Merci Stephen, c’est trop, je n'en demandais pas tant. Voilà ton chèque de 50 000 $.
Ensuite l’effet d’annonce. Il réunit les extraits les plus effrayants de l’histoire et idéalement il met en scène un quidam lambda auquel le chaland blasé s’identifiera et dont il ressentira les émotions par procuration.
Pour finir, il est toujours bon de laisser sous-entendre qu’il s’agit d’une histoire vraie. Pour ce faire, il faut parsemer l’histoire de détails existants (lieu, personnes connues, faits réels... )
... et en bonus, ne pas hésiter à glisser tout le long de l’histoire des messages subliminaux[2] qui auront tout de même leur petit effet, si l’histoire tient du nanar (note : voyez comme l’auteur de cet article prend mille précautions et s’excuse d’avance des inepties qui vont suivre).
Entretien avec des souvenirs
ou
Écriture au fil de l'eau trouble
Dans le salon
Devant son écran, Haïdi découvre le thème du dÉsencyclothon, « les montres, la parano mâle et les sciences naturelles … ». Écrire quelque chose d'amusant là-dessus, galère, songea-t-elle, d'autant qu’excepté l’alcool ingurgité par celui qui avait pondu le sujet, elle n’arrivait pas à faire le lien entre l’horlogerie, la psychologie masculine et les cours de SVT... au temps pour elle, après relecture elle se rend compte que le sujet est « les monstres, le paranormal et le surnaturel... » alors écrire quelque chose de pas trop bateau là-dessus, galère, songea-t-elle, d’autant qu’elle classe ce genre de fantaisie dans la catégorie perte de temps pour beaufs crédules et ados attardés. Elle fut un instant tentée de zapper puis elle se souvint. À une époque pas si lointaine, l'étrange, le paranormal, tous ces machins horribles que l’on imagine pour se faire peur, c'était sa came.
Elle se revit étudiante avec son mec de l'époque qui était un véritable canon (ici l'auteuse explique que sa vie est mille fois meilleure que la vôtre), faisant la queue au cinoche pour 28 Jours plus tard. Flashback sur son adolescence, et un soupçon de frisson lui parcourut l'échine aux souvenirs des séances de spiritisme à la lumière des bougies, de son acné virulente (ici l'auteuse a la volonté d'humaniser un peu son personnage en avouant un petit détail honteux) et des légendes urbaines qu’elle se plaisait à relayer pendant les pyjama party.
Focus sur son enfance, et elle se remémora une fillette en chemise de nuit "Mini" planquée dans le couloir pour capter des bribes d'Evil Dead en cachette de ses parents. Elle avait passé les mois suivants les boyaux tordus d’angoisse chaque fois qu’approchait l’heure d’aller se coucher, mais cet exploit avait fait d’elle la star du CP (l'auteuse sous-entend que déjà enfant, elle avait énormément de charisme et tout le monde l'aimait bien).
Oui, elle avait de la matière rangée quelque part pour cet article, il suffisait de remettre la main dessus.
Elle se leva d'un coup et ses pieds nus sur le carrelage frais la menèrent jusqu'au couloir de l'entrée. Elle s'arrêta devant le placard aménagé sous l'escalier qui lui sert de fourre-tout et de cache-misère. « Je les ai rangés là, je crois » murmura-t-elle en activant la clenche de la porte en bois. Les gonds grincèrent, elle pénétra dans le placard et chose étonnante, elle referma la porte derrière elle.
Elle tâta à l’aveugle, cherchant la ficelle qui faisait office d’interrupteur et l’ampoule à tungstène, qui certes n’était écologiquement pas dans l’air du temps mais bien meilleur marché à l’achat que les ampoules basse consommation, éclaira de ses 10 W l’intérieur du placard (et puis vous n'allez pas faire chier pour 10 W). Elle ne s'était pas trompée. Ils étaient bien là. Quatre ans en arrière, lorsqu'elle avait emménagé, elle les avait casés dans le placard, se disant qu'elle ferait le tri plus tard, quitte à faire plusieurs allers-retours à la déchèterie. Mais comme avec toutes les bonnes résolutions qu'elle prenait, elle ne s’y tint pas et résultat, ils étaient exactement là où elle les avait laissés : La Dame Blanche qui l'avait maintes fois fait flipper sur la route du retour du Macumba « la plus grande discothèque du monde » ; le poltergeist qui se matérialisait dans chaque bruit suspect lorsqu'elle était seule et légèrement en panique ; Freddy Krueger pour un portrait à la gouache avec lequel elle avait récolté un 23/20 en arts plastiques (l'auteuse profite de cette dernière info pour glisser au lecteur qu'elle est bourrée de talent) ; Karl Lagerfeld qui... Karl Lagerfeld ?
