Les douze travaux d'Hercule/Capturer les juments de Diomède
Bonjour, et bienvenue dans votre émission favorite, « Mythologie ou mythomanie grecque » ! Nous allons aujourd’hui évoquer le huitième et avant-antépénultième travail de votre sordide assassin préféré, Hercule, à savoir la capture des juments de Diomède.
Retour sur les faits
Cette nuit-là, Eurysthée et sa femme furent réveillés par des tambourinements horribles venant de l’extérieur de son palais. Se levant furieux, ils entreprirent de traverser la salle du trône d’Argolide, afin d’aller corriger ensemble les éventuels malotrus qui auraient osé troubler leur sommeil. Ceci leur prit approximativement deux heures, du fait des dimensions extravagantes de l’édifice. Lorsqu’ils arrivèrent, quelle ne fut pas leur surprise en voyant Hercule et le taureau de Crête en train de se tabasser gaiement.
Les apercevant, le demi-dieu, bien qu’assez occupé, leur tint à peu près ce langage : « Hé, salut l’esclavagiste et sa greluche, je vous ai ramené votre vache chrétienne ! Elle crache du feu, pratique pour les barbeuks ! Non ? »
Eux qui pensaient être tranquille un bon bout de temps avec cette mission, elle ne lui avait pris que quelques jours. Bien ennuyés, ils fomentèrent instantanément et dans le plus grand secret un plan machiavélique :
Le roi se tourna alors vers son rival de toujours et lui déclara solennellement : « Tiens, tu vas aller me chercher les quatre juments du roi de Thrace, le cruel Diomède ! Et que ça saute, scélérat ! » La réaction du héros ne se fit pas attendre : « Mouahaha des juments ! Sans déconner, t’as pas plus pourri comme truc ? Tu veux pas que je te capture une marmotte édentée ou un pissenlit la prochaine fois ? » « Mais arrête ! Ce sont des juments très méchantes, lui répondit-il, carnivores même ! Et elles sont protégées par une armée de féroces mercenaires, qui ont de surcroît affirmé avant-hier que tu étais une tarlouze. » « QUOI ?! Mais comment c’est trop des oufs, je vais leur déchirer sa race avec mon gourdin moi tu vas voir » Et Hercule se mit en route.
Bien entendu, pour faire l'intéressant, il fit les 1285 km qui le séparaient de sa destination à pied. Rien d’épique là-dedans. Sérieusement, je vais chercher mon pain à pied à la boulangerie tous les matins, et personne n’a jamais eu l’idée d’enquêter pour savoir si c’était faisable ou pas, d’un point de vue physique. Et puis en plus on ne nous dit pas en combien de temps il le fit ce voyage. Parce que s’il est sur mon rythme, à savoir 250 mètres par jour, pour arriver il lui faut ... à peine 14 ans !
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Il semblerait qu’il ait été tout de même sensiblement plus rapide, bien que je n’aie aucun chiffre permettant de l’affirmer.
Enfin bref...
Témoignage n°1 : de la véracité des ascendances divines des protagonistes
Clairement, jusqu’ici, rien d’extraordinaire ou d’excessivement farfelu, si ce n’est que la légende raconte qu’il se rendait chez le roi Diomède de Thrace, qui était censé être le fils de Mars, le dieu de la guerre.
Il faut savoir que dans la mythologie grecque, tout le monde se proclame à peu près fils d’un dieu cool, c’est-à-dire pas d’Héphaïstos qui est complètement moche, ou de Priape, toujours représenté tout nu avec sa grosse bite en érection. Enfin, ce que j’en dis, c’est qu’il y avait un sacré paquet de mythomanes dans le lot, parce qu’à moins d’être tous de la même fratrie de dégénérés, ça ne tient pas la route comme histoire.
