Critique de la folie pure

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— Comment ça « Un petit pois dans un ascenseur » ?!
« Le Petit Bonhomme En Mousse, qui s'élance et rate le plongeoir. C'est comme la chanson douce, que chantait ta maman le soir. »

Bien malin qui peut distinguer à coup sûr le génie de la folie. L’Histoire de l’Humanité nous enseigne que les plus grands esprits ont toujours tutoyé les abimes de la déraison voire, oserai-je le dire[1] de l’irraison. Mais d’où vient cette collusion étonnante et systématique entre la capacité créatrice des artistes les plus novateurs et l’inévitable aliénation dont ils souffrent ? On va tenter de le comprendre.

Postulat

Les notions relatives aux capacités intellectuelles de l’homme – que l’on parle d’intelligence ou de folie - sont particulièrement délicates à expliciter. Il faut en effet tenir compte de deux facteurs (voire trois si on décide d’expliquer ces notions par lettre recommandée avec accusé de réception) :

  • le niveau d’intelligence de la personne qui explique
  • le niveau d’intelligence de la personne à qui l’on explique

Je m’explique.

Admettons par exemple que la personne qui explique ou « expliquant » soit un pauvre type con à bouffer des bites par paquets de douze. Si une telle personne décide de donner sa définition de l’intelligence, elle pourra dire :

« Une personne intelligente est quelqu’un qui bouffe des bites par paquets de douze. »
~ Un gros con à propos de l’intelligence

A contrario, la même personne à qui l’on demanderait sa vision de la folie pourrait affirmer à-brûle-pourpoint :

« Oh le con le mec il lit un livre ! Ouh le gros PD ! Il est fou lui hé ! »
~ Un gros con à propos de la folie

Ce constat bipolaire est le même si on se place du côté de la personne à qui on explique ou « expliqué ». S’il s’agit d’un gros con, il adhèrera sans discussion à la définition proposée par l’expliquant gros con, et s’il s’agit d’une personne intelligente, il prendra ses jambes à son cou en protégeant son portefeuille.

On peut donc affirmer que la définition de l’intelligence est relative. La personne édictant la définition se servant précisément de sa propre intelligence pour concevoir son jugement, ce dernier est implicitement biaisé. Ainsi qu’il l’est par la personne recevant la définition. Et si on faisait un petit ping-pong ?

Thèse

À la lumière de ce qui précède, le lecteur comprendra donc toutes les difficultés auxquelles l'auteur de cet article devra faire face pour démontrer de façon précise et incontestable que la folie est la compagne systématique et inaliénable de nos plus grands artistes. Et pour y parvenir, le mieux est de présenter quelques cas symptomatiques de la relation ambivalente folie/génie.

La folie en littérature

De prime abord, la littérature semble un art facile. Un crayon, une feuille de papier et hop, tout le monde peut se proclamer écrivain. D’ailleurs, le secteur de l’édition est chaque jour envahi de dizaines de nouveaux ouvrages pouvant traiter aussi bien de la culture des plantes à feuilles grasses sous serre que de la révolution mexicaine en passant par des autobiographies plus ou moins romancées de chanteurs, footballeurs voire d’ex-candidats de la télé réalité.

Il serait déplacé de crier au génie à la moindre publication sous prétexte qu’elle s’approche un tant soit peu d’une forme d’art, fut-elle aussi primaire que la littérature. Mais il existe des exceptions, chacune étant autant de preuves que la folie et le génie sont intimement liés. En voici quelques exemples.

Nicolas Gogol

Né à Oulan-Bator en Mongolie le 20 mars 1809, jour de la Sainte-Anne, la patronne des aliénés mentaux, célèbre auteur du « Journal d'un fou », Nicolas Gogol, dont le frère jumeau homozygote souffrait de trisomie 21, n’avait au départ aucune prédisposition pour sombrer dans la folie. Et pourtant. Dès ses premières publications, il était établi que son style d’écriture trahissait un énorme déséquilibre mental à base de délire paranoïaque, allant parfois jusqu’à rendre la lecture totalement incompréhensible. Voici par exemple un fac-similé d’un extrait des « Âmes mortes », une de ses œuvres les plus connues :

