Comment changer son bébé

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Enfin, le livre qu'attendaient tous les parents

Le décès récent de Laurence Pernoud, auteur des deux best-sellers mondialement connus que sont "J’attends un enfant" et "J’élève mon enfant" (cf Wikipédia: "http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurence_Pernoud ") a engendré un vide énorme auprès des futurs parents. Vers qui se tourner désormais pour savoir ce qu’il faut faire quand son enfant pleure ? Où trouver la solution aux problèmes de grossesse, d’accouchement, d’apprentissage, de règlement des conflits au moment du choix de la marque de la mobylette ou du paiement de la caution pour trafic de drogue au collège ? Car enfin, vous n’allez tout de même pas suivre les conseils de la grand-mère du petit ? Après tout, c’est elle qui vous a élevé et quand on voit le résultat que ça a donné, ça ne donne pas envie de refaire la même erreur.

Heureusement, comme d’habitude dans ce genre de cas, vous pouvez compter sur la sencyclopédie pour trouver les réponses à vos questions. Ce document écrit en collaboration avec des pédopsychiatres, médecins et éducateurs spécialisés parmi les plus réputés sera ainsi le premier d’une longue série consacrée à la meilleure façon d’éduquer sa progéniture. Il est donc tout naturel qu’il aborde le thème par lequel tout bon apprentissage de la vie doit débuter : "comment changer son bébé". Pour s’inscrire dans une logique d’évolution de la société, ce dossier s’adressera avant tout aux papas des charmants nourrissons. Il est en effet de notoriété publique que ce sont les pères qui sont le plus enclins à vouloir changer leur bébé, les mamans étant étrangement assez peu regardantes à ce sujet. Allez comprendre...

Le face à face avec la réalité

Ne rêvez pas.

Nous sommes quelques heures à peine après l’accouchement. Prétextant une fatigue soudaine, votre femme s’est endormie. Vous voici donc seul, monsieur, tel le torero affrontant le puissant camarguais, face à face avec votre nouveau-né. Heureusement, pour le moment, il dort lui aussi. Vous en profitez pour tenter une approche discrète. Dans un premier temps, vous ne distinguez dans le couffin de plastique transparent que le haut d’un drap bleu et le bas d’un bonnet rose en laine obligeamment offert par la maternité. Rusé, l’ennemi est parvenu à se dissimuler à votre regard. Prenant votre courage et le drap à deux mains, vous baissez légèrement ce dernier.

Et là, un cri déchirant perce la nuit alors qu’il est déjà 10 heures du matin : « mais qu’est-ce que c’est que cette horreur ! » Tout le monde dit qu’un bébé est la plus belle chose au monde, mais ce sont des conneries. Il est rachitique, chauve, fripé, a un gros pansement sur le ventre et la bave aux lèvres. C’est la réplique miniature de Yoda. Réagissant à votre effroi, la créature s’est réveillée. Elle se met elle aussi à crier mais cela ressemble davantage à des invocations kabbalistiques qu’à des hurlements de peur. Que faire ?

Sur ces entrefaites, votre femme émerge à son tour de son sommeil, sans doute alertée par votre plainte sonore. Mais elle ne semble pas inquiète. Vous la regardez d’un œil nouveau. « Comment parvient-t-elle à garder son sang froid ? », vous demandez-vous in petto. « Peut-être qu’elle ne l’a pas encore vu ? ».

Maman : Ah chéri c’est toi. À mon avis il faut le changer. Tu veux bien t’en occuper ?

C’était donc ça. Elle fait face avec flegme à la situation mais en fait elle est d’accord avec moi. Et elle profite de sa supposée faiblesse pour m’envoyer au charbon. Enfin, il faut bien que quelqu’un se dévoue. Elle a raison...

Papa. : Je suis tout à fait d’accord avec toi ma chérie, il faut le changer. Et vite, la force est peut-être avec lui.