Hercule, on ne peut pas le contester, puisqu’il a accompli des exploits incroyables et qu’on voit très bien Zeus dire qu’il est son fils dans le film historique de Walt Disney. Mais Diomède par contre, fils de Mars ? Vérifions donc cette information douteuse avec son descendant direct, le footballeur Bernard Diomède.
Entendu qu’Hercule se rendait effectivement sur les terres d’un autre demi-dieu, preuves à l’appui, passons maintenant au cœur de l’exploit mythologique : comment le fils de Zeus s’est-il emparé de ces impétueuses pouliches ?
Témoignage n°2 : de l’importance des relations cordiales
En réalité, rien de surprenant là non plus. Faisant montre de sa légendaire diplomatie et de son penchant manifeste pour le dialogue constructif et les débats passionnés, l’histoire raconte qu’il massacra tous les valets et palefreniers. Comme ça, sans un mot. Bim. Dans vos gueules les simples mortels. Il faut dire aussi qu’il avait un léger apriori négatif vis-à-vis de ces personnes, suite aux accusations gratuites et outrancières d’Eurysthée. Ceci explique peut-être cela. Quoi qu’il en soit, le meurtre, c’est pas terrible comme solution en matière de résolution des conflits, vous en conviendrez. Regardez Charles Manson, ou Guy Georges par exemple.
Faisons donc appel à un expert pour dénouer les antagonismes, le médiateur attitré de l’émission « Voisins : vont-ils se mettre d’accord ? Ou bien s’étriper à la scie sauteuse et s’incorporer mutuellement un batteur à œufs dans le cul ? », diffusée sur M6, afin de savoir les probabilités de sortir sans encombre d’une telle situation.
« Bonjour, vous êtes bien sur le portable d’Hervé le médiateur ! Je suis actuellement au beau milieu d’une querelle de voisinage entre André le boucher et Peter l’éventreur. Tout a commencé le jour où André, excédé de voir le cerisier de Peter déborder de 17cm sur son jardin, décida de l’abattre sauvagement en tirant dessus au fusil à pompe. Quelle ne fut pas la surprise de celui-ci lorsqu’il constata avec effroi que toute sa famille était décédée dans son jardin à cause des balles perdues ! Il entra alors dans une colère noire, et attaqua sans raison apparente la boite aux lettres d’André, en beuglant d’extravagantes paroles telles que « Bougre eud’ carabistoule ! Sac eud’ brin ! Mi j’te crèv’ eut’ carette gaillard ! », signifiant en ch’timi qu’il n’était pas très content.
C’est dans cette atmosphère tendue que j’interviens. Bonjour Andr... Aaaaaaaaaah ! »
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Bon, ça devient n’importe quoi cette émission. Fait chier. Obligé, ça va donner un rendu minable à la télé, du niveau d’un « Thalassa » un jour où le vieux Georges Pernoud serait saoul.
Bon, on n’a qu’à dire qu’Hercule était suffisamment fort pour tous les tuer. Et puis c’était pas des surhommes non plus, juste quelques valets et des éleveurs de chevaux, pas de quoi fanfaronner.
Témoignage n°3 : des attributs surnaturels des mammifères équestres femelles
À ce moment du récit, vous l’avez bien compris, il ne restait plus que le roi Diomède dans le palais, en compagnie de ses juments. Hercule aurait très bien pu l’étriller lui aussi je pense, mais deux choses l’en empêchèrent :
- Déjà, il s’agissait d’un demi-dieu comme lui. Par conséquent, il ne pouvait pas savoir à quoi s’attendre. Certains fils de divinités possédaient en effet des pouvoirs prodigieux, comme Achille avec son invulnérabilité hors talon, ou Castor et Pollux, avec leurs noms de merde.
- En plus, le trucider comme ça, à la va-vite, ce n’était pas terrible pour sa légende personnelle. Regardez un peu :
La mythologie pour les tarlouzes et les grecs présente :
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Ça serait franchement nul comme mythe.
