Police Nationaliste
Bonjour, je suis le caporal Gérard Dupond.
Et bienvenue à toi, jeune intrépide au cœur pur.
Je suis ici pour te parler de nous, la Police Nationaliste, et te convaincre de rejoindre nos rangs serrés, car nous recrutons.
Avant de commencer, une petite page de publicité... |
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Il est temps de passer à mon Powerpoint.
Notre mission est la suivante : transformer la France Black-Blanc-Beur dont on entend parler en France Blanc-EtPuis-C’esttout. Ce plan très ambitieux passe d’après nous par une prise de conscience de la population à propos des problèmes. Cela dit, les prises de conscience c’est pas trop notre truc alors nous on fait des prises de judo et de catch plutôt ! XD ! Hum, pardon...
Alors oui, ça peut paraître un peu compliqué et subtil, tout ça à la fois, mais en fait, on comprend mieux avec notre slogan, regarde :
La PN, c’est nous qu’on veut taper les arabes.
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Pour faire simple, nous sommes les justiciers des temps modernes, des sortes d’Ali Baba contre les 40 voleurs des puces de Clignancourt si tu préfères. Ou encore Batman qui combat la nuit quand tous les chats et les gens sont gris. Ou même Fantomette quand elle veut coincer cet enculé de traficant d’œuvres d’art qui n’est autre qu’un communiste.
Ah parce que oui, ces sales hippies rouges à vélo comme Besancenot ou Robéru ou Daniel Condhbit... Cobendn... Daniel Auteuil, on les aime pas non plus ! Bah bien sûr bande d’affreux bougres ! On vous écoute, on va dissoudre la France, ma femme sera une terre de moisson collective, on va casser des cailloux avec des pics à glace dans des goulags et on bouffera des nourrissons ? Faut arrêter un peu. Si notre Président c’est un facteur, alors autant greffer un collier de barbe en poils de bite et peler le crâne à la grosse caissière moche du Monoprix et dire que c’est lui le Premier Ministre. Bordel.
Voila pourquoi nous fûmes créés en 2002, à l’initiative de deux hommes visionnaires prénommés Jean-Marie et Marine. Le discours inaugural fut prononcé en ces termes : « Il est essentiel de sécuriser la société, de montrer aux malfrats et aux gredins qui profitent de la faiblesse du pouvoir actuel pour accomplir leurs affreux méfaits qu’il est fini le temps des vols à l’étalage sur des vieilles croûtes séniles édentées qui clamseront à la prochaine canicule ! Y en a marre à la fin ! On n’en peut plus ! Zut alors !... Pour leur faire subir le châtiment mérité pour leurs actes, nous allons agir et débusquer ces sinistres drilles partout où ils se cachent. Et ce sera d’autant plus simple qu’il sont aisément reconnaissables à leur pigmentation cutanée originale, à part la nuit bien sûr puisque celle-ci est de couleur sombre ! »
La Police Nationaliste était créée.
On milite donc pour un monde plus juste et équitable dans lequel on bouterait les Arabes hors de France pas seulement à Poitiers avec Charlemagne ou je-sais-pas-qui avec son marteau et son cheval. Voila.
Il est bien loin le temps de nos aïeuls, où l’on pouvait rendre la justice selon l’inspiration du moment, en se basant sur des principes difficilement contestables, tels que « Cette vague avait la forme d’une montagne qui s’écroule : puisque Poséidon l’a décidé, tu seras pendu au lustre du temple, et fouetté avec un hareng saur jusqu’à ce que mort s’ensuive », ou bien « Oh ! Une éclipse ! Il faut donc péter la clavicule de toutes les grands-mères chauves que l’on croise avec nos massues ! » Enfin des trucs du genre quoi.
Aujourd’hui, lorsqu’on veut arrêter un malfrat, on est obligé de ne pas l’abîmer, sinon il devient innocent... Mais sérieusement ! Tu arrêtes un vendeur de drogue et tu lui casses à peine 4/5 côtes et la moitié de ses incisives, ce qui lui en laisse largement assez pour vivre convenablement, bah on parle tout de suite de « bavure abominable », de « violences policières », de « pizza mascarpone » (de l’italien, signifiant « pire qu’un massacre », c’est-à-dire pas trop bienveillant ni attentionné), etc.
Et si je vandalise l’arrière-train d’une personne de type féminin non consentante hein, ce que l’on appelle communément un viol, et qu’elle me heurte avec la paume de sa main lancée à pleine vitesse sur ma joue, ce que l’on appelle communément une gifle, alors je suis innocent ? Complètement illogique comme truc. Aussi débile qu’un participant au « Juste Prix ».
