Roman policier: Guide de rédaction

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Comme vous l’a enseigné Mme Chaffouin, votre professeur de Français de quatrième, le Polar n’est pas un genre : c’est un sous-genre. La Littérature se divise en effet en trois catégories :

Les « genres » de la littérature sont nombreux, et correspondent à des œuvres variées : la nouvelle, la biographie, le roman historique etc.. La littérature de genre rassemble la totalité des ouvrages que vous n’avez pas envie de lire, et que de toute façon vous ne comprendriez pas. La « littérature de genre » est réservée aux professeurs de Français, aux employés de la BNF, et à certains amis de votre belle-sœur.

Les « sous-genres » sont plus nombreux : le roman policier, l’heroic fantasy, les œuvres de la collection Harlequin, les livres de cuisine, les manuels Hi-Fi, la collection « pour les nuls », les notices des médicaments, les étiquettes des produits d’entretien et autres cosmétiques, le programme du Front National, les fenêtres d’erreur système de votre système d’exploitation, le prompteur de Claire Chazal, et l’œuvre complète de Michel Houellebecq.

« Les sur-genres » de la littérature, comme les deux précédentes catégories, ne dépendent pas de la qualité des ouvrages : c’est Mme Chaffouin qui décide. Le sur-genre rassemble donc les œuvres du programme du Bac de Français, les œuvres de programme du concours de l’ENS en Lettres Classiques (Les Lettres Modernes se contentant de la littérature de genre). Les derniers travaux d’exégèse nous apprennent que le catalogue du sur-genre correspond très exactement à la liste des invendus de la NRF.


La structure du Polar

Dans le lycée pasteur a henin baumont

Ce qui fait le polar, ce n’est pas l’intrigue, mais la structure. Les œuvres les mieux vendues dans ce (sous-)genre sont celles dont la structure correspond au modèle suivant. L’ensemble de ces recettes a été rassemblé lors de discussions avec Dan Brown, ce qui atteste qu’à défaut de faire des bons bouquins, ça fait bien vendre.

Première page

Evitez les « longtemps je me suis couché de bonne heure », « aujourd’hui maman est morte » et autres « il y a aujourd’hui trois cent quarante-huit ans six mois et dix-neuf jours que les parisiens s’éveillèrent au bruit de toutes les cloches sonnant à grande volée dans la triple enceinte de la Cité, de l’Université et de la Ville ». Ces incipits sont lourds et prétentieux, attendus, et prouvent l’incapacité des auteurs à rassembler leurs idées et à les exprimer clairement. Plutôt que d’aller à l’essentiel, ils maltraitent la syntaxe, tordent les mots, et choisissent de vous assommer avant la fin de la première page. Vous avez remarqué que tout le monde parlait de Proust sans être capable de citer un seul passage ? C’est parce que personne n’a lu Proust. Même pas Mme Chaffouin… Eux aussi, le soir où ils ont commencé le bouquin, ils ont décidé finalement d’aller se coucher de bonne heure, et longtemps.

La Logique du Polar et du Thriller est toute autre. Allez droit au but, plantez le décor, et confirmez au lecteur que vous avez bien compris pourquoi il était entré dans votre bouquin. La maison vous offre quelques débuts de polar inédits et libres de droit. C’est à vous de choisir parmi l’une des accroches traditionnelles du polar :

L’accroche « cœur du sujet » : « Le corps avait été laissé là plusieurs jours auparavant, et l’odeur de charogne qui se dégageait de ces tissus en état avancé de décomposition en était la preuve. La jeune Femme gisait sur le parking de Prisu, et son meurtre avait fait l’objet d’une mise en scène macabre. Ses entrailles avaient été extraites de son corps et éparpillées autour de la carcasse, tandis que deux pics à glace de bonne taille surgissaient de ses orbites, dissimulant des yeux restés pétrifiés par la terreur… »

L’accroche « inspecteur mal rasé » : « Barry Loche émergea difficilement ce matin-là, ravagé par une nuit passée à ressasser les souvenirs de tous ces visages sans vie qu’il avait rencontrés au long de sa carrière… Il gagna la cuisine, but un vieux reste de café froid recouvert de mousse verdâtre, et prit une douche en essayant d’oublier la traque de la veille. Alors qu’il sortait de la douche, son biper l’alerta : Barry Loche le comprit tout de suite, la journée serait longue… »