— Heu … Karl Lagerfeld ? Est-ce que je peux savoir ce que vous foutez dans mon placard ?
— Rien de surbrneant n'est-ce pas. Quand tu édais betite tu croyais que j'édais un vampire.
— Ah ? Parce que ce n'est pas le cas ?
— Bedite idiote !
… elle n’avait que l’embarras du choix pour un article. Son côté emmerdeuse, qui sait, lui fit opter pour celui qui semblait le moins s’intéresser à elle : un géant en combinaison de travail un peu cracra, plié en deux sur une chaise pour lire les Méditations Poétiques :
— Salut Jason, dit Haïdi.
— tch-tch-tch-ha-ha-ha
— Je me rappelle ce bouquin... le cours de français en 5ème... c'est amusant, mais je ne t'imaginais pas aimer la poésie.
— tch-tch-tch-ha-ha-ha
— Tu vas trouver ça idiot, toute gosse, à cause de toi, je ne pouvais pas nager là où je n’avais pas pied. J’avais la trouille que le petit Jason Voorhies surgisse des profondeurs et me tire au fond de l’eau pour me noyer. Hahaha, c’était bête hein ? ...
— tch-tch-tch-ha-ha-ha
— ... heum... tu connais la blague du con qui dit tch-tch-tch-ha-ha-ha ?
— ?!!?
— ... je vois. Pas super bavard Monsieur le mort-vivant tueur en série.
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Il ne serait pas du genre débile profond Jason ? Cet entretien avait donné à Haïdi l’impression de dialoguer avec Dustin Hoffman dans Rain Man. En même temps, Vendredi 13 est une grosse daube point de vue scénar'. Un tueur qui fait mumuse avec des trucs coupants, une fille qui court partout en hurlant et de l’action qui se résume à :
Blonde à gros seins qui court : Au secours, un tueur me veut du mal.
Méchant qui marche en mode replay : tch-tch-tch-ha-ha-ha
Blonde à gros seins : Vite prenons cette porte pour nous échapper... Oh merde, je viens d'entrer dans une armoire normande. Vite fuyons par cette autre porte...
Méchant qui marche en mode replay : tch-tch-tch-ha-ha-ha
Blonde à gros seins : Oh naaaaan, c'était la porte du frigo. Vite trouvons une autre issue pour... Hiiiiiiiiiiiii... couick cuick... Aaargh, je suis morte...
… comment un film aussi naze avait pu l’effrayer ? Pour avoir une chance d'éprouver à nouveau ses petits coups de flip passés qu’elle affectionnait tant, il lui fallait quelque chose d’insaisissable, du domaine de l’immatériel. Un phénomène que l’on sait ne pas exister mais quand même, en même temps, on n’est pas sûr sûr qu'il n'existe pas. Un fantôme peut-être ? Elle interpella une vieille à l’aspect vaporeux vêtue de crêpe blanc.
— Eh la vieille, je ne sais pas pourquoi mais votre tête ne m’est pas inconnue.
— Madahame... je suhis viheille heeeeet... je vous encule avec mon lookhhh de libehellulllle, répondit la vieille femme. [3]
Haïdi recula d’un pas en se pinçant le nez, frappée en plein visage par l’haleine chargée de whisky de la vieille.
— Ouch cette odeur... ça me revient ! « Attenheention le... virhhhaaaage !» Vous êtes la Dame Blanche ! Excellent ! Vous, vous devez avoir des histoires passionnantes à raconter, votre terrible passé, vos victimes préférées, votre marque de cosmétique d'élection... allez-y, dites-moi tout, je suis tout ouïe …
— Monsieur le Président, je vous gratte le cul avec une fourchette, je vous crache dans les yeux, je mords jusqu’au sang vos mollets de coq, je vous râpe le nez jusqu’à ce que vous ayez l’air d’un lépreux, je vous pends par les couilles, je dévore votre foie, je vous gerbe à la gueule et je signe Riri la crème, bien connue des services de police ! [4]
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La Dame Blanche changea tout à coup d’attitude. Elle semblait s’adresser à la paire de ski, calée contre le mur derrière Haïdi.
Extrait du forum au féminin.com :
Pas d’accord avec toi Riri, la crème allégée tu peux en bouffer à t’en faire exploser les bourrelets si tu veux, c’est AL-LÉ-GÉ ….
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Haïdi claqua des doigts devant les yeux de la Dame Blanche pour attirer son attention.