Les différentes méthodes pour changer son bébé

La première étape est franchie, vous avez obtenu l’aval de votre femme pour changer votre bébé. Reste à savoir comment faire. Étant donné que vous êtes désemparé, nous vous offrons ces quelques méthodes choisies parmi celles généralement validées par les spécialistes du sujet.

Opérer dès la maternité

"Notre peuple vaincra... Notre peuple vaincra... Notre peuple vaincra..."

La solution la plus rapide et la plus simple consiste à s’adapter à votre environnement. Sauf cas rare où votre femme aura accouché chez vous, dans un champ en moissonnant ou dans un manège de la Foire du Trône, vous avez toutes les chances de vous trouver actuellement dans une maternité. Et que trouve-t-on principalement dans une maternité ? Des parents terrorisés et des BÉBÉS ! Des dizaines de bébés alignés les uns à côté des autres dans un ordre de bataille parfait, prêts à attaquer au moindre mouvement de votre part. En attendant, cette petite armée roupille à poings fermés et peut-être est-il possible de profiter de leur inattention passagère pour changer le votre.

Le timing est essentiel dans cette opération. Commencez d’abord par repérer les lieux. Scrutez les visages de chaque bambin dans la nursery et repérez ceux qui pourraient faire un substitut acceptable à votre "larve". Vérifiez bien la couleur bien sûr, mais aussi la taille, le poids et éventuellement le sexe. Si vous changez un garçon par une fille, vous risquez de vous faire prendre, le changement de bébé étant encore considéré comme en marge de la Loi dans certains départements. Évitez les bébés en couveuse. Certes, ils sont assez attirants car les prématurés sont moins fripés et dorment plus souvent et plus longtemps que les bébés arrivés à terme mais le docteur Marcel Ruffo dit toujours que « les prématurés, ce sont des sources d’emmerdes pour l’avenir. Mal dans leur peau, taciturnes, facilement tentés par les abus de drogue et d’alcool, la plupart finissent par se prostituer dans la rue pour pouvoir assouvir leurs dépendances ».

Lorsque votre choix est fait, ne tombez pas dans le piège classique en tentant d’enlever manu militari de son berceau le bébé choisi. Malin, il pourrait profiter de ce moment pour crier et alerter ses camarades voire, pire, l’infirmière en chef au regard acéré. Munissez-vous d’un scalpel traînant dans une des salles de césarienne de la maternité et coupez l’étiquette attachée au poignet du bébé. C’est elle qui fera foi de son appartenance en cas de litige. Retournez dans la chambre de votre femme et envoyez-la faire un tour dehors pour aller vous chercher des cigarettes et de la bière. Profitez de cette absence pour échanger l’étiquette volée avec celle de votre bébé. Emmenez ensuite le berceau à la nursery.

Quelques heures plus tard, vous viendrez chercher "votre" enfant. Dans un premier temps, la puéricultrice ne le retrouvera. Et oui, rappelez-vous : vous n’êtes pas venu remettre votre étiquette sur le bébé que vous avez choisi. Seulement, la puéricultrice sera de son côté bien embêtée de ne pas pouvoir mettre la main dessus. Et quand elle tombera sur le bébé sans étiquette, elle en rédigera une à la va-vite avec votre nom, lui attachera au poignet et vous le confiera comme si de rien n’était ; tout ça pour éviter d'être accusé de négligence. Et hop, avec la complicité involontaire du corps médical, vous serez parvenu à changer votre bébé dès la maternité.

Une attente bénéfique

Parfois, changer son bébé relève du cas de force majeure.

Seulement voilà, si la méthode du changement de bébé dès la maternité semble idéale, elle a également ses défauts. Le principal étant qu'il y a finalement assez peu de différences entre deux nouveau-nés. Basiquement, ils sont capables d’exploits comparables : dormir, crier, chier et pisser. Il est rare qu'on en trouve un capable de soutenir un débat sur l'existentialisme dans l'œuvre de Marc Lévy et si tel est le cas, il est souvent surprotégé par ses parents et difficile d'accès. D'où l'idée d'attendre quelques jours, au moins jusqu'au retour à la maison, pour pratiquer le changement.

