Casque

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Pierre-Louÿs Malanquin, un violoniste quasi-contemporain de Georges-André Cruchot

Depuis le temps qu’il est sur Terre, l’homme n’a construit son existence qu’autour de deux préoccupations majeures : lutter pour sa survie et niquer des gonzesses. Pour la seconde, chacun doit se démerder de son côté et cela ne fera donc pas l’objet d’un guide malgré mes compétences en la matière. Pour la première en revanche (la lutte pour la survie pour ceux qui sont déjà largués), il arrive parfois que la solidarité entre en ligne de compte quand quelque philanthrope choisit de consacrer sa vie à l’amélioration des chances de survie de ses prochains. C’est le cas notamment de Georges-André Cruchot, un personnage peu connu de la fin du XIXe siècle et qui fut pourtant le concepteur d’une des inventions les plus utiles de l’ère moderne, le casque.

Vie et mort de Georges-André Cruchot

Cet article est donc une belle – voire la seule – occasion de rendre hommage à Georges-André Cruchot.

Le petit Jojo comme l’appellera sa maman, son père préférant l’appeler Dédé, est né le 4 juin 1876 à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne pour ceux que ça intéressent, je sais qu’il y en a). Hélas pour lui, la sage-femme chargée d’aider sa mère lors de l’accouchement était plutôt maladroite et au moment de l’expulsion, elle laissa échapper le bébé qui tomba la tête la première sur le parquet de chêne du salon des Cruchot. À cette époque, on accouchait dans les salons par peur du scandale. Georges-André souffrit d’une légère commotion cérébrale mais n’en garda pas de séquelles si ce n’est une déformation du crâne, ce dernier étant sensiblement plus aplati sur sa partie gauche.

À cause de cette tare physique, l’enfance de Georges-André ne fut pas de tout repos. Dès la maternelle, ses camarades de classe s’amusaient à lui jeter des cailloux, Jojo-Dédé devenant la tête de Turc de l’école. Les enseignants n’y allaient pas de main morte non plus, punissant le petit Cruchot à grand renfort de coups de poings sur le crâne quand ce petit étourdi oubliait de souligner en rouge le titre de la leçon d’éducation civique.

Pour vaincre sa timidité, Georges-André décida de se mettre au sport. Précisément à la boxe. Avec des résultats très prometteurs puisqu’il devint en 1902 champion d’Île-de-France des sparring-partners. La presse locale l’encensa, le journaliste Amédée Flambion lui donnant même le surnom de « Punching-ball humain ». Devenu riche, Georges-Antoine se consacra alors à la science. Peu rancunier envers ses quasi-semblables, il fit pendant des années des recherches pour tenter d’améliorer le confort et la sécurité des hommes. Mais il ne parvient à rien de concret et de dépit, il se tapait la tête contre les murs. Et c’est ainsi qu’un beau matin de 1913, il eut l’idée de l’invention que nous connaissons tous aujourd’hui, le casque.

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Saviez-vous que...
La Tour Eiffel ayant été érigée en 1889, il semble que l’auteur ait pris quelque liberté avec les dates publiées dans cet article. Le lecteur suffisamment con pour tout prendre au premier degré aura rectifié de lui-même.

Il ne put jamais profiter de son succès. Quand il eut terminé le premier prototype de son « casque », il voulut le tester sur lui-même et, l’enfilant sur sa tête, se jeta crânement du premier étage de la Tour Eiffel la tête la première pour en prouver la solidité et l’intérêt sécuritaire. Une tentative manquée mais qui permit au célèbre inventeur Pierre-Louis Desmarets de concevoir quelques mois plus tard la jugulaire.