Du coup, notre credo est de rétablir les valeurs ancestrales, notamment le lynchage de bougnoules, qui était certainement considéré comme sport olympique avant 1830, bien que le CIO s’en défende.
Nous sommes évidemment énormément critiqués par les Gauchistes, mais ceci vient essentiellement du fait que ce sont des fiottes. Surtout quand on voit que leurs élites sont à moitié composées de femmes et de pédés, l’autre moitié étant François Hollande... Franchement, ils ont pas de quoi se la ramener.
Sinon, à part ça, les gens nous aiment bien, et l’on bénéficie de nombreux avantages en nature, comme des poings américains, des drapeaux tricolores, des abonnements gratuits à la tribune Boulogne du Paris Saint-Germain, des bons d’achats chez Lonsdale et toutes sortes d’animaux albinos (très important, l’albinisme).
Voici un résumé cartographié des gens qui nous aiment :
Et pareil au Parlement :
Entrer à la Police Nationaliste, ce n’est pas seulement avoir un badge et une arme blanche, c’est un véritable art de vivre.
Lors de ton entrée chez nous, il sera impératif de changer d’apparence physique dans le but d’apparaître comme quelqu’un de respectable, à l’apparence soignée. Adopter le PN staïle en quelque sorte, comme disent les jeunes. Pour y parvenir, il faudra obligatoirement passer par une séance de relooking, comme le dit Évelyne Thomas. Celui-ci se déroule en deux phases principales :
- Tout d’abord, il est important de créer un style capillaire épuré, destiné à la fois à optimiser la pénétration dans l’air et à laisser le crâne évoluer dans un environnement frais, rempli d’oxygène, ce qui favorise la concentration et permet des réflexions encore plus intense. Cette allure désormais célèbre porte le nom anglais de « skinède », signifiant « splendide, mais peut-être un poil trop court, en particulier pour les femmes ne suivant pas une chimiothérapie ».
- Ensuite, vient la cérémonie dite de tatoofication : inspirée des traditions germaniques, mais en aucun cas des cérémonials primitifs des maoris ou d’une quelconque autre bande de rustres zoulous. Le dessin tatoué sera une croix, symbole de la fraternité et de l’entraide. Par contre, il est bon de savoir que notre tatoueur officiel est un satané maladroit, et qu’il lui arrive de déborder un peu :
- Vient enfin le moment d’enfiler l’uniforme. De couleur unie afin d’être à la pointe de la mode à l’instar de Karl Lagerfeld et Vincent Lagaff, il est néanmoins agrémenté de nombreux ornements qui vous sierrons à merveille : en premier lieu, les brassards rouges vous donneront un petit air « capitaine d’une équipe de football », qui vous poussera à donner l’exemple en toute circonstance, notamment en matière d’insultes et autres conflits de langage. De plus, les initiales SS seront cousues sur votre col, rappelant à tout le monde à quel point vous pouvez être « Sympathique et Souriant ».
Une journée au sein de la PN
Présentation de mes collègues
Déjà, il y a José, dit « José le nazi ». Mais attention, il ne faut pas se fier à ce surnom affectueux puisqu’il s’agit d’un véritable forcené, capable du pire comme de se faire des cicatrices à la tronçonneuse pour déconner, ou de jouer à la roulette Russe avec ses enfants lors des soirées « jeux de société » qu’ils tentent d’organiser. Nous on l’aime bien, mais bon... il aurait tout aussi bien sa place dans un hôpital psychiatrique.
Thierry aussi d’ailleurs, ce n’est pas pour rien qu’on le surnomme « Thierry l’abruti », « le dégénéré du bulbe », « gros connard d’enculé de merde » ou « S’Thierry Boulay » (c’est une blague en référence à Steevy Boulay, pour la petite anecdote). Il n’est pas bien méchant, c’est la raison pour laquelle il reste avec nous. Cependant, la communication avec ce basique personnage s’avère le plus souvent difficile. Pas parce qu’il a une orthophonie digne de Sophie Favier la bouche remplie de balles de tennis. Non non. C’est juste qu’il est complètement con. Et souvent incohérent.
