Harry Potter à l'école des sorciers
Cher lecteur, permets moi (tu ne t’imaginais pas que j’allais te vouvoyer, vil être inférieur) de te faire part des pensées profondes qui se sont érigées dans mon esprit, telle la tente de Kadhafi dans le jardin de l’Elysée. L’autre soir, alors que je m’attelais à ma relecture annuelle des oeuvres de Kant en buvant un délicieux whisky irlandais, mon portable sonna. Maudissant l’être mal élevé qui me dérangeait ainsi durant l’Esthétique Transcendantale, je m’aperçus qu’il s’agissait de Jean Yves, vieux copain de lycée. Il me demandait si je voulais bien aller faire la queue avec lui à la Fnac la plus proche afin d’acheter à minuit le dernier tome de Harry Potter. Déçu qu’il s’imagine que je m’enthousiasmerais à l’idée de me geler les miches en pleine nuit en compagnie d’une bande de dégénérés se trimbalant avec des balais et des chapeaux pointus, je lui répondis gentiment d’aller se faire foutre.
Mais ce malotru m’avait gâché la soirée, et je succombai à la tentation offerte par la télévision. Qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir que l’information principale consistait en la sortie de ce bouquin qui racontait, selon ce que j’en avais entendu, l’histoire d’un sorcier à lunettes. Il semblait bien que la situation géopolitique au Moyen-Orient ou le passage en force de la Constitution Européenne n’était pas prioritaire pour TF1, qui boucla d’ailleurs le journal par un reportage sur la confection artisanale de chapeaux pointus dans le village de Gadurettes les Oies. Je réalisai soudain que je passais à côté d’un événement aussi majeur qu’inutile. Mais comme il ne serait pas dit que j'étais un pleutre, je décidai d’aller m’acheter le premier tome dès le lendemain matin.
Sitôt dit, sitôt fait. Le fameux bouquin entre les mains, j’ouvris la première page avec autant de fébrilité qu'un Kévin vérifiant s'il a reçu des comms sur son Skyblog. Le lendemain soir, le bouquin était lu. Je me retrouvai dans le même état d’hébétement et de confusion qu’une personne normalement constituée peut avoir après un concert de Tokio Hotel. Et la première question qui me vint à l’esprit fut : « Pourquoi ? ». Pourquoi un livre aussi creux, avec des personnages aussi vides et une histoire aussi plate avait connu un tel succès ? (Je me pose la même question concernant Twilight, mais ceci est une autre histoire.) Ce sont ces pensées, cher lecteur, que je vais partager avec toi dans ma grande générosité. Et pour peu que, pauvre malheureux, tu sois fan de Harry Potter, peut-être parviendrai-je à te faire réaliser la profonde crétinerie de ces livres. Ce qui te permettra de faire un grand feu dans ton jardin avec tous tes amis afin de brûler ces bouquins et toutes les conneries que tu aurais pu acheter avec. Mais commençons sans plus attendre.