L’accroche « bienvenue à Los Angeles », que vous devez évidemment transposer si vous êtres européen. Prenez l’exemple suivant : « Le smog recouvrait encore la zone pavillonnaire sud de Montluçon. La ville s’éveillait à peine, et les volutes de fumée semblaient fuir le paysage à mesure que les premiers passants s’aventuraient sur le Boulevard Karen Cheryl, laissant paraître les tours de la Bruno Lapointe Holding Company, qui pointaient leurs 2 étages en meulière vers le ciel nauséeux de ce matin d’automne… »

N’hésitez pas cependant à mêler les genres, et à mettre à jour les débuts de roman célèbres. Vous pourrez ainsi vous faciliter la vie tout en ranimant des auteurs depuis longtemps oubliés. A titre d’exemple : « Aujourd’hui Maman est morte, démembrée par un vilain Serial Killer… » ; « Longtemps je me suis suicidé de bonne heure… » ; « La marquise sortit à cinq heures, et ne rentra jamais, gênée qu’elle était dans ses mouvements par le couteau à pain qui était malencontreusement venu se ficher entre ses deux omoplates… »

Structure générale

Le polar repose toujours sur l’articulation de deux ou trois intrigues, selon des règles éprouvées : 1. la quête du meurtrier ; 2. une aventure sentimentale qui implique le héros ; 3. une troisième intrigue, beaucoup plus libre.

Pour l’intrigue principale, ne cherchez pas la difficulté : le serial killer est très vendeur, et permet d’accumuler des descriptions macabres qui plaisent beaucoup. Parmi les modèles séduisants on compte également la disparition de la jolie jeune fille, le meurtre d’un vieil ami de l’enquêteur, la traite des blanches et, dans une moindre mesure, la traque des bébés phoques.

L’intrigue sentimentale ne pose pas de problèmes majeurs. L’enquêteur se voit adjoindre une jeune inspectrice aux formes alléchantes. Il est indifférent, elle est aguicheuse, il change d’avis, et la prend violemment sur le lieu du crime au milieu du chapitre 17. Les variantes sont les bienvenues : vous pouvez remplacer le couple vieil inspecteur/jeune recrue par les paires suivantes : vieille inspectrice, jeune assistant ; vieil inspecteur, jeune assistant ; chef de la police / dactylo ; jeune inspecteur, jeune inspecteur ; vieille inspectrice, vieille inspectrice. Les plus audacieux pourront tester : jeune inspecteur, victime du meurtre ; jeune inspectrice, cousin de la victime du meurtre ; jeune inspecteur, bébé phoque ; jeune phoque, bébé inspecteur.

La troisième intrigue vous permet de parler de vos hobbies, de la ville où vous avez grandi ou d’un sujet en vogue. Si vous n’avez pas d’idée, racontez n’importe quoi : l’inspecteur Barry Loche cherche ses clés ; l’inspecteur Barry Loche change de voiture ; l’inspecteur Barry Loche fait du ski etc.

Une fois vos intrigues déterminées, racontez. Passez sans vergogne d’un chapitre à l’autre en changeant d’intrigue.

Le concept de thriller implacable

L’intrigue d’un polar ou d’un thriller se doit d’être implacable. Les Anglo-saxons diraient « breath-taking ». La meilleure méthode est de soigner la dernière phrase de chaque chapitre. Un événement inattendu intervient dans la dernière phrase, et le lecteur sait qu’il ne peut pas lâcher le roman : il risque de se retourner dans son lit toute la nuit, en essayant de deviner ce que raconte le coup de fil passé à l’inspecteur Loche.

Vous pouvez puiser dans les exemples suivants, et les combiner le cas échéant : « Soudain, le Téléphone sonna… » « Tout à coup, Barry Loche entendit un bruit dans le salon-séjour équipé… » « Subitement, Barbara se souvint d’un détail qui allait changer le cours de l’enquête… » « Et là, sans crier gare, le biper bipa… » « Alors, Barry Loche comprit qu’il n’avait plus de café » « Contre toute attente, l’info tomba sur le téléscripteur dans un bruit sourd, amochant salement l’appareil… » « C’est à ce moment là que le fax choisit de crachoter une page que Barry Loche aurait préféré ne jamais lire… » « Tout à coup, il ne se passa rien… » « Soudain, tout resta comme la minute précédente… » « A brûle pourpoint, sa femme l’appela pour lui rappeler qu’il fallait passer prendre deux menus Big Meal au Mac Mac du coin… »

Dernière page

La dernière page doit laisser le lecteur sur sa faim, et lui annoncer qu’il y aura une suite : le meurtrier qu’on croyait mort, fauché en pleine course par une moissonneuse, remue l’auriculaire en poussant un râle ; Barry Loche se gratte la tempe gauche et pense « nous nous retrouverons, Peggy » ; soudain, le téléphone sonne ; sans crier gare, le biper bipe… etc. ............................