Il est donc devenu naturellement la tête de Turc du Chef, le chef, qui se trouve être notre chef. Je viens de me relire, et c’est pas très clair. En fait, il n’est pas Turc, notre chef, mais il s’appelle « Le chef ». C’est pas son vrai prénom bien sûr, mais on le connait pas donc bon... Pour la petite histoire, le Chef était un ancien haut-commandant de l’armée Française, sous Napoléon ou un autre gars cool probablement. Lorsqu’il a pris sa retraite, on lui a proposé de nombreux postes à responsabilité dans l’armée, mais il a jeté son dé velu sur la PN, qui selon lui « avait besoin d’un guide paternel, un réel prophète duquel suivre les ordres aveuglément »... Vous l’aurez remarqué, c’est pas l’humidité qui l’étouffe.
Le petit sac d’os en t-shirt moulant là-bas, c’est Loulou. On le soupçonne d’être entrer à la PN pour pouvoir assouvir son penchant manifeste pour le toucher rectal à main nue sur homme de sexe masculin. On se souvient d’ailleurs tous de son entretien d’embauche, où à la question anodine « Pourquoi voulez-vous intégrer notre unité ? » il avait répondu « J’veux qu’on parle de moi, que les flics soient nus, qu’ils se jettent sur moi, qu’ils m’admirent qu’ils me tuuuuuent, qu’ils s’arrachent ma vertuuuuuu ! » et tout ça en gueulant comme un phoque enragé.
Moi, dans cette équipe, je suis en quelque sorte le confident, l’ami Ricorée, l’épaule sur qui pleurer et raconter ses malheurs. Sinon, je m’occupe de tout et de rien, mais surtout de rien, tu remarqueras. Mais je vais faire des jeux de mots avec les titres, parce que je suis trop cool. Lol.
9h – 10h : Cimeti’heure
À peine le temps de prendre une pause-café que la journée commence : on nous appelle au cimetière, où un mystérieux appel anonyme nous a informé qu’il était possible que des tombes aient été profanées. « Güten Tag camarades ! », disait la voix. « J’a tagué le cimetièrrrr des rrrraclurrrres de youpins, ahahahah ! Sieg Führer ! Gloire à notrrre maîtrrrre. », avec un léger accent Allemand qui fleure bon la bonhommie et la choucroute. Ça ressemblait légèrement à la prononciation de José. Étrangement...
En arrivant là-bas, personne. C’était aussi désert qu’un concert de Dany Brillant, c’est dire. Pas un chat. Et d’un calme ! On aurait pu entendre un manouche voler à la tire.
Je remarque immédiatement la scène de crime. Quelques sépultures avaient été recouvertes de symboles énigmatiques, ainsi que d’inscriptions en langage Allemand, nous faisant ainsi penser que l’auteur des faits avait sûrement un message à faire passer, comme a dit le chef.
C’est alors que José se pointe. Tout le monde remarque instantanément qu’il a les mains remplies de peinture, exactement de la même couleur que les inscriptions... De plus, il transporte un sac à dos duquel dépassent de nombreuses bombes à tag... « Putain, t’es encore à la bourre, enfoiré de connard de Boche ! », lui dit le chef. En même temps, comme j’ai dit, on va pas lui jeter l’Abbé Pierre, sachant qu’on avait mis presque une heure pour arriver.
Il m’a jeté un regard noir. Enfin bleu-gris, mais méchant, en me traitant de pauvre tête de pédé. Ça a vexé Loulou, qui est rentré bouder dans la camionnette. Thierry était quant à lui d’humeur facétieuse puisqu’il se mit à arracher toutes les fleurs des tombes voisines pour nous jeter les pétales dessus en criant « Joyeux Noël des mariés ! » Il s’est pointé devant moi, j’étais pas de bonne humeur parce que je venais de me faire engueuler, j’ai mis ma paume de main vers lui en disant : « Parle au mur, mon cul est malade », comme Fatal Bazooka dans leur clip. Ça a eu l’effet escompté puisqu’il a rejoint l’autre tarlouze boudeuse fissa, en pleurant. Faut pas trop m’emmerder moi.
On est restés à 3 pour enquêter. On a comparé discrètement les doigts de José aux empreintes sur les stèles, et ça correspond parfaitement ! On va donc faire un rapport : c’est à coup sûr quelqu’un du même gabarit et qui parle pareil. Vite, on est appelés à Argenteuil.
10h – 12h : émeutes heure-baines
Oh punaise ! À peine le temps d’arriver qu’on est face à des hordes de jeunes en tenue de combat. Un survêtement Lacoste pour la plupart. Il faut savoir que la population de la Goutte d’Or est à peu près aussi accueillante envers nous que Kim-Jong-Il envers les journalistes. On a donc droit à des slogans de bienveillance fraternelle tels que « Niquez vos mères bâtard de keufs », et un feu d’artifice, sans pyrotechnie mais avec des cailloux, à la mode Intifada.
