Échapper à une accusation de meurtre
Faites attention !
cet article n'est en aucun cas une incitation au meurtre. Si telle est votre envie, allez consulter l'article Comment tuer votre chat de compagnie
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Parmi les petits tracas de la vie quotidienne, il en est un qui peut s'avérer gênant : l'accusation d'homicide. Celle-ci peut conduire à une longue perte de temps, avec un procès, des peines de prison, et autres menus désagréments qui, accumulés, peuvent se révéler handicapant dans la vie de tous les jours. Dès lors, mieux vaut éviter d'être accusé de meurtre, alors même qu'on en a commis un, pour continuer à poursuivre sa petite vie tranquille faite de délinquance et joyeux délits. Cet article a donc pour vocation de vous montrer comment prouver son innocence alors même que toutes les apparences semblent contre soi. En cas de meurtre, voici donc 20 arguments possibles pour échapper à l'accusation, classés en 5 thèmes distincts.
Trouver un alibi
« C'est pas moi, j'étais pas là, et si j'étais là, je dormais. »
Essayez de prouver que, même présent, vous ne pouvez être l'auteur du crime, puisque étant narcoleptique, vous vous seriez de toute façon endormi avant de tuer.
Conseil : Pensez à faire semblant de vous endormir lorsque l'on vous interroge. Pour cela repassez-vous en boucle des descriptions radio de peinture abstraite, des messes en latin ou éventuellement un match Nancy-Bordeaux en ligue1, le sommeil devrait suivre très vite.
« Je regardais les étoiles. C'est beau une étoile ! »
Quoi de plus beau et de plus enivrant qu'une longue contemplation des astres ! Beaucoup de penseurs ont passé du temps à méditer devant le firmament, alors pourquoi pas vous (outre le fait que vous n'êtes pas un penseur) ? Cet argument est donc très efficace, d'autant plus si vous trouvez une étoile complice pour témoigner. Attention cependant qu'on ne vous accuse pas alors de voyeurisme.
Variante : fonctionne aussi de jour, avec le soleil (dans ce cas pensez à vous brûler la rétine), les avions, ou éventuellement les poissons volants.
« J'accompagnais mon chat qui passait le permis » Il faut toujours soutenir ses proches, alors dans un moment si important dans la vie de quelqu'un, il est normal que vous ayez accompagné votre gentil animal de compagnie.
Problème : difficilement crédible si votre chat n'a pas le code.
« J'étais en expédition sur mars, pour vérifier qu'il y a bien de la vie là-bas »
Il est probable que vous ne pouviez pas être plus loin des lieux du crime au moment où celui-ci a été commis. Et puis c'est quand même la classe de se faire passer pour un cosmonaute.
Problème : il est peu probable qu'on vous croit, si vous-même n'avez jamais pris l'avion, si vous avez le vertige et êtes aussi sportif que Garfield. Par ailleurs le fait qu'il n'y ait eu à ce jour aucune expédition sur Mars peut limiter quelque peu le poids de votre argumentaire.
Accuser quelqu'un d'autre
« C'est pas moi, c'est le colonel Moutarde, dans le petit salon, avec le chandelier. »
Ah, la magie du Cluedo ! Après tout, pourquoi cela ne fonctionnerait-il pas dans la réalité ? Et de toute façon j'ai toujours détesté le colonel Moutarde ! Regardez ses moustaches bien taillées, son air hautain... Il ferait un meurtrier parfait.
Variantes : mademoiselle Rose, professeur Olive, dans la cuisine, la salle à manger, avec une clef anglaise, un couteau, une lime à ongle...
« C'est pas moi, c'est mon double maléfique ! »
La schizophrénie, ça marche toujours... Pour peu que vous soyez tombé sur un juge un brin naïf, il vous relâchera et demandera aux forces de l'ordre de se mettre en quête d'un autre vous-même. Pensez alors à demander une attestation comme quoi vous êtes bien vous-même, et pas votre double, sinon vous risquez d'être de nouveau arrêté.
Problème : vous risquez dans le meilleur des cas de vous en tirerez à l'hôpital psychiatrique (où vous risquez bien de devenir fou pour de vrai).
