Devise olympique
En effet la devise officielle des Jeux Olympiques se trouve être justement "Citius, Altius, Fortius". Ça tombe bien car c'est de cela que je voulais vous parler.
Contexte
C'est en l'an 1894 que le comité international olympique demande à Pierre de Coubertin de trouver une devise pour les Jeux Olympiques. Ce cher Pierre fut certes très heureux de s'être vu confié cette mission, mais après différents essais infructueux, il dut admettre qu'il n'avait vraiment pas d'idée de devise. Désespéré, il se tourna donc vers Dieu pour qu'il lui trouve quelque chose.
On le sait en effet, depuis la nuit des temps le sport et la religion ont été mêlés.
Ici donc Dieu, dans Sa bonté infinie, accepta d'aider Coubertin. Il allait lui trouver une bonne devise, mais pour rajouter du piment, Dieu décida que la devise serait composée de trois mots, chacun créé par l'envoyé d'un dieu différent, et que le premier mot qui arriverait à Pierre de Coubertin gagnerait. Jéhova, quant à Lui, ferait office d'arbitre. Ainsi donc la volonté du Seigneur fut faite, on désigna trois candidats et la compétition commença.
Aujourd'hui pour la première fois et en direct de la dÉsencyclopédie, nous allons avoir le plaisir de suivre cette course passionnante à travers les âges !
Citius
La compétition s'ouvre donc avec Zeus, un Zeus en grande forme et prêt à tout pour gagner. Du haut de son Olympe il regarde les mortels. Une question est sur toutes les lèvres : qui va-t-il choisir comme envoyé ?
Le suspense est à son comble, les autres dieux sont hystériques, Zeus alors désigne un mortel de son doigt divin. Qui est donc l'heureux élu ?
Ah, je vois que Zeus a préféré ne pas prendre de risque en choisissant une vieille référence : c'est Homère qui va créer le mot ! La course s'annonce déjà palpitante !
Grèce antique, VIIIe s. av. J. -C.
Ce fut donc Homère qui reçut la mission divine, Homère qui était alors assez diminué, et que pour le sortir un peu on avait invité à participer aux Jeux Olympiques. Pas en tant qu'athlète bien sûr, mais pour donner le départ de la course. C'est là que l'aède inspiré livra au monde le mot. En effet, étant aveugle, une fois le départ donné il ne put voir si tout le monde était parti, et pensant qu'un coureur était toujours là, il s'enquit :
T'y vas ?
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Le mot était lancé, il fut réécrit en grec ancien (τινα) et le peuple hellène en fut immédiatement le réceptacle. Homère mourut mais le mot fut son héritage (ainsi que deux ou trois obscurs bouquins) et la Grèce se développa, s'étendit, et en vint à habiter sur la péninsule italique, où naissait alors la civilisation romaine.
Rome antique, IIIe s. av. J. -C.
La civilisation romaine ici représentée par le petit Appius, sept ans et demi. Il jouait tranquillement à la playst ninten gamec à un jeu de l'époque quand sa mère l'apostropha :
Soit littéralement : "Pourrais-tu aller faire les courses, Appius ?"
Maugréant, le gamin prit le panier et sortit. Cependant, aveuglé par la colère il se trompa de chemin et arriva en Grande Grèce. Surpris, le jouvenceau se précipita chez lui pour tout raconter à sa mère. Celle-ci s'adressa à un questeur, lequel transmit l'information à un édile qui fit passer à un préteur, lequel en avertit un consul, si bien qu'en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire les Romains étaient en Grande Grèce et s'appropriaient la mythologie grecque, son architecture, sa littérature et le mot, qui fut traduit en latin :
TIVA
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Rome à son tour connut l'épanouissement et le raffinement, l'Empire s'étala sur l'Europe comme de la confiture sur une tranche de pain beurrée.
Le mot devait traverser ces épreuves et c'est là qu'il subit sa première mutation, due au sémaphore employé alors pour transmettre les messages.
En effet, en cette époque d'extension de l'Empire, le code sémaphore était très employé, avec son lot d'erreurs quotidien. Ainsi on raconte dans les couloirs des universités que l'assassinat de César fut issu d'une erreur : un messager avait livré le message suivant :
C'est-à-dire "Occide C. Iulium Caesarem" (Tue Caius Julius César). En fait, il voulait dire cela :
C'est-à-dire "It's fun to stay at the YMCA" (on reconnaît d'ailleurs les quatre derniers signes).