— … et si nous en revenions à votre histoire …
— Monsieur le Président, reprit la dame blanche, je vous gratte le cul avec une fourchette, je vous crache dans les yeux, je mords jusqu’au sang…
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Nouvelle absence de la Dame Blanche.
Les adoptions de 30 millions d'amis :
Tremor a 3 mois. Câlin et cabochard, il n’est pas le dernier pour les facéties. Contrairement à ce que l’on peut croire, il n’aime pas la vie en solitaire et comme des millions de ténias, il cherche un foyer aimant où pouvoir grandir et donner beaucoup d’amour. Alors faites comme moi, préférez vos viandes crues et vous y gagnerez un ami pour la vie.
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— Putain non ! Essayez de ne pas me parler trop en face, s’il vous plait, demanda Haïdi au bord de la nausée …
— … je vous râpe le nez jusqu’à ce que vous ayez l’air d’un lépreux …
— On se calme, tout va bien. Je vais faire comme vous dites et interroger quelqu’un d’autre …
— … pends par les couilles, je dévore votre foie, je vous gerbe à la gueule et je signe Riri la crème, bien connue des services de police !
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Complètement allumée la vieille. Haïdi eut un pincement au cœur. La Dame Blanche. La terreur des virées nocturnes. Celle que l'on angoisse de voir surgir des ténèbres de la nuit, tout juste bonne pour l’asile d’aliénés... elle suspendit là ses réflexions, agacée par le regard insistant de l’homme aux griffes d’acier :
— Dis donc la face de méchoui. Qu’est-ce que tu as à me reluquer comme ça ? s’énerva Haïdi
— Ben disons que …
— … que quoi …
— Ben t’es bonne... ça fait un bail qu’on ne s’était pas vu et je ne me souvenais pas de toi comme ça.
— Ho, tu parles de ça... dit-elle en mettant les mains en coupe sous ses deux énormes seins qui menaçaient de jaillir de son mini top. Je n’y peux pas grand-chose. Tu as déjà vu une histoire du genre terreur-épouvante avec zéro bimb o ? Comme je suis la seule nana potable de l’histoire, on m’a affublée de ce physique Denise Richardesque… mais ce n’est pas une raison pour me mater comme un chien affamé, cela me met très mal à l’aise.
— Moi je veux bien mais ça aiderait si tu arrêtais de te trémousser comme ça quasi à poil, répondit Freddy en désignant la tenue d’Haïdi uniquement composée d’un string de chez E .Leclerc et d’un top qui, rappelons-le, dissimule mal sa généreuse poitrine.
— Hé le raseur, je viens de t’expliquer le pourquoi du comment alors lâche-moi avec ça. Et puis je n’aime pas les strings, ça gratte le ….
— Waouh… super… comment tuer le fantasme en deux mots. Et dans deux minutes tu vas te gratter le cul devant tout le monde ? Je suis peut-être un monstre, mais je déteste la vulgarité chez les femmes.
— L'autre gros dégueulasse, 26 ans sans changer de pull et il me reprend sur mes bonnes manières, bref... j’imagine que tu as compris le topo, je cherche à retrouver la sensation des frayeurs enfantines…
— … et tu souhaiterais que je t’accorde une interview, n’est-ce pas ? Et peut-être un ou deux tours de passe-passe tranchants histoire de plonger dans le vif du sujet ?
— Cool, merci. Toi, t’es un pote mec !
— … t-t-t-t-t-t, mais avant il va falloir être très très gentille avec tonton Freddy...
— Hahaha, plutôt crever...
— … bof, fut un temps où j’aurais rebondi sur ce genre de réplique mais là franchement, ça ne m’amuse plus. Allez pétasse, bonne chance pour ton article et tu sais où me trouver si tu changes d’avis...
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— Hahahaha, essatép ! Epolas essorg etup al erèm at ! Hahahaha
Haïdi chercha du regard, dans tout ce fourbi, d'où émanait ce rire diabolique.
— C’est à moi que tu parles ? demanda-t-elle à une petite fille très vilaine assise sur un carton dans un coin du placard.
— Refne ne setib sed ecus erèm at ! Hahaha ! insista la petite fille
— Non mais sale mioche, je te collerais bien une paire de claque si je ne risquais pas un procès pour ça.
— Tu l’auras cherché la morveuse …
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Haïdi ferma les yeux et focalisa ses pensées sur ce qui lui sembla être la meilleure solution.
Super Nany revint du royaume des morts parée de sa super autorité :
Tu, ne dois pas, dire, des gros mots. C’est très vilain et tu fais de la peine à Haïdi. Maintenant tu es punie dans ta chambre et tu réfléchis à tout ça.