On apprend que c’est l’émoi dans le monde de la sorcellerie. Le plus grand méchant sorcier du monde (il fait tellement peur aux autres que personne n'ose dire son nom, nous l'appelerons Lord Méchant) s’est pris une branlée magistrale par un bébé dont les deux parents sont morts comme des bouses. Pour fêter l’événement, tous les sorciers de la perfide Albion se prennent des murges à la Guiness. C’est la raison pour laquelle le 4 Privet Drive, où vivent l’oncle et la tante de Harry (ce sont des Moldus, des personnes qui n’ont pas de pouvoirs magiques pour faire des étincelles et couper des Fish & Chips), devient le lieu de réunion d’une bande de guignols ayant des goûts vestimentaires plutôt douteux. Un vieux à la longue barbe blanche, qui s’appelle Dumbledore mais que nous nommerons simplement le Vieux, est soulagé en voyant arriver Hagrid, un géant qui ne dépareillerait pas au milieu d’une bande de poivrots SDF. En effet, il apporte Harry au Vieux et à Mc Go (c’est tout de même plus stylé que Mc Gonnagal). Attendez… Harry se retrouve seul au milieu des décombres d’une maison que Lord Méchant a attaqué et le Vieux envoie qui ? Un type incapable de parler correctement, qui a l’air à moitié ivre, et à qui je ne confierais même pas trois Euros pour aller m’acheter le Figaro… Pourquoi le Vieux ne s’est-il pas bougé lui-même ? « Bon, le bébé est sous les décombres, tout peut lui arriver, je pourrais me téléporter instantanément pour aller le chercher. Ah non, j’ai une meilleure idée. Envoyons cette buse de Hagrid sur une moto volante qui fait un boucan de tout les diables, il passera inaperçu. » Bref…
Toujours est-il que le Vieux prend la décision de laisser Harry grandir chez son oncle et sa tante. OK, donc Lord Méchant vient d'être vaincu, ses alliés vont sûrement vouloir se venger, et la meilleure cachette à laquelle pense le Vieux, c’est la maison d’un membre de la famille ? Bien sûr, personne n’aurait l’idée de commencer par chercher dans ce genre d'endroits (on a d’ailleurs la même incohérence dans Star Wars…). L’histoire commence déjà très fort.
Nous nous retrouvons une dizaine d'années plus tard. Harry a onze ans. Et comme tout bon héros qui se respecte, il est mal aimé, mal nourri, maltraité , et rejeté par son oncle, sa tante et son cousin Porcinnet. Ces trois là sont de tels clichés ambulants que nous n’en parlerons même pas. Mais malgré toute cette souffrance et cette solitude, Harry a un cœur gros comme ça et est resté pur et tout et tout… Il a bien été confronté à quelques événements étranges, comme se retrouver sur le toit de l’école en échappant à une bande de racailles (« Mr Potter, comment vous êtes vous retrouvé sur le toit ? »« J’ai sauté, il y a eu un coup de vent, et pouf ! »« D’accord, je vous crois, vous aurez juste une retenue. »), ou bien faire repousser ses cheveux en une soirée (« Mais, Mr Potter, vos cheveux ressemblent de nouveau au buisson de ronces de mon voisin René ! »« C’est ma tante, elle me donne du Loréal 2 en 1 pour des cheveux soyeux et forts »), ou alors faire disparaître le soutien gorge de Raymonde, sa prof de maths plutôt sexy. Mais ça ne le chamboule pas plus que ça. Visiblement, l’attaque de Lord Méchant lui a laissé de la compote entre les deux oreilles. Si un jour, en sautant sur le trottoir, je me retrouvais en haut d’un toit, je me poserais quand même quelques questions (ou alors j’arrêterais le LSD).
Toujours est-il qu’un beau jour, quelqu’un tente de contacter Harry par courrier (« Ary, je doa te parlé lol A+ »). Croyant qu’il s’agit d’une lettre de Raymonde, il est tout tristounet qu’on ne lui laisse pas la lire. Mais comme les lettres ne cessent d’arriver chaque jour en plus grand nombre (les sorciers ayant inventé le spam magique), la troupe de joyeux drilles fuient la maison. Porcinnet est vraiment degoûté, il loupe toutes les séries qui le font kiffer. Et comme l’IPhone n’a même pas été inventé, il ne peut pas y regarder la télé sur Internet. En plus, ce soir, c’est le film érotique que Porcinnet ne manque jamais. Mais l’oncle lui fout une torgnole dans les gencives pour avoir la paix et continue sa route.
Ils se réfugient au beau milieu d’un lac dans une cabane toute moisie qui doit probablement servir de planque à tous les drogués et prostitués du coin. Harry, tout triste que personne ne lui souhaite son anniversaire, aimerait bien se venger sur son cousin, comme en lui écrivant Bite au feutre noir sur son visage. Mais comme il est tout mignon, il ne le fait pas. Soudain, dans une fin de chapitre qui rappelle les Chairs de Poule de notre enfance, on frappe à la porte au moment même où Harry a 11 ans. Qui cela peut-il bien être ?