En l'occurrence l'erreur fut traîtresse : Le messager inversa le dernier signe ce qui changea TIVA :
en TIVG :
La faute passa inaperçue aux yeux des Romains et le mot devint TIVG, toutefois on passa rapidement au morse et à la lampe Aldis pour transmettre les messages, le système de sémaphore étant trop approximatif.
Ainsi donc, en morse, l'erreur de transcription qui arriva ne fut pas légitime, est c'est sans doute un messager mal remis de sa dernière orgie qui fit la faute :
- /••/ ••- /•••
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soit TIVS, au lieu de
- /••/ ••- /--•
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soit TIVG.
Mais nous étions alors sous l'Empire décadent et les empereurs, trop occupés à s'adonner à la luxure, à la gourmandise, à la paresse et aux quatre autres péchés capitaux que j'ai oubliés, ne remarquèrent pas l'aliénation du mot et restèrent vautrés dans le luxe.
Jusqu'à ce qu'arrivent :
Les Barbares !
Invasions barbares, Ve s. apr. J. -C.
On ne les attendait pas, et pourtant. Les Barbares arrivent, dirigés par l'effroyable et néanmoins sympathique Wiir Entstecken (prononcez Ent comme les arbres qui parlent dans le seigneur des anneaux, steck comme dans "cht'ai cassé !" et en comme la fin d'un infinitif allemand.). Ce sont des gros durs, ils sont sales, barbus, ils boivent de la bière et écoutent du black metal, enfin bref, je crois que vous voyez le genre, on en a tous croisés une fois ou l'autre dans la rue. Ainsi, armés de fléaux d'armes et de gros mots, ils surgirent brusquement pour foutre sur la gueule aux Romains.
Le Programme Barbare de Destruction de l'Empire incluait également la démolition des principaux monuments romains, y compris le Colisée. Wiir Entstecken s'y attaqua donc personnellement, mais après quelques coups l'édifice laissa choir, comme dans un geste de riposte désespéré, un morceau de pierre.
Le chef des Barbares le recevant sur le pied laissa, malgré sa force et sa résistance de Barbare, échapper un :
Aïe !
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Blessé, il mourut quelques heures après d'une gangrène, mort par ailleurs identique à celle de Jean-Baptiste Lully, qui se trouve être justement un lointain descendant de Wiir Entstecken, ce qui est étonnant mais sans aucun rapport avec la suite.
Car les Barbares s'étaient emparé du mot et s'apprêtaient à rentrer chez eux, fatigués du carnage. Ils transcrivirent le mot dans une graphie moins romaine, c'est-à-dire "tius". Eh oui, les Barbares avaient déjà la lettre u, ce qui explique entre autres leur victoire sur les Romains.
En guise d'hommage à Entstecken, ils ajoutèrent son ultime cri au début du mot, ce qui donna "aïtius". Puis ils regagnèrent le bercail et on aurait pu ne plus jamais réentendre parler du mot.
Mais le destin est joueur.
Moyen-Âge, XIIIe s. apr. J. -C.
Les derniers descendants des Barbares s'étaient réunis dans une buvette mal famée. Le monde qu'ils avaient jadis bouleversé s'était plus ou moins remis, eux pas. Ils n'étaient plus qu'une dizaine, présidés par un descendant de Wiir Entstecken, pas Jean-Baptiste Lully, mais Fjur Entstecken (en huit siècles la prononciation a changé. Maintenant il faut dire Ent comme quand on conjugue le verbe hanter, steck comme un steak et en comme dans entrar, en espagnol.). Fjur Entstecken n'a pas la classe de son aïeul : il est petit et malingre, propre, imberbe et son passe-temps favori consiste à inventer des expressions quand il est content.
Au programme de la réunion, il n'y avait pas grand chose, alors Fjur décida de ressortir la seule chose qui leur restait de leurs conquêtes : le mot. Ils le regardèrent tous et l'un d'eux, un certain Srip-Krip Meestens, fit une remarque :
Les Barbares pensèrent que c'était vrai, ils prirent un couteau et ils coupèrent l'accent. Comme Fjur Entstecken était content, il inventa une expression d'après cette action : avoir un accent à couper au couteau.