Direct, José se met seul face à eux, les menaçant de leur lâcher la brigade canine dessus, en vociférant des slogans nazis « Heil fuhrer ! Heil fuhrer ! Heil fuhrer ! » On aurait dit la pub de Pépito en Allemand.
Loulou, bien qu’heureux au premier abord en voyant tous ces mâles vindicatifs en face de lui, déchanta rapidement lorsqu’il dut esquiver une salve de pavés lancés à son encontre. Il se mit alors à courir, avec panique et affolement n’étant pas sans rappeler celui d’un caniche à qui l’on aurait mis feu. On le retrouve 10 minutes plus tard, tapi dans un local à poubelles qui d’après lui « sentait bon le sable chaud ». Ouais enfin... pour nous c’était surtout l’étron chaud, voire les ordures chaudes, le putois chaud, le chat échaudé qui craint l’eau froide et le hot dog.
Avant de commencer à leur rentrer dans le lard, je demande au chef « Sinon pour savoir, tu te sens à combien de pourcents physiquement ? » – « Connard ! Tu m’as pris pour un yaourt ? », y m’a dit. Mouais, pas très futé. On a donc tous pris nos matraques, à part Thierry, qui s’est ramené avec un sandwich au thon. Le chef a voulu lui confisquer, mais il lui a expliqué qu'il lui fallait manger pendant les missions sinon il risquait de faire du hip-hop. « Du hip-hop ? » a demandé le chef. Il lui fait « Oui, du hip-hop glycémie. » Dans le doute, il a pu récupérer son sandwich.
À peine la première charge effectuée, Loulou se rapatrie au fourgon en pleurant. « Aïe mon Dieu ! Marie-Joseph et tous les saints, la souffrance ! Je souffre ! SOS ! J’ai reçu deux blessures, une au plexus scolaire, et l’autre à côté de la boutique, là-bas » il disait en montrant une boulangerie. José l’a arrosé de vodka et d’essence, en nous disant qu’on devait lui faire confiance, parce que c’est des trucs de sa grand-mère. On a quand même eu un doute quand il s’est approché avec une allumette ensuite...
Dix minutes après, c’est Thierry qui grimace. « Toi aussi t’es blessé ? » a demandé le chef. « Non non. C’est ma tête habituelle. » Ouf ! C’est toujours ça de pris. Au bout de la troisième charge, on s’est ramassé une tannée. Hop, retour à la base pour fomenter une tactique. On s’est rassemblés, et... rien. Pas un bruit. On se regardait tous dans le blanc des yeux. De son côté, le chef disait rien, mais je voyais bien qu’il en pensait pas plus.
« Bon, on va manger ! »
14h – 15h : nique ta m’heure la pute
Après un repas bien mérité, arrosé de blanc, de rouge, et avec un peu de bleu sur le plateau-fromage, nous voici d’attaque pour l’après-midi. Le Chef a décidé d’aller à Clignancourt, son terrain de chasse favori depuis qu’il a vu des vidéos sur Internet traitant du problème des poucaves, des keufs et des skins dans la société française actuelle.
Avant de partir, Thierry avait l’air préoccupé, il a demandé « Comment on va faire pour traverser la mer ? Y a un grand pont ou un bateau ? » « Et on peut savoir quelle mer il y a entre ici et Clignancourt ? », lui rétorquai-je. Il a eu l’air de réfléchir, puis a répondu « la mer Michel ? ». Il était temps de partir.
Sur place, on se balade tranquillement, chacun faisant son possible pour se fondre dans la masse. Le chef observe scrupuleusement chaque passant, tapi derrière un parcmètre, avec autant de discrétion qu’un quatuor de cornemuses dans une église lors d’un enterrement. Soudain, ses oreilles se redressent à la manière de Rintintin, il a trouvé quelque chose, c’est sûr.
Et effectivement, on le voit bondir quelques instants plus tard sur un jeune à l’aspect délinquant multirécidiviste, apparemment nommé Taï-Taï. « Police Nationaliste, contrôle d’identité, salopiaud », lui dit le chef. Puis d’adressant à nous « Vous voyez ? On reconnait facilement la racaille, grâce en particularité à son code vestimentaire. Il faut alors le remettre dans le droit chemin en lui cassant une paire de côtes, comme ceci. » en tapant dans le sternum du bougre. Car sinon après, continue-t-il, il vient faire son mariole sur Dailymocheune, comme quoi il nous attend tous, et qu’il va nous botter le cul avec ses chaussures Adidas, nous ligoter dans sa camionnette, et on va pleurer des madeleines ! Nos mères la pute, ajouta-t-il après coup. Je voyais bien à la mine réjouie de Loulou qu’il espérait secrètement visiter pour de vrai la camionnette. Dommage, pensais-je en me parlant tout seul dans ma tête comme un gros con.