C’est cet ivrogne de Hagrid qui vient annoncer à Harry qu’il est un sorcier. « Non, c'est vrai ? », répond Harry, étonné. Il doit sans doute penser que parler aux serpents et s’envoler sur un toit est tout à fait normal. Il apprend aussi que Lord Méchant s’est fait exploser la tronche en essayant de le tuer, quand il était tout bébé. Et que ses parents sont morts dans l’attaque. Harry est surpris. Son oncle et sa tante lui avaient juré que ses parents étaient morts de maladies vénériennes qu’ils avaient attrapé lors d’une soirée échangiste dans un club londonien. Hagrid, fou de colère, hésite alors à se servir de Vernon comme porte parapluie, puis décide finalement de se préparer quelques immondes saucisses anglaises accompagnées de tranches de bœuf à la menthe. Il se barre ensuite de la cabane en balançant Harry dans sa poche. Quand on vous disait que c’était un gros pervers cet Hagrid…
Le lendemain, Harry et Hagrid arrivent au Chemin de Traverse, sorte de Champs-Elysées sorcier, où on trouve plein de magasins qui vendent des balais volants, des chaudrons et d’autres choses diverses et variées. Malgré l’absence de boutique Apple, Harry est émerveillé par ce qu’il voit. Il trouve une baguette magique rien qu’à lui, mais il apprend, ô surprise !, que cette baguette est spéciale, que c’est la pote de celle à Lord Méchant, et qu’il est destiné à de grandes choses (mais pas à nous surprendre en tout cas…). Il passe également retirer de l’argent à la banque des sorciers qui commence à licencier des gobelins à tour de bras pour cause d’une certaine crise de la dette moldue.
Puis dans un magasin où il essaie des robes de sorciers et les dernières Nike qui déchirent tout, il fait la connaissance de Drago Malefoy, lui aussi véritable cliché ambulant. Il dit que c’est un dieu au quidditch, qu’on devrait gazer tous les sangs mêlés, qu’il ira à Serpentard, parce qu’à Serpentard, on gère, on a trop la classe, on est des rebelles et que les autres maisons c’est vraiment de la merde. Harry, bien trop gentil pour lui mettre son poing dans la gueule, balbutie deux, trois mots puis sort du magasin. S’en suit une longue torture mentale où il espère vraiment qu’il n’ira pas à Serpentard, qu’ils sont tous méchants là-bas, mais que lui c’est un gentil, qu’il aime tout le monde, et qu’il veut aller à Gryffondor comme Papa et Maman. Hagrid, qui commence à se lasser des états d’âme de ce gamin de onze ans, le fout de nouveau dans sa poche puis l’amène à la gare. Après lui avoir annoncé qu’il doit prendre le train (bien sûr, puisqu’on est à la gare), Hagrid se barre enfin pour se prendre une murge dans le premier pub venu.
Mais Harry doit rejoindre la voie 9 ¾. Bien qu’étant plus concentré sur Raymonde que sur les fractions pendant les cours de maths, il comprend rapidement qu’une telle voie n’existe pas. Il remarque alors une bande de gamins roux (sans doute des Irlandais) dont le père et la mère ont visiblement copulé comme des lapins afin de bénéficier des aides sociales du gouvernement. Ceux-ci, après avoir regardé sur mappy, l’aident à trouver la fameuse voie manquante. C’est ainsi que Harry fait la connaissance de Ron, dont la psychologie est à peu près aussi fouillée et recherchée qu’une chanson de Patrick Bruel sous Lexomil. Eternel stupide, simplet, blagueur à ses heures perdues, aussi charismatique qu’un bigorneau se traînant dans l’herbe, c’est l’ami-cliché idéal pour le héros-cliché idéal. Ils commencent à échanger quelques banalités en se demandant ce qui les attend à Poudlard.