Dès les premiers jours, votre femme n’aura de cesse de vouloir exhiber son bébé à qui mieux-mieux, sans doute pour montrer son malheur à qui voudra l’entendre. Il faudra donc agir vite. Si trop de témoins vous ont vu avec votre enfant, le changement risquera d’être un peu délicat car les bébés sont faciles à décrire sur les portraits-robots. Là encore vous allez devoir profiter du fait que votre feignasse d’épouse ne va pas pouvoir s’empêcher de faire des siestes.

Le jour même ou le lendemain de votre retour de la maternité, annoncez à votre femme que vous allez emmener votre bambin en promenade au parc. Comme les maternités, les parcs sont de véritables pépinières à enfants. Il n’y a qu’à se baisser pour choisir. Mais attention, si l’étal est bien garni, l’opération en elle-même est délicate. Les enfants exhibés dans les parcs sont dans la plupart des cas eux-mêmes les fruits d’échanges antérieurs (quelle maman oserait exposer aux yeux de tous ses véritables enfants ?) Leurs parents sont donc particulièrement vigilants et il sera difficile de s’en approcher, surtout quand vous êtes accompagné de "la chose" à échanger. Il existe toutefois des solutions :

  • Allumez un incendie : quelques flammes dans le bosquet jouxtant le bac à sable créeront sans coup férir un mouvement de panique. Dans la confusion, il est évident que certaines mamans laisseront leur bébé derrière elles. Profitez-en pour vous servir.
  • À l’esbroufe : approchez-vous d’une maman et commencez à l’invectiver en la traitant de voleuse d’enfants. Comme cela a toutes les chances d’être vrai, il est possible que la maman perde son self-control et préfère fuir sans demander son reste. Il n’y a plus qu’à ramasser votre butin.
  • Recrutez un complice et demandez-lui de dérober la poussette correspondant au bébé désiré. Voulant protéger son bien, sa mère poursuivra le voleur et l’enfant sera sans surveillance pendant quelques minutes. Et hop, on échange. Attention, renseignez-vous pour les tarifs pratiqués, les complices sont parfois assez onéreux et il est possible que la poussette ne le satisfasse pas entièrement.

Dans tous les cas, n’oubliez surtout pas de laisser votre propre enfant à la place de celui récupéré. On parle bien d’échange et pas de kidnapping, il faut savoir rester honnête.

Sautez sur l’occasion

Il arrive parfois que le hasard fasse bien les choses. Quand vous vous baladez dans la rue avec votre bébé à changer, gardez toujours un œil vigilant sur votre entourage. Les occasions d’échange sont en effet beaucoup plus nombreuses que ce que les gens croient habituellement. Imaginez par exemple le bébé restant dans le caddie du supermarché pendant que maman est en train de faire la queue pour peser ses bananes. Non seulement vous pouvez emporter le bébé, mais en plus vous aurez une partie de vos courses déjà faites. Mieux : attendez que la future mère indigne (elle a quand même perdu son enfant) ait réglé ses achats. Un bébé présentable, plus un caddie de courses gratuites, voilà une bonne journée en perspective. Sans compter le jeton de caddie que vous pourrez facilement revendre au marché noir ou sur eBay.

Les réunions de famille sont également autant d’occasion de passer à l’action. Après quelques verres d’alcool, tout le monde se fout de savoir où sont passés les différents bébés des uns et des autres. Au moment où vos proches récupèrent leurs manteaux et leurs enfants entassés sur le lit de grand-mère Jeanine (c'est un exemple, ça peut très bien être sur la commode de grand-mère Jeanine), il est simple comme bonjour de pratiquer l’échange. Avec toutefois un inconvénient majeur : si les bébés de votre famille n’ont jamais été échangés, il y a des chances – si on peut s’exprimer ainsi – qu’ils aient la même gueule de con que le votre. Du coup, le changement perd un peu de son intérêt ; c’est prendre bien des risques pour un résultat mitigé.