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Pour toute réponse la petite fille arrosa de la tête au pied Super Nany d'un jet puissant de dégueuli. Ultra zen, Super Nany saisit l'insolente gamine par l’oreille en la sermonnant de son super index et elles s’évaporèrent par enchantement. Haïdi secoua la tête dépitée. Il faut croire que plus jeune elle était impressionnable plus que de raison. Franchement, entre le hockeyeur autiste, la folle dingue alcolo, le pervers au pull qui pue et la sale gamine, il n’y avait vraiment pas de quoi en perdre le sommeil.
— Vraiment, les caves, vous me dépitez... effrayer de jeunes enfants, ça vous savez faire, mais quand il s’agit de s’attaquer à quelqu’un d’un peu plus costaud, il n’y a plus personne. Y en a pas un qui peut faire un truc un peu effrayant ? Un peu d’imagination que diable. Toi, lézarfesse...
— Ouais, c’est ça... tu prends le taille-haie sur ta gauche et tu me fais un
carnage au taille-haie de tous ces gugusses …
— Mais ça fait hyper mal ça ! se plaignit Rascar Capac
— Mais ça fait hyper mal ça ! imita Haïdi moqueuse. Bande de baltringues... vous ne me laissez pas le choix. Où est Candyman ?
— Il est au coiffeur, répondit Jason d’une voix fluette de garçonnet.
— Tiens tu parles toi ? Et puis entre nous on dit chez le coiffeur…
— Je ne parle jamais. Je complexe parce que ma voix n’a pas mué à l’adolescence...
— … tu m’en diras tant…
Haïdi sortit d’un carton un
CANARD EN PLASTIQUE et un miroir à main et fixa son reflet droit dans les yeux. Elle dit :
— Candyman …
— Mais tu es folle, paniqua Freddy Krueger, il va être furax si tu le déranges…
— … rien à péter … Candyman …
— Noooooooooooooon !!! hurla Luke Skywalker la Dame Blanche …
— Candyman Candyman Candyman
La lumière s’éteignit. Le visage de l’homme au crochet de boucher émergea des ténèbres dans une lueur fantomatique et …
— Nan mais tu te fous de moi ! s’énerva Haïdi. Tu crois que je ne t’ai pas vu mettre une couverture sur la lumière !
Haïdi tira d’un coup sec sur le linge qui masquait la lumière et le placard fut à nouveau éclairé.
— … le coup de la lampe de poche sous le menton, nul …
L’air contrit, Candyman enleva la lampe de poche qu’il avait planquée dans son manteau.
— … et sinon, vous pensez quoi de ma nouvelle coupe de cheveux... se risqua Candyman
— Non vraiment les tresses à la Sean Paul ça fait tapette... rétorqua la dame blanche
— Moi j’aime bien… complimenta Jason de sa voix de fausset.
— C’est bon, vous avez gagné les mecs, je me barre et vais faire un article sur les émissions à la con style «
Mystère » ou « La soirée de l’étrange », se désola Haïdi. Tiens je pense même déjà à un titre « La mystérieuse soirée de l’étrange » … bon salut les bouffons.
Au moment où elle allait ouvrir la porte pour sortir, une voix la héla.
— Pourquoi perds-tu ton temps avec ces minables ?
— Pardon ?
— Pourquoi perds-tu ton temps avec ces minables ? Peut-être ne souhaites-tu pas te confronter à la véritable peur ?
— Robert Bob Gray alias Gripsou le clown alias Pennywise, plus connu sous le nom de Ça ou It ou IL … tu ne te la racontes pas un peu avec tous ces noms, bolosse ? Laisse tomber mec, à partir du moment où j'ai su que tu n’étais qu’une espèce d’araignée extra-terrestre, tu ne m’as plus fait aucun effet …
— Petite conne, tu penses que tu as tout compris ?
— Heu… là tu me prends de court. Que suis-je censée répondre à ça ?
— Je ne sais pas, c’est toi qui es en train d’écrire l’histoire…
— Je sais, j’essaie de gagner du temps en attendant de trouver une suite…
— t-t-t-t-t… à faire du remplissage, tu vas ennuyer le lecteur… enfin je dis ça mais je ne dis rien.
— Ok c’est bon j’ai trouvé. Ta prochaine réplique est « arrête de jouer la montre et dis-moi plutôt ce que tu penses de ça » …
— Arrête de jouer la montre et dis-moi plutôt ce que tu penses de ça ! , s’exclama le clown en arrachant d’un geste théâtral le masque qui lui servait de visage.
Haïdi le regarda perplexe.
— Quand tu dis ça, tu veux dire « toi » ou tu veux dire « pronom démonstratif » ? demanda la charmante idiote.