Mais comme un duo, c’est bien et qu’un trio c'est mieux, voici Hermione qui fait son apparition afin de compléter le triangle maudit. Dans une entrée en scène digne des romans photos du numéro de Voici-Spécial Eté, Hermione explique qu’elle n’est pas là pour se toucher, qu’elle a déjà lu tous les livres quatre fois et à l’envers, que le sort que Ron a jeté, c’est de la merde, et qu’elle va majorer à Poudlard car c’est la meilleure. Partagés entre l’idée de lui mettre la tête dans les chiottes ou la jeter hors du train, ils décident de ne rien répondre, mais ils la trouvent quand même très conne. Bien entendu, c’est évident que jamais, ô grand jamais, ils ne pourront s’entendre avec Hermione, jamais ils ne partageront de grandes aventures. Mais après être arrivé au tiers du bouquin, vous savez déjà ce qui va inévitablement se passer. Les ficelles sont si grosses que ça en devient désespérant.
D’ailleurs, Harry Potter fait partie de ces livres où, si on mentionne un fait quelconque dont on n’a rien à foutre, on peut être certain qu’il servira à la résolution de l’intrigue. Harry apprend qu’il y a eu un cambriolage chez Gringotts ? Harry lit que Dumbledore connaît Nicolas Flamel ? Harry découvre un miroir magique qui traîne comme par hasard dans une salle de classe ? Harry découvre qu’Hermione ne porte que des strings roses ? Ne t'inquiétes pas cher lecteur, tous ces détails a priori insignifiants et glissés aussi subtilement dans le récit que le parapluie de Hagrid dans le rectum de Dursley serviront par la suite. A ce stade là, si le lecteur trouve encore la force de poursuivre ce récit dont il devine déjà tous les enjeux et les rebondissements, il ne ressortira pas indemne de l’expérience.
Car nous avons droit à une deuxième couche de Malefoy qui revient se la péter dans le wagon de Harry. Après avoir répété, pour peu que le lecteur n’ait pas bien compris la première fois, que Serpentard c’est trop cool, que tous les méchants classes y sont, que les sangs mêlés c’est pourri, et qu’il est le grand ennemi de Harry pour les (sic !) six prochains tomes (« En plus, t’es roux, pauvre et Irlandais, Weasley. On peut dire que tu combines les tares. »), il refait son brushing et quitte le wagon. Ayant enfin compris que Malefoy est un enfoiré, le lecteur espère ne plus assister à ce genre de scènes présentées avec tant de finesse. Mal lui en prend.
Nos trois héros arrivent enfin à Poudlard, sorte de château-fort. C’est vrai qu’un château aussi grand pour 300 gamins, c’est tout à fait logique. On voit bien que les sorciers ne paient pas l’électricité… Harry est alors obligé d’enfiler Hermione un chapeau moisi sur la tête qui lui dit, mais quelle surprise, que sa place est à Serpentard. Effrayé à l’idée de se faire violer dans la douche par Malefoy tous les soirs pendant les sept prochaines années, Harry menace le chapeau de le cramer s’il ne l’envoie pas dans la maison où Papa et Maman étaient allés. Le chapeau, qui maintient que Harry est exceptionnel (non ?), qu’il est destiné à de grandes choses (c’est vrai ?) et qu’en envoyant LOVE au 2 27 27, Harry peut connaître le degré d’affinité existant entre lui et Hermione, le chapeau accepte finalement d’envoyer Harry à Gryffondor. Et ce qui fut dit fut fait.
C’est alors que Rogue rentre en scène. Ah Rogue ! Laissez moi le présenter. Archétype du méchant sombre et mystérieux mais qui en fait n’est pas méchant du tout, Rogue passe la plupart de ses journées à lancer des regards impénétrables à ce qui l’entoure, à faire virevolter sa cape noire dans les couloirs et à faire chier Potter (« Potter, vous n’êtes vraiment qu’une sombre merde. Si je n’étais pas encore follement amoureux de votre défunte mère, dont vous êtes l’unique descendant et dont vous avez les mêmes yeux que j’ai tant aimés, je vous aurais déjà démoli la gueule. »). Bien entendu, Rogue est tellement présenté tout au long du roman comme le grand méchant (« Je vais vous mettre ce cactus dans le cul, Quirell, si vous ne me dites pas comment voler la Pierre. ») qu’on apprend à la fin…qu’il ne s’agit pas du grand méchant (« Je travaillais pour le Vieux, bien entendu. Vous n’avez rien compris Potter. »). Quelle surprise ! Je ne m’y attendais pas à celle-là !
