même temps sa fille l'attends sur le bord de la route pour aller à son cours de tressage de nattes. Heureusement elle pourra prévenir Suzanna en lui envoyant un SMS avec son tam tam portable et sa fille sera à l'heure pour son activité. Ouf !
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