Philosophie du casque

Quand on y réfléchit bien, le casque est l’un des symboles les plus symptomatiques de la connerie humaine. En définitive, pour quoi[1] a-t-il été conçu ? Pour se protéger la tête lors de la pratique d’activités pendant lesquelles ladite tête risque de se faire cogner, écraser, écrabouiller, frapper, contusionner, aplatir, briser, fracasser voire endommager. Dès lors, l’homme qui pratique ces activités sur lesquelles nous reviendrons plus en détail par après, se trouve face à une alternative assez simple : porter un casque et continuer de pratiquer ces activités ou ne plus pratiquer ces activités. Eh bien figurez-vous que dans la plupart des cas, il va choisir de porter un casque et de continuer, pensant que cela va suffire à lui assurer sa survie. Vous savez, c’est un peu comme la célèbre histoire du type qui tombe du 30ième étage d’un immeuble et qui à chaque fois qu’il croise quelqu’un sur son balcon lui dit « J’espère que j’ai bien fermé le gaz. »

Heureusement, le casque est loin d’être à 100 % efficace car sinon, il serait une pierre dans le jardin de Charles Darwin. Car moi je dis que les abrutis qui sont suffisamment cons pour risquer leur vie dans des activités qu’ils pourraient tout aussi bien ne pas pratiquer sont autant de défis aux lois sur la sélection naturelle des espèces.

Le casque à travers l’histoire

Avant de devenir l’accessoire indispensable des crétins avides de sensations fortes sur lesquelles nous reviendrons plus tard dans cet exposé[2], le casque s’est d’abord imposé comme un élément indissociable de la panoplie du parfait militaire. Avant l’existence de l’invention de Georges-André Cruchot, les soldats partaient à la guerre nu-tête ou parfois avec de simples ornements inefficaces comme les célèbres balais-brosses des centuries romaines ou les hygiaphones ferreux des chevaliers médiévaux. Dès lors, le troufion n’était pas proprement protégé et il suffisait de l’attaquer avec un instrument contondant quelconque tel un gourdin ou un menhir pour le faire abandonner la lutte. Les différentes guerres franco-allemandes furent autant d’occasions de tester pour la première fois le casque dans un environnement grandeur nature.

La guerre de 1870

Un soldat allemand et son arme secrète.

Pratiquement oubliée aujourd’hui, la guerre de 1870 eut le grand mérite tout d’abord de nous débarrasser – provisoirement hélas - de l’Alsace et de la Lorraine et ensuite et surtout de permettre la mise au point du casque à pointe. Une amélioration qui fit grand bruit et qui instaura d’emblée l’image de l’Allemagne en tant que nation novatrice. Le casque à pointe permet en effet un double usage : non seulement il protégeait le crâne, usage primitif du dispositif, mais en outre il pouvait servir de baïonnette de substitution. Lorsque les troupes françaises chargeaient les premières lignes allemandes, il suffisait aux soldats de Bismark de se pencher en avant pour voir leurs ennemis se faire étriper sur les pointes acérée de leurs casques emblématiques.

Malheureusement, cette trouvaille n’eut que peu l’occasion d’être appliquée pour une bonne et simple raison : pendant les 6 mois que dura le conflit, les Français passèrent leur temps à fuir et à battre en retraite et les Allemands ne purent pas réellement profiter de leur domination technologique. Du coup leur victoire finale fut amère et pour se venger, ils décidèrent de nous rétrocéder le Territoire de Belfort et par la même occasion, conséquence funeste, Jean-Pierre Chevènement.

La guerre de 14-18

Il fallut plus de 40 ans à l’Allemagne pour parvenir à déclencher un nouveau conflit. La délivrance arriva Le 28 juin 1914. Suite à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand par les serbes, les Allemands déclarèrent la guerre à la France. C’était tellement tiré par les cheveux comme argument que personne ne fut dupe et on comprit bien vite que l’Allemagne avait choisi ce pseudo-prétexte uniquement pour pouvoir enfin utiliser les stocks énormes de casques à pointes qui s’accumulaient dans les entrepôts de l’armée teutonne. Une décision d’autant plus urgente qu’à cause de leur pointe, les casques étaient très difficiles à empiler les uns sur les autres et prenaient donc beaucoup de place inutile.