S’en suit alors de longs chapitres sur le quotidien à Poudlard, ce qui permet de faire gonfler l’épaisseur du livre et de faire des économies de somnifères pour ceux atteints d’insomnies. Le lecteur a droit à toutes les matières ou presque. En cours de potions, Harry est tout tristounet en voyant que Rogue ne l’aime pas et il ne comprend pas pourquoi. Mais il se promet de lui casser la gueule quand il sera plus grand (« C'est vraiment un enfoiré ce Rogue. Mais il verra quand j’aurai mes crises d’adolescence. »). Puis Harry joue aux rebelles avec Malefoy en cours de balais magiques, menace de s’écraser comme une merde contre un mur, mais finit attrapeur de Gryffondor (le plus jeune attrapeur depuis des siècles, ça c’est original, on ne s’était pas encore douté qu’il était unique). En passant, le prof de balais volants doit s’emmerder étant donné qu’elle ne donne ses cours qu’aux premières années. Et Harry se fait grave chier en cours d’histoire de la magie et regrette Raymonde et ses cours de maths (« Tu vois Ron, en n’écoutant pas le prof, on fait trop nos rebelles, et c’est bon pour mon image de héros »). Mais surtout, Harry devient la célébrité locale. Tout le monde parle de lui, tout le monde le regarde avec de grands yeux émerveillés. Et du coup, il est tout émoustillé et ça le perturbe. Mon dieu, un héros orphelin au cœur pur, admiré de tous, ayant un ami sincère et un ennemi juré, ça ne s’était jamais vu.
Je ne parle pas des autres camarades que Harry va rencontrer, tellement ces clichés sont usés et re-usés. Allez, en vrac, on a Neville, distrait, un peu con, et qui permet de faire ressortir le caractère héroïque et exceptionnel de Harry, les jumeaux Weasley, les grands farceurs, toujours présents pour rire un bon coup et fournisseurs officiels de cannabis à Poudlard, Crabbe et Goyle, les sidekicks de Malefoy, etc, etc… Toute la psychologie des personnages du livre semble avoir été taillé à la serpe.
Néanmoins, tout n’est pas si simple dans le quotidien de Harry. Il doit d’abord casser du troll. Des gamins de onze ans qui étudient la magie depuis trois mois et qui arrivent à vaincre une bestiole qu’on nous présente comme terrifiante, c’est très crédible. Mais comme le lecteur pourrait oublier que Harry est exceptionnel, Rowling croit bon de le rappeler toutes les dix pages. J’ai d’ailleurs été étonné qu’entre deux cours, il n’aille pas instaurer la paix dans le monde, pour ensuite trouver un vaccin contre le SIDA, et enfin aller couper les cordes vocales de Francis Lalanne afin de montrer que c’est pas un branleur.
Il arrive à se débarrasser du dragon que Hagrid avait gagné au bar-PMU du coin (« Il faut se balader à travers toute l’école en pleine nuit avec un dragon cracheur de feu ? Pas de problème Hagrid, je m’en occupe. »). Il menace de se faire renvoyer une bonne dizaine de fois (« Quoi Malefoy me propose un duel magique à minuit alors que je n’y connais strictement rien et que c’est mon ennemi juré? OK, j’y vais. »). Et en passant, contre toute attente, Hermione se lie d’une amitié forte, sincère et éternelle avec les deux crevards. Quand deux mioches te pourrissent tes journées, se foutent de toi à cause de tes dents style pelles à tarte, et t’enferment dans les chiottes où se trouve un troll prêt à t’exploser, ta première réaction est bien entendue de leur pardonner et de faire copain-copain. On n’est plus à ça près.