— Quand je dis ça c'est ça BORDEL ! répondit le clown en désignant son visage métallique.
— Aaah ça… avoue que c'est ambigu tout de même… dans ce cas,
OH MY GOOOOD ! … mais tu es un robot !
— Un cyborg pour être précis, un T-800. Et je ne suis pas le seul… Jason, Freddy, Brigitte, surtout Brigitte et tous les autres sont des T-800.
— Mais qu'est-ce que cela signifie ?
En réponse, une détonation fit trembler les murs du placard et un homme nu et décrépit fit son apparition dans un tourbillon d’éclairs.
2034 - Cap d'Agde - Le sergent Kyle Reese faisant des emplettes
— Hiiirk, le vieux, tu ne mettrais pas un truc pour te couvrir ? supplia Haïdi.
— Houhou je suis le loup . Héhéhé, on a peur du monstre la gamine ? répliqua le vieux bonhomme.
— Non mais c’est peut-être un peu gênant pour vous d’être ainsi tout nu devant nous ? suggéra la jeune femme en s’efforçant de masquer à distance de la main le service trois pièces tout fripé.
— T’inquiète petite, je passe toutes mes vacances d’été sur les plages naturistes du Cap d’Agde.
— Je suis le sergent Kyle Reese, matricule n°38416, on m’a envoyé du
futur pour te sauver, Haïdi Lomkipenzeu.
— Me sauver de quoi ?
— Alors, je suis... une légende ? ... mais attends un peu pépé, c’est pas logique ton histoire. Comment puis-je être la grand-mère de James Cameron en étant beaucoup plus jeune que lui ?
— Mais comment expliques-tu la présence de ces cyborgs dans ton placard autrement ?
— Ce n’est pas faux. Alors c'est quoi le plan ?
— Ne t’inquiète pas Haïdi, j’ai tout prévu mais avant nous devons faire cet enfant dont le fils sauvera l’humanité.
— Ce n’est pas bien le moment là ; il y a une armée de cyborgs qui d’un instant à l’autre peut nous tuer. Tu me sauves d’abord et on voit cela ensuite.
Devant l’attitude fermée de la jeune femme, le sergent Reese tenta de la prendre par les sentiments.
— Tu sais petite, ce n’est pas que je ne veuille pas te faire confiance mais je ne peux pas. Je suis un homme brisé par la vie qui a perdu toute confiance en l’humanité. Il y a 35 ans de cela, ce qui me ramène à peu près à cette époque, j’étais dans la mouise financièrement et plutôt désespéré. Un homme m’a promis
monts et merveilles en échange d’un abominable service qui m’a fait passer
15 ans derrière les barreaux et qui aujourd’hui encore me ronge de culpabilité. Cet homme s’est volatilité sans jamais tenir la promesse faite. Depuis lors je n’ai plus jamais fait confiance à quelqu’un.
— C’est une histoire bien triste, mais dis-toi bien qu’une fois morte, les chances que j’accepte un quelconque contact physique avec toi sont nulles alors que si tu me sauves, peut-être qu’éventuellement un évènement improbable pourrait me faire changer d’avis.
— De toute façon on n’a plus le temps, dit le Sergent Reese jetant un coup d'œil à sa montre. Bon les cyborgs, vous nous attendez 5 minutes on revient avec la petite dame.
— Ok pas de problème, répondit le clown T-800, on a tout notre temps. Hé les T-800, des volontaires pour une
belote ?
Dans ce qui se passa ensuite
Kyle Reese agrippa la main d’Haïdi et l’entraîna hors du placard. Ils trottinèrent aussi vite que les cannes maigres de Kyle le leur permirent et ils sortirent de la maison juste au moment où cette dernière partit en éclats dans une spectaculaire explosion.
— Héhéhé, comment je te les ai blousés les tas de ferraille. Nous en voilà débarrassés pour de bon, s’exclama le sergent Reese bombant le tronc fier. Bon maintenant à nous deux poulette…
Haïdi tenta une diversion :
— Oui mais avant tout je veux comprendre pourquoi ma maison a sauté.
— Je t’avais dit que j’avais tout prévu. Un peu plus tôt dans la journée, j’ai demandé à mon moi de cette époque, qui habite à deux pâtés de maison d’ici, de truffer ta maison d’explosifs. Il avait pour consigne d’actionner le détonateur à 23H45 précise en échange des
numéros gagnants du prochain tirage de l’Euro Millions.
— Absolument pas, j’ai menti. Mais je savais que le moi de cette époque est tellement au fond du gouffre qu’il est prêt à gober et à faire absolument n’importe quoi pour du fric.