Hélas pour l’Allemagne, pendant ces 40 années les Français n’étaient pas restés les bras croisés. Suite aux réunions de grands stratèges militaires en collaboration avec d’éminents ingénieurs, il fut décidé que la solution la plus simple pour éviter les dégâts causés par le casque à pointe consisterait à remplacer les épées et sabres des Poilus par des fusils à longue portée. On connaît la suite, en moins de 5 ans, l’Allemagne dut capituler et le casque à pointe trouva sa dernière place derrière les vitres impeccables du musée des armées. Quant à la France, elle récupéra à son grand dam l’Alsace et la Lorraine mais ne parvint pas à les échanger contre le Territoire de Belfort et Jean-Pierre Chevènement.

La guerre de 39-45

Acceptant mal leur défaite, les Allemands ruminèrent leur vengeance dans leur coin. Ils durent toutefois attendre 1939 pour pouvoir à nouveau déclencher un conflit avec la France. L’argument avancé était cette fois un peu plus crédible que l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand. En 1939 en effet, naissait en plein cœur du Territoire de Belfort Jean-Pierre Chevènement. Toutefois, le chancelier Hitler fit montre d’excès en mettant cette naissance sur le dos des Juifs, des Noirs, des Pédés, des Tziganes et en gros de toute l'humanité.

Mais le plus important pour les teutons fut que cet évènement leur permit de ressortir leurs casques, en les débarrassant cette fois de la pointe rendue obsolète par la technologie de l’arsenal français. Le casque n’eut plus dès lors qu’un rôle décoratif et le conflit fut selon la plupart des observateurs relativement soporifique. On garda malgré tout le casque dans les armées du monde entier car une armée sans tradition, c’est un peu comme un fruit sans pesticide, ça ne se fait pas.

Après la guerre

Au sortir de ces trois guerres, le casque fut, comme les soldats encore vivants, démobilisé. Perdant son statut d'accessoire militaire, il entra par la petite porte dans la société civile mais sans succès tangible il faut bien l'avouer. Il sortit même quasiment de la tête des gens jusqu'à la fin des années 70. Ce sont les hippies qui relancèrent la mode du casque. Pas tout à fait volontairement il est vrai : suite à la sortie du film « Easy Rider », des hordes de hippies à motos commencèrent à envahirent les routes et les villes, spectacle insoutenable pour les populations de l'époque en raison des coiffures sales et ridicules de ces fainéants drogués. En conséquence de quoi le gouvernement américain décida que tout hippie à moto devrait porter un couvre-chef pour dissimuler sa coiffure disgracieuse.

Mécontents, les hippies décidèrent en signe de protestation d'arborer le symbole même de la soumission militaire pour souligner l'imbécillité latente de cette loi, le casque. Mais au lieu de faire changer les choses, cela incita au contraire les motards à utiliser la casque pour - vous aller rire - se protéger le crâne en cas d'accident. Genre « Je roule à 230 km/h à contresens sur le périph' mais j'en n'ai rien à taper : j'ai un casque. »

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La nana aux cheveux bleus dit :
Cette explication me semble un peu tirée par les cheveux



Le casque dans la vie quotidienne

Et pourtant, c'est comme ça, et je te signale au passage que ça te ferait pas de mal de porter un casque avec tes cheveux bleus. Et c'est facile à prouver d'ailleurs. Car non seulement le casque fut utilisé comme protection crânienne par les motards, mais en plus tous les abrutis qui se sont mis depuis 40 ans à faire des sports ou des activités à risques s'en emparèrent comme si cette enveloppe symbolique pouvait avoir le moindre effet protecteur lorsque leur occiput rencontrait à pleine vitesse un mur de brique, un platane ou même le sol. Et si vous ne me croyez pas, lisez ces quelques exemples.

Sports extrêmes

Prenons deux parachutistes : A et B. Équipons A d'un casque règlementaire et B d'une coiffure quelconque. Attachons-les ensemble et emmenons-les à 3 000 pieds d'altitude. Jetons-les dans le vide en nous arrangeant pour que leurs parachutes respectifs se mettent en torche (ce qui sera facilité par le fait que les deux parachutistes sont attachés par le sac à dos).