« Bon, mon petit. Tu n’as rien à nous dire ? » L’autre, complètement apeuré, nous avoua immédiatement qu’il avait prévu de commettre un attentat terroriste au caca dans son lycée, en laissant intentionnellement la brosse plantée dans la cuvette avant de tirer la chasse.
Le chef a paru très déçu : « Et même pas un petit viol, ou quelqu’un à schlasser ? » Non non. Il s’est alors mis en colère, et a précisé au jeune qu’il avait intérêt de vite foutre le camp d’ici avant qu’il le vire lui-même à grands coups de pieds occultes.
Taï-Taï a répondu qu’il était d’accord, qu’il prenait ses clics et ses claquettes, et qu’il se Taï-taillait. « Lol enculé de keuf ! », ajouta-t-il alors, visiblement fier de ce coup d’éclat précédant un sprint de plusieurs minutes.
16h – 17h : vol à l’heure-achée
Après la course-poursuite effrénée qui s’ensuit, motivée par un instinct collectif de chopper le malotru afin, je cite, de « le sodomiser avec un cactus », nous reprenons notre surveillance discrète. On n’a pas le temps d’attendre cinq minutes, qu’une jeune et innocente retraitée de 28 ans se fait arracher son sac à main devant nous.
Suite à notre intervention et à la restitution de ses biens, elle est évidemment très reconnaissante : « Barrez-vous, connards ! J’suis pas une poucave. » Le chef, encore essoufflé et perclus de crampes, décide d’emmener le délinquant juvénile dans notre fourgonnette, afin qu’il ne nous échappe pas comme l’autre.
À peine à l’intérieur, celui-ci se plaint déjà : « Waaa les keums, ça shlingue le morback crevé ici ! Z’avez fait cramer votre grosse daronne le chevreuil ou quoi ? » Amis de la poésie bonjour. Arrive alors le moment de l’interrogatoire. Fait étonnant : même devant l’insistance de José, qui s’était mis devant lui avec un poignard dans chaque main en beuglant qu’il allait le coller à un mur en crépi avec de la patafix pour lui faire subir des sévices, il s’est aussitôt mis à démentir éhontément tout. Il a dit qu'il était innocent et bien trop pacifique, ne serait-ce que pour égorger une vieille dame, ou violer un yorkshire.
« On me la fait pas à moi ! » lui dis-je, soudain interrompu par une caméra qui avait vraisemblablement emmené sa journaliste avec elle, puisque cette dernière se mit tout de suite à nous piailler dessus. Et nanani, et nanana. Violences inadmissibles, bavure manifeste, etc.
Le chef était visiblement embarrassé, et s’est mis à se défendre comme au tribunal, comme quoi les délinquants veulent jamais se laisser attraper, alors pour éviter de consommer l’argent du contribuable en leur courant après, bah on préfère les enfermer dans notre fourgon pour leur casser les tibias. Il tente alors de citer un proverbe de chez lui, comme pour se justifier « Prudence est mère... Prudence est mère euh... » « Mère Michel ! » a crié Thierry. C’était limite, il a évité de justesse un coup de poing et s’est rassis.
La journaliste, qui s’appelait Patrick, s’est alors mise à nous ignorer totalement pour s’adresser au voleur : « Bonjour, jeune homme opprimé. Je constate que vous êtes ici contre votre gré pour des faits qui vous sont reprochés de manière arbitraire par ces sinistres quidams de la caste policière. » On s’est tous regardés, même lui, l’air de dire « on capte rien, fais pas ton Bernard Pivot, salope ». Elle a continué, l’air de rien « Vous ont-ils insulté ? Vous ont-ils frappé ? Vous ont-ils arraché le prépuce à l’aide d’une pince-monseigneur ? » Putain, elle manque pas de culotte !
On a donc organisé un mini-débat interne entre nous, pour savoir quoi faire. Thierry voulait faire un gâteau au yaourt. Loulou de l’aquagym. José a demandé qu’on le dépose au cimetière Juif. Perso, j’ai dit que cette horrible connasse méritait le respect, puisqu’elle ne faisait que son métier, mais qu’on pouvait essayer de la raisonner. Le chef : « La raisonner ? Pfff, autant pisser dans un vieux lion... »
On l’a donc enfermée elle aussi, on verra bien demain ce qu’on en fait...
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