La séance n'aura pas été vaine, le mot avait été changé en "aitius". Les Barbares commandèrent du thé (oui, en huit siècles les mentalités changent). Mais à ce moment, Alexandre III d'Écosse débarqua en personne avec des soldats et ils s'emparèrent du mot.
Alexandre III d'Écosse était une véritable ordure. Sa seule ambition dans la vie était de s'emparer du bien d'autrui, d'être le premier et de le faire savoir. Il avait ouï parler de ce mot aux origines paraît-il divines ce pourquoi il avait débarqué, pris le mot et tué tout le monde, sauf Fjur et deux ou trois autres qui étaient partis commander des brownies.
Dans sa lubie d'être le premier partout, Alexandre III d'Écosse voulait aussi être le premier du dictionnaire. Il avait donc renommé tous les mots se trouvant avant Alexandre, ce qui explique pourquoi actuellement il n'y en a pas autant qu'après. Ainsi, aitius se trouvant alphabétiquement avant Alexandre, il décida de changer sa lettre initiale, et pour choisir la lettre remplaçante il lança un dé. Le dé lui indiquant un chiffre et non une lettre, il prit donc la seule lettre qui se trouvait sous ses yeux, à savoir le dé, justement.
Le mot devint donc ditius et se trouva, comme les autres, après Alexandre. Le roi d'Écosse s'enfonça alors dans un fauteuil et se plut à rire de sa puissance sans limite. Mais c'était compter qu'à la charge reviendraient :
Les Barbares !
En effet, les Barbares survivants, frustrés, firent marche vers l'Écosse. Ils n'étaient plus que trois : Fjur Entstecken, Woorld Trestenter et, le plus con des Barbares, Sujzsia Bulzsia dit "L'Autre Con". Trop faibles en nombre et en arme, les Barbares décidèrent de ruser : Woorld Trestenter se déguisa en écossais et parvint à se faire engager comme serviteur du roi. Il découvrit que seules deux personnes connaissaient le mot : Alexandre III et sa fille Marguerite d'Écosse. Woorld subtilisa alors le mot, ditius, et le transmit à Fjur. Il ne restait plus qu'à s'occuper des Écossais qui connaissaient le mot.
Les Barbares choisirent de les tuer. Pour ce faire ils limèrent les sabots du cheval du roi pour le faire tomber. Alexandre III n'y survécut pas et mourut dans l'accident de cheval. Fjur, heureux de sa performance, inventa une nouvelle expression : saboter. Woorld choisit ce moment pour rejoindre ses complices, alors que Fjur inscrivait sa nouvelle invention dans un carnet. L'Autre Con, dans toute son imbécillité, ne reconnut pas Woorld et le tua. Bon il faut dire qu'il était vraiment très bien déguisé.
Mais il restait encore une chose à faire, il fallait exterminer Marguerite d'Écosse, qui possédait toujours le mot. La mission fut confiée à L'Autre Con pour expier son meurtre. Il kidnappa donc la jeune fille, mais pris d'une pitié toute crétine il se sentit incapable de tuer la gamine et décida donc plutôt de l'enfermer dans une tour. Marguerite d'Écosse creusa évidemment un tunnel, mais c'est une autre histoire.
Fjur et Sujzsia, ayant récupéré le mot et tué ceux qui le connaissaient, décidèrent de rentrer. Pour payer le prix du passage de la Manche, Fjur fut contraint de vendre L'Autre Con, ce qui le satisfit et lui permit de créer l'expression "passer pour un con". Rejoignant le continent, Fjur s'égara plus ou moins et erra jusqu'à l'année suivante, 1287. Là, il débarqua en Birmanie en pleine bataille de Pagan. Mortellement blessé, il se traîna, appuyé sur un bâton, dans toute l'Europe. Une nuit de novembre 1287 il arriva en France, et atteignit Javel qui n'était alors qu'un village sans gare, sans RER, sans métro, sans rien.