— Tu es en train de m’expliquer que le mec qui a bousillé ta vie il y a 35 ans, c’était toi !
Le sergent Reese, ébaubi, écarquilla les yeux choqué par cette révélation, puis s’effondra en larmes.
— BOUHOUUUHOUUUHOUUUU… ma mère avait raison, je ne suis qu’un bon à rien bouhouuuuuuu. C’était donc moi le fils de salopard qui m’ai arnaqué il y a 35 ans. Non mais quel connard ! Je ne suis vraiment qu’un incapable, un minable, un…
— Allez, arrête de pleurer pépé, le consola Haïdi en lui tapotant l’épaule, tu n’es pas si nul, tu viens de me sauver la vie et peut-être même le futur de l’humanité
— Snif… tu as raison, j’ai peut-être une chance de me rattraper… il faut impérativement que James Cameron voie le jour…
Faisons l’amour !
— Ben ce n’est peut-être plus la peine tu sais, James Cameron est né il y a 66 ans et ça fait 16 ans que Terminator est sorti sur grand écran alors mission accomplie.
Troublée, Haïdi éprouva réactivement un indéfinissable nouveau sentiment. Elle plongea son regard dans les yeux de Kyle et y lut tellement de sincérité qu’elle changea d’avis.
— C’est vrai ? Youhou ! Viens, téléportons-nous dans un coin plus tranquille
Kyle prit ses mains dans les siennes et le monde autour d’Haïdi s’effaça dans un tournoiement vertigineux. Le sol se déroba sous ses pieds et elle ferma les yeux de panique. Le temps d’un souffle, tout revint à la normale. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, Kyle tenait toujours ses mains. Il faisait nuit, l’air sentait bon l’iode et elle entendait le bruissement apaisant des vagues s’échouant sur la plage dans un "ba da ba da ba".
— Où sommes-nous ? demanda-t-elle un peu perdue.
— Nous sommes à Deauville en 1912…
Et Haïdi ne posa plus de question, envoutée par la magie de cette
plage mythique et le ba da ba da ba hypnotique.
Ils se perdirent dans les yeux l’un de l’autre ba da ba da ba da ba da ba da.
Ils firent l’amour sur la plage près du quai ba da ba da ba da ba da ba da.
Ils ne virent pas le temps passer ba da ba da ba da ba da ba da.
Puis Kyle prétendit qu’après une bonne baise il aimait bien fumer une cigarette, alors il partit en acheter ba da ba da da ba da ba da et Haïdi ne réalisa pas que comme il était nu comme ver, ba da ba da da ba da ba da, Kyle ne pouvait avoir de quoi se payer des clopes.
Il ne revint jamais et elle resta coincée dans cette lointaine époque en cloque. Des mois plus tard elle abandonnera l’enfant qui par un heureux hasard sera adopté par une famille canadienne du nom de Cameron.
FIN
— Ha non mais vraiment !
— Pardon ?
— Quelle incorrection ! Jeune Dame, notre
condition de monstres imaginaires est assez difficile sans avoir à subir vos insultes.
— Alors là, c'est la totale. Que vient foutre le clown de chez
MacDo dans cette histoire ?
— Je ne suis pas Ronald McDonald, je suis Ça, le clown de Stephen King !
— Waouw mec, mais que t'est-il arrivé ?
— Ce qui arrive à tous les monstres aujourd'hui. À mon époque les enfants avaient peur des clowns, ils se les imaginaient comme de dangereux cannibales comme moi ou des extra-terrestres malveillants comme les
Killer Klowns From Outer Space. Mais aujourd'hui dans l'imaginaire des gens, le clown est inévitablement associé à l'autre vendeur de sandwich. Comment puis-je hanter les cauchemars de tout un chacun avec une tête pareille ?
— Attends, je sors un mouchoir.
— Vous n'avez pas de cœur, Madame.
— Tu te fous de moi là, pourquoi faudrait-il que je ménage des salopards de votre espèces qui prennent leur pied en fichant la trouille aux gosses.
— Parce vous avez besoin des monstres, ingrate ! Lorsque les temps sont durs à cause de phénomènes échappant à votre contrôle comme un crash boursier, une menace terroriste, les conflits internationaux ou le dernier album de
Chistophe Maé, n'est-il pas rassurant d'avoir des êtres comme nous à qui un héros va botter le cul à la toute fin ou que l'on peut repousser d'une seule pensée ? À chaque événement historique
néfaste pour les populations nous avons toujours répondu présents pour vous aider à passer le cap et aujourd'hui vous nous dépréciez et nous humiliez...