L’ambiance du Polar

Le décor

Le décor d’un polar est très important. Parce qu’il ne se passe quasiment rien, jamais, tout au long de l’intrigue, il faut passer beaucoup de temps à poser, décrire, creuser, approfondir le décor.

Les villes les plus en vue, pour commencer, sont Los Angeles, New-York, Chicago, San Francisco, Los Angeles, Paris, Washington, Los Angeles, Palm Springs, Detroit. Il semblerait que certains auteurs aient aussi, dans des cas plus rares, choisi de développer leurs intrigues au cœur de Los Angeles.

Si vous vous sentez obligé de situer votre polar en France, privilégiez les mégalopoles aux multiples visages : Paris, Lyon, Marseille, Brest. Jusqu’à présent, on a vu peu de polars situés à Mulhouse, Thiers, Saint-Etienne… ces villes sont plutôt réservées à la littérature de genre, voire de sur-genre.

Choisissez attentivement le lieu, et l’ambiance qui l’accompagne. Certaines villes sont associées à une population spécifique ou à des pratiques sociales et culturelles. Choisissez-les pour y développer une intrigue qui colle à leur identité : La Défense et le Monde des Affaires, Cannes et les Stars, Lyon et les Traboules, Aix et les Calissons, Cambrai et les Bêtises, Clermont-Ferrand et les Pneus, L’Alsace et la Choucroute, La Roche de Solutré et le PS, Biarritz et les surfers, L’Alsace et le Riesling, L’Alsace et le Kougelhopf, L’Alsace et Albert Schweitzer etc.

L’ambiance

L’ambiance du Polar est une ambiance noire. Situez 80% de l’action en pleine nuit. Choisissez de placer vos héros dans des ruelles sombres. Décrivez des commissariats poisseux. Evitez des décors joyeux, des ambiances joviales, et de manière générale tout humour.

Des lieux associés dans l’esprit des lecteurs à de franches rigolades doivent être évités : un spectacle de Guy Bedos ou une émission de Patrick Sébastien, un dîner chez Tata Simone, un goûter d’anniversaire accueillant une dizaine de bambins de cinq ans, un meeting du Parti socialiste, l’enterrement de votre belle-mère, le Téléthon, un Grand Oral de l’ENA, sont autant de situations à proscrire.

Les indices

Ne pensez pas qu’il faut oublier les indices classiques ; conservez toutes les choses oubliées sur la scène de crime : empreinte digitale, cheveu, vieille capote, signature sanguinolente de l’assassin, révélations de la victime gribouillées sur un vieux post-it.

Soyez créatif : le meurtrier a peut-être oublié sa carte d’identité ou sa carte grise sur la scène de crime ; un indice déterminant peut permettre la résolution de l’affaire à la page 2, libérant le lecteur de toute angoisse et vous permettant de vous consacrer aux deux autres intrigues, plus légères. Imaginez aussi un polar sans aucun indice, qui se conclurait sur un classement de l’affaire et un échec de l’enquête.

Si vous choisissez d’utiliser des indices, suivez l’air du temps : ambiance NCIS, démonstrations scientifiques abracadabrantesques, appareillage technique improbable, intuitions délirantes confirmées par un coup de fil à la sœur de la victime, preuves absolues arrivant au bon moment. Les caméras de sécurité sont également un incontournable. Il y en a toujours une qui a filmé le meurtrier, mais attention! L'image est au départ en noir et blanc avec des pixels de la taille d'une tête, mais après l'intervention géniale de l'informaticien, vous obtenez une image couleur haute résolution. Vous pouvez alors repérer un détail déterminant pour l'enquête: tatouage d'une secte, trace de boue que vous identifiez comme venant à coup sûr du zoo du village, plombage sur une dent qui provient du dentiste du coin, ou plus classiquement photo du meurtrier qui va vous permettre de lancer une recherche dans la célèbre base de données.