À l'agonie, il inscrivit le mot sur son bâton et le lança à travers le village, puis mourut, éteignant ainsi la noble race des Barbares. Le bâton alla se planter dans le ventre de Charles Piêtrefaille, qui courait dehors. Mortellement blessé lui aussi mais la main guidée par Zeus, il recopia le mot dans une lettre qu'il envoya à Pierre de Coubertin en faisant confiance aux retards de la poste pour qu'elle n'arrive qu'en 1894. Il fit malgré tout une faute de transcription et changea le d et s, mais il faut dire qu'un mot écrit successivement par deux agonisants a peu de chance d'être toujours correct.
Le mot devint donc sitius.
Époque moderne, 1894
Charles Piêtrefaille avait raison : la lettre arriva chez Coubertin en 1894, mais fut malgré tout la dernière à arriver. C'est justement ce qui causa le dernier changement d'orthographe du mot : Le domestique chargé du courrier, Paul Hénôt, avait déjà vu les deux autres mots passer, altius et fortius, mais il avait mal lu et pensait que c'était oltius et nortius. Malicieux, il changea donc le Sitius en Citius pour que les trois mots forment l'acronyme CON.
Pour l'anecdote, un descendant de ce domestique fut élu à la présidence de la Société Internationale Olympique. Croyant qu'il s'agissait de la Société Olympique Nationale, il changea le premier mot en "Comité" pour la même raison, et le CIO fut créé.
Altius
Le deuxième candidat à notre grande course est le Grand Esprit de la Nature, dieu des Taïnos, peuple des Grandes Antilles. Tout en finesse et en subtilité, c'est néanmoins un adversaire sérieux pour les autres candidats. Le Grand Esprit de la Nature confie le choix d'un mot au plus sage de ses fidèles, le Sage Anamará, cacique de l'île de la Jamaïque.
Ier millénaire av. J. -C.
Quand le Sage Anamará eut entendu la demande du Grand Esprit, il entreprit un grand voyage à travers l'île pour se rendre à l'endroit de l'actuelle Kingston où vivait un très vieil ermite. Il lui fit part de sa requête et le vieillard, sortant exceptionnellement de son mutisme, murmura quelques syllabes. Anamará fit un sacrifice pour la mémoire de l'ermite et reprit la route vers sa tribu.
Ce mot était à la fois simple et complet, il résumait la diversité et l'unité, le tout et le un. Il fut transmis de sage en sage, et de génération en génération il recevait la sagesse de tous ces hommes, comme la pierre sculptée lentement par le vent. Le mot se laissait caresser par le temps, tangent vers l'ataraxie, gravé dans l'âge et dans la pensée. Fruit des longues méditations de l'anachorète, transcendé par ses propriétaires successifs, il donnait cette impression bizarre qu'ont les objets anciens qui ont traversés tous ces siècles, cette espèce d'éclat insolite, de saveur effacée dont on ne garde que l'empreinte.
Puis vers 300 avant J. -C. un Romain arriva et tua tout le monde.
Rome antique, IVe s. av. J. -C.
Ce Romain s'appelait Tullius Namrepus Calenus et était, pour dire les choses franchement, un conquérant. Il cherchait uniquement à étendre les terres de l'Empire romain, ce qui était un peu précoce vu qu'à l'époque Rome essayait surtout de se faire de la place entre les Grecs et les Étrusques.
Toujours est-il qu'une fois que Calenus et ses troupes eurent tué tout le monde, violé les femmes et pissé sur le cacique, Calenus prononça une petite locution latine de derrière les fagots :
Est Romae fucking potestas.
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(Littéralement "C'est la putain de bordel de merde de puissance de Rome")
Le mot avait disparu avec l'entier de sa tribu, Calenus pensa qu'il était temps de rentrer. Comme on peut l'imaginer, à son retour, il eut des problèmes avec Suétone.
Ah, j'en vois au fond qui gesticulent et qui se perdent. Allons donc, la présence d'un Romain en Jamaïque et de Suétone au quatrième avant suffit pour vous perturber ? Laissez-moi vous expliquer. Vous vous êtes sans doute déjà demandé en lisant des bouquins d'histoire d'où sort ce dénommé Suétone qui en sait tant sur les empereurs romains et qui a un nom qui ne sonne ni latin, ni grec, ni quoi que ce soit. Eh bien en fait Suétone n'a jamais existé. Les empereurs romains non plus, d'ailleurs, mais ça c'est une autre histoire. En fait Suétone est le nom générique d'une société dont le but et de réécrire l'histoire à sa convenance, bref il s'agit d'un complot mondial qui maîtrise tous les tenants du texte historique, à l'époque déjà.