— Tu ne dramatises pas un chouïa là Bob ?
— Je dramatise ?!!? Dans les années 30 les vampires étaient des assassins fourbes manipulateurs sanguinaires, ils avaient des noms terribles comme
Comte Dracula et un aspect terrifiant comme Nosferatu... aujourd'hui ils sont végétariens, ils font craquer les jouvencelles et sont affublés de noms ridicules tels qu'Édouard.
— Oui, bon, on va pas faire une généralité de deux exemples...
— Les
loup-garous, les machines à tuer par excellence, sont devenus des petites chochottes qui préfèrent s'enchaîner et lire un bouquin les soirs de pleine lune au lieu de sortir chasser et faire un carnage... les zombies...
— … oui, ça va, j'ai saisi l'idée. Tu as raison Bob, on a besoin de vous et c'est vraiment désobligeant ce que l'on vous fait subir. J'ai honte de mon comportement de tout à l'heure et je vous prie de m'excuser. Jason, Freddy, la Dame Blanche, la petite fille moche, et tous les autres, pardonnez-moi.
— Ravi que vous nous compreniez enfin. Venez dans mes bras chère amie pour une accolade amicale, proposa le clown.
— Hahaha, avec plaisir ! se réjouit Haïdi. Cette histoire prend un tour assez cocasse et je dois dire que j'en suis morte de rire.
Haïdi prit le clown dans ses bras et riant joyeusement, ils s'embrassèrent comme des amis de toujours. Puis horrifiée elle recula, se maintenant la gorge à deux mains, essayant de contenir le sang qui jaillissait des jugulaires que le méchant auguste venait de lui sectionner avec ses dents tranchantes comme des lames de rasoir. Lançant un dernier regard chargé d'incompréhension, elle s'effondra sans dire un mot.
— Morte de rire. Quelle jolie expression. Rire et crever, je vous envie chère Haïdi, vous ne pouviez rêver meilleure mort. En tout cas j'espère que c'est sans rancune mais vous comprendrez que nous avons une réputation à nous refaire.
FIN
— Pourquoi tu perds ton temps avec ces minables ?
— Pardon ?
— Pourquoi tu perds ton temps avec ces minables ? Peut-être ne souhaites-tu pas te confronter à la véritable peur.
— Stop Bob … tu ne me l’as pas déjà servie cette réplique ?
— Non… je ne crois pas.
— J’ai comme une sensation de
déjà écrit… tu vois ce que je veux dire ?
— Non pas vraiment.
— Lâche l’affaire, on continue… Robert Bob Gray alias Gripsou le clown cabriolant alias Pennywise, plus connu sous le nom de Ça… la terreur de générations de pré-adolescents… tu ne trouves que tu te la racontes avec tous ces noms, bolosse ? Et puis laisse tomber mec, à partir du moment où l’on sait que tu n’es qu’une espèce d’araignée extra-terrestre, tu ne fais plus aucun effet …
Haïdi s’approcha de Ça et tapota gentiment son crâne chauve du plat de ses phalanges puis elle arma sa main qui fit plusieurs allers-retours à travers la tête du clown comme s’il s'agissait d’un hologramme.
— Matériel … immatériel … matériel … immatériel. Tu te rappelles ce petit jeu ? demanda-t-elle tout sourire.
— Comment oublier, tu étais assez étrange dans ton genre. Alors que les autres enfants, une fois seuls dans le noir, s’évertuent à ne pas penser à
ce qui les effrayaient, toi, tu nous invoquais exprès jusqu’à ce que la peur devienne insoutenable…
— … et vous faisais disparaître d’une pensée avant que vous ne réussissiez à me toucher. J’étais imbattable à ce jeu-là, fanfaronna Haïdi.
— Oui, je te l'accorde, mais enfant tu étais plus avisée, lui rappela le clown.
— Qu'est-ce tu entends par là ? s'inquiéta-t-elle.
Dans la merde
Ça eut un sourire mauvais :
— Tu n’aurais jamais commis l’erreur de nous invoquer tous en même temps… c'est vrai, quelle drôle d'idée… évoquer des souvenirs macabres, seule, la nuit, dans un placard, histoire de se faire un petit shoot d’adré… c'est clairement contre-indiqué, n'est-ce pas les amis ?
Haïdi regarda tour à tour les monstres : ils étaient transfigurés. Pour une quelconque raison ils avaient l'air contents.
— Tu racontes n’importe quoi Bozo… allez, disparaissez de ma vue ! ordonna Haïdi.