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On a clairement affaire ici à une personne qui ne maîtrise même plus son propre corps. Les lettres, mots et phrases se mélangent comme dans une sorte de maelström lexical totalement incompréhensible. Et cela dure comme ça pendant plus de 600 pages. Bien sûr, on a vite fait de crier au génie mais c’est tout simplement parce qu’on ne comprend rien. Et c’est quand même plus commode de dire que c’est génial plutôt qu’inepte car cela évite de passer pour un conservateur béotien qui refuse l’innovation et l’originalité sous prétexte que ça n’a aucun sens. Moi je veux bien mais là franchement, je trouve que c’est pousser le bouchon un peu loin. De toute façon, un mec qui s’appelle Nicolas Gogol, je ne vois pas comment on pourrait le prendre au sérieux. Il a vraiment un prénom de merde.

Guy de Maupassant

Gné

Pas besoin de partir aux confins de l’ex-URSS pour trouver des exemples de génies littéraires débiles mentaux. Guy de Maupassant, qui pourtant a ses entrées sur France 2, une chaîne du service public, a vécu toute sa carrière d’écrivain tout en étant considéré comme l’un des plus grands schizophrènes du XIXe siècle. Pour s’en convaincre, voyez ces quelques lignes extraites de plusieurs de ses romans :

Le village, un gros village, un bourg, apparaissait à quelques centaines de mètres, serré autour de l’église, une église de briques rouges devenues noires avec le temps. (« Le Horla »)

Vous vous êtes offert la fantaisie artiste d’orner l’angle de gauche d’un bibelot tunisien qui vous coûte cher, vous verrez que M. Marrot va vouloir imiter son prédécesseur et orner l’angle de droite avec un bibelot marocain. (« Bel-Ami »)

Et il descendit de la chaire pour terminer sa messe. (« Boule de suif »)

Que constate-t-on ? Une totale incohérence. On a beau pendre ces œuvres dans tous les sens, il n’y a absolument aucun moyen de trouver un lien qui les unisse. Guy de Maupassant qui portait la moustache affiche clairement ici des troubles de la personnalité ; non pas un don d’ubiquité comme on pourrait un peu trop facilement l’affirmer, mais un véritable dédoublement, voire trétriplement, de son psyché qui l’entraîne dans une succession de diatribes indépendantes les unes des autres qui mises bout à bout ne forme qu’un magma complexe au milieu duquel le psychiatre le plus habile parmi les lapins n’y retrouverait pas ses petits.

José Cabréro Arnal

Cette image extraite des « Aventures de Placid et Muzo, N°632 » est l’une des plus célèbre de José Cabréro Arnal. Elle résume à elle seule tous les démons intérieurs de l’auteur et des générations de psychiatres se sont succédé pour en extraire tous les sens sous-jacents. L’axe principal de la scène exprime bien entendu l’obsession sexuelle. Les deux héros enserrent chacun un symbole phallique dans les mains, simulant pour l’un (Muzo) un orgasme démesuré suivant une séance d’onanisme exacerbée tandis que son fidèle compère Placid préfère détourner son regard de l’objet du désir. Placid exprime l’homosexualité refoulée. Il tient fermement le pénis mais ne veut pas le voir. Dans le même temps, il a un hameçon planté dans le cul et sa casquette est trop petite. Les requins symbolisent évidemment la punition indissociable des pensées impures de l’auteur et de la honte qu’elles provoquent en lui, d’où la prise de drogues et l’abus d’alcool. Par contre, la souris dans la boîte de conserve, je sais pas.

Impossible d’évoquer la folie en littérature sans parler d’un des plus grands délires d’auteur connus à ce jour : « Placid et Muzo ». L’auteur en question, José Cabréro Arnal, se place ici dans une posture qui aux yeux du grand public peu habitué à l’exercice de la critique peut passer pour un véritable tour de force mais qui dénote en réalité une simple expression de délires hallucinogènes forcément reliés à des troubles psychiques profonds.

Toute l’œuvre d’Arnal se fonde en effet sur le principe équivoque qu’un ours (« Placid ») et un renard (« Muzo »), deux types d’animaux très connus, subissent (et/ou provoquent) une série de péripéties toutes plus rocambolesques les unes que les autres, tout en étant capables de parler et de marcher sur leurs pattes postérieures avec des chaussures. Et à chaque épisode, ça va plus loin. On retrouve les deux personnages avec des problèmes de voiture, des soucis d’argent, voire aux prises avec une invasion de souris ! Un véritable comble pour des animaux.