Derrière le nom de Suétone se cache en fait l'acronyme de Société Universelle d'Écriture des Textes 1, soit SUÉTone (one pour 1). Pourquoi 1 ? Parce que pour des raisons de discrétion élémentaire cette société secrète doit changer régulièrement de nom à travers les époques, et qu'elle numérote donc ses différents baptêmes.
La SUÉTone existe toujours, elle en est aujourd'hui au quatrième renommage. La société s'appelle donc Département d'Amélioration Rédactionnelle 4, connu sous l'acronyme DARfour. Ben oui, ça ne vous a jamais paru suspect, cette région d'Afrique rongée par la faim et les guerres civiles ? Évidemment, quoi de mieux pour éviter les gêneurs que de se donner une telle image ? Pas de tourisme, pas d'enquête, rien. Alors que laissez-moi vous dire que le DARfour n'a pas du tout la gueule qu'on voudrait bien lui donner. La Zone 51, à côté, c'est les chiottes des voisins du dessus.
Oui donc.
La SUÉTone, qui n'avait pas prévu la conquête de l'Amérique avant 1492, eut vite fait d'éliminer Canelus et tous les témoins de son voyage. La phrase qu'il avait prononcée, en revanche, fut conservée après suppression du mot fucking, puisque c'est bien connu les Romains aimaient beaucoup les phrases en trois mots (Veni vidi vici, Alea jacta est, Tue ton chat, etc.).
Est Romae potestas devait d'ailleurs resservir puisque le gérant de la Loi des Quinze Tables, texte fondateur du droit romain, cherchait une devise. La SUÉTone, n'ayant plus de locution latine en réserve, pris Est Romae potestas, mélangea les lettres et obtint la magnifique anagramme :
Optas testae mores.
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(Littéralement : tu choisis les coutumes de brique)
Le gérant de la Loi des Quinze Tables s'appelait Quintus Reircus Priscus et il était nerveux. Il nettoyait les tables quinze fois par jour (une fois par table), il avait peur qu'on lui les vole, bref c'était un sacré parano. Et puis surtout, Priscus avait horreur du bruit. C'est pourquoi un jour il craqua. Il était en train de laver la neuvième table, celle à propos des drogues et stupéfiants, quand il entendit le bruit d'un ULM.
Agacé et au bord de la crise de nerf, Priscus péta un câble et balança sur les manifestantes la première chose qui lui tomba sous la main : les tables. Il en balança trois, puis se rendit compte de l'horreur de son crime : en plus d'avoir tué trois femmes il avait détruit trois des quinze tables.
La SUÉTone intervint, elle effaça les traces du délit, tua les autres manifestantes, ramassa les petits bouts de tables sur le sol et modifia tous les textes pour convenir qu'il s'agissait dès le départ de la Loi des Douze Tables. En guise de punition, on enleva trois lettres au début de la devise de Priscus (une lettre pour chaque table), ce qui donna :
As testae mores.
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Phrase que Priscus découpa différemment :
Ast est a emo res.
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(Soit littéralement "D'autre part c'est l'affaire d'un emo. ")
La SUÉTone découvrant le nouveau découpage tua Priscus et toute sa famille, détruisit sa maison et effaça toute trace de son existence. De plus, refusant d'entacher Rome d'une phrase comportant un emo, elle remplaça l'emo par un hippie, bien mieux vus à l'époque. La phrase devint donc
Ast est a hippius res.
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Ère chrétienne, Ier s. pendant J. -C.
C'est alors que la phrase fut reprise comme devise par le seul véritable hippie de l'Antiquité :
Toutefois Jésus, dans sa grande bonté généreuse, modifia la phrase une première fois quand son père adoptif Joseph mourut d'une hémorragie intraparenchymateuse.
Donc Joseph mourut et Jésus constata que sa devise contenait de façon assez morbide l'acronyme médical de Hémorragie IntraParenchymateuse, HIP. Il supprima les trois lettres de sa devise qui devint donc AST EST A PIVS RES. L'origine du terme PIVS, qui donnera Pieux en français, crève ici violemment les yeux.
