Statistiques
Vous avez sûrement déjà entendu dire des statistiques : « On leur fait dire ce qu'on veut »...oh que oui ! Cette remarque s'appliquerait tout aussi bien à Kermit la grenouille ou à Jean-Pierre Pernault, mais soit, disons que ce n'est pas faux. Pas faux, et très certainement vrai pour le commun des bouffons mais voilà : votre serviteur n'est pas un bouffon comme les autres[1] et on ne l'y prend pas.
Tout le monde ne fait pas dire ce qu'il veut aux statistiques. Qui ne sait pas réunir le triptyque media-pouvoir-institut de sondage (et donc qui n'est pas Laurence Parisot par exemple) s'en ramasse une sévère lorsqu'il tente de les plier, en pariant par exemple sur sa présence au second tour.
Ronald Aylmer Fisher, qui a inventé d'une main la variance et le maximum de vraisemblance, te livre une statistique : | |
Je viendrai relever le niveau de cet article dans 25% des cas. |
Ce que c'est tout le monde le sait, et n'est pas là laissé à l'essai. Lassante, la définition d'une statistique hélas n'a sa place ici que pour ressasser l'insensé glossaire : « La statistique est à la fois une science formelle, une méthode et une technique. Elle comprend la collecte, l'analyse, l'interprétation de données ainsi que la présentation de ces données afin de les rendre lisibles et souples sur les pattes arrières. »[2]
Dès qu'on l'appréhende, une statistique sent l'Eric Nolot : chiante, inutile et allant de paire avec une bonne tarte dans la gueule. Certes. Mais vous êtes-vous déjà demandé ce que serait le monde sans les stats, les chiffres et autres sondages ?
Eh bien une simulation constituera notre avant-propos...
Le monde sans les statistiques
Ronald Aylmer Fisher, qui a inventé d'une main la variance et le maximum de vraisemblance, te livre une statistique : | |
People : 98% des français pensent que la mère de Valérie Damidot aurait dû se faire ligaturer les genoux. |
Un monde sans statistique, c'est comme le dirait Gerard Depardieu « un repas sans fromage, un bûcheron sans moustache ou un film d'auteur sans ma couille ».
Une vision du monde
Conclusion : les statistiques servent à gagner du temps.
Une autre vision du monde
La Terre.
Une planète bleue peuplée de 6 872 073 030 pers... non 6 872 073 042... non 6 872 073 055...non 6 872 073 086 perso...mais putain... 6 872 073 127...
MERDE !
Conclusion : les statistiques servent à gagner beaucoup de temps.
Le monde avec les stats
Les faux sceptiques diront de la merde et n'auront pas encore saisi le caractère vital de la chose. Pas de la chose sexuelle, c'est très bien expliqué ici. Mais de la chose statistique, si fondamentale aujourd'hui qu'elle permet dans sa justesse relative d'imposer majorité absolue à 50% des voix + 1. Si esthétique qu'elle fait du chômage, c'est-à-dire...
Et si harmonieuse qu'elle fait de toi et de moi...1 foyer fiscal (avec plus ou moins de parts).
Ronald Aylmer Fisher, qui a inventé d'une main la variance et le maximum de vraisemblance, te livre une statistique : | |
Société : 1 femme sur 5 seulement est consciente pendant un rapport sexuel. |
Alors pour ceux qui hésitent encore un bref retour historique s'impose.
Histoire de comprendre
Bien que le mot statistique vienne de l'allemand Staatskunde (parce que l'inventeur germain avait enfin trouvé un moyen de cataloguer les gens en 2 staatskondes) et apparaisse au XVIIIe siècle, les statistiques sont venues au monde bien après.
Ronald Aylmer Fisher, qui a inventé d'une main la variance et le maximum de vraisemblance, te livre une statistique : | |
Histoire : Si l'essence avait augmenté aussi vite que la baguette de pain en quarante ans[3] on dirait oh lala c'est vachement cher. |
C'est dans une petite bourgade parisienne qu'un beau jour de 1968 naquirent les 3 Statistiques, filles d'Opinionpublik : Sondage, Présage et Ifop
Ifop l'aînée ne servait à rien. Personne ne croyait ce qu'elle disait puisque c'était la patronne des patronnes (que nous appellerons Paris Lorenzot pour conserver son anonymat) qui était sa mère. Et cela la décrédibilisait grandement vis-à-vis du bas prolétariat constructeur de pyramides.
Sondage, fruit de l'union entre le mortel Opinionpublik et la divine Ipsos – déesse des constats banaux et des esthéticiennes, était plus respectable que sa sœur et plus inoffensive puisqu'elle se contentait de relayer les choses insignifiantes de la vie[4].