L’explication de ces hallucinations se retrouve tout bêtement dans les noms des héros. Il ne faut pas sortir de la cuisse de Jupiter pour comprendre que Placid = Acide (ou LSD) et Muzo = Uzo (ou Pastis grec). Or, mélanger de la drogue et de l’alcool, ça n’a jamais été bon pour le cerveau.

Et pourtant, au lieu d’interner Arnal dans un institut spécialisé afin que lui fussent apportés tous les soins que réclamait son état, il fut encensé par une frange à œillères de la critique qui voyait dans ses œuvres « le goût de la provocation d’un artiste engagé » alors qu’il ne s’agissait que du délire d’un homme fragile et déséquilibré à cause d’une vie dissolue gouvernée par les substances illicites. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’un autre groupe de personnes qui a recours à des substances du même acabit, en l’occurrence les sportifs, ait décidé de considérer Arnal comme le porte-drapeau de leurs expériences interdites, allant jusqu’à baptiser un stade à son nom.

Prêchi-prêcha

L’Ange de la Grâce m’a parlé. La Terre ne risque rien. Polluez, mangez, tuez, forniquez, consommez, votez. La Terre ne risque rien. Ne les croyez pas. La Terre ne risque rien.

C’est l’Homme qui se meurt.

La folie au cinéma

Charlie Chaplin (et madame), les traits déformés par la folie.

On peut distinguer trois grandes périodes représentatives de la folie au cinéma. La première correspond à tout ce qui s’est passé avant l’invention du cinématographe par les frères Lumière. Les deux autres sont séparées par ce qui d’après la majorité des historiens du 7ième art a été considérée comme une véritable rupture (brisure/cassure ?) dans la façon d’aborder la création des films, l’apparition des Charlots.

Ce groupe d’iconoclastes issu de la mouvance underground parisienne[2] a donné un véritable coup de pied dans la fourmilière dépoussiérant comme une femme de ménage portugaise la toile d’araignée que représentait le cinéma d’avant. Certes, avant les Charlots, d’autres artistes avaient clairement affiché des signes de troubles mentaux dans certains longs-métrages mais pas au point d’en faire une mode, que dis-je[3], un mouvement de grande envergure. J’en profite donc pour rendre un hommage légitime aux prédécesseurs des Charlots dont les problèmes psychiques ont contribué à faire du cinéma un art à part entière :

  • Charlie Chaplin qui connaissait des crises de frénétisme exacerbé, ce qu’on retrouve dans la majorité de ses films où il a tendance à se déplacer de façon trop rapide pour ce que fut naturel.
  • Buster Keaton qui souffrait clairement d’une forme rare de mutisme puisqu’on ne l’entend jamais prononcer un seul mot dans ses films, préférant faire passer ses messages par le truchement de pancartes.
  • Michel Simon, alcoolique notoire
  • Laurel et Hardy qui combinaient pratiquement l’ensemble des maux des artistes précédemment cités, en plus d’un complexe d’infériorité pour Laurel et d’un problème de boulimie pour Hardy, maladie synonyme de détresse mentale s’il en est.

Tous ces artistes ayant en outre une forte tendance à la dépression puisque ce qu’on remarque d’emblée en contemplant leurs œuvres, c’est qu’ils voyaient tout en noir.

Les Charlots

« Je suis né de la folie, et la folie me tuera »
~ Gérard Rinaldi

Puis au début de la décennie des 70’s, tout bascule. Alors que les artistes liés au monde du cinéma ne faisaient que subir leur folie sans réellement en comprendre les arcanes ni pouvoir en maîtriser les débordements, les Charlots vont au contraire utiliser cette folie comme un catalyseur à leur créativité. Ils ne nieront pas leur démence, ils la canaliseront, la cannibaliseront, la mixeront dans le broyeur de l’imagination pour qu’elle devienne le moteur de leur œuvre. « Les Charlots sont au cinéma ce que Van Gogh fut à l’otorhinolaryngologie » dira André Malraux. Autrement dit, on ne soigne pas, on tranche.