Faites moderne : utilisez des courriers et des coups de fil, pensez à disséminer vos indices et révélations en utilisant tous les moyens modernes : portable, SMS, e-mail, My-Space, YouTube, sèche-linge, cabine téléphonique, DVD double couche, synchrotron, four micro-ondes. Et faites parfois classique, pour varier les plaisirs : rencontre en face-to-face, discussion au saloon, signaux de fumée, télégramme, aveux au terme de passages à tabac en bonne et due forme.

Finalement, n’oubliez pas l’ésotérique, les codes secrets, les allusions à la Joconde, et les plus improbables interprétations de la vie de Jésus.

L’effet de réel

Les polars qui échouent sont les polars qui ne font rien d’autres que parler d’eux-mêmes et de leur intrigue.

Pour faire « vrai », multipliez les notations qui parlent du quotidien, visez l’anodin, la vie de tous les jours. Votre héros doit faire les courses, descendre à la laverie, payer ses factures, promener le Chien, vider le cendrier, faire la vaisselle, visiter sa grand-tante, cirer ses chaussures, passer chercher le pain, faire la vidange de son pick-up.

Décrivez les véhicules avec minutie, donnez les marques d’électroménager de la victime. Fignolez les biographies, inventez des détails inintéressants au possible. Dites dans quel ville votre héros a passé le bac, pourquoi il porte une veste en tweed (car le héros porte toujours une veste en tweed), à quelle heure il se brosse les dents.

Maintenant votre intrigue de base de 50 pages en fait maintenant pas loin de 200 : il vous en manque encore 150 ! Et n'écoutez pas ceux qui vous disent que la taille ne compte pas, ils sont jaloux. N'oubliez pas, vous n’en ferez jamais trop : vous n’avez rien à raconter de toute manière, votre intrigue est bancale, les déductions de la police peu crédibles, le mobile du meurtre improbable, et l’enquête en général approximative. Faites oublier tout ça en racontant n’importe quoi qui parle d’autre chose que des raisons pour lesquelles l’assassin a décortiqué sa victime à la pince Monseigneur ou de comment la découverte de la marque de son chien a permis de l' identifier.

Il vous en faut encore plus et vous avez perdu votre muse ; économisez votre foie et documentez-vous. Par exemple, vous êtes dans un soul marin, sous-marin : précisez le poids des hélices, la nature de la ration du capitaine, le nettoyage des tricots de corps, la distribution des pastilles d'iode, le nombre de missile ou la nature des hélices, le poids du capitaine, le nombre de tricots de corps, le nettoyage des pastilles d'iode et la distribution des missiles. Soyez précis et donnez des chiffres. Si vous devez donner la puissance de l'explosion évitez les unités bâtardes. Ne comptez pas en Hiroshima, personne ne saura de quoi vous parlez. Prenez des exemples que tout le monde peut comprendre : comptez en équivalent mammouth (les pétards), ou de l'énergie du soleil reçue par la terre en 2 heures libérée sur une surface de 1 mètre carré en 10 exposant -12 seconde, c'est beaucoup plus clair ainsi.

Enfin, ne négligez pas le bonus satanique et utilisez le chiffre 666 dans vos descriptions.

Les passages obligés

On reconnaît un polar à certaines scènes, immanquablement décrites par l’auteur. Parmi celles-ci on compte :

La course poursuite. Généralement en voiture et dans les rues de San Francisco. Innovez dans le choix des véhicules (4x4, coupé, grande routière, bicyclette, trottinette, téléphérique, soucoupe volante, rollers, cheval, corde à sauter, escalator, ascenseur…), le lieu (le parc à jeux de MacDo, la chambre à coucher de l’assassin, le Palais de l’Elysée, l’Espace, un placard, le monde entier, une maison de retraite, un ascenseur, un commissariat de police, des toilettes publiques...).

Le passage à tabac. Pensez au couple gentil flic/méchant flic. Posez une tasse de café froid quelque part. Installez une vitre sans tain. Apportez un sandwich Thon Mayonnaise au gardé à vue. Et surtout frappez, frappez fort.

La visite au légiste. Le héros DOIT passer chez le médecin légiste. N’hésitez pas à consulter une encyclopédie médicale pour assurer vos effets, et multipliez les détails morbides. Pensez à parler de l’odeur et de la couleur indéfinissable de la peinture utilisée dans le long couloir mal éclairé par des néons jaunâtres et qui mène au frigo.

Le retournement de situation. Toujours en fin de chapitre. Ne vous censurez pas. Ca n’est pas la vraie vie, tout est possible : finalement, la victime n’est pas morte ; l’assassin n’est pas un homme, mais un caniche ; l’assassin est l’inspecteur ; l’inspecteur est la victime ; la victime est l’assassin etc.