Conforme à l’axiome « Si je présente un fait inintéressant, celui-ci aura une importance pour la fin », Harry découvre le miroir du Risèd. Il y voit sa famille, toute rassemblée. Témoignant une nouvelle fois de son crétinisme effrayant, Harry se retourne une dizaine de fois pour vérifier qu’ils ne sont pas derrière lui, n’ayant apparemment encore pas saisi que dans un monde magique, un miroir peut faire apparaître des personnes qui ne sont pas physiquement là. Il aurait préféré voir dans le miroir le dénouement de la dernière saison de Lost, mais on n'a pas toujours ce que l'on veut. Pleurant à chaudes larmes face à une scène si émouvante, Harry réalise que le Vieux l’espionnait depuis quelques heures. On se demande ce qu’il pouvait bien faire tout seul en pleine nuit dans une salle de classe vide à part faire avancer l'intrigue avec ses gros sabots. Harry, comme un mioche mal élevé, demande au Vieux ce qu’il voit dans le miroir. Ne pouvant ni fracasser la gueule de Harry contre le mur le plus proche pour le punir de son impertinence, ni lui avouer qu’il se voit en train de regarder un bon vieux porno, le Vieux répond qu’il aimerait qu’on lui offre des chaussettes. Harry, dans un éclair de lucidité, soupçonne le Vieux de s’être foutu de lui.
Mais Harry, ses deux compères et Malefoy doivent pénétrer dans la Forêt Interdite à cause des conneries qu’ils ont faites. (Ils ne rigolent pas à Poudlard. On imagine bien un principal de collège : « Robert, pour être arrivé en retard au cours, vous irez avec Mr Jean-Jean dans une banlieue du 93. Ca vous fera les pieds »). Dans la Forêt, Harry apprend par un centaure, sous l’œil désabusé du lecteur, que le Mal est de retour, que la guerre approche, et tout et tout… Tout ça pile au moment où Harry fait sa rentrée à Poudlard. Le hasard fait quand même bien les choses.
A ce stade, le lecteur, épuisé face à tant de banalités, approche de la délivrance. Enfin, Le trio maléfique décide d’aller casser la gueule au grand méchant Rogue. Constante dans tous ces livres, Harry devra en permanence jouer au héros au mépris de la plus élémentaire logique et de la plus basique prudence (« Le méchant surpuissant m’attend. Des pièges dont je n’ai pas idée seront sur mon chemin. Je pourrais facilement demander de l’aide à des personnes plus expérimentées que moi. Je risque la vie de mes amis. C’est bon, je fonce. »). Cher lecteur, si à onze ans, tu découvres qu’un terroriste planifie une attaque, tu ne vas surtout pas informer les autorités compétentes pour régler le problème. Non, tu appelles tes meilleurs potes pour lui démolir le râtelier à coups de battes de base ball. Toujours est-il que Harry, dans sa logique bien à lui, considère qu’il est tant d’agir en héros, car le lecteur commence à se faire chier et qu’il serait tant de boucler enfin cette histoire.
Harry et ses deux larrons pénètrent dans le couloir interdit, dont la porte peut être déverouillée par le premier trou du cul venu (« Professeur Dumbledore, vous êtes sûr qu’un Alohomora est suffisant pour verrouiller la porte qui donne accès au couloir interdit dont vous avez grassement mentionné l’existence en début d’année, et qui donne accès à un chien à trois têtes sanguinaire ? N’importe quel première année peut contourner le sort. »« « Fermez-la Mac Go. Ca leur apprendra à ces crevards qui n’obéissent à rien. »). Ils tombent nez à nez avec un Cerbère qui s’endort quand on lui joue de la musique. Et par le plus grand des hasards, Harry s’était vu offrir une flûte à Noël.