Hercule le savait bien, et plutôt que de faire sa fête à Diomède comme à ses serviteurs, il lui donna une mort plus romanesque en le jetant en pâture à ses propres canassons. Le coup de l’arroseur arrosé en quelque sorte, sauf que l’arroseur se ferait griller comme une chipolata par ses chevaux cracheurs de feu, qui le boufferaient ensuite. Mais au fait, cela ne vous parait pas étrange, des juments carnivores ? Il faudrait enquêter.
Interrogeons donc à ce sujet notre collègue journaliste scientifique Michel Chevalet.
C’est bon, c’est décrété, c’est officiel. Cette émission est définitivement merdique. On va tout de même tenter de la terminer. Allez, on passe à la partie suivante. Vite.
Témoignage n°4 : d’un moustachu
Donc voila, reprenons le fil de la narration. Nous parlions de Diomède, fils de Mars dieu de la Guerre, lui-même fils de Zeus dieu de la foudre et père d’Hercule qui venait l’assassiner. Assassiner Diomède bien sûr, pas Zeus ou Mars qui étaient des dieux, donc immortels, et accessoirement leurs pères...
Mais quel bordel ! C’est toujours incompréhensible ces espèces de soap-opéras intrigants entre consanguins, comme « Amour, Gloire et Beauté ».
En fin de compte, le point important, c’est que les juments crachaient du feu et bouffaient des gens, fait plutôt exceptionnel pour ce genre d’animaux d’ordinaire herbivores, à l’instar des vaches ou de Daniela Lumbroso.
Nous avons fait appel à Omar Sharif pour nous renseigner sur cette malformation particulière, et par extension sur la vraisemblance de la prouesse accomplie par notre héros tout nu favori.
Note : L’auteur a tenu à retranscrire les dires de monsieur Sharif avec un accent afghan, car c’est rigolo et qu’il s’appelle Omar, comme le célèbre mollah pacifiste.
Note : Omar Sharif a subitement perdu son accent afghan, car on ne comprenait rien à ce qu’il baragouinait, ce qui nuisait grandement à l’intérêt de l’émission, déjà sérieusement compromis à ce stade.
Épilogue
Chers téléspectateurs, notre émission touche à son terme, et nos conclusions confirment qu’Hercule a bel et bien accompli les actes relatifs à cette tâche. En êtes-vous étonnés ? Pas vraiment non, si l’on tient compte du fait que promener quatre juments tient plus de l’anecdote racontée par Micheline sur la place du marché que d’un exploit légendraire nécessairement accompli par une divinité ou quelque chose d’affilié, tel notre héros.
Mais voila, le problème des Grecs, c’est qu’ils romancent tout. On ne peut pas leur faire confiance.
Illustration : des enfants chahutent gaiement dans une cours de récréation, profitant activement des quelques poignées de minutes dont ils jouissent hors des classes...
- Un Français dira : « Ces enfants jouent à la marelle. Ils ont l’air débiles et ils font du bruit. »
- Un Grec, quant à lui, affirmera : « Ces fils d’Athéna, contraints par une malédiction effroyable, se voient obligés de projeter des rochers énormes sur un étonnant pentacle d’acpect blanchâtre, sûrement réalisé à partir du sang du titan Prométhée. Ceci fait, ils se jettent corps et âmes sur ce champ de bataille magique, avec des bonds de quinze mètres, au bas mot. Leurs jambes sont tellement puissantes, et leurs armures, forgées par Héphaïstos à partir de 78% de coton et 22% d’acrylique, tellement légères qu’ils atteignent le ciel en quelques instants. »
Il me parait donc évident qu’ils nous prennent sérieusement pour des cons.
Au vu de cette propension naturelle à l’exagération, à l’instar des Marseillais et des syndicats les jours de manifestation, on peut aisément deviner ce que furent les exploits mythologiques accompli par les pseudo-surhommes de cette patrie sodomite...
Bref, c’est du gros mytho, et puis c’est tout.
Si vous l'avez adoré, vous pouvez encore relancer le débat.