Finding Morsay
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Qui es-tu Morsay ? D’où viens-tu, petit être fragile au cœur pur rempli de tendresse, de fraternité et d’enculades au fond de la camionnette avec les poignets attachés ? Et où te caches-tu, toi le chantre de la spéciale dédicace à Tai-Tai ? Tu es comme l’eau pure dans les doigts d’un enfant. Tu glisses, tu coules et tu disparais sans laisser de traces au rythme de l’évaporation naturelle. Mais moi, je veux en savoir plus. Même si tu cultives ton jardin secret et que tu conserves précieusement ton intimité délicate, je n’aurai de cesse que de te retrouver pour apprendre à te connaître, savoir quelles sont tes pensées, tes idéaux dans la vie, tes objectifs et la couleur de ton slip. Allons, ne fais pas le timide. Ne te cache plus et laisse le monde en joie profiter de ton esprit frondeur et vagabond. Viens à moi, viens à nous...
Première approche : Google
Le premier réflexe quand on cherche quelque chose et qu’on a à disposition un ordinateur connecté à Internet consiste à se rendre sur Google pour récupérer le maximum d’informations sur le sujet concerné. Tout naturellement, j’ai donc commencé par exploiter cet outil incontournable pour trouver des données fiables sur Morsay. Je suis donc allé sur http://www.google.fr, j’ai tapé « Morsay » dans le champ de recherche, et là…
Surprise : Morsay n’existe pas ! Impossible me dis-je. Comment une personnalité aussi populaire que Morsay peut-elle ne pas être référencée sur la référence de sites référents ? De mon point de vue, il ne peut s’agir que d’une erreur ou d’une panne momentanée du serveur de Google. Pour m’en assurer, je vérifie en entrant une série de lettres au hasard dans l’outil de recherche : llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch
49 100 réponses... Vraiment étrange. Google semble donc fonctionner correctement. Ah mais peut-être que la panne est réparée et que désormais, ça va marcher ? Empreint d’un nouvel optimisme, je saisis donc à nouveau le patronyme de la star dans le champ de recherche.
Le résultat est différent mais n’est toujours pas celui escompté. Sans doute conscient de mon scepticisme, Google ne m’affiche toujours pas de résultat positif quant à des références de sites parlant de notre héros mais me fait une proposition alternative : rechercher « Mortadelle » à la place de « Morsay ». L’idée est séduisante mais j’ai peur de faire chou blanc et je préfère pour le moment abandonner les moteurs de recherche pour me concentrer sur d’autres moyens de trouver Morsay.
Seconde approche : l’annuaire
Mais bon sang mais c’est bien sûr ! Pour avoir des informations sur Morsay, le plus simple est encore d’aller lui demander directement. Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ? Me voilà donc en train de consulter tout bonnement les Pages Jaunes/Pages Blanches qui depuis la mort programmée du Minitel sont également accessibles depuis le web. Morsay faisant en permanence la promotion de Clignancourt, je parie sur le fait qu’il habite le quartier. Donc je saisis « Morsay » puis « Clignancourt ».
Magnifique ! Une seule réponse. Ah mais non, zut, le site me signale « Réponses approchées pour Morsay » : Morcet Yannick. Même en admettant que le chanteur ait opté pour un pseudo, j’ai du mal à croire qu’il se soit contenté de changer « Morcet » pour « Morsay ». Et puis « Yannick », ce n’est vraiment pas un prénom de chanteur très crédible. Toutefois, un autre élément m’interpelle quelque peu : sous le nom indiqué par les Pages Jaunes est indiqué « Activité : charcuteries (détail) ». Tiens, tiens, tiens... Ça me dit quelque chose… Mais oui, la mortadelle de Google tout à l’heure et la charcuterie maintenant. Impossible que ce soit une coïncidence.
J’ai donc maintenant une piste sérieuse sur laquelle embrayer pour poursuivre mon enquête.
Troisième approche : En route pour la charcuterie
Me voici donc en plein cœur du quartier de Clignancourt à la recherche de la charcuterie du sieur Morcet, Yannick. J’avais repéré les lieux sur StreetView pour ne pas être pris au dépourvu mais je ne m’attendais pas à avoir la chance de tomber nez à nez avec une enseigne qui me prouvait à coup sûr que j’étais sur la bonne piste.
Si cette image ne porte pas la signature sur Morsay, c’est à vous faire douter de vous-même. Tous les attributs sont là : le couteau, la Rolex bling-bling au poignet, l’anus dilaté symbolisant les activités intra-camionnette du chanteur, la moustache et surtout, le béret, symbole incontournable de la banlieue mal famée de Clignancourt s’il en est. Et pour faire bonne mesure, le tout est ponctué par un terrible avertissement « Méfiez-vous ! Cet homme est dangereux », adressé soi-disant aux représentants de la race porcine mais dont on comprend à demi-mot qu’il menace directement les keufs, les skins et les poucaves.
Ce fut donc d'un pas confiant que j’entrai dans la charcuterie, et au milieu des cadavres en salaison, je me retrouvai face à face avec...
Quatrième approche : L’appât
De cet épisode chez le charcutier me sont restées des séquelles psychologiques terribles. J’ai vraiment le sentiment d’avoir échappé de peu à la mort et le fait est que si ce brave Yannick Morcet n’était pas décédé des suites d’une attaque cardiaque fatale lorsqu’il se lança à mes trousses, les yeux pleins de haine et les artères pleines de cholestérol, j’aurais pu y laisser ma peau.