D’emblée, leurs productions majeures sont toutes empreintes de folie et plutôt que de le cacher, ils revendiquent cette orientation artistique novatrice en plaidant la cause de la folie à tous bouts de champs. Ainsi se forme au fil de leur carrière ce qu’on appellera la « Tétralogie de la Folie », entamée en 1971 avec « Les Bidasses en Folie », poursuivie en 1972 avec « Les Fous du Stade » puis en 1974 avec le controversé « Les Charlots en folie » et l’apothéose, « Le Retour des Bidasses en Folie », qui a nécessité 11 ans de travail puisqu’il n’est arrivé sur les écrans qu’en 1983.

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Comme on le voit sur le livret récapitulatif ci-dessus, les Charlots ont voulu avant tout conserver une cohérence artistique en ce qui concerne la mise en avant de leurs opus cinématographiques. Le gimmick du personnage légèrement hippie est repris systématiquement sur les affiches mais à chaque fois dans un décor nouveau. Artistes engagés, ils dénoncent avec une force omniprésente l'oppression militaire, les résultats des sportifs français aux épreuves internationales ou encore les abus de pouvoir du Cardinal de Richelieu. Sur ce dernier point, principalement abordé dans « Les Charlots en Folie », les exégètes sont assez divisés. Certains y voient une métaphore de la transition entre les mandats présidentiels de Pompidou et de Giscard d’Estaing et les autres ont raté la séance.

Quoi qu’il en soit, il y aura un cinéma avant les Charlots et un cinéma après les Charlots. Leur influence s’étendra au-delà des frontières. Parmi les héritiers de ce monde de folie, on pourra citer Hugh Hudson qui produira dès 1981 « Les Charlots de feu », un film qui stigmatise avec la même débilité profonde les conflits sportifs, culturels et religieux, parfaitement en phase avec l’œuvre de ses Maîtres. Milos Forman lui-même affirme avoir beaucoup appris des Charlots lorsqu’il a dû faire le casting des personnages secondaires de « Vol au dessus d’un Nid de Coucous » et très récemment, « Shutter Island » de Martin Scorcèse retentit comme un écho à un film transitoire et peu connu dans l’œuvre des Charlots, « Les Charlots en Délire » (1979), ou ils évoquent à demi-mots la folie mais sans jamais la citer, comme si elle représentait une force invisible[4] contre laquelle il faut lutter en permanence.

Jennifer

Jennifer ne bouge plus. Son ventre coule dans mes mains ; sensation bizarre. Elle ne me répond pas. Plus. Le vide dans ses yeux. Un froid pâle balaye son visage. Je souris. Un couteau tombe à plat sur le parquet. Quelque chose bouge en elle. Ça fera 9 mois demain. Je ramasse mon couteau.

Sculpture et folie

L'autisme se caractérise par l'isolement mental du patient. Impossible de savoir à quoi il pense, ni même s'il pense.

Les pathologies mentales touchant l'art sculptural ont une spécificité qui, à l'instar de la plupart des spécificités, leur est propre. Non seulement les sculpteurs sont malades, mais en plus ils contaminent leurs œuvres dans un processus que les psychanalystes appellent un transfert.

Que remarque-t-on en effet lorsqu'on examine de près une sculpture ? Eh bien, le sujet est en règle générale figé dans une posture assez peu naturelle. Il est immobile, enfermé sur lui-même et ne communique que peu voire pas du tout avec son entourage. Mis bout à bout, ces symptômes portent un nom : l'autisme. Les sculptures, et donc par extrapolation les sculpteurs qui comme tous les artistes projettent leur vie dans leurs œuvres, sont tout bêtement des autistes. D'ailleurs on soulignera qu'entre "artiste" et "autiste", il n'y a qu'un pas en forme de lettre.

Mais pour comprendre les origines de la propagation de l'autisme dans la sculpture, il faut remonter à la source même de cet art, l'Antiquité. Il existe en effet un point commun à l'ensemble des statues antiques représentant des hommes : ils ont des toutes petites bites. Là encore, on peut en déduire que les sculpteurs ont eux aussi des sexes ridicules et qu'en conséquence, tout le monde s'est foutu de leur gueule dans les vestiaires, ce qui a entraîné le développement d'un énorme complexe d'infériorité qui les a incité à se replier sur eux-même. Et de génération en génération, cet auto-enfermement contraint s'est métamorphosé en autisme subi.