Pour ce qui est de la suite, Jésus avait bien rigolé sur Terre mais prédisant une crucifixion imminente il demanda à cinq de ses apôtres de conserver un mot de sa devise. AST fut donné à Matthieu, EST à Thomas, A à Judas, PIVS à Nathanaël et RES à Bertrand. Évidemment, Judas était vexé d'avoir reçu le plus petit mot (comme sa bite, avait d'ailleurs rajouté Jésus, ce qui ne fut pas pour arranger les choses) et il dénonça donc Jésus aux Juifs Romains méchants qui le crucifièrent sur le champ, sur la colline en l'occurrence. Puis, pendant que Jésus sifflotait sur sa croix, Judas s'était contre toute attente barré avec son mot.
Les autres apôtres font le deuil et rentrent tristement chez eux. Quelques jours plus tard, alors qu'ils entrent au bistrot, Jésus, ressuscité et planqué derrière les rideaux, surgit devant eux et crie :
Bertrand, qui avait le cœur fragile, mourut sur le coup. Voulant rendre à Jésus son mot, RES, il gémit :
Avant de mourir.
En l'état, la phrase était donc devenue AST EST PIVS R. C'était sans compter le départ de Thomas, très énervé :
Bien sûr, Thomas ne rendit pas son mot à Jésus, ce qui fit de la phrase AST PIVS R.
Jésus, voulant éviter de se retrouver tout seul avec le R de Bertrand, envoya discrètement la phrase restante à un contact en Géorgie, Otar Djougachvili. Étant alors activement recherché par Interpol, la CIA et le boulanger qui n'avait toujours pas été payé pour les pains employés par le Christ pour ses tours de magie, Jésus scella solidement l'enveloppe pour éviter toute lecture importune.
La lettre arriva donc saine et sauve jusqu'en Géorgie. La prochaine section va se dérouler intégralement dans ce pays, et donc pour respecter la cohérence sera entièrement écrite en géorgien.
კავკასიური ენები, რეგიონს მონათესა ვე. წ. -რ.
შედის იბერიულ-კავკასიურ ენათა ჩრდილო-დასავლურ, აფხაზურ-ადიღურ ჯგუფში. გავრცელებულია ძირითადად აფხაზეთის ტერიტორიაზე. აფხაზური ენის ხმოვანთა სისტემა მეტად მარტივია : არის ორი ძირითადი ხმოვანი - ა და ე. წ. ირაციონალური, დანარჩენი ხმოვნები - აა, ე, ი, ო, უ მიღებულია პოზიციურად. თანხმოვანთა სისტემის მიხედვით აფხაზური ენა იბერიულ-კავკასიულ ენათა შორის ყველაზე რთულად ითვლება : ახასიათბს მკვეთრები, რის საფუძველზეც იქმნება ხშულთა და, ზოგჯერ, მეორეულ ასპირატთა სამეულებრივი სისტემა. გვხვდება ფარინგალური და ლარინგალური თანხმოვნები.
კლასიკური ლათინური ენის პერიოდი (ძვ. წ. I საუკუნე), რომელსაც "ოქროს ლათინურის ხანასაც" უწოდებენ, სალიტერატურო ლათინური ენის შექმნისა და საბოლოო დახვეწის პერიოდია. ლათინური ენის ფონეტიკისა და მორფოლოგიის სისტემები მყარ ნიადაგზე დადგა. მკვეთრად გამოიხატა აღწერილობითი, ანალიტიკური ფორმები როგორც ენის განვითარების სრულიად გარკვეული ტენდეცია ; რთული წინადადების სინტაქსი მნიშვნელოვანწილად დაეფუძნა დამოკიდებულ წინადადებაში კავშირებითი კილოს დროთა თანამიმდევრობის პრინციპს. ლათინურ ენამ უდიდეს გამომსახველობით ძალას მიაღწია ამ დროის გამოჩენილ მწერალთა და ორატორთა თხზულებებში. სანიმუშოდ ითვლებოდა ციცერონის ორატორული და ფილოსოფიური პროზის ენა, ხოლო პოეზიაში ნორმად აღიარეს ვერგილიუსის ენა. ამ დროს მოღვაწე მწერალთა და პოეტთა შორის აღსანიშნავია აგრეთვე იულიუს კეისარი, ოვიდიუსი და ჰორაციუსი.