Les transports

Qu’ils soient individuels ou collectifs, les moyens de transport représentent peut-être la solution d’avenir pour changer son bébé.

En transport en commun

Grâce aux efforts de nos maires, les bus, trains et tramways ne sont pas du tout adaptés aux poussettes. C’est une véritable invitation à l’échange. La maman est en effet obligée de monter en premier dans le bus ou le train pour ensuite tirer de toutes ses forces afin de faire monter l’enfant dans sa poussette. Vous avez donc quelques secondes pour agir. Quand la mère est montée, indiquez au conducteur que tout le monde est monté mais restez vous-même dehors (prétextez une envie soudaine de tarte au Maroilles). La porte se fermera alors, séparant la mère de l’enfant. Vous n’aurez plus qu’à emporter le fruit de votre larcin et, si vous êtes un peu cynique, demandez à l’enfant de faire coucou à la maman qui enragera de s’être fait avoir aussi facilement. Attention toutefois, cette méthode exige une bonne synchronisation car la porte pourrait abimer la poussette en se fermant trop tard. Si besoin est, entraînez-vous avec des handicapés en fauteuil roulant.

Attention... C'est le moment...
...trop tard.


En voiture

Avec votre voiture, cela nécessitera deux étapes distinctes. Dans un premier temps, vous allez devoir vous débarrasser du votre. L’été est la saison idéale pour cela. Garez-vous dans une rue passante ou sur un parking de centre commercial. Éloignez-vous de votre véhicule y laissant votre gamin et en prenant bien soin de fermer les vitres. 9 fois sur 10, un passant courageux et qui regarde beaucoup la télé hurlera d’effroi devant ce qui semble être un acte de négligence incroyable et se précipitera au secours de votre enfant en brisant une vitre et en le sortant de la fournaise avant qu’il ne soit trop tard. Avec un peu de chance, la DDASS vous en enlèvera la garde. 1 fois sur 10, l’enfant mourra de déshydratation. Et là c’est sûr, vous n’en aurez plus la garde. Et en plus, vous n’aurez pas besoin de remplacer la vitre de votre voiture ; une opération win-win comme on dit.

Dans un second temps, ce sera à VOUS de profiter de la négligence des autres pour récupérer un enfant dans une voiture. Toutefois, compter sur le hasard pour attendre un hypothétique abandon peut se révéler assez long. D’autant que dans la majorité des cas, vous récupérerez un bébé de qualité médiocre, car sans doute abandonné à dessein dans le véhicule visé. Il vaut donc mieux provoquer la chance. Quand vous avez repéré un bébé qui vous sied, entrez en collision avec la voiture dans laquelle il se trouve. Après une brève empoignade verbale de bon aloi avec la conductrice, faites croire que vous n’avez pas de constat (ce qui est vrai d’ailleurs, pourquoi mentir ?) et au moment où la maman s’apprête à aller en récupérer un dans sa boîte à gant, coincez-lui la tête avec la portière en pressant assez fort tout de même, détachez l’enfant et jetez-le dans votre voiture. Puis démarrez en trombe (n’oubliez pas de dire au bébé de s’attacher ou de se tenir à la poignée passager du plafond car ça va secouer).

La petite annonce

Eux au moins, ils ont une excuse.

Enfin si vous êtes feignant ou que vous répugnez vraiment à sortir avec votre enfant pour le changer, il reste la solution des petites annonces. Les rubriques "Échange d'enfants" des journaux gratuits type Paris Boum-Boum sont en effet jalonnées d’annonces de parents souvent désespérés qui veulent échanger leur enfant. Mais dites vous bien une chose, s'ils le font, c’est aussi souvent parce qu’il y a un défaut. Exigez de pouvoir étudier la marchandise avant et si possible de la tester pendant au moins une semaine pour vérifier qu’il n’y a pas de vices cachés. Et espérons que les promesses faites par le gouvernement d’obliger les parents à faire réaliser un contrôle technique de leur bébé avant l’échange ne reste pas lettre morte.

Conclusion

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