Mais je ne suis pas du genre à abandonner la lutte et cette aventure qui m’avait transformé en proie faisant face à une meute de charcutier en furie me donna une idée pour une nouvelle façon de trouver Morsay. Plutôt que d’aller vers lui, le plus simple serait de l’attirer vers moi. J’avais à ma disposition tout un arsenal d’indices qui me permettaient de tendre un véritable piège à ma cible. Morsay avait en effet publié un célèbre manifeste vidéo sur Youtube (spéciale dédicace à Roulouskof que c’est lui qui a mis la vidéo sur Internet) où il exposait sa vision de la société, égrainant notamment ses récriminations à l’encontre de certaines castes de la société : les skins, les keufs et les poucaves.
Je décidai donc de me raser la tête, d’enfiler un uniforme de policier américain et me voilà parti au beau milieu des puces de Clignancourt en hurlant à tue-tête « Je suis une poucave ! Je suis une poucave ! », bien que n’ayant aucune idée de ce que cela pouvait bien signifier.
Bilan de l’opération : deux jets de gaz lacrymogène dans les yeux, une décharge de Taser dans le dos, six coups de boule et une tentative d’approche d’un producteur libanais pour m’enrôler dans la nouvelle tournée mondiale de « Village People ». Mais de Morsay, point.
Cinquième approche : les accointances
Puisque décidément je ne parvenais pas à m’adresser au Bon Dieu, j’eus l’idée qu’il était sans doute préférable de me tourner vers ses saints. Là encore le manifeste vidéo de Morsay me fut d’une aide précieuse. Lors de son prêche, le prophète de Clignancourt faisait en effet intervenir plusieurs de ses disciples et apôtres au rang desquels le fier Tai-Tai semblait tenir une place privilégiée.
Hélas, impossible de mettre la main sur l’énergumène. Chaque fois que je saisissais son nom dans un moteur de recherche, j’obtenais ça :
Quel manque de bol.
Sixième approche : retour à la case départ
Non décidément, ce coquin de Morsay me semblait de plus en plus insaisissable. Alors je mis les petits plats dans les grands. Il était impossible que Morsay puisse se cacher ainsi aux yeux de tout le monde en permanence. Aussi, je décidai carrément de mettre toutes les chances de mon côté en placardant des avis de recherche, en postant des requêtes sur des forums de discussion, en créant une page Facebook,... usant de tous les recours à ma disposition pour avoir des infos fiables me permettant d’entrer en contact avec l’énergumène.
Et finalement, au bout d’une semaine, je reçus ce courrier électronique anonyme :
Enfin ! Enfin une piste concrète. Autant vous dire que je n’ai pas attendu d’avoir digéré mon petit déjeuner pour me rendre d’une souris fébrile sur ledit site. Sa consultation ne m’aura d’ailleurs pas pris très longtemps puisque sur la colonne de droite, je pouvais voir « Création : 08/10/2007 à 21 :59 » et « Mise à jour : 08/10/2007 à 22 :09 ». Ce site avait donc eu en tout 10 minutes d’existence.
Mais en 10 minutes, Morsay avait eu le temps de nous livrer son évangile, cette fois dans la colonne de gauche du site. Hélas, il a choisi un langage kabbalistique incompréhensible pour délivrer son message que je vous retranscris ici dans son intégralité, sachant que la CIA et la NSA sont sur le coup pour le décryptage :
Septième approche et finale
Cette fois c’en était terminé. Je ne voyais plus de moyen de trouver une issue heureuse à mon odyssée. J’avais tout essayé, tout avait échoué. Morsay resterait donc une énigme éternelle et je ne pourrai jamais parvenir à comprendre son message. Aucun reportage à la télévision, aucun disque à la Fnac, pas un concert dans une salle accessible au public, pas une personne dans la rue en ayant entendu parler le moins du monde... Morsay était parvenu à se créer une bulle totalement hermétique au sein de laquelle personne n’était habilité à entrer. Il avait fait le pari de devenir un ermite de l’humanité, un messie ayant délivré son message une bonne fois pour toute pour laisser ensuite les hommes en débattre et en tirer des leçons de vie.
Puis, soudain, l’illumination. Au lieu de chercher des voies détournées pour atteindre le maître, pourquoi ne pas tout simplement aller droit au but. Et si Morsay, dans sa grande simplicité, n’avait pas décidé d’avoir tout bonnement un site à son nom sur Internet, sans fioritures. Mais oui ! Plus j’y pensais, et plus c’était logique. Qu’il ne soit pas référencé sur Google était simplement dû au fait que Morsay voulait que sa parole soit reçue directement par ses fanatiques, sans passer par des intermédiaires mercantiles à la vénalité exacerbée.
C’est donc envahi par un sentiment de plénitude que je lançai mon navigateur Internet pour une ultime tentative désespérée. Dans la barre d’adresse, j’entrais tout simplement : http://www.morsay.fr. Et là, je fus instantanément récompensé. Au lieu de la fameuse « Erreur 404 » à laquelle je m'étais habitué, la page devint noire. Puis s’inscrivit en lettres de feu une barre de chargement qui égrainait les pourcentages… 45… 62… 95… 100% !
Et là, s’afficha enfin la page officielle de Morsay.
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