Cette thèse, défendue par un grand nombre d'historiens de l'art, est corroboré par les récentes découvertes réalisées dans le site de fouilles de Kénèques en Crête. On y a découvert une tablette gravée qui fait justement état de la détresse morale dans laquelle se trouvent les sculpteurs du fait de leur absence de virilité. Voici cette tablette qui aurait été rédigée par le philosophe et médecin grec Mikropenis (Ve siècle avant J.-C. environ).

"Ha ha la honte le mec ! Il a une toute petite bite ! Petite bite, petite bite, petite bite !" (traduction de Pierre-Louis Champollion effectuée en 1897)

Yukio Mishima

Haiku

La honte à la tête La lame à la main

Couic.


La musique en folie

Le Général Dézeaux et sa compagnie, prêts à en découdre avec ces salauds.

On pourrait disserter pendant des pages et des pages sur les nombreux exemples de comportements anormaux qui émaillent l’histoire de la musique. Mais comme je n’ai qu’une page à ma disposition, je vais me focaliser sur un sujet particulier, qui est après tout l’archétype le plus évident que l’art musical et la folie sont cousins, la musique militaire.

Les compositeurs de musique militaire souffrent tous sans exception d’une maladie mentale relativement répandue, bien documentée, mais contre laquelle il n’existe malheureusement que peu de traitements : le trouble obsessionnel compulsif (TOC). Le principal symptôme du trouble obsessionnel compulsif est lié au besoin de répéter sans arrêt les mêmes gestes, à défaut de quoi le sujet est en proie à des craintes irrationnels si sa « routine » n’est pas respectée. Or, s’il est bien des domaines où la répétition est primordiale, c’est bien la musique en groupe et la discipline militaire. La musique militaire combinant les deux, il était fatal que ses plus grands représentants souffrent de TOC.

L'exemple le plus frappant de ce processus de répétition irrépressible et incessant des mêmes actions chez les musiciens militaires nous est donné par Henry Kanjmebrül, auteur d'une biographie très documentée sur le plus célèbre d'entre eux, le Général Dézeaux (1871-1944), chef de la Fanfare de la 5ème Compagnie de Fusiliers-Marins. Extrait[5].

Les signes précurseurs des problèmes de troubles obsessionnels compulsifs dont souffrait le Général Dézeaux ont coïncidé avec son entrée dans l'armée. Dès son premier jour sous les drapeaux en 1889, il décida que sa vie devrait être rythmée par des routines : lever à heure fixe, rasage, habillage, pipi, popo, exercices militaires, etc... Le moindre changement dans ces habitudes le mettait dans des rages folles. Et cela empira au fur et à mesure qu'il prit du galon. Dès qu'il devint sergent, son vocabulaire se restreignit à une poignée de termes qu'il répétait inlassablement : "à gauche, gauche! en avant, marche ! Demi-tour, droite ! Gaaaaaarde à vous !..." sans aucun repos.


Embarrassées par ce comportement et ne sachant que faire de cet encombrant troufion qui entrainait souvent des troupes entières avec lui et causait d'immenses dégâts, les instances militaires préférèrent pour avoir la paix promouvoir Dézeaux au rang de général et le muter à un poste inoffensif, chef de la Fanfare de la 5ème Compagnie de Fusiliers-Marins. Il ne changea pas de comportement pour autant. Il resta coincé dans des routines de répétition. Seule nouveauté, les termes employés différèrent puisqu'il n'exprimait plus que 7 mots : "do, ré, mi, fa sol, la si". Mais il demandait à toute sa fanfare de les répéter avec lui, et ce jusqu'en 1938 où il mourut étouffé par un caporal joueur de trompette mal embouché.

Mais comme disait ce père de famille haïtien en retrouvant par hasard un vieux porte-clés dans les décombres de sa maison ou ses quatre enfants venaient de mourir écrasés suite au tremblement de terre, « À quelque chose malheur est bon ». Le fait est que le Général Dézeaux exploita son handicap mental de façon optimale en produisant une œuvre musico-militaire pléthorique sinon variée. C'est à lui qu'on doit notamment les incontournables hits comme on disait il y a 10 ans tels que « Mourir pour la France », « Je me suis pris les pieds dans l'intestin », « Un obus de 12 dans ta gueule » ou encore « Deutschland über alles ! Heil Hitler ! », sa dernière composition.