« C'est la faute aux extra-terrestres. »
À tenter, après tout, chacun ne croit-il pas au fond de lui que nous ne sommes pas les seuls êtres (à peu près) intelligents de l'univers ? Il n'y a pas de raison que les extra-terrestres ne soient pas moins crétins, sanguinaires et inhumains que les hommes eux-même.
Problème : Vous risquez de faire rire tout le monde avec vos théories idiotes. D'autre part, les extra-terrestres risquent de tout nier en bloc.
« C'est mon voisin, c'est évident, je l'ai vu et en plus il a un regard vicieux. »
Après tout, à part le fait qu'on ait retrouvé l'arme du crime, un couteau sur lequel est gravé vos initiales, et une fausse lettre de suicide sur laquelle on reconnaît votre écriture, rien ne prouve que ce ne soit pas quelqu'un d'autre ait fait le coup. Et un voisin est le coupable désigné, car on sait tous que les voisins ont un mauvais fond.
Le petit + : si le crime a lieu en France et que le voisin en question est originaire du Maghreb ou d'Afrique noire, il est probable que la police vous oublie pour se concentrer uniquement sur ce suspect.
Problème : si la victime, un vieil ermite grincheux, vivait seul au milieu de la nature, la théorie du mauvais voisin risque d'être moyennement efficace. Mieux vaut donc éviter de céder à vos pulsions antiermitogrincheuses.
Avancer la thèse de l'accident
« Il était habillé en rouge et je suis taureau... »
Après tout, l'instinct, on ne peut pas lutter contre. Il n'avait qu'à s'écarter quand vous lui avez foncé dessus à 180 km/h. Les toreros y arrivent bien, eux.
Problème : ne marche que pour les taureaux... Pour les béliers à la rigueur. Si vous êtes scorpion, pensez au poison, les lions, utilisez vos crocs. Si vous êtes vierge, c'est pas de bol pour vous...
« Il avait un nouveau gilet pare-balle et m'a demandé de lui tirer dessus pour vérifier son efficacité »
Manque de bol ce n'est pas le cas. Sans doute n'avait-il pas prévu que vous utiliseriez du gros calibre. Toujours est-il que, devant le juge, vous pourrez faire passer cela pour une vaste incompréhension.
Conseil: Pensez à lui tirer dans le ventre, et pas dans la tête, car votre argumentaire risque de s'effondrer alors... ou bien vous pourrez toujours plaider la déficience mentale comme circonstance atténuante.
« Comment pouvais-je savoir que les bougies d'anniversaire que je lui ai offertes étaient en fait des bâtons de dynamite ? »
L'erreur est humaine, et tout le monde peut se tromper, vous le premier. Est-ce pour autant qu'il y a mort d'homme ? Non... enfin oui... mais pas la vôtre, c'est le principal. Après tout il y a de quoi confondre, les deux ayant la même forme. C'est le vendeur qui aurait du vous prévenir qu'il ne faisait pas à la fois armurier et organisateur d'anniversaires
Conseil : pensez à récupérer votre cadeau avant l'explosion, il pourra resservir.
« Comment aurais-je pu savoir qu'il y avait quelqu'un dans la voiture que je brûlais ? »
Il suffit en effet que les vitres soient teintés, pour qu'on ne sache pas qu'il y a quelqu'un dedans... et un accident est si vite arrivé.
Quand faire cela ? De préférence dans la nuit du 31 décembre au premier janvier, où l'incendie de voiture est considéré comme traditionnel. Sinon vous risquez d'être accusés de vandalisme.
Problème : pourrez-vous vous résoudre à brûler une voiture, la meilleure amie de l'homme ?
Accréditer la thèse du suicide
« Il souhaitait une mort lente et douloureuse »
Puisqu'il nous semble impossible d'avoir une mort courte et agréable (si ce n'est mourir entre les cuisses de femmes, comme certains papes...), peut-être est-il préférable de souhaiter l'inverse (véridique! Ne riez pas, incrédules). Or comme il paraît impossible de se suicider en se faisant trop mal, mieux vaut demander à un ami. C'est ce que vous raconterez au juge pour lui montrer que c'est uniquement pour lui rendre service que vous avez quelque peu torturé votre victime.