Après avoir ensuite résolu quelques énigmes, et abandonné Ron en train d’agoniser sur un échiquier géant comme un lapin écrasé par une voiture au bord de l’autoroute, Harry se retrouve seul, comme tout bon héros qui se respecte, face au méchant qui n’est autre que… Quirell. Celui qui était présenté comme le parfait innocent depuis le début (« Mais je…je be…bega…begayais », se justifie Quirell, tout content de sa ruse de sioux pour apparaître innocent aux yeux de Harry). Quel retournement de situation inattendu ! Mais Harry est tout chamboulé par cette découverte et ne comprend pas pourquoi on lui voudrait du mal. Quirell lui dit de se la fermer et se concentre sur le miroir du Risèd pour trouver la Pierre Philosophale. Celle-ci permettra à Lord Méchant de revenir à la vie, de lui redonner un nez et en plus, il aura droit à des SMS illimités le samedi soir. Mais pour l’instant, la seule chose que Quirell voit dans le miroir, c’est Mimie Mathy qui annonce l’arrêt de Joséphine Ange Gardien. Bien emmerdé, Quirell enlève alors son bandeau et sous les yeux horrifiés de Harry, Lord Méchant apparaît collé sur la tête de Quirell comme un geek sur son écran d’ordinateur. Lord Méchant explique à Harry que c’est dur la vie quand on est collé sur la tête de quelqu’un, que les séances shampooing c’est pas la joie et qu’en plus il a vraiment l’air con avec sa tête toute blanche et son nez absent.
Exposant son plan machiavélique à Harry (« Ah, ah, ah, je suis le plus maléfique de tous les sorciers, j’ai tué tes parents et je te tuerai aussi dès que je me serai faite une soupe au bouillon avec la Pierre Philosophale », mais pourquoi tous les méchants cons se sentent-ils obligés de raconter leur plan et leur vie en détails ?), Lord Méchant promet de se venger lorsqu’il retrouvera un corps rien qu’à lui. Mais pendant ce temps-là, Harry, qui est quand même le héros, envoie un SMS à Hagrid (« je daifonce lord mashin et j’ariv lol ») pour bien montrer à Lord Méchant qu’il n’a pas peur, tout en actualisant son profil Facebook sur « Défonce les forces du Mal ». Puis, voyant qu’il ne reste plus beaucoup de pages avant la fin, il pose ses mains sur la tête de Quirell dans une courageuse tentative de prise de catch. Celui-ci se couvre de cloques, comme une blonde sous un appareil de bronzage mal réglé. Content de lui, Harry s’évanouit, car un héros qui s’évanouit après avoir vaincu le méchant, c’est vachement plus tragique.
Finalement, dans un dernier acte de cruauté, Rowling nous inflige une séance d’explications du Vieux, qui nous explique platement les tenants et aboutissants de l’histoire (« C’est l’amour Harry. Tu es un petit être au cœur pur (clin d'oeil). Lord Méchant, qui n’est qu’un enfoiré sociopathe rempli de haine et de colère, ne peut pas te toucher (clin d'oeil). Essaie de t’en souvenir, c’est vachement important pour la suite »). Ou comment donner toutes les explications en vrac à la fin quand on ne sait pas être subtil.
Tandis que le lecteur sombre dans un coma profond, Harry gagne la coupe des 4 Maisons grâce au Vieux qui distribue des poignées de points, histoire de faire gagner la maison qu’il a choisie. Ca valait bien le coup de nous saouler tout le long du livre avec les points gagnés et perdus vu qu’à la fin, le vainqueur est désigné arbitrairement. Epuisé par cette année bien mouvementée, Harry revient dans le monde des Moldus avec ses amis. Ils sont tous très fiers de ce qu’ils ont fait (« Comme on l’a bien baisé, ce Malefoy! ») mais se plaignent que Poudlard Express Inc. ne propose pas de cartes 12-25 pour les sorciers. Harry sent ses hormones commencer à le titiller et ses crises d’adolescence approcher à grands pas. Il réalise avec effroi qu’il sera encore plus insupportable dans les prochains tomes.
Mais pour l’instant, il est heureux. Il va passer l’été avec les Dursley, et il va pouvoir s’entraîner au plantage de parapluie dans le rectum de Porcinnet.
Fin.
Ouf... La semaine prochaine, nous nous intéresserons au deuxième tome. Sur ce, je m’en vais finir l’intégrale de Kant. Et si Jean Yves me rappelle, je lui crame sa maison et je chie dans sa boîte aux lettres.
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