Banzai !
À l'impact, casque ou pas casque, c'est le statu quo.

Chantier

« Attention, chantier. Port du casque obligatoire. » Qui n'a pas déjà rigolé à la lecture de cet avertissement en se promenant nonchalamment sur un chantier ? Franchement, à quoi peut bien servir ce putain de casque jaune en plastique rigide parfois surmonté d'une lampe torche ? Porté par un ouvrier en haut d'un échafaudage, il aura la même absence d'utilité que celui du parachutiste en chute libre. Et porté par un ouvrier en bas de l'échafaudage, il ne servira pas non plus à grand-chose quand il recevra sur la tête l'ouvrier qui justement est en train de terminer sa chute depuis le sommet.

Équipé de son casque, ce fier travailleur est persuadé qu'il n'a rien à craindre. L'avenir le démentira.
NNACBchantier.png La nana casquée aux cheveux bleus dit :
Ah ben alors il sert à quoi ?


Principalement à se foutre de la gueule des hommes politiques qui se doivent de venir serrer la main des ouvriers sur les chantiers en période préélectorale et qu'on oblige à porter un casque.

Nicolas Sarkozy visitant une usine à Démagogie.
NNACBchantier.png La nana casquée aux cheveux bleus dit :
...


Transports

Nous avons déjà évoqué l'inutilité flagrante que représente le casque à moto mais on peut multiplier les exemples dans les autres types de transport. Prenons le vélo par exemple. Les parents qui font faire du vélo sans casque à leurs enfants sont considérés comme des criminels (en tout cas par le voisine d'en face qui les observe depuis sa fenêtre le dimanche après la messe). Mais à partir de 8 ans, le gamin se rend compte du ridicule que peut représenter un casque rose agrémenté de Dora l'Exploratrice (pour les filles) ou orné de rayures orange et noir façon tigre (pour les garçons). À grand renfort de cris, larmes et jets de purée, il parviennent à convaincre leurs parents qu'ils se débrouillent suffisamment bien sur les pédales et qu'ils n'en ont plus besoin. Et au final, on constate qu'il n'y a ni plus ni moins d'accidents mortels avec ou sans le casque : quand le gamin se fait bouler par un 4x4 lancé à pleine vitesse dans une rue passante, les chances de survie sont les mêmes.

Et en dépit de ce constat évident, le casque continue de servir de placébo sécuritaire aussi dans le monde des adultes. Ainsi au bout d'une demi douzaine de morts sur les routes du Tour de France cycliste, il a été décidé par les instances qui les gouvernent que le port du casque serait désormais obligatoire. Résultats : les cyclistes professionnels meurent désormais de cancers, de crises cardiaques et d'éclatement de furoncles.

L'avion n'est pas mieux loti mais dans ce secteur, les compagnies aériennes font preuve d'un cynisme sans égal. Pendant les vols longs-courriers, le port du casque pour les passagers n'est pas obligatoire mais la démarche est encore plus sournoise. Dans un premier temps les hôtesses vont insidieusement vous conditionner à la peur en chorégraphiant les gestes à effectuer en cas de crash de l'appareil. Rassurant... Et quelques minutes après le décollage, alors que vous êtes déjà persuadé que votre vie ne tient qu'à un fil, elles vont vous louer ou vous vendre des casques pour quelques euros, casques que vous vous empresserez d'acheter pour vous protéger, perdant tout sens commun.

En prenant l'avion ce jour là, Walter Yang décida que sa vie était trop précieuse pour qu'il put se passer de la rassurante protection du casque qu'il venait de louer à prix d'or...
... une dépense superflue.


Couteau-suisse.png  Portail de la Vie Quotidienne


Notes

  1. En deux mots, oui
  2. Oui je sais, je l’ai déjà dit

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