Les personnages

Le flic solitaire

Le flic est solitaire. Il travaille seul, se fout de la hiérarchie, n’a pas d’amis. Il cherche à venger le souvenir de sa mère, écartelée par un tueur fou avant d’être violée par l’Inspecteur de police qui avait changé de bord, puis exhumée par un médecin cannibale.

Si le flic est solitaire, il n’est pas forcément flic. Les auteurs de polar sortent souvent du modèle classique pour embaucher un héros exerçant une profession originale : ancien flic, avocat, futur flic, détective privé, agent sportif, philosophe, psychologue, écrivain… allez plus loin, n’hésitez pas à épater le lecteur. Votre héros peut être, au choix, agent de change, femme de ménage, garagiste, caissière au Monop’, ophtalmo, orthodontiste, prof de Tchèque, sommelier, Président de la République, chef scout, chauffeur de sanisette, mme Chaffouin… Des choix inattendus permettront de créer des situations qui renouvelleront le sous-genre. Et dites-vous que plus c’est gros, plus ça passe.

L’adjuvant

Le héros a toujours un copain qui lui file un coup de main. S’il n’est pas flic, il a besoin d’un ami flic. Vous pouvez ajouter un gars au service des immatriculations, un autre à la DGSE, la secrétaire d’un avocat qui peut fouiller dans les dossiers.

Le copain sert aussi à écrire des dialogues qui vous permettent de caser des choses plus dures à glisser dans la narration.

La victime

Ne pensez pas qu’elle n’a aucune importance parce qu’elle est déjà morte quand l’intrigue commence. C’est quand même grâce à elle que vous pouvez baragouiner votre histoire, rendez-lui hommage en lui offrant une biographie hors pair.

Il n’y a pas de règles, mais le plus logique est de lui fabriquer des milliards d’ennemis, qui fourniront autant de fausses pistes. Donnez-lui un bel appartement, regorgeant d’indices mettant l’inspecteur sur les fameuses fausses pistes. Offrez-lui une famille éplorée, et un ex petit ami ambigu. La victime, avant sa mort, exerçait une profession originale, dans un milieu que l’inspecteur Barry Loche pourra explorer à l’envi : le Crazy Horse, le Fisc et Disneyland font partie des choix les plus courants.

Le faux coupable

C’est le type qui assure la fausse piste. Il est présent à toutes les pages. Il est moche, méchant, agressif, toujours contrariant avec la police. Il a un casier judiciaire gros comme ça, et de bonnes raisons d'avoir tué la victime. A la fin de chaque chapitre, on trouve une nouvelle preuve à charge. A l’avant dernier paragraphe, l’inspecteur Barry Loche se pose soudain la question de son alibi, et découvre, effaré, qu’il n’était pas né au moment du meurtre.

Le Vrai Coupable

C’est un type vraiment sympa, qui fait une brève apparition au chapitre 4, avant d’être oublié. Il est poli, propre sur lui, et a l’air désespéré en apprenant la mort de la victime. Tous les signes prouvent son innocence, et d’abord son activité : il est prêtre, juge d’Assises, bénévole aux Resto du Cœur ou collègue de Barry Loche.

Il peut être mis hors de cause par certaines caractéristiques personnelles : il est aveugle, paraplégique, autiste, Pape, ou professeur de français en quatrième.

Finalement, au dernier paragraphe, le témoin surprise déclare qu’il l’a vu dépecer sa victime avec un presse-ail. ahahah sauce !!! :D

Le dénouement

C’est la seule chose qui compte. Pensez bien que le dénouement est surprenant. Jusqu’au dernier chapitre, vous pouvez raconter n’importe quoi, présenter des indices idiots, décrire des personnages hors-sujet. Pensez simplement, dans le dernier chapitre, à ressortir le gentil Gogol du chapitre 4, et à tout lui mettre sur le dos.

Comment expliquer les milliards d’indices qui accusaient le faux coupable, comment légitimer vos courses poursuites, le résultats du labo, les témoignages à charge ? Ne les justifiez pas, tout le monde s’en fiche.


Des guides illustrés, sympas, pas chers et aux couleurs chatoyantes
 L'École de la vie dÉsencyclopédique
 Une source essentielle de fiches pratiques pour tous les singes lettrés dans tous les domaines, notamment la fiche toi-de-ma-gueule.

 Voir aussi : Guide zoologique



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