Toutes deux étaient des filles aimantes. Mais Présage quant à elle était née de mère d'inconnue. Différente, elle avait des envies d'imaginaire, de transformation et d'épanouissement personnel. Sortir des ouvriers battus, des constatations bénignes et de sa prévisibilité pour vivre et créer d'elle-même, sans Opinionpublik pour la juguler et lui faire admettre les possibles.
Vint un jour où les trois filles durent trouver à s'occuper sur le marché de l'emploi, qui est très exigeant il faut le reconnaître. Ses deux sœurs avaient donc ouvert un centre de massage à Opinionpublik pour le flatter et tenter de le garder le plus longtemps possible de leur côté en entamant une relation incestueuse trioliste sans aucun avenir. Et contrairement à elles, Présage avait décidé de se passer de son seing paternel, défiant le fil de la vie qu'elle aurait dû tisser, bonne moire[5].
Ifop et Sondage se portaient très bien puisqu'elles étaient entretenues par la mauvaise grande fortune de leur saint de père et se nourrissaient de ses chiffres enattentionàlamarché de pauvre Opinionpublik. Mais notre excentrique, elle, trop fière pour se résoudre à courber l'échine devant la force de l'âge, continua de tenter de trouver sa propre voie, toujours urnée[6] vers l'avenir. Seulement un jour elle eut trop faim ! Et il lui fallut aller crier famine, à Sondage sa voisine...
Elle la remercia et se jeta sur les restes. Mais, affamée, elle les engloutit en quelques secondes et décida d'aller voir Ifop. Cette dernière trouva qu'elle n'avait que les os et la peau, et décida elle aussi de sacrifier un morceau de son repas.
Peu importe, Présage emporta tout et se fit un gros festin sans penser au lendemain.
Toute la nuit elle eut mal au ventre, et se retourna dans son lit jusqu'à être cuite des deux cotés. Et au réveil elle dut aller vomir tout ce qui restait dans son estomac[8]. C'est là que l'idée lui vint.
Elle avait ingéré les productions plus ou moins douteuses de ses sœurs, comme tous les glands de ce monde...et avait subi le ressac le lendemain matin. Toutes ces données étaient trop nombreuses, et dans sa gourmandise elle n'avait su faire un tri pour les prendre avec parcimonie. Alors le mélange avait été indigeste, et le résultat décevant comme un bazoom raté. Pas à la hauteur des ingrédients certes inutiles mais de très bonne facture que lui avaient donné ses sœurs. « Alors comme ça manger du Sondage et de l'Ifop à outrance fait vomir ? Et il ne reste plus rien le lendemain ? C'est peut-être là qu'est ma place de Présage...je dois m'en nourrir un peu pour restituer l'essentiel aux malheureux qui n'ont rien sous la dent le jour suivant ! Et ne pas gaspiller... »
Présage fit fortune très rapidement après cet épisode. Laissant Sondage et Ifop endormir leur père, elle entra en politique et décida de faire des plans sur la moquette, en conservant sa technique consistant à récupérer gratuitement des miettes des chiffres de ses sœurs pour affûter ses prédictions.
Car c'est ce qu'elle fit jusqu'à la fin de ses jours : digérer pour le peuple les statistiques de Sondage et d'Ifop (engendrées par Ipsos et Paris Lorenzot), et les lui distiller sous forme de projections dans l'avenir, sans tenir compte d'Opinionpublik.
Des goûts, des stats
Les statistiques servent aujourd'hui les trois desseins des trois sœurs[9] : Sondage est inutile et sait combien de Français partent au Cap d'Agde chaque année, Ifop est utilisée par sa mère pour influencer son père et Présage augure la fin de la crise, la paix dans le monde, l'abondance en pétrole et l'hégémonie des verts en 2052. Pour quelle raison ? Pour nous permettre de nous faire une idée arbitraire de ce qui est relativement juste, et gagner du temps !
Ronald Aylmer Fisher, qui a inventé d'une main la variance et le maximum de vraisemblance, te livre une statistique : | |
Télévision : Sur cent français, 4 seulement regardent Attention à la marche. |
À chaque goût sa stat, sans hésitation aucune ! Les statistiques servent à placer dans des catégories absolument tout. Elles permettent de mettre un nombre sur la population de mangeurs de camembert au réveil (36% des français), ou sur le groupe de ceux qui embrasseront leurs enfants avant de partir à l'école (54%), tout en précisant que seulement 27% d'entre eux prendront le soin de se brosser les dents entre les deux.
Toute aspiration, toute réussite et tout échec est statistiquement prévisible. Il n'y avait quasiment aucun présage vous laissant à penser que votre enfant naitrait hermaphrodite, myopathe et albinos et deviendrait tout de même un dictateur ? Non ?
Eh bien si, 0,007% de chance en fait.
Vous vous en doutiez ?
Mais retirez myopathe à ses caractères et il aura 98% de chances de devenir Ministre de l'Identité Nationale (ou de l'Intérieur). Les chiffres envisagent tout, et nous exhortefeux de tout envisager.
Cela dit d'une façon générale, les statistiques ne se foulent pas trop et déduisent du calendrier des dieux du stade accroché dans votre salle de bain que vous aimez réellement le rugby, comme dirait l'autre.
Mais enfin, à part possibiliser des possibilités, quantifier des quantités ou simuler des simulacres, à quoi peuvent bien servir ces serviteurs médiatiques aujourd'hui ? Pourquoi leur culte par l'inculte, et leur culture par les occulteurs ?
« Les statistiques, on leur fait dire ce qu'on veut ». Peut-être bien que la minime populaire a ici frôlé du front un poing essentiel...mais longtemps passera avant qu'elle n'uppercute. Nous sommes OK pour l'y aider.
Les Stats : le vampire
Nous rentrons ici dans le vif du sujet et c'est là que nos chercheurs ont innové en présentant une théorie réellement à eux : celle de la chauve-souris. Nous ne parlerons pas ici de l'autonomase métonymique du grand esprit Jean-Marie Bigard ou de Jean-Pierre Coffe quand il nous fait l'honneur d'annoncer pour Leader Price en arborant ses trois dents. Mais de la stat qui vampirise et qui RESSEMBLE à une chauve-souris ! Démonstration.
Il s'agit là sûrement d'une blague entre eux.
D'aucuns diront que la stat est un brad type, mais c'est qu'ils auront mal compris le film. En réalité la stat se fout totalement de ses victimes.
Le seul avantage qu'auraient les statistiques quand elles vous mordent par rapport aux autres vampires comme Tom Cruise c'est qu'elles ne vous laissent pas mourir : elles vous transforment en l'une des leurs. Vous alimentez la criminalité, la canicule ou les accidents de la route, et devenez à votre tour une statistique qui vampirisera les gfoules.
Fred et Jamy ont quelque chose à t'apprendre : | |
Salut Fred ! Eh bien oui, la machine est bien rodée. Dès le XVIIIe siècle, les romains avaient compris que pour se protéger des dinosaures il leur fallait propager un hiver nucléaire. C'est pour cela qu'ils utilisèrent une quantité gigantesque de combustible fait de vieux fossiles. Par ses propriétés il auto-alimenta la centrale frigorifique en statistiques crédibles et permit de geler le conflit assez longtemps pour leur permettre de proclamer |
De la manipulation des statistiques par un utilisateur lambada
Qui voudra à tort tordre les statistiques comme les convictions du PS ne les brisera pas, qu'il se rassure, mais risque fort d'obtenir une marionnette aux Guignols de l'info et une rubrique hebdomadaire dans le Canard Enchaîné. C'est un constat empirique.
Pourquoi quand je calcule vient l'autre Kiri quand... Bref.
Les statistiques sont à manipuler avec précaution, surtout par monsieur tout-le-monde. Car il arrive très souvent qu'on pense pouvoir passer les éliminatoires du mondial et que non en fait. Ou qu'on gagne, paire d'as contre sept et deux, et pareil non en fait. Ou encore que les préservatifs sont fiables à 99% et que, ben oui en fait, on a pas de chance.
De la manipulation par l'averti
Il est difficile de savoir exactement comment l'averti manipule les chiffres. Beaucoup pensent qu'il y a des petits fils au-dessus qu'on voit pas à la télé parce que c'est retouché en 3D. D'autres suggèrent qu'une toxine serait libérée par des canaux bien choisis comme Chérie fm ou Koh Lanta pour non pas manipuler les chiffres mais faire qu'on les prennent pour de la publicité entre deux prouesses intellectuelles, et qu'on les ignore.
Notre équipe pense que les deux ont un peu raison. Qu'on en torde le référentiel et la définition, ou qu'on en abrutisse le peuple par inseemination, l'expert a toujours une longueur d'avance.
Et cette longueur d'avance, c'est le membre du statisticien.
Du métier de statisticien
Le statisticien est une sorte de généticien des statistiques. Tantôt ils les fait muter (on appelle cela le mutisme des statistiques) tantôt il les fait s'aimer et s'accoupler (on appelle cela le même couplet des statistiques). C'est cette prédisposition au progrès que nous appellerons : le génie créatif.
Nous le savons déjà, les chiffres naissent des sondages bancals publiés au compte-goutte par l'Ifop ou l'Ipsos qui pensent que l'opinion publique peut se mesurer sur les Champs sur un panel de 1 000 personnes.
Mais le génie créatif du statisticien, parfois moins jardinier que présagiste, c'est de n'en retenir que l'essentiellement néfaste pour supputer à fond sur ce que nous réserve inépuisable l'avenir.