« J'étais en train de jouer avec des allumettes. Voyant cela, il s'est enduit d'essence. »
Ah, les pulsions suicidaires, ça vous prend n'importe quand. Et c'est ce qui est arrivé à votre victime qui, malgré le fait qu'elle était attachée à une chaise, est parvenue à ouvrir un plein bidon d'essence avec ses dents pour se le verser sur tout le corps.
Problème : Il vous faudra justifier du fait que vous jouiez avec des allumettes. La meilleure solution consiste à dire que vous cherchiez de nouvelles techniques pour les craquer, et que celle consistant à lancer l'allumette dans un même mouvement vous paraissait la plus spectaculaire.
« Non, mais il avait déjà tout raté dans sa vie, je me suis dit que je pouvais pas le laisser rater son suicide. »
On ne laisse jamais tomber un ami... Sauf si lui-même vous le demande. Dans le cas présent, c'est lui qui vous a demandé de le pousser du cinquantième étage de cette tour.
Conseil : pensez à cacher le revolver que vous teniez en main, au moment où vous avez aimablement convié votre victime à faire le grand saut.
« Il s'était cassé une jambe ; c'était sans issue, il fallait l'achever. »
On vous remerciera pour votre humanité. Pour vous, voir souffrir quelqu'un, c'est comme voir souffrir un cheval : c'est trop difficile à supporter et il faut y mettre fin. Alors quand la personne ne peut elle-même mettre fin à ses jours, vous lui donnez un coup de main (la preuve : avec une jambe cassée, votre victime ne pouvait marcher jusqu'à son revolver)
Problème : ceci ne fonctionne pas avec une victime indemne. Mais un petite coupure, voire une grosse verrue sur le nez peuvent suffire.
Prétendre que le meurtre était guidé par des forces supérieures
« Avec la fin du monde qui approchait, un jour de plus ou de moins pour lui, ça changeait pas grand chose. »
Vous prétendrez au juge que vous n'avez fait que suivre le grand dessein de dame nature qui réclamait l'éradication de la race humaine.
Le petit + : si la fin du monde arrive vraiment, plus personne ne sera là pour vous condamner.
« Il avait atteint l'espérance de vie moyenne, il devait donc mourir. »
Les statistiques, c'est pas fait pour les chiens, alors si on atteint la limite autorisée, crac dedans. En tuant votre victime, l'INSEE vous est reconnaissante...
Problème : Différentes difficultés peuvent émerger de cet argumentaire : d'une part il faut que votre victime ait atteint l'âge correspondant à l'espérance de vie moyenne du pays dans lequel il vit, ce qui peut prendre beaucoup de temps. Pour plus de facilité, je vous conseille de choisir une victime zambienne, angolaise ou swasie que japonaise.}}
« C'est la société qui l'a tué. »
Avec le chômage, la récession, les impôts, l'insécurité, la misère et les chansons de Justin B., les 2 impacts de balle dans la poitrine de votre victime ne sont plus que des facteurs secondaires à sa mort.
Le petit + : c'est un argument valable presque en tous temps et les chansons de Justin B. seront toujours considérées comme la principale arme du crime.
« Dieu m'a parlé ; il m'a demandé de punir les pécheurs »
C'est pour cela que vous avez tué ce pauvre marin. Mais bon, vous n'êtes pas le premier à répandre la mort au nom de Dieu, et ne serez certainement pas le dernier. D'ailleurs la plupart s'en sont sorti sans jugement.
Problème : si c'est Dieu qui a guidé votre main pour pourfendre le mécréant, est-ce toujours lui qui vous la guide lorsque vous vous mettez le doigt dans le nez ?
Conclusion
Contrairement à ce que cherchent à nous montrer toutes ces séries télévisées idiotes, ce ne sont pas toujours les gentils policiers qui gagnent et la vérité qui triomphe toujours. Ce petit guide en est la preuve. Nous espérons donc que grâce à ces conseils vous demeurerez toute votre vie un meurtrier sans peur et sans reproche (du moins, selon la justice).
Voir aussi : Guide zoologique
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