Elle ferma les yeux mais lorsqu'elle les rouvrit, ils étaient toujours là. Sidérée, Haïdi, enraya immédiatemment toute angoisse naissante. « Calme-toi et recommence », se gourmanda-t-elle
— Disparaissez ! DISPARAISSEZ ! Allez quoi ... disparaissez s'il vous plait.
Désabusée Haïdi marcha en reculant jusqu'à la porte du placard, cherchant à en saisir la poignée pour s'enfuir. La lumière s'éteignit tout à coup, des hurlements déchirèrent le silence et plusieurs coups sourds résonnèrent contre la porte.
Et ce fut le silence à nouveau.
Dans l'épilogue
De : K74@hotmail.fr
À : michael.myers@laposte.net ; charles.lee.ray@orange.fr ; pinhead@hotmail.com; blade-jester.tunneler@yahoo.fr; ash.j.william@yahoo.fr; pazuzu.dupont@free.fr
Le 10 août 2010 à 13 :47
Kikoo,
Attention tout ce qui est dans ce message est vrai parce que c’est arrivé à l'ami d’un ami d’une connaissance. Nous devons faire connaître la vérité à tout le monde. En nous taisant, nous aidons le crime à se répéter car des forces démoniaques cohabitent avec nous et profitent de notre ignorance.
Bonjour,
si aujourd’hui je me décide à raconter mon histoire, c’est qu’elle est d’intérêt publique et qu’il en va de la sécurité des personnes que nous aimons.
Je m’appelle Eddy L., je suis chargé d’affaires et de part ma profession, je suis souvent en déplacement laissant seule ma femme à la maison.
Le samedi 24 juillet 2010 ne fut pas jour ordinaire pour moi. Je rentrais d’un voyage d’affaire comme souvent très tôt le matin et je fus, je dois le dire, étonné puis un peu mécontent de trouver la lumière allumée dans des pièces inoccupées. Ma femme avait-elle oublié d’éteindre avant de se coucher ? Mon humeur ne s’arrangea pas lorsque la poignée de la porte du placard de l'entrée que nous fermions habituellement à clé s’enfonça dans ma hanche, me provoquant comme un coup d’électricité dans toute la jambe. J’ai voulu refermer le placard mais quelque chose bloquait la porte à l’intérieur. C’est ainsi que je découvris ma femme raide morte. Son visage était figé dans un rictus de terreur et elle tenait dans l'une de ses mains un horrible canard en plastique et dans l'autre le DVD de The Ring. Le médecin pense qu’elle a perdu connaissance suite à un traumatisme crânien et que son cœur avait fini par lâcher. Je suppose que d’une manière ou d’une autre elle s’est cogné la tête mais ça paraît incroyable de mourir d’une façon aussi stupide.
Je suis rentré chez moi effondré et poussé par je ne sais quoi, ou peut-être si, par le besoin de comprendre, je me suis mis à ranger le placard. J’ai commencé par ramasser les affaires qu’apparemment Haïdi avait sorties : un album de Tintin au Pérou, un livre de Stephen King, des vieux DVD… mais que cherchait-elle bon sang ? Je ne le saurai jamais. Tout comme je ne saurai jamais expliquer les incroyables marques de griffures ensanglantées que je vis sur la face intérieur de la porte du placard.
Rétrospectivement j'en ai tiré mes conclusions et depuis je conseille à toutes les personnes que je rencontre de ne jamais au grand jamais rester seul dans une pièce close en présence d'un canard en plastique. Ce sont des objets maudits porteurs de mort.
Kikoo, c’est à nouveau mwa, si tu n’envoies pas ce mail tu auras 5 années terribles de malheurs. Pioufff trop dur !.
<3 Si tu l’envoies à 3 personnes dans trois jours ton vœu le plus cher se réalisera youpi !
<3 <3 Si tu l’envoies à 5 personnes dans 5 jours il arrivera quelque chose de merveilleux dans ta vie, Yes !
<3 <3 <3 Si tu l’envoies à 1408 personnes tu connaîtras un jour la première lettre du prénom de ta ou ton futur chéri, trop génial !
Aller @+ et gros bisous. XXXXX
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FIN
Article cradopoulo ma kif kif maousse costo
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- ↑ Heather Donahue pour le projet Blair Witch
- ↑ Creep - Hellraiser - Rob Zombie - 1408 - Massacre à la tronçonneuse - Chucky la poupée de sang - La maison de cire - Le Cercle - The Ruins - Frontière - Sheitan - Je suis une légende et Tremor
- ↑ Pas très convaincante mon imitation de Brigitte Fontaine ? Mais elle est très dure à retranscrire vous savez
- ↑ Citation mot pour mot de Brigitte Fontaine exprimant toute sa bienveillance à Nicolas Sarkozy