Alors c'est comme dans le cochon, pour eux tout est bon pour une prédiction. Cela permet donc aux intellectuels d'étayer leurs propos, aussi hors de propos qu'ils soient, et de détenir la vérité. En affirmant par exemple avec conviction que...
Rappelons-nous qu'ils s'adressent par définition à moins compétents, ce qui les excuse pour beaucoup dans cette tendance à nous surestimer en croyant que nous comprenons de quoi ils parlent. Nous risquerons donc une légère critique en disant que, parfois, les statistiques peuvent paraître légèrement absconses. Très légèrement. Rien d'étonnant à ce que les exigences de nos leaders baissent vis-à-vis des statisticiens, ces hommes avant tout. Leur travail se cantonne désormais à former des bâtonnets d'une couleur suffisamment communicative pour le lobe gauche des petits colins que nous sommes. Igloo, igloo, igloo...
Garden Stats
Le statisticien cultive pour autant ses stats avec amour, car en plus de sentir bon elles lui permettent d'être un peu comme Nostradamus : un très bon polémiste du futur. Et rien ne le délecte plus que d'avoir eu raison ou presque. Plutôt presque d'ailleurs ces temps-ci.
Annoncer Lepen en final de la coup du monde 2002 ou le refus catégorique du Traité établissant une constitution pour l'Uruguay sont des exemples de ce que, en bon statisticien, il lui est possible de prévoir. Et à une vache près, ces prévisions se réalisent toutes (nous pouvons aussi citer comme prévisions qui se sont à peu près produites : les émeus débarquant sur les banlieues en 2005, le Katsuni en Thaïlande en 2004, le massacre des huskies à coup de poutous au Rwanda en 1994 ou le premier homme se prenant un coup dans la lune en 69).
Les statistiques sont un grand jardin où se côtoient de façon plus ou moins cohérente hier et demain. Et si le résultat est parfois surprenant, gardons à l'esprit que l'erreur est humaine. Et les statistiques aussi.
Ronald Aylmer Fisher, qui a inventé d'une main la variance et le maximum de vraisemblance, te livre une statistique : | |
Éducation : Si la Terre était une école, 97% des enfants seraient en maternelle, 2% en primaire et 1% en quatrième techno. |
De la seule statistique qui vaille
Ce que nous enseignent les statisticiens, ce dont il faut se rappeler et dont il est certain, c'est que dans la fourchette comprise entre le presque sûr et le très peu probable rien n'est acquis. Et un enseignement pareil ce n'est pas facile à digérer.
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Décidément je suis très contente, avec cet article je conserve ma ligne en ne me privant pas à chaque repas ! |
C'est un bon point.
Mais une statistique est à ce jour inégalée de par sa performance et son absolutisme jubilatoire :
Et ça, c'est vraiment vrai. Tout le monde meurt à la fin de sa vie. Ce, sans aucune alternative, contrairement aux prétentions des religieux et de leurs irrations de survies pour le troisième millénaire... Tout le monde crève, daï, rend l'âme, disparaît, passe l'arme à gauche, trépasse ou part en vacances très loin comme papa mon enfant. C'est inexorable, un peu comme la pendaison de Tim Burton après son remake d'Alice.
On ne peut en dire autant de rien d'autre. Tout a une fin, sauf la banane qui en a deux...
Ronald Aylmer Fisher, qui a inventé d'une main la variance et le maximum de vraisemblance, te livre une statistique : | |
Culture générale : Par opposition, la chose la plus improbable au monde (1 picopourcent de se produire) est l'apparition de trois saucisses dans une boîte de cassoulet pour deux personne. |
Qu'en est-il alors des stats et de leur rapport très étroit[11] avec le chômage, l'éducation, le football et le cassoulet en boîte ?
Nous avons sonné les sondés cloches à la fin de la rédaction de cet article. Et il semblerait que nous ayons prouvé à une majorité absolue que les statistiques sont comme les mots : on ne peut pas toujours leur faire dire ce qu'on veut.
Notes
- ↑ ce n'est même pas un bouffon alors...
- ↑ Cette définition est sous licence WTF
- ↑ fois 62 pour les curieux, oh lala c'est vachement beaucoup
- ↑ une sorte de commentateur sportif de curling
- ↑ Pourquoi moire ? Parques que.
- ↑ (et sévèremenb !)
- ↑ Cette section manquait d'illustration, il fallait imager le propos.
- ↑ Et non, je ne m'abaissera pas à parler de Nicolas Sarkozy une fois de plus dans mon article. D'ailleurs je tire la chasse tient.
- ↑ soit un sein par sœur
- ↑ 34% des gens comprendront cette phrase comme il se doit
- ↑ ça fait seize (parce que si c'est étroit ça fait seize)
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