Bon à savoir

Un disque "Tai-Tai Productions", en vente aux Puces de Clignancourt (92)

Plus près de nous et avec heureusement moins de conséquences pour l'environnement auditif, on note une autre source de combinaison "créativité artistique musicale/maladie mentale" dans la sous-catégorie des rappeurs français. À quelques rares exceptions près[6], ils souffrent du fameux syndrome de Gilles de la Tourette, du nom du neurologue français qui le premier l'a mis en évidence à la fin du XIXe siècle. Rappelons pour les abrutis qui aurait manqué le cours de psychiatrie appliquée au programme du CE2 que les patients souffrant de ce syndrome profèrent en permanence et de façon incontrôlée des insanités, insultes et autres grossièretés. Mais il ne faut pas les juger, ils ne sont pas maîtres de leurs cerveaux, ce syndrome cachant en réalité une timidité exacerbée qu'ils compensent par une attitude exprimant ce que Françoise Sagan appellerait « L'excès contraire ».

Voilà ce que cela donne par exemple dans le dernier album de Morsay avec le titre « Mignonne (sa mère la pute) » :


Mignonne, allons voir si la rose sa mère la pute Qui ce matin avait éclose j'la nique Sa robe de pourpre au Soleil des puces de Clignancourt N'a point perdu cette vesprée spéciale dédicace à Tai-Tai Les plis de sa robe pourprée nique les skins, les keufs et les poucaves Et son teint au vostre pareil j'encule sa race. Las ! voyez comme en peu d'espace celui qui m'emmerde j'l'attache dans la camionnette Mignonne, elle a dessus la place et mon pote il l'encule j'lui donne 10 € Las ! las ses beautés laissé cheoir ! Putain qu'est-ce que je raconte moi ? Ô vraiment marastre Nature, heu... Sa mère la pute ! Puisqu'une telle fleur ne dure il t'éclate le cul ta race Que du matin jusques au soir on va t'en foutre plein la gueule

Donc, si vous me croyez, mignonne, j'nique ta femme, ta sœur, ton père Tandis que votre âge fleuronne non pas ton père, ça c'est Tai-Tai ce gros PD de sa race j'l'encule (heu non merde) En sa plus verte nouveauté, petit coquinou Cueillez, cueillez votre jeunesse : enculé, enculé ! Comme a cette fleur la vieillesse qui va te foutre son poing dans le fion Fera ternir votre beauté, na !

Donc, si vous me croyez, mignonne, sale pute ta mère Tandis que votre âge fleuronne ouais t'as raison En sa plus verte nouveauté, spéciale dédicace aux enculés d'Internet Cueillez, cueillez votre jeunesse : enculés, enculés ! Comme à ceste fleur la vieillesse 9-2 ! 9-2 ! Fera ternir votre beauté. Achetez mon CD, sa mère la pute.

—Morsay

Bon à rien

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En guise de conclusion

Hélas, le temps qui m'était imparti touche à sa fin et je vais donc devoir conclure. Les nombreux exemples donnés tout au long de cet édifiant exposé vous ont tout de même permis de comprendre que culture et folie sont comme le disent les spécialistes de la physique quantique et des mots de 11 lettres en intrication. L'un va avec l'autre et l'autre ne va pas sans l'un. Et ce pour toutes les formes de cultures. On aurait pu en effet continuer la démonstration de cette thèse en prenant les exemple de l'agriculture (avec le fameux "grain de folie"), l'ostréiculture (secteur où les professionnels se ferment comme des huîtres dès qu'on les approche, surtout si on leur envoie du citron dans l'œil) ou encore l'oviculture, c'est à dire l'élevage des moutons. Tout le monde a en effet entendu parler des folies bergères.

Mais ce sera pour une prochaine fois, là j'ai un concert de didgeridoo électrique avec Morsay au musée de la viande hachée de Reikjavik.

Comment ça "petite bite" ?


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Références

  1. Oui
  2. Deux d’entre eux travaillaient au service nettoyage de la station de métro Jules-Joffrin dans le XVIIIe arrondissement de Paris
  3. Une mode
  4.  
  5. "Général Dézeaux et compagnie : TOC, pouët et badaboum", de Henry Kanjmebrül, 545 pages, éditions France Armée
  6. Liste envoyée